◊1* Et Job répondit et dit :
◊2Oh ! si mon chagrin était bien pesé, et si on mettait toute[1] ma calamité dans la balance !
◊3Car maintenant elle pèserait plus que le sable des mers ; c’est pourquoi mes paroles sont outrées ;
◊4Car les flèches du Tout-puissant sont en moi, leur venin boit mon esprit ; les frayeurs de +Dieu se rangent en bataille contre moi.
◊5L’âne sauvage brait-il auprès de l’herbe ? Le bœuf mugit-il auprès de son fourrage ?
◊6Ce qui est insipide, le mange-t-on sans sel ? Y a-t-il de la saveur dans le blanc d’un œuf ?
◊7Ce que mon âme refusait de toucher est comme[2] ma dégoûtante nourriture.
◊8* Oh ! si ma demande s’accomplissait, et si +Dieu m’accordait mon désir,
◊9S’il plaisait à +Dieu de m’écraser, de lâcher sa main et de me retrancher !
◊10Alors il y aurait encore pour moi une consolation, et, dans la douleur qui ne m’épargne pas, je me réjouirais de ce que je[3] n’ai pas renié les paroles du Saint.
◊11Quelle est ma force pour que j’attende, et quelle est ma fin pour que je patiente ?
◊12Ma force est-elle la force des pierres ? Ma chair est-elle d’airain ?
◊13N’est-ce pas qu’il n’y a point de secours en moi, et que toute capacité est chassée loin de moi ?
◊14* À celui qui est défaillant est due la miséricorde de la part de son ami, sinon il abandonnera la crainte du Tout-puissant.
◊15Mes frères m’ont trahi comme un torrent, comme le lit des torrents qui passent,
◊16Qui sont troubles à cause des glaces, dans lesquels la neige se cache ;
◊17Au temps où ils se resserrent[4] ils tarissent, quand la chaleur les frappe ils disparaissent de leur lieu :
◊18Ils serpentent dans les sentiers de leur cours, ils s’en vont dans le désert, et périssent.
◊19Les caravanes de Théma les cherchaient du regard, les voyageurs de Sheba s’attendaient à eux ;
◊20Ils ont été honteux de leur confiance ; ils sont venus là, et ont été confondus.
◊21De même maintenant vous n’êtes rien ; vous avez vu un objet de terreur, et vous vous êtes effrayés.
◊22Ai-je dit : Donnez-moi, et de votre richesse faites-moi des présents,
◊23Et délivrez-moi de la main de l’oppresseur, et rachetez-moi de la main des terribles ?
◊24* Enseignez-moi, et je me tairai ; et faites-moi comprendre en quoi je me trompe.
◊25Combien sont puissantes les paroles justes ! Mais la censure de votre part que reprend-elle ?
◊26Songez-vous à censurer des discours ? Mais les paroles d’un désespéré ne sont faites que pour le vent.
◊27Certes, vous tombez sur l’orphelin, et vous creusez [une fosse] pour votre ami.
◊28Et maintenant, si vous voulez, regardez-moi ; vous mentirais-je donc en face ?
◊29Revenez, je vous prie ; qu’il n’y ait pas d’injustice ; oui, revenez encore : ma justice sera là.
◊30Y a-t-il de l’iniquité en ma langue ? Mon palais ne discernerait-il pas la méchanceté ?