La doctrine du Nouveau Testament sur le Saint Esprit
Méditation 4 — Le « paraclet » ou le Consolateur (Jean 14, 26 ; 15, 26 ; 16, 7-15)
Les chapitres que nous abordons maintenant présentent au sujet du Saint Esprit une vérité d’une si grande valeur en elle-même, et aussi d’une telle immensité dans ses conséquences, que nous n’aurions pu en aucune manière la déduire des communications précédentes du Seigneur Jésus. Il ne s’agit plus seulement d’une source imprimant son propre caractère à la vie nouvelle donnée au croyant, comme au chapitre 3, ni d’une puissance qui opère intérieurement ou extérieurement, et cela dans le culte (chap. 4) aussi bien que pour le témoignage (chap. 7). Nous sommes ici en présence d’une personne divine prééminente : le Saint Esprit présent sur la terre.
Or l’occasion de cette révélation explique une telle différence. Le Seigneur Jésus était sur le point de s’en aller, Lui, la personne bénie qui avait appelé à Lui les disciples et formé leur cœur pendant Son ministère terrestre en leur révélant le Père. La scène allait se terminer par Sa mort, dans laquelle Dieu serait infiniment glorifié. Comme Il le déclare Lui-même : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié et Dieu est glorifié en lui » [Jean 13, 31]. Pourquoi nomme-t-Il Dieu et non le Père ? Parce que le péché était contre Dieu et devant Dieu ; il était par conséquent impossible que Dieu passât par-dessus. Sa nature morale devait se manifester dans toute sa force et toute son indignation contre le péché. Jésus, le Fils de l’homme, le Christ rejeté, prend le péché sur Lui-même, devient responsable pour les iniquités de Son peuple et acquiert pour Dieu sur la croix une gloire qu’Il n’avait jamais eue auparavant et qu’il est impossible qu’Il reçoive jamais une seconde fois. Dieu y fut glorifié, parfaitement et pour toujours. Dès lors et jusque dans l’éternité, Dieu a devant Lui l’œuvre à la fois grande et précieuse de témoigner sous toutes les formes possibles Son appréciation des souffrances infinies dans lesquelles Jésus L’a glorifié. En premier lieu par la résurrection ! Ensuite Jésus, ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père [Rom. 6, 4], prit Sa place à la droite de Dieu dans le ciel. Rien d’autre n’aurait pu être pour Lui un témoignage convenable de la valeur de la croix. D’autres résultats seront manifestés en leur temps. Aucune bénédiction passée ni à venir n’aura jamais été donnée qui ne résulte de la croix du Seigneur Jésus. Mais en même temps la croix a si parfaitement et entièrement satisfait la justice, la sainteté, la majesté et l’amour de Dieu — tout Son caractère aussi bien que Ses affections — qu’Il n’a plus maintenant devant Lui, pour ce qui concerne Christ et ceux qui Le reçoivent, qu’une heureuse tâche : celle de satisfaire pleinement Sa propre nature en bénissant selon tout ce qui est en Son cœur. Cela seul explique tout ce qu’Il fait maintenant. En vertu de cette gloire acquise à la croix, non seulement Dieu place Jésus à Sa droite, mais Il proclame Son évangile, ce qu’Il n’avait jamais fait auparavant — et Il l’adresse à toute la création. Dieu est le même Dieu, et pourtant des milliers d’années avaient passé sur ce monde sans qu’Il eût jamais fait annoncer aux hommes un pareil message. Il pouvait y avoir occasionnellement de bonnes nouvelles pour Abraham ou pour les enfants d’Israël ; mais jamais auparavant la bonne nouvelle de Sa grâce n’avait été envoyée au loin à toute créature. Est-ce à dire que Dieu a commencé alors à être amour ? Certes non ! Ni Jésus Christ, ni Sa croix, n’ont jamais produit l’amour en Dieu. Le caractère distinctif de l’amour divin est de n’être ni créé, ni causé, ni mis en action par ce qui est en dehors de lui. L’amour est dans la nature même de Dieu. L’amour y existerait même s’il n’y avait pour lui aucun objet, car ce ne sont pas les objets qui créent l’amour. Toutefois, selon la souveraineté de Dieu, Son amour se manifeste, et c’est envers ceux qui sont les plus nécessiteux, les plus déplorablement coupables, les plus éloignés de Lui-même, et les plus hostiles. Dieu peut dorénavant déployer Son amour ; c’est la croix de Christ qui Le justifie quand Il le fait.
