Le sujet qui va nous occuper ne peut être séparé des chapitres précédents. Il se relie aux incidents relatés dans le chapitre 7, et surtout à l’aspect particulier sous lequel le Seigneur s’y présente à nous. C’est d’ailleurs là le secret de toute connaissance de la vérité. L’enseignement divin ne nous est pas dispensé d’une manière sèche et dogmatique, mais avec amour. Il fait partie de ces révélations de Dieu qui ont Christ pour objet primordial, car Dieu veut que Christ soit le centre de toutes choses. Gardons-nous par conséquent de « forcer la vérité » ou de la sortir de la place qu’elle occupe dans les plans divins, et ne séparons jamais ce qu’a fait Christ d’avec ce qu’Il est à la gloire de Dieu. Nous ne ferons des progrès qu’à cette condition, même si ces progrès peuvent paraître lents à première vue. Car nous ne pouvons recevoir de bénédictions solides et durables que de Dieu directement. Au lieu d’acquérir la connaissance par des moyens purement humains, nous recevons la vérité par l’action de la grâce divine, nos cœurs sont formés par la Parole et nous entrons ainsi dans le courant des pensées de Dieu. En examinant à ce point de vue le chapitre que nous venons de lire, nous reconnaissons dans la déclaration du Seigneur Jésus touchant le Saint Esprit un caractère nouveau. Par rapport aux chapitres 3 et 4 de cet évangile, il y a ici un progrès évident qui dépend comme toujours d’une manifestation plus complète de Christ. Car la connaissance du cœur s’accroît en raison du degré de cette manifestation en même temps qu’augmente la force puisée dans la Parole de Dieu.
Nous avons observé cette progression dans nos deux premiers entretiens et ici je dois appeler l’attention sur l’ordre admirable observé dans l’évangile de Jean. Nous y contemplons Christ, la Parole, seul de toute éternité avec Dieu et nous pouvons Le suivre jusque dans le royaume à venir, où Sa gloire sera pleinement manifestée (chap. 1). Alors Il répandra la joie là où régnaient la désolation et la stérilité, et Il fera disparaître tout ce qui peut offenser Dieu, par le jugement qu’Il exercera là où l’homme avait corrompu et souillé la maison du Père, savoir à Jérusalem (chap. 2).
Nous sommes ainsi amenés jusqu’au royaume durant lequel Christ établira la gloire de Dieu ici-bas. Et c’est alors que se pose la question : Quel homme pourra avoir part à ce royaume de Dieu ? Le chapitre 3 nous donne la réponse et démontre que, de tout temps, Dieu avait par devant Lui des âmes qu’Il préparait pour le royaume à venir. Il révèle la forme sous laquelle cette nouvelle nature est communiquée quand le Fils de Dieu Lui-même est manifesté. Il n’est pas un des attributs divins, ni une grâce accordée aux hommes, qui ne resplendisse avec un éclat jusqu’alors inconnu, quand Christ apparaît. Il était la vraie lumière, et, si nombreuses et précieuses qu’aient été les bénédictions goûtées avant Sa venue, le seul contact avec la lumière de Christ, les revêt d’une forme nouvelle. Forme riche, harmonieuse et bénie, qui, sans rien changer à la substance de la vérité déjà révélée, la transforme et l’illumine. Dès le commencement, tous les saints de Dieu participaient nécessairement de cette nouvelle et divine nature capable d’entrer en communion avec Dieu. Mais maintenant ils savent qu’elle n’est autre que la vie éternelle, leur portion actuelle dans Son Fils.
Mais il y a plus encore ! Le chapitre 4 nous a montré le Fils de Dieu abaissé, donnant le Saint Esprit ; non pas seulement une nouvelle naissance qui provient du Saint Esprit, mais le Saint Esprit Lui-même pour être en nous une puissance de communion avec le Père et le Fils. Le Christ, Celui qui avait été annoncé, était rejeté, et c’est pourquoi les anciennes promesses faisaient place à des révélations touchant l’indicible et éternelle gloire de Sa personne. Ainsi cette réjection avait pour résultat de faire ressortir toute la gloire du Fils de Dieu, mais du Fils de Dieu manifesté sur la terre dans Sa grâce parfaite. Il ne s’agit pas ici de quelque important docteur juif venant à Jésus, mais du Seigneur de gloire allant au-devant d’une pauvre pécheresse samaritaine et développant un sujet d’une grâce ineffable : le don du Saint Esprit, par lequel le croyant peut entrer dès maintenant en communion avec le Père et Son Fils Jésus Christ. L’homme est souillé, mort dans ses péchés, et par sa nature incapable d’hériter du royaume de Dieu, il faut pour cela une nouvelle naissance et il en a toujours été ainsi ; mais nous avons un privilège transcendant qui va bien au-delà de ce royaume, et dont rien ne nous sépare. Pourquoi Dieu fait-Il cette extraordinaire révélation ? Parce qu’Il veut honorer Son Fils rejeté par Israël. Il faut que toutes choses soient soumises au Fils, et rien n’est trop grand pour être donné par Lui. La venue du Fils dans l’abaissement était une raison de plus pour hâter ce don du Saint Esprit. C’est pourquoi, percevant la gloire du Fils, notre cœur peut savourer l’amour du Père par la puissance du Saint Esprit que Jésus donne. C’est pourquoi aussi ce bienfait inestimable est la source de tout culte réel. Les choses anciennes naguère ordonnées de Dieu sont mises de côté ainsi que la « dévotion volontaire » de l’homme.
