Enracinés et édifiés en Lui — Le combat chrétien — La chair

Tout ce que je n’ai pas reçu par la nouvelle naissance, mais que j’ai hérité par ma naissance naturelle, est chair et ne peut apporter de gloire qu’à l’homme, et jamais à Dieu. Cette déclaration peut nous paraître amère, mais elle est vraie.


L’origine d’une chose détermine sa destinée, et ce qui est « de la chair » à l’origine ne pourra jamais devenir spirituel par aucun « perfectionnement ». Ce qui est né de la chair est chair [Jean 3, 6], et ne sera jamais autre chose. Tout ce que nous pouvons accomplir par nous-mêmes, n’est « rien » aux yeux de Dieu, et il nous faut accepter l’appréciation de Dieu, et reconnaître que ce n’est rien ! « La chair ne profite de rien » (Jean 6, 63). Seul ce qui vient d’en haut peut demeurer.


Dieu nous demande de nous considérer comme morts, non pour que nous mourions en le faisant, mais parce que nous sommes morts. Il ne nous a jamais demandé de reconnaître une chose qui ne serait pas un fait.


Tandis que Romains 6 parle du « corps du péché » (v. 6), Romains 7 parle de « ce corps de mort » (v. 24). Dans le chapitre 6, c’est tout le problème du péché qui est devant nous ; dans le chapitre 7, c’est le problème de la mort. Quelle est la différence entre le corps du péché et le corps de mort ? Par rapport au péché (savoir tout ce qui déplaît à Dieu), j’ai un corps de péché, c’est-à-dire un corps engagé activement dans le péché. Mais par rapport à la loi de Dieu (savoir tout ce qui exprime la volonté de Dieu), j’ai un corps de mort. Toute mon activité à l’égard du péché fait de mon corps, un corps de péché ; mon impuissance à l’égard de la volonté de Dieu fait de mon corps, un corps de mort. Par ma propre nature, j’accepte tout ce qui est mal, tout ce qui est du monde et de Satan, et je refuse tout ce qui appartient à la sainteté, au ciel, et à Dieu.

Avons-nous découvert que nous sommes encombrés du fardeau d’un corps sans vie à l’égard de la volonté de Dieu ? La mort signifie faiblesse absolue ; elle signifie qu’on est faible au point de ne pouvoir l’être davantage. Le fait que j’ai un corps de mort à l’égard de la volonté de Dieu, signifie que je suis si faible, que je suis plongé dans la détresse la plus terrible. « Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? » (Rom. 7, 24).


Le « moi » ne nous laisse pas de repos. Orgueilleux, il n’aime pas à être mis de côté ; susceptible, il ne peut accepter une parole dure ou injuste, il ressent la moindre offense. Il est facilement découragé, prompt à s’irriter, difficile à contenter, présomptueux et à la fois craintif.

Ce « moi » égoïste, si fatigant par ses exigences, ses susceptibilités, ses œuvres propres, a été cloué à la croix.


Le « moi » doit être, tôt ou tard, connu et jugé. Si l’on n’apprend pas à le connaître dans la communion de Dieu, il faut qu’on l’apprenne par l’expérience amère de quelque chute : « En sorte que nulle chair ne se glorifie devant Dieu » [1 Cor. 1, 29]. Dieu veut avoir des vases vides.


La chair est en nous comme une nature ennemie et condamnée, et n’est que cela.


Dieu n’a pas pardonné, mais il a condamné le péché dans la chair, et cela dans la personne de Christ, sacrifice pour le péché. Uni avec Lui dans le ciel, le chrétien doit marcher comme Lui a marché [1 Jean 2, 6] sur la terre.


Un royaume ne peut avoir deux rois. Si le Seigneur règne sur notre cœur, le vieil homme doit abdiquer.


Par la crucifixion du vieil homme, le pécheur est délivré de la puissance et de l’empire du péché ; par la grâce, cette libération est un fait accompli ; par la foi, elle devient une expérience. Par la grâce, le vieil homme a été mis au tombeau ; par la foi, il y restera. Quand le chrétien se regarde comme « mort au péché », le Saint Esprit fait de cette mort une réalité.


La chair ne supporte pas d’être condamnée au néant, non par des efforts pour s’annuler elle-même, ce qui la rétablirait dans toute son importance, mais par une œuvre qui la laisse dans sa vraie nullité, et qui a prononcé sur elle le jugement absolu de la mort, de sorte que, convaincue de n’être rien que péché, elle n’a plus qu’à se taire. Sa place est d’être morte, et non pas de devenir meilleure. Nous avons le droit et le pouvoir de tenir la chair pour morte, parce que Christ est mort et que nous vivons Sa vie de résurrection ; Il est devenu Lui-même notre vie.


Notre propre volonté et le fait que nous faisons du « moi » notre centre, sont la source de toute notre misère ; car les circonstances extérieures peuvent nous éprouver et causer de la douleur, mais non de la misère morale ; celle-ci découle de la propre volonté agitée et mécontente.


Lorsque nous prêtons l’oreille aux sollicitations de la chair ou si, même, nous entrons en lutte avec elle, nous reconnaissons comme vivant quelque chose que nous devrions tenir pour mort. Ne faire aucun cas des prétentions de la chair, voilà le vrai combat : il mène toujours à la victoire.