Mais ce n’est pas tout. Jésus disparaît de ce monde. Il fallait qu’il en fût ainsi. Le monde n’atteignait pas à ce que méritait Son œuvre. Tout ce que Dieu aurait pu y accomplir par Sa providence, le don du trône de David et même la domination universelle du Fils de l’homme sur toute nation, tribu et langue, n’auraient pas été une récompense suffisante de la part de Dieu pour la croix du Seigneur Jésus. En conséquence, Dieu élève Jésus à Sa droite dans une gloire céleste ; et c’est cet événement qui fournit l’occasion des incomparables enseignements de Jean 14.
Tout d’abord notre Seigneur présente la certitude de Son retour. S’Il s’en allait au Père, ce n’était pas que Son amour pour Ses disciples eût diminué. Il allait leur préparer une place. Aussi sûrement qu’Il allait à la maison de Son Père, Il reviendrait et les prendrait auprès de Lui, afin que là où Lui serait, ils y soient aussi avec Lui. Il leur avait manifesté le Père ici-bas. Ils avaient connu, ou ils auraient dû connaître, non seulement que le Père était en Lui, mais que Lui était dans le Père. Il était une personne divine ; Il était le Fils. Vérité essentielle, indépendante de Son œuvre ; mais en même temps qui donnait à cette œuvre une valeur infinie. Maintenant Il va plus loin et montre que pendant Son absence dans la maison du Père, Il fera aux siens un don digne de Son amour et digne de la croix — une bénédiction nouvelle surpassant tout ce qui avait jamais été connu par l’homme sur la terre auparavant. Et voici comment Il l’introduit : « Si vous m’aimez, gardez mes commandements ». Il ne voulait pas que leur vie et leurs affections se consument en inutiles regrets pour Son absence ; Il désirait par contre qu’ils prouvent leur amour d’une manière réelle et pratique — « gardez mes commandements ». Lui, de Son côté, prouverait Son amour d’une manière parfaitement divine. « Et moi, je prierai le Père, dit-il, et il vous donnera un autre Consolateur, pour être avec vous éternellement, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure avec vous, et qu’il sera en vous » (v. 15-17). Et plus loin Il Le désigne de manière explicite. Il est « le Consolateur, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom » (v. 26). Remarquez ces derniers mots : « enverra en mon nom ». Ce n’est pas seulement : « donnera ». Pour parler de communiquer simplement de la puissance ou de fournir à l’homme une source divine de bénédiction jaillissant en lui, le verbe donner convient. Tandis qu’« enverra » s’applique à une personne consciente et consentante. « L’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom — dit Jésus — lui, vous enseignera toutes choses et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites ».
Arrêtons-nous quelques moments pour considérer qui est Celui que le Père a envoyé au nom du Fils, du Seigneur Jésus. Lorsque l’Esprit Saint nous est présenté en figure comme répandu ou communiqué, il s’agit clairement de montrer la profusion de la bénédiction, la richesse, l’abondance et la prodigalité, si je puis dire, de ce que Dieu le Père donne maintenant pour la gloire de Son Fils. Mais si grandes que soient les richesses du don et l’abondance de la grâce, nous avons ici, répétons-le, une pensée entièrement différente. Nous sommes en présence d’une personne divine et non pas simplement d’une plénitude de bénédiction. Le langage même qu’emploie le Seigneur contribue à souligner cette grande vérité, car Il savait qu’elle serait, hélas ! promptement oubliée par l’Église de Dieu.