Nous abordons maintenant un sujet tout différent. Le Seigneur Jésus ne veut plus demeurer en Judée, parce que les Juifs cherchent à Le faire mourir. Le peuple, aussi bien que ses chefs, est jaloux de Lui. Leur haine est arrivée à son comble, et ils n’attendent pour la satisfaire qu’une occasion favorable. Autant que cela dépend d’eux, ils veulent éteindre cette lumière de Dieu, et seul l’accomplissement de ce dessein pourra les contenter. Comme la fête des Tabernacles était proche, Ses frères Le pressent de se rendre en Judée pour montrer Ses œuvres miraculeuses. Le Seigneur Jésus avait été peu à peu chassé de Jérusalem, cette cité qui était un centre de grandeur et détenait orgueilleusement un monopole religieux parmi les Juifs. C’était en Galilée qu’Il avait fait le plus grand nombre de ses miracles, et il semblait impossible à Ses frères qu’un homme capable d’opérer ces prodiges ne cherchât pas la publicité. « Si tu fais ces choses, montre-toi au monde toi-même » [v. 4].
Mais qu’avait été l’enseignement de Jésus au chapitre précédent ? Il avait frappé à la racine toutes ces espérances en refusant d’être fait roi par les Juifs (v. 15). Le Seigneur leur avait fait du bien en multipliant les pains ; et il se peut que ce miracle leur eût rappelé l’attente du Messie d’après le psaume 132, 15. Ils désiraient hâter l’établissement du royaume, car certainement le Roi était parmi eux. Le Seigneur y répond par un refus absolu, et lorsque le peuple persiste à s’adresser à Lui, Il se sert du miracle qu’Il vient d’accomplir pour montrer le but de Sa mission, qui dans cet évangile n’est pas d’être reçu comme le Christ. Il va sans dire que dès le commencement Dieu savait que les Juifs rejetteraient le Messie, et les prophètes l’avaient clairement prédit. L’offre fut faite et l’homme ainsi mis à l’épreuve ; mais si l’homme faillit, Dieu y trouva occasion à faire de plus grandes choses. Ce n’est pas que Jésus ne donna pas les preuves les plus convaincantes qu’Il était le Messie. Mais l’évangile de Jean Le considère dans Sa divine nature et dans Sa gloire éternelle et essentielle. Il était le rejeté. Des desseins d’une portée plus profonde s’accomplissaient alors, savoir, la rédemption par Son sang.
Tous les éléments voulus paraissent réunis si l’on regarde aux circonstances extérieures : le vrai Roi, le vrai peuple, le vrai pays. Que manque-t-il donc ? Dieu n’est pas dans les pensées des Juifs, et le péché n’a pas été jugé en Sa présence. Jésus au contraire ne cherche que la volonté et la gloire de Celui qui L’a envoyé. C’est pourquoi l’établissement prématuré du royaume aurait été une offense à Dieu. Jésus ne peut accepter le royaume avec l’homme dans son péché et sans que l’honneur de Dieu soit sauvegardé. Aussi le point capital du discours de notre Seigneur est-il celui-ci : qu’au lieu de s’élever pour prendre possession du royaume, Il est descendu pour faire la volonté de Celui qui L’a envoyé. Et cette volonté est de sauver, de recevoir tous ceux qui viennent à Lui. Car Il ne vient pas ici-bas pour faire Sa propre volonté, ni pour choisir les personnes qui Lui sont agréables. C’est une question de vie éternelle et de résurrection au dernier jour. Après ces vérités étonnantes, Jésus en exprime une autre plus extraordinaire encore. Il était venu afin de « donner sa vie pour le monde » [Jean 6, 51] ; et à moins de « manger sa chair et de boire son sang » [Jean 6, 53], on ne pouvait avoir la vie. C’est donc le Fils de l’homme apparaissant dans l’abaissement et dans la souffrance qui prend la place du Roi que les Juifs attendaient et qui devait amener avec Lui la prospérité, l’abondance et le bien-être ici-bas.