L’Écriture nous enseigne qu’un temps viendra où les hommes ici-bas recevront une autre effusion de l’Esprit Saint. La pluie de la dernière saison est aussi certaine que celle de la première. Alors s’accomplira le beau type d’Exode 28 : le son des clochettes s’y fait entendre, non pas pendant que le souverain sacrificateur est au-dedans du lieu saint mais quand il y pénètre, puis de nouveau quand il en sort. Ainsi, de même qu’un témoignage a été rendu à la Pentecôte quand notre grand souverain Sacrificateur fut entré dans le saint lieu, il y aura un autre témoignage de l’Esprit Saint, quand le souverain Sacrificateur sortira pour apparaître « une seconde fois… à salut à ceux qui l’attendent » (Héb. 9, 28). Aussi certainement que le son se fit entendre par la puissance de l’Esprit lorsque Jésus est entré dans les cieux, une nouvelle plénitude de la bénédiction de l’Esprit Saint sera répandue sur toute chair quand Il en sortira (Joël 2, 28-32). Mais avec cette différence que cet événement futur ne concernera pas le même corps de croyants qui avait reçu par l’Esprit Saint la première bénédiction de la grâce divine. Comme nous le savons, c’est l’ancien peuple de Dieu qui en sera l’objet. Dieu visitera de nouveau Israël en grâce. Il ne limitera pas, sans doute, la bénédiction à ce peuple. Mais de même qu’il a plu à Dieu maintenant d’appeler Ses élus du milieu de toute nation sous le ciel, il en sera ainsi, d’une manière encore plus étendue au temps du second avènement de Christ et de Son règne sur la terre.
Reconnaissons-le toutefois, ces faits tels qu’ils sont annoncés par les prophètes seraient loin de nous apporter une pleine lumière relativement à l’Esprit de Dieu, aussi le Seigneur Lui-même nous en explique-t-Il la portée. Il ne s’agit pas simplement d’influences pour le bien de l’âme, ni d’une source jaillissante de la faveur divine, mais maintenant, pour la première et pour la seule fois, la présence personnelle du Saint Esprit est connue sur la terre, oui, l’Esprit Saint effectivement descendu du ciel ici-bas comme fruit de la rédemption et du départ du Seigneur Jésus pour le ciel.
Sans doute, conjointement avec cette présence personnelle, se manifeste une abondante distribution de puissance. Et nous savons aussi que bientôt, lorsque le Seigneur Jésus reviendra du ciel, il se produira une effusion plus grande encore, un déploiement beaucoup plus considérable de la bénédiction de Dieu. Mais où voyons-nous qu’Il enverra l’Esprit dans ce temps-là ? Où trouvons-nous le Père envoyant le Consolateur au nom de Christ, le Fils ? À nulle autre période que celle-ci. Selon la Parole de Dieu, l’économie chrétienne actuelle constitue l’unique époque et présente les seules circonstances et les seules conditions qui correspondent à la mission de l’Esprit sur la terre.
La clé de ces déclarations du Seigneur réside dans ce fait : la présence du Consolateur. Cette présence personnelle du Saint Esprit, mentionnée ici, est en rapport étroit avec l’absence personnelle de Christ après la rédemption, absence qui en est le fondement. Au contraire, le jour éclatant du Seigneur, ce jour qui vient, sera marqué, non par l’absence de Christ, mais par Sa présence ; non par Sa séance dans le ciel, mais par Sa propre venue pour régner sur la terre ; et à ce jour-là ne se rattache aucune présence personnelle de l’Esprit. Il pourra alors y avoir une manifestation de puissance plus étendue, sinon plus profonde. Mais ce sera un état de choses absolument différent. Et l’une des différences les plus frappantes se trouve dans un fait qu’en passant nous pouvons mentionner ici : à savoir, que, dans ce jour-là, le Saint Esprit n’introduira personne dans le lieu très saint pour adorer. Cette activité qui est la sienne aujourd’hui aura pris fin. Le voile ne sera plus déchiré dans le jour millénial lorsque le règne du Seigneur Jésus Christ sera établi sur la terre.