Remarquons qu’en Jean 5 Jésus est considéré comme le Fils de Dieu travaillant de concert avec le Père pour donner la vie aux hommes. Ceux qui ne voudront pas recevoir Jésus trouveront en Lui leur juge, car Il est aussi le Fils de l’homme auquel le Père remet tout jugement. En Jean 6 nous avons une vérité plus profonde encore. Le Seigneur n’est plus considéré comme juge, mais comme Fils de l’homme venant mourir, donner Sa chair à manger et Son sang à boire. Merveilleuse manifestation de l’amour de Christ qui se montre divin au moment même où Son humanité est le plus clairement manifestée. Quel autre que Lui est venu mourir ? Toute cette gloire royale du Messie si longtemps attendue disparaît et s’efface pour la mort, parce qu’il faut avant tout que Dieu soit exalté, que le péché soit jugé, et que l’homme puisse être béni selon les desseins de Dieu. À cette condition seulement nous réalisons la communion avec Christ Lui-même dans Son amour et dans Son renoncement. Ces paroles « manger la chair » de Jésus et « boire son sang » impliquent non seulement Son sacrifice offert mais encore la communion de Sa mort, la reconnaissance de cette sentence de mort qui en est le résultat et qui pèse sur tout ici-bas, car même la gloire du Messie s’éclipse pour un temps. Nous savons que cette gloire sera bientôt manifestée et que le règne de Jésus sera fécond en bénédictions, étant fondé sur des bases immuables, mais maintenant c’est la mort qui est devant Jésus, et c’est ce fait avec les résultats qui en découlent qu’Il expose à la multitude. La mort du Christ, le Fils de l’homme, nous ayant donc été présentée comme la base de toute communion véritable avec ceux qui sont à Lui, nous avons au chapitre 7 la fête des Tabernacles qui était une figure de la glorieuse perspective de la promesse de Dieu.
Les frères du Seigneur Le pressent de se faire connaître. Il leur semblait que le moment favorable était arrivé. Le Seigneur énonce cette solennelle vérité que « leur temps était toujours prêt » [v. 6]. Ils étaient du monde, ils parlaient le langage du monde, et le monde les écoutait ; mais quant à Lui Son temps n’était pas encore venu. Quelle grâce infinie nous découvrons dans ces paroles : « mon temps n’est pas encore venu », si nous nous rendons compte de la gloire de Celui qui les a prononcées, Lui qui a créé le monde, et qui, héritier légitime de toutes les promesses, a le droit de tout prendre, de tout posséder ! Et aussi quelle condamnation du pécheur dans ces mots : « votre temps est toujours prêt » ! Quelle sentence de mort portée sur toutes les notions humaines, car le temps de l’homme c’est le présent, et par conséquent il est toujours prêt ! Sa principale préoccupation consiste à s’exalter lui-même. C’est en fait le mobile de toutes ses activités. En contraste, ce qui doit nous faire admirer le plus la voie du Seigneur, c’est que Sa puissance n’est ici pas en question. Ses frères « ne croyaient pas en lui » [v. 5] mais ils ne doutaient pas de cette puissance. Admettre que Jésus était capable de faire ce qu’Il voulait n’était pas de la foi. Au contraire, l’incrédulité de ces hommes se trahissait de bien des manières. Ils n’avaient aucun sentiment de ce qui est dû à Dieu, aucune intelligence de Sa gloire, aucune notion juste de la condition de l’homme. Ils ignoraient tout de la grâce qui était en Jésus, ou de la contradiction qui existait entre Lui et tout ce qui L’entourait. Mais Celui qui possédait toute puissance pour changer en un clin d’œil la face des choses attend l’heure convenable. Son temps n’était pas encore pleinement venu.
Ses frères montent à la fête, et nous voyons là se manifester les pensées des hommes quant à Jésus, puis les Juifs montrer leur incrédulité. Ils murmurent, ils raisonnent, mais leurs pensées sont celles d’hommes qui n’ont aucune connaissance de Dieu. L’intelligence naturelle est totalement incapable de s’élever jusqu’à l’amour de Dieu. Les idées humaines sont aussi impuissantes que l’être qui les conçoit et elles portent l’empreinte de la sécheresse et de la mort. En Jésus demeurait toute la puissance, mais aussi quelque chose d’incomparablement plus précieux encore : un amour divin. Il vint dans la pleine prescience de l’humiliation suprême qui L’attendait, et quand les hommes cherchèrent à Le faire mourir, Son esprit sonda toutes les profondeurs de ce qu’Il devait endurer. Rien ne pouvait Le prendre au dépourvu ; tout était mesuré, tout était prévu ; malgré cela Jésus ne hâte pas le dénouement. Il s’attend à Dieu avec calme et sérénité. Il ne court pas au-devant des événements qui doivent faire éclater le danger qui Le menace et consommer la ruine de l’homme. Ce n’est pas non plus du mépris qu’Il éprouve pour ce que le monde veut faire. Car, hélas ! il s’agissait du triomphe éphémère de Satan et de la plus insigne de toutes les folies de l’homme, lequel supposait qu’on pouvait se défaire ainsi de Celui qui jetait le trouble partout ici-bas. Mais l’amour, Dieu Lui-même qui est amour, est dans toutes les pensées et les sentiments de Jésus. C’est pourquoi Il attend que la fête soit commencée, et alors, coûte que coûte, Il s’y présente.
Il commence par annoncer Son prochain départ (v. 33-36), ce qui, en rapport avec notre sujet, a une grande importance. En effet, le don du Saint Esprit suppose la mort du Seigneur Jésus et Son départ pour le lieu où l’homme ne pouvait Le suivre. C’est pourquoi « en la dernière journée », la grande journée de la fête qui était la dernière de l’année parmi les Juifs, Jésus se tint là, et cria, disant : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive » [v. 37].