Certains peuvent être choqués que nous parlions ainsi d’un retour à un sanctuaire terrestre, à un voile de séparation, et à une sacrificature humaine aussi bien qu’au renouvellement des sacrifices extérieurs. Cependant rien n’est plus certain, si nous reconnaissons l’autorité des Psaumes et des Prophètes. Et quand ce jour viendra et que Dieu reprendra Ses relations avec Son ancien peuple Israël, il n’y aura plus de Pentecôte parmi les fêtes rétablies. La Pâque et la fête des Tabernacles seront célébrées mais non pas la fête des semaines. En même temps aura lieu une effusion plus abondante de l’Esprit ; de telle sorte que certains dons extérieurs, communiqués au jour de la Pentecôte et par la suite, sont désignés sous le nom de « miracles (ou puissances) du siècle à venir » (Héb. 6, 5). Pourquoi sont-ils ainsi appelés ? Parce qu’ils sont un spécimen actuel de cette énergie qui alors opérera sans entrave et fera connaître au vaste univers la délivrance que le Sauveur a accomplie en faveur de « toutes choses » aussi bien que de ceux qui croient. Les « puissances » conférées de la part du Seigneur par le Saint Esprit sont donc à juste titre appelées « miracles du siècle à venir » — miracles tels que la guérison des malades, des lépreux, la résurrection des morts, la vue rendue aux aveugles, l’usage de leurs membres aux impotents, etc. Ce sont là en effet autant d’expressions de cette puissance qui se déploiera librement et largement dans ce grand jour du règne du Seigneur. Il guérira alors toutes leurs maladies aussi véritablement qu’Il pardonnera toutes leurs iniquités. En ce temps-là, Il introduira et associera les deux bénédictions. Il est donc clair qu’il s’agit ici d’un état de choses bien différent de ce que nous possédons maintenant.
C’est pourquoi, chers frères et sœurs, nous jouissons actuellement de ce privilège sans égal de la présence ici-bas du Saint Esprit, personne divine. Dieu l’accorde afin de publier l’excellente valeur et le bon plaisir qu’Il trouve en l’œuvre du Seigneur Jésus. Cette œuvre qui a, sans nul doute, aux yeux de Dieu, une valeur éternelle et infinie, comment se fait-il donc que, maintenant plutôt qu’en un autre temps, il en soit fait une estimation aussi extraordinaire et aussi divine ? Je crois qu’en voici la raison : le jour qui vient sera l’accomplissement de la promesse et de la prophétie touchant la bénédiction accordée au peuple de Dieu sur la terre. Ce peuple était terrestre, et, comme tel, les promesses le concernaient dans leur application littérale. C’est pourquoi ce jour sera celui où se réaliseront les promesses que Dieu avait expressément mises devant eux, le jour du peuple terrestre et de la terre (la terre d’Israël spécialement), comme centres de leur accomplissement. Mais Dieu ne s’est jamais limité à l’accomplissement pur et simple de ce qu’Il avait promis. Et bien loin d’épuiser les richesses et d’atteindre le fond de la grâce de Dieu en saisissant les promesses, on constate en la sondant de plus en plus profondément que cette divine grâce va toujours au-delà des besoins de l’homme et de la terre elle-même (Rom. 5, 20). Eh bien, cette grâce qui n’a jamais été définie dans la prophétie et dont la promesse n’a jamais été la mesure doit être nécessairement proportionnée à la profondeur de la bonté de Dieu Lui-même. C’est parce que toutes Ses promesses devaient être dépassées que Dieu a gardé par-devers Lui cette réserve bénie en la cachant « dès les siècles en Dieu » (Éph. 3, 9). Et si maintenant le mystère n’est plus caché, c’est parce que dorénavant Dieu peut agir librement à cause de la croix. Il a, à Sa droite, Celui qui a été rejeté par le monde. Considérant Christ entré là après avoir achevé l’œuvre et apportant dans Sa présence toute la valeur de la rédemption, Dieu ne se contente plus de donner selon la mesure du besoin d’un peuple terrestre ou selon les nécessités de ce pauvre monde. Il donne ce qui est digne de Lui-même et de Christ ; Il donne ce qui serait un honneur dans le ciel même. Qu’est-ce qui peut attester ou prouver cela mieux que l’envoi ici-bas de l’Esprit bienheureux, lequel connaissait si bien le ciel et pouvait partager tous les sentiments de Dieu le Père au sujet du Fils et de la rédemption ? De là la raison pour laquelle nous entrons aujourd’hui si pleinement dans cette bénédiction infinie.
C’est donc avec tout le poids de ces vérités nouvelles que le Seigneur Jésus Christ s’adresse à Ses disciples. Il voulait les introduire dans les profondeurs jusque-là impénétrables de la grâce du Dieu Sauveur et leur révéler la pensée même de Dieu le Père. Mais ce à quoi Il engage Son nom, ce qu’Il promet aux siens de la part de Son Père comme une ample compensation à la perte que Son départ allait représenter pour eux, c’est de leur envoyer un autre « Consolateur » pour demeurer avec eux.
Sans doute ce terme de « Consolateur » a-t-il rapport à notre affliction ? Il suggère l’idée d’une personne qui sympathise avec nous au milieu des détresses de ce bas monde. En effet, le Saint Esprit nous console et nous encourage. Mais cela n’est qu’une bien faible partie des fonctions dont le terme original « paraclet » donne l’idée. Il s’entend de quelqu’un qui est identifié avec nos intérêts, soutient nos causes, s’engage à nous visiter dans nos difficultés, de quelqu’un qui, à tous égards, devient à la fois notre représentant et le grand agent personnel qui traite toutes nos affaires à notre place. Ce nom et cette fonction ont donc une portée incomparablement plus grande que celle des mots « avocat » ou « consolateur » : il signifie l’un et l’autre et bien davantage encore. En fait, il s’entend de quelqu’un qui est absolument et infiniment compétent pour se charger de tout ce qui peut être fait en notre faveur, quelle que soit la grandeur de nos besoins dans les difficultés ou dans les exigences de la grâce de Dieu pour la bénédiction de nos âmes. Tel est le Saint Esprit maintenant, et quelle bénédiction de Le posséder ainsi ! Ceci d’autant plus que semblable bénédiction n’a jamais été connue auparavant et ne sera jamais connue de nouveau. La présence personnelle de l’Esprit ici-bas comme réponse à la gloire de Christ élevé à la droite de Dieu est un état de choses qui ne pourra jamais se renouveler. Tandis que le souverain Sacrificateur est en haut, l’Esprit envoyé ici-bas fournit à l’homme un accès céleste dans Sa gloire aussi bien que dans la rédemption. Et lorsque le souverain Sacrificateur sortira pour occuper le trône terrestre, l’Esprit répandu alors rendra un témoignage approprié à la terre sur laquelle le Seigneur devra régner.
Si ces pensées restent présentes à notre esprit, quelle solennelle impression nous ressentirons en considérant le tragique état de la chrétienté ! N’est-ce pas elle qui était appelée à refléter au plus haut degré la gloire de Dieu ? Qu’est-ce donc qui pourrait être plus cher à l’Esprit, lequel est ici-bas pour glorifier le Fils en glorifiant le Père ? Et que pourrait-il y avoir de plus important pour les saints ? Ne vous étonnez donc pas si le diable tend tous ses pièges et déploie toutes ses ruses pour effacer et défigurer, pervertir et corrompre ce qu’il ne peut détruire. Or s’il est une chose qui plus qu’une autre devrait caractériser aujourd’hui les enfants de Dieu partout, quelle est-elle, d’après ces paroles du Sauveur ? N’est-ce pas la présence personnelle du Saint Esprit, la certitude que cette personne divine est venue remplacer Christ ? Je veux bien que pour l’esprit de l’homme elle soit impénétrable, et pour les sens invisible, ainsi que cela est dit du monde dans ce passage. Évidemment, s’il s’agissait d’une chose que les sens et l’esprit puissent saisir, le monde aurait pour cela la même capacité que le croyant. Mais précisément le monde ne Le voit pas et ne Le connaît pas ; tandis que vous, vous Le connaissez, dit le Seigneur. Nous Le connaissons et nous savons qu’Il est présent, d’abord sur la simple parole du Seigneur Jésus, mais aussi par la consciente jouissance de cette présence.