Occupons-nous un instant de la signification de cette fête. Elle avait été instituée pour commémorer le fait que le peuple de Dieu, après avoir séjourné dans le désert, était maintenant introduit dans la terre promise. Cette fête avait lieu après la moisson et la vendange, lesquelles préfiguraient deux aspects du jugement de Dieu. Un premier jugement sépare les bons des mauvais : c’est la moisson. Ensuite vient la vendange, autre jugement terrible et inexorable, qui atteint tout ce qui est impie et rebelle envers Dieu. Dieu montrait ainsi à Son peuple quand et comment il pouvait compter sur la délivrance. Attendre la gloire avant l’exécution du jugement était une folie. Il était nécessaire que le jugement ait son libre cours avant que la gloire ne resplendisse. Mais cette fête des Tabernacles ne ressemblait pas aux autres fêtes juives. Elle offrait une particularité qui mérite notre attention, savoir qu’elle n’était pas limitée à sept jours, division ordinaire du cours du temps ici-bas. Il s’y ajoutait un jour surnuméraire, en plus de la semaine entière qui marque le cycle habituel de la vie humaine. Ce n’était pas le sabbat, figure de ce temps de repos béni vers lequel, d’après la Parole, se tournent les conseils de Dieu concernant Israël et la terre (bien que le Seigneur ne perde jamais de vue dans Ses desseins et dans Sa pensée le repos qui reste pour le peuple de Dieu). Ce n’est pas au septième, mais au huitième jour que Jésus se montre, le jour, non de l’amour créateur, mais de la gloire de la résurrection. « Jésus se tint là, et cria, disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ».
Il est évident qu’il ne s’agit pas ici de la vie conférée par l’Esprit de Dieu, ni davantage de la communion qu’Il nous permet de réaliser avec Jésus le Fils de Dieu. Le point que le Seigneur met en évidence dans tous les détails de ce chapitre est celui-ci : la gloire qui Lui appartient dès maintenant dans le ciel détermine l’introduction immédiate ici-bas du Saint Esprit répandu sur tout croyant, comme un fleuve irrésistible et abondant en bénédiction. C’est là quelque chose de tout nouveau. Seule la mort de Jésus pouvait avoir une telle conséquence. Quel témoignage Dieu rend ainsi à la valeur de l’insondable abaissement où descendit Son Fils !
L’amour du Fils se complaît dans le don gratuit du Saint Esprit au croyant, afin que celui-ci puisse jouir de la communion avec le Père et le Fils. Et sans ce don ineffable, qui pourrait comprendre l’amour de Christ ou apprécier la majesté de Sa personne ? Prétendre entrer en communion avec le Fils par notre propre capacité serait nous placer sur le même niveau que Lui, car même la nouvelle nature que nous avons reçue ne peut y prétendre. C’est au Saint Esprit seul qu’il appartient d’établir ce lien.
Ici, en Jean 7, Jésus n’est pas présenté en Sa qualité de Fils de Dieu, mais comme le Fils de l’homme, Celui qui, ayant été rejeté, devait mourir, mais ressusciter des morts, puis être glorifié dans les cieux. Et remarquez que ceci se passe avant l’exécution du jugement de Dieu, avant qu’un seul châtiment ne tombe sur l’homme, qu’il s’agisse de prendre à Lui les sauvés en laissant les perdus, ou d’exercer une vengeance inflexible sur les religions de convention qu’Il a en abomination. Mais avant ces actes juridiques de la part de Dieu, le Fils de l’homme quitte cette terre, qui demeure dans une parfaite insouciance. Il monte au ciel, et, de ce ciel où Il a pris place, Il envoie le Saint Esprit pour constituer le lien divin entre l’homme ici-bas et l’homme glorifié à la droite de Dieu. C’est ainsi que le cœur trouve ses délices par la puissance de l’Esprit, d’abord en se réjouissant de l’élévation du Sauveur, ensuite en rendant son témoignage au près et au loin : Voilà Celui que je possède et que je sais être ma vie. Il est mort sur la croix pour me racheter et me nettoyer de mes souillures. Et maintenant Il a rompu avec cette scène terrestre, ayant été rejeté par le peuple même qui aurait dû Le recevoir. Les promesses pour ici-bas ont été différées pour un temps ; mais Celui qui en est le centre, l’objet et l’auteur en même temps que le oui et l’amen, attend le jour où elles seront pleinement accomplies ; car ce que Dieu a garanti ne peut ni changer ni faillir. La ruine de l’homme a été consommée dans la croix de Jésus. Mais Dieu se sert de l’intervalle qui sépare Sa mort de l’accomplissement des promesses pour introduire un état de choses incomparablement plus élevé. Au lieu de Christ, le Fils de l’homme établissant son règne universel ; au lieu de la manifestation d’une gloire terrestre, un ordre de choses est introduit auquel l’homme n’aurait jamais songé. Jésus envoie le Saint Esprit du ciel pour faire connaître d’avance aux siens le séjour qui leur est destiné, de manière qu’ils apprennent dès maintenant à s’y habituer, si je puis ainsi parler. Il me fait don du Saint Esprit qui connaît si bien ce séjour de gloire, afin qu’Il puisse élever toutes les pensées, toutes les aspirations, toutes les affections de mon cœur vers Celui qui m’y attend.
« Si quelqu’un a soif… » : cette invitation suppose d’abord que l’homme reconnaît le dénuement de son âme et se place au point de vue de Dieu. Il reçoit alors en Christ la réponse à tous ses besoins réels. Il ne s’agit pas de ce que feront les autres ; on vient à Christ pour soi-même, et Il répond Lui-même aux besoins individuels.
Rien n’est plus dangereux que les théories appliquées aux vérités de la Parole. Soyons sur nos gardes ! Ce sont nos âmes plus que notre intelligence qu’il nous faut satisfaire. Toutefois si c’est avec sincérité que nous avons été amenés à Dieu, ne craignons pas de sonder les précieuses vérités divines.
Car si Dieu produit le sentiment de ces besoins, c’est afin de les satisfaire dans Sa grâce infinie : « … qu’il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre » [v. 37-38]. Ainsi l’âme qui a soif se désaltère, et trouve sa joie dans tout ce qu’accorde le Saint Esprit. Mais il y a plus encore, car Christ est maintenant ressuscité d’entre les morts et glorifié dans les cieux d’où Il est la source de la puissance. Cette puissance, celle de l’Esprit, triomphe de tous les obstacles. Le monde reste sans doute un désert aride et désolé — mais cela ne rend que plus merveilleux ce don ineffable. La scène terrestre n’est pas changée ; l’iniquité de l’homme subsiste ; l’inimitié du monde contre Dieu n’est nullement atténuée, au contraire elle a été pleinement prouvée par la mort de Christ. Eh bien, c’est au milieu d’un tel état de choses que le Saint Esprit est donné pour être non seulement une source de vie pour le croyant, mais des fleuves d’eau vive qui se répandront sur tous ceux qui l’entourent. Que les voies de Dieu sont admirables ! Comme Il fait face d’une manière digne de Sa gloire au mal qui est dans le monde, et remédie au triomphe apparent de Satan ! L’adversaire n’est jamais aussi complètement vaincu que lorsqu’il semble être arrivé à ses fins. La défaite apparente du Fils de l’homme était précisément le moyen par lequel Il devait accomplir l’œuvre de la rédemption, et par là prendre une position nouvelle. Dès lors Il établit un lien entre le croyant et Lui-même par le Saint Esprit envoyé des cieux et se répandant en fleuves d’eau vive pour rafraîchir un monde aride et désert.
Permettez que je vous adresse quelques questions solennelles : Comment Jésus vous apparaît-Il, et quelles sont vos relations avec Lui maintenant qu’Il est dans le ciel ? N’avez-vous rien de plus que l’espoir d’y être vous aussi un jour ? Assurément, c’est là une espérance aussi précieuse qu’elle est certaine ; et plus encore, de savoir que nous serons avec Lui éternellement. Mais est-ce simplement une espérance ? N’y a-t-il pas dès maintenant une part pour le cœur, une puissance actuelle nous unissant à Jésus là où Il se trouve ? Il me semble que c’est ce que le Seigneur voulait révéler aux siens. Il ne veut pas que nous nous contentions de désirer avec ardeur le jour de la gloire ; Il veut en donner à nos cœurs l’avant-goût, et nous procurer dès à présent la force et la joie du ciel. Il veut que nous traversions le monde, non seulement comme ceux qui reçoivent, mais aussi comme ceux qui donnent selon la riche miséricorde de Dieu. Les croyants qui sont venus à Christ dans leur dénuement, et ont bu l’eau vive alors que tout en eux n’était que lassitude et tourment, ont reconnu que Jésus les avait comblés des vraies richesses, bien qu’Il ait quitté ce monde et que leur position soit de plus en plus précaire et isolée. Ainsi la part actuelle des croyants offre un contraste frappant avec tout ce que les saints de l’Ancien Testament connaissaient ou attendaient ici-bas. Écoutez par exemple les soupirs et les aspirations des Psaumes. Étudiez les prophéties de Jérémie, d’Ézéchiel ou tout autre : la condition de ces écrivains sacrés est-elle la même que celle des disciples ? Ce n’est pas certes qu’ils ne fussent pas bénis ou honorés de Dieu. Mais ces saints de Dieu, malgré leurs visions ineffables de l’avenir, ne jouissaient pas quant au présent de cette puissance d’adoration et de témoignage.
Incontestablement les souffrances des chrétiens peuvent être plus poignantes encore que celles de Jérémie ou d’Ézéchiel, car l’homme de douleurs, l’affligé des affligés, n’épargne pas aux siens cette association avec Lui. Mais nous ne jouirons pleinement de Christ et de notre union avec Lui que dans la mesure où le peuple de Dieu sera rejeté par le monde, où nous serons les objets d’un mépris inconnu dans les anciens temps, car aucun Juif n’a eu à subir ce qui assaille aujourd’hui le chrétien. Et plus on prend la place qui convient au chrétien, c’est-à-dire la place de Christ (car après tout le christianisme n’est autre chose que notre association par le Saint Esprit avec Christ), autrement dit plus on est uni à Christ par la puissance de l’Esprit, plus on est rejeté par le monde.