Il faut d’abord que je Le reçoive simplement sur la parole du Seigneur. Mais quand j’ai reçu la vérité dans mon âme, suis-je privé du sentiment de Sa présence ? Suis-je empêché de goûter la joie de l’Esprit Saint habitant soit en moi soit dans l’Assemblée de Dieu ? Assurément nos cœurs peuvent bien attester le contraire. Seulement il ne suffit pas de croire pour que cela devienne une réalité. « Ne savez-vous pas », dit l’apôtre, « que votre corps est le temple du Saint Esprit ? » [1 Cor. 6, 19]. Ce qui signifie que ce n’est pas seulement une affaire de foi. Une âme est d’abord amenée à la bénédiction par la foi en Christ et rien de plus. Mais ne pas laisser de place pour la jouissance qui est ensuite trouvée en Lui, tout réduire à une affaire pure et simple d’acceptation de la Parole de Dieu concernant le Seigneur Jésus, ce ne serait de notre part qu’un bien pauvre témoignage à la puissance de l’habitation de l’Esprit ou à la révélation de la grâce du Sauveur. Que penserait-on d’un homme qui n’aurait d’autre assurance, concernant la réalité de la relation de sa femme avec lui, que le nom de celle-ci inscrit en face du sien au registre de l’état-civil ? Cela dénoterait un état de choses bien extraordinaire et bien fâcheux. Et supposez-vous que la présence du Saint Esprit, personne divine envoyée ici-bas expressément pour nous communiquer la puissance, la joie, la bénédiction et le rafraîchissement de la grâce de Dieu dans la connaissance de Christ, supposez-vous que la présence de cette personne divine soit pour le nouvel homme une moins grande réalité que la consolation fournie par une compagne donnée à l’homme pour la vie présente ?
Sans doute, si mon âme une fois réveillée se contente d’accepter l’évangile et ne désire rien de la part de Celui qui est ici-bas pour glorifier Christ, je ne dois pas m’étonner si je reste au-dessous de la jouissance goûtée par d’autres. Le Saint Esprit ressent ce mépris fait à Sa grâce, et ce qu’a d’outrageant cette disposition à être satisfait de la plus faible mesure possible dans la connaissance de Christ. J’éprouverai immanquablement une perte si je m’obstine à ne rien chercher de plus. En soi cette disposition est, quant au principe, rationaliste : elle réduit la Parole de Dieu à une simple lettre ; c’est le cœur se refusant à avancer dans la jouissance de cette puissance et de cette présence bénie de l’Esprit, sous prétexte qu’il a cru l’évangile du salut sur la parole du Seigneur. Nous remarquons au contraire que la Parole prend tout particulièrement soin de montrer que la puissance de l’Esprit nous communique individuellement une assurance divine de notre relation avec Dieu. De même, dans l’assemblée de Dieu, j’ai le droit non seulement de croire que l’Esprit est là, mais aussi celui de goûter la douceur et les puissants effets de Sa présence. C’est pourquoi, en Romains 8, passage qui se rapporte à la nouvelle position de l’âme en Christ, il n’est pas simplement déclaré que le Saint Esprit demeure en moi, croyant, mais qu’Il « rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu ». Est-ce que cela signifie seulement qu’un homme croit l’évangile ? Sans doute est-ce bien par là qu’il nous faut commencer, c’est-à-dire par une foi pure et simple au témoignage que Dieu a rendu de Sa propre grâce à l’égard de nos âmes, par une foi qui ne repose sur aucune émotion ou expérience, sur rien d’autre que sur la Parole de Dieu dans la bonne nouvelle du salut par Christ. Mais supposez que je conclue que c’est là tout ce à quoi la