Mais d’un autre côté, quelle gloire, quelle joie, quelle bénédiction sont notre part dans une telle position ! Pourquoi les chrétiens sont-ils si souvent découragés et oublieux des liens qui les attachent au ciel ? Pourquoi ne trouve-t-on pas chez eux cette joie abondante qui a sa source à la fois dans Celui auquel ils appartiennent, et dans leur position céleste ? Parce que, n’ayant pas appris à contempler le ciel par l’Esprit, ils ne regardent pas la terre comme un désert, bien que les fleuves d’eau vive puissent découler d’eux. Ils oublient ce que Jésus leur a donné ; ils considèrent la terre comme un lieu désirable. Pourquoi, se disent-ils, Christ ne serait-Il pas exalté maintenant ici-bas ? Pourquoi n’aurions-nous pas, Lui et nous, un nom glorieux dès à présent ? Pourquoi ? Parce que Son heure n’est pas encore venue, ni la nôtre non plus, étant donné que nous sommes un avec Lui. L’heure de l’homme signifia un entier mépris pour Christ. Le rejet et la mort furent Sa part. La nôtre est de n’être rien, d’être méprisés, haïs des hommes comme Il l’a été. Telle fut la portion de Christ sur la terre, et assurément nul ne peut l’éprouver comme Lui, mais du moins pouvons-nous par Sa grâce nous attacher fortement à Lui, et prendre ainsi dans une certaine mesure notre part de Son opprobre.
C’est pour cela que le Saint Esprit nous a été donné. Voyez la force de cette expression : « des fleuves d’eau vive ». La puissance du Saint Esprit remplit le cœur du racheté de la gloire dans laquelle Christ est maintenant. Quelle puissance peut mieux convenir au désert qui nous entoure dans toute son aridité et sa stérilité, sans une seule source où puiser, sans un point verdoyant où reposer notre regard, sans le moindre abri pour nos âmes ? Quand le sentiment du vide de ce monde a pénétré notre cœur, l’Esprit prépare et fortifie notre âme selon Dieu.
Dans Jean 4 nous avons trouvé le Saint Esprit mettant le croyant en rapport avec le Fils et le Père, ce qui constitue un culte véritable. Quelle est donc la bénédiction nouvelle et spéciale qui est promise ici ? Elle s’applique plutôt au service qu’au culte, car l’expression « des fleuves d’eau vive couleront de son ventre », suggère la pensée d’une effusion abondante. Mais elle suppose aussi que, par la grâce, le croyant est élevé dans une atmosphère supérieure à celle du désert qu’il traverse. Le racheté sans cesse rempli de Christ qui le fait jouir de Sa paix reçoit la puissance communicative du Saint Esprit. Le ciel devient alors un séjour présent dont la grâce lui a ouvert l’entrée à cause de Christ qui y est déjà. Ainsi le Saint Esprit unit si étroitement le croyant au Seigneur Jésus, que tout ce que le monde peut lui présenter ne lui semble plus qu’un hochet misérable. En contrepartie cet Esprit lui révèle d’inépuisables richesses, telles que le cœur de l’homme ne saurait les imaginer. Et nous reconnaissons que, s’il nous est donné de nous les approprier, c’est uniquement par la grâce du Sauveur. En somme, ce qui nous est présenté dans ce passage n’est pas tant l’Esprit du Fils nous donnant de nous réjouir dans Sa personne et dans Sa grâce aussi bien que dans l’amour du Père, c’est plutôt la puissance du Saint Esprit dépeinte par Celui qui est maintenant élevé dans la gloire afin de nous donner l’assurance que cette gloire est nôtre en Lui, et de nous remplir tellement de Sa plénitude que nous soyons en mesure de communiquer des bénédictions à autrui.
Bien que le sujet ne soit pas identique, il me semble que la différence que nous trouvons dans 1 Pierre 2, entre la sainte sacrificature (v. 5) et la sacrificature royale (v. 9), peut jeter quelque lumière sur le passage que nous étudions. Quelles sont les fonctions de la « sainte sacrificature » dont nous sommes revêtus ? Offrir des sacrifices spirituels. Ainsi consacrés, nous nous approchons de Dieu pour accomplir un service en rapport avec le culte du Seigneur. D’autre part nous sommes appelés une « sacrificature royale », et alors il n’est plus question de sacrifier à Dieu les louanges et les actions de grâces, mais d’annoncer les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à Sa merveilleuse lumière. De sorte que l’une de ces sacrificatures s’exerce en louant Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, tandis que l’autre a pour objet de manifester parmi les hommes l’excellence de ce nom béni. Que le chrétien ne perde jamais de vue la dignité de cette vocation. Pour lui, chercher la gloire terrestre c’est en réalité s’avilir.