grâce me donne droit, ne serait-ce pas une erreur presque aussi préjudiciable que celle qui consiste à confondre la foi avec les sentiments et avec les expériences ? Là où la foi est réelle, elle conduit nécessairement à une expérience profonde, tant pour ce qui est personnel à une âme que pour ce qui regarde l’Église de Dieu. Quoi qu’il en soit, j’espère que ces remarques suffiront pour éclairer notre sujet. Il m’a paru d’autant plus profitable d’y faire allusion que, par réaction contre la confusion ordinaire produite par la recherche d’évidences intérieures, un retour à la foi simple expose les âmes à limiter tout ce qui regarde le Saint Esprit à la simple parole du Seigneur concernant l’évangile. Cette parole est bien donnée comme fondement ; mais il y a autre chose encore à rechercher. Et il nous faut veiller, en évitant une erreur, à ne pas tomber dans l’erreur opposée. Accepter l’évangile sur la simple parole du Seigneur, c’est une chose bénie et admirable que le Seigneur nous enseigne d’autant plus clairement peut-être quand nous sommes criblés par l’adversaire. Mais supposer que l’Esprit, personne divine descendue ici-bas et demeurant réellement en nous, ne communique à nos âmes aucune jouissance sensible de Sa présence, c’est se tromper d’une manière tout aussi grave.
Le Seigneur commence par prier le Père, comme Il l’annonce, en vertu de la position de médiateur qu’Il prend dans ce chapitre : « Je prierai le Père et il vous donnera un autre consolateur pour être avec vous éternellement ». Nous sommes ainsi en présence d’une vérité majeure concernant le Saint Esprit. Il n’est pas donné seulement pour une occasion ; mais lorsqu’Il vient, c’est pour demeurer éternellement avec nous. Toute cette portion de l’évangile de Jean considère déjà la rédemption comme accomplie sur la terre et Christ exalté dans le ciel. Cette perspective donne ses dimensions à la bénédiction présentée ici. La rédemption n’y est pas vue dans l’une ou l’autre de ses nombreuses applications, mais comme fondement de la glorification de Christ en haut et de la descente du Saint Esprit sur la terre. C’est pourquoi, l’Esprit est promis ici, non pas pour un séjour limité, comme c’était le cas du Seigneur Jésus, mais bien « pour demeurer avec vous éternellement ».
Ces considérations nous font mesurer combien est tragique le tableau qui partout frappe nos regards dans la chrétienté. S’il y a une vérité qui a été particulièrement abandonnée, c’est bien celle de la présence personnelle du Saint Esprit. Alors que d’autres vérités, telles que la nécessité d’être né de nouveau, la valeur de l’œuvre de Christ, la gloire de Sa personne comme Dieu et comme homme, sont encore enseignées dans les systèmes de la chrétienté, celle qui nous occupe a été presque complètement perdue de vue. Certes, on ne met pas en doute l’existence ni la divinité de la personne du Saint Esprit. Mais je parle de Sa mission personnelle sur la terre et de Sa présence actuelle avec les chrétiens, soit individuellement, soit collectivement. Où trouve-t-on réalisé ou confessé ce qui est pourtant la grande vérité caractéristique du christianisme, une vérité qui devrait retentir au-dehors et gouverner l’Église au-dedans ? N’est-ce donc pas un sujet de solennelle réflexion et d’humiliation que de voir cette vérité (qui constitue la gloire du chrétien, la force de l’Église de Dieu et le privilège spécial en vue duquel Il était avantageux que Christ s’en allât), à ce point méconnue dans les divers systèmes de la chrétienté ?