La plupart des chrétiens pendant le cours de leur pèlerinage ici-bas sont dans l’obligation de gagner le pain quotidien pour eux et pour leurs familles. Et cela est bon, car peu d’entre nous seraient capables de supporter qu’il en fût autrement. Mais pourquoi ce travail nécessaire m’empêcherait-il de rendre un témoignage vivant d’amour et de fidélité à notre adorable Sauveur ? Toutefois pour le croyant ce travail est un gagne-pain, rien de plus. Aussitôt qu’on veut y attacher l’importance d’une vocation ou en retirer quelque honneur aux regards des hommes, le témoignage rendu à la gloire de Christ devient impossible. Nul doute que la grâce de Dieu ne puisse appeler des individus activement engagés dans des professions honorables selon le monde. Nous avons connu des hommes ainsi appelés de Dieu au moment même où ils entraient dans une de ces carrières chères au cœur naturel, et nous en avons vu quelques-uns faire preuve ensuite d’une grande simplicité de cœur. Nous ne disons pas qu’on ait tort de suivre ce genre de profession ; mais au nom de la gloire céleste de Christ, nous condamnons l’esprit dans lequel tout ce qui appartient au monde est organisé, et nous mettons en garde les enfants de Dieu contre la vaine gloire des hommes, contre le désir des grandeurs terrestres, contre la recherche de la bonne opinion du monde. L’heure de Christ n’était pas venue ; la nôtre ne l’est pas non plus. Si nous Lui appartenons, nous n’avons que faire de la gloire de ce monde. Soyons convaincus que ces honneurs-là sont un déshonneur pour l’enfant de Dieu. Peu importent les biens que le monde nous offre ; quel besoin en avons-nous ? Toutes choses sont à nous. Nous jugerons le monde et même les anges [1 Cor. 6, 2-3]. Au reste nous savons que les choses terrestres portent souvent l’empreinte de leur futilité et que les sages de ce monde admettent que le plaisir consiste plutôt à poursuivre qu’à atteindre l’objet de nos désirs.
Permettez-moi donc d’insister sur l’importance pour le chrétien (qu’il s’agisse de lui ou des siens) de se tenir constamment sur ses gardes quant au monde, le regard attaché sur Christ dans le ciel. Loin de moi la pensée que le christianisme impose à tous les croyants une uniformité d’occupations. La foi ne se manifeste pas nécessairement par l’abandon d’une profession, si l’on peut y demeurer avec Dieu, ou par la recherche d’un état qui soit en dehors de nos aptitudes. Ce n’est pas de la foi, mais un coupable dérèglement d’esprit. En vérité un seul mobile est digne d’un chrétien, c’est de tout faire en vue du Seigneur, que notre occupation journalière consiste à rédiger des actes notariés ou à réparer des souliers. Et si nous savons que nous accomplissons la volonté de Dieu, nous pouvons tout faire avec une bonne conscience et un cœur joyeux. Ce qui perd le chrétien, c’est d’oublier qu’il est sur la terre pour faire la volonté de Dieu et pour être un fidèle témoin d’un Christ rejeté par le monde, mais glorifié dans le ciel.
À l’inverse, quelle est l’ambition de l’homme du monde ? C’est de faire son chemin, d’accomplir quelque chose de grand. Et ce qu’il a pu acquérir aujourd’hui devient un marchepied pour obtenir demain de nouveaux honneurs. Il est naturel peut-être de souhaiter avoir une position plus brillante ou plus facile ; mais est-ce compatible avec l’attachement du cœur à Christ ? N’est-ce pas plutôt le signe qu’on Lui préfère le premier Adam ? Toute la question est là. Si mon cœur appartient au second Adam, ne dois-je pas le montrer dans ma vie de chaque jour ? Ne faut-il honorer Christ que le dimanche ? Ce ne serait pas là assurément la loyauté que nous devons à notre Chef. Peut-être avez-vous été amenés par la grâce de Dieu à la connaissance de Son amour pendant que vous occupiez une position regardée par le monde comme basse et méprisable ? Si vous pouvez demeurer avec Dieu en conservant cette position, quelle admirable occasion vous aurez alors d’exercer votre foi, une foi qui apprécie tout en fonction d’un Christ dans la gloire ! Il vous appartiendra en sondant la Parole de déterminer dans quelle mesure il vous sera possible d’honorer Dieu là où vous êtes. Car nous devons être Ses épîtres lues et connues de tous les hommes [2 Cor. 3, 2]. Et n’est-ce pas ainsi que par Sa grâce des fleuves d’eau vive couleront de nous ? Nous ne manifestons nullement Christ quand nous étreignons avec force les biens que nous possédons, quand nous maintenons rigoureusement nos droits, quelque fondés qu’ils puissent être selon le monde ; quand nous résistons avec raideur à tout empiètement qui nous semble injuste. De même l’esprit de Christ n’est pas manifesté par un chrétien de condition dite inférieure qui profite avec avidité de toutes les occasions d’avancement qui peuvent se présenter. Que votre condition soit élevée ou modeste, l’occasion ne vous manquera pas de montrer ce que vous pensez de Christ.
La Parole de Dieu seule peut nous diriger d’une manière infaillible, car notre propre sagesse n’est que folie. La volonté du Seigneur est tout. Il faut que la conscience chrétienne reconnaisse que, quelle que soit la position du croyant, chacun de nous peut faire la volonté de Dieu, peut être Son serviteur, peut manifester que nous L’estimons infiniment au-dessus du monde. La bénédiction pour moi consiste à être satisfait du service que le Seigneur me donne à faire, quel qu’il soit. Quant aux circonstances qui doivent Le glorifier, et qui conviennent à Son serviteur, c’est à Lui à en juger. Je les regarde simplement comme autant de moyens de publier Ses louanges. Pour ce qui concerne ma profession, qu’elle soit honorée ou méprisée par les hommes, elle ne doit être pour moi qu’un gagne-pain. Ce point de vue n’est pas celui du monde. Traiter une profession honorable de gagne-pain ? Oui assurément ; un Sauveur crucifié ici-bas, et élevé dans la gloire fait peu de cas du monde et de ce qui s’y trouve. Prenons un exemple. Je dois travailler comme cordonnier ; ai-je le désir d’être le premier cordonnier de Paris ? Supposez que je sois médecin. Mon ambition m’incite-t-elle à rechercher la plus nombreuse clientèle ? De semblables désirs proviennent-ils de Christ, et est-ce ainsi que nous honorons Jésus glorifié ? Est-ce de Sa main que j’accepte mon travail, et pour Lui que je le fais ? Si le Seigneur nous donnait réellement quelque chose à accomplir pour Lui, notre amour s’appliquerait sans aucun doute à le faire le mieux possible. Loin de nous la pensée que les chrétiens doivent être négligents ou insouciants dans la manière de vaquer à leur occupation. Mais ce qu’il faut pour la foi, c’est la ferme conviction que Christ est le but de notre travail, que celui-ci soit important ou humble.
C’est ainsi que nous manifestons, même dans notre vie journalière, que nous ne vivons pas pour nous-mêmes en ce monde mais pour Celui qui est mort et qui est ressuscité. Alors nous aurons certainement pour nous la puissance du Saint Esprit. Précieux témoignage, bien qu’il soit rendu au milieu des choses passagères de ce monde, mais témoignage qui ne passera jamais. Nous ne faisons que traverser un pays étranger. Notre patrie est avec Christ et nous ne sommes que pour peu de jours là où le Seigneur Lui-même nous a placés. Nous séjournons ici-bas aussi longtemps qu’Il nous appelle à travailler pour Lui. Nous campons au commandement de l’Éternel, et au commandement de l’Éternel nous partons (Nomb. 9, 18). C’est à Lui à disposer de nous. Nous sommes au désert, mais, en attendant, au lieu de boire de l’eau d’un rocher nous avons une source au-dedans de nous d’où découlent des fleuves d’eau vive. C’est la joie de Jésus qui se reproduit ici-bas — la puissance du Saint Esprit qui permet dès à présent au cœur de se réjouir en Celui qui est là-haut. Nous savons que nous Lui appartenons, et ainsi les vanités de ce monde sont jugées pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire comme l’appât dont se sert Satan pour séduire un monde condamné.
Bien-aimés, dans quelle mesure nos âmes ont-elles ce but devant elles ? Je désire, par la grâce de Dieu, que les vérités qu’Il a placées devant nous ne dégénèrent pas en une connaissance stérile. Plus que d’autres chrétiens, nous avons à nous méfier de ce piège. Dieu dans Sa miséricorde a réveillé Ses enfants en leur rappelant cette vérité, et en ravivant la foi qui a été « une fois enseignée aux saints » [Jude 3]. C’est là, sans doute, un grand privilège, mais il entraîne avec lui une sérieuse responsabilité et de graves périls. Qui sont ceux qui sont le plus exposés à perdre de vue cette vérité et peut-être à en devenir les adversaires déclarés ? Ceux-là mêmes qui l’ayant connue ont cessé de la réaliser et par conséquent de l’apprécier. Et comment peut-on la réaliser, à moins que Christ et non le moi soit notre premier objet ? Remplacez dans nos cœurs le Seigneur par des préoccupations personnelles touchant notre renommée ou notre bien-être, et aussitôt tout se corrompt jusqu’à la source. Dieu seul sait où s’arrêterait cette folie sans la grâce qui, après nous avoir pris quand il n’y avait pas dans nos cœurs la moindre étincelle d’amour pour Dieu, nous a gardés malgré toute notre misère, et qui peut encore empêcher les funestes conséquences de notre indécision et de notre infidélité. Dieu qui a toujours Christ en vue et qui veut qu’Il soit glorifié en nous, nous laisse assez de liberté d’action et de responsabilité morale pour montrer jusqu’où l’incrédulité peut nous entraîner. Mais Il peut relever une âme, et c’est ce qu’Il ne manque pas de faire. Puissions-nous toujours compter sur cette grâce pour nous garder aussi bien que pour nous relever. Qu’Il nous apprenne à discerner la manière dont Il juge les personnes et les choses, et à traiter avec sévérité tout ce qui tend à affaiblir la Parole, ou à abuser de la grâce pour diminuer la gloire du Seigneur Jésus Christ.
Veuille le Seigneur nous rendre humbles et nous maintenir dans l’humilité. Qu’Il nous donne de Le contempler continuellement dans la gloire, en sorte que tout ce qui est de ce monde soit jugé comme devant subir l’heure de la moisson et celle de la vendange, qui ne sont pas encore accomplies. Mais en attendant, notre joie, elle, est accomplie dans la glorification de Christ et dans le Saint Esprit qui nous a été donné avant cette heure. Nous connaissons Jésus dans la gloire céleste et nous savons qu’Il a déjà envoyé le Saint Esprit pour nous faire participer dès maintenant à la richesse de cette gloire. Puissions-nous être Ses fidèles témoins, même s’il faut pour cela que nous soyons brisés afin que les fleuves d’eau vive se répandent plus librement à la louange de la grâce et de la gloire de Dieu.