La promesse du Seigneur aux siens comporte une autre précision. Le Consolateur sera éternellement avec eux. Nulle part l’Écriture n’enseigne que l’Esprit sera donné à tous les hommes. Seuls Le reçoivent ceux qui font partie de l’Église. Les croyants de l’Ancien Testament n’ont même pas eu connaissance de cette vérité. Les saints du millénium ne la connaîtront pas non plus sous sa forme actuelle, bien qu’il doive y avoir alors, nous l’avons dit, une puissante effusion de l’Esprit sur toute chair. Israël même n’aura pas l’Esprit comme nous Le possédons maintenant, quoique dans un jour prochain ce peuple doive être richement béni et même doué, je pense, d’une puissance extérieurement supérieure à tout ce qui a été jamais connu dans l’Église. Car le jour millénial sera témoin des manifestations les plus merveilleuses que la puissance divine ait jamais opérées en permanence au milieu des hommes dans ce monde. Je ne doute nullement que les efforts dont l’homme s’enorgueillit tellement à présent : ses inventions, ses sensationnelles acquisitions scientifiques et techniques, sa civilisation raffinée, tout cela disparaîtra du monde pour faire place à un état de choses incomparablement meilleur. Et Dieu ne permettra jamais que l’homme ait le dessus sur Lui et ne voudra rien lui devoir. Ne nous imaginons pas qu’un jour de péché et de volonté propre, dans lequel Jésus est rejeté et l’Esprit méprisé, puisse fournir à Dieu les matériaux convenables pour le règne de Son Fils sur une terre réconciliée. Il me semble impossible que Dieu se serve des moyens stériles de l’homme dans ce jour éclatant. Tout comme autrefois Jéricho dut tomber et les anciens centres cananéens disparaître afin que Dieu en choisît de nouveaux pour Son peuple, pareillement dans le jour qui va venir le Saint Esprit substituera Sa puissance et Son activité à celles de l’homme. Et il est évident qu’il n’y aura ni fléchissement ni interruption dans ce qu’Il entreprendra, mais que le déploiement de Sa puissance sera approprié au caractère du Seigneur régnant alors sur le monde, ainsi qu’aux instruments qu’emploiera le Saint Esprit.
Actuellement l’Esprit opère d’une façon différente et pour d’autres fins. Envoyé ici-bas par Christ glorifié à la droite de Dieu, Il amène les âmes dans une association vitale avec Jésus. C’est le Céleste nous rendant célestes par le Saint Esprit, lien divin entre Lui en haut et nous sur la terre. Voilà ce dont notre passage parle ici et pour cette raison le contraste se trouve établi entre le croyant et le monde. « Il est, ajoute le Seigneur, l’Esprit de vérité que le monde ne peut pas recevoir » [Jean 14, 17]. Jésus insiste sur le fait d’une possession spéciale de l’Esprit et de Sa présence personnelle qui est la part du chrétien seul et que le monde ne peut pas recevoir, « parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez ». Ce privilège appartient exclusivement ici-bas au croyant : « il demeure avec vous et sera en vous ». Loin de leur donner simplement la jouissance d’une bénédiction transitoire, l’Esprit demeure avec eux ; et qui plus est, Il est aussi « en eux ». Ces deux vérités sont capitales. L’Esprit ne demeure pas seulement avec les saints comme occupant une position extérieure, ce qui est vrai dans une assemblée de croyants ; mais Il est en eux. Chers frères et sœurs, retenons ce fait essentiel que le Saint Esprit demeure avec nous, que ce n’est pas par occasion seulement qu’Il nous visite, mais qu’Il demeure réellement avec nous, afin que nous puissions continuellement regarder à Lui. Mais en outre, ainsi que l’ajoute le Seigneur, « il sera en vous », ce qui implique la présence la plus intime qu’il soit possible de concevoir : l’Esprit de Dieu « dans » aussi bien que « avec » ceux auxquels Il était envoyé, et cela « éternellement ».
Les conséquences en sont ensuite développées. « Je ne vous laisserai pas orphelins », ajoute le Seigneur ; « je viens à vous ». « Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus ; mais vous me verrez ; parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez » [Jean 14, 18-19].
Le Saint Esprit nous forme en un seul corps, unissant le croyant à Christ comme la Tête. Plus que cela : ici, c’est la communauté de nature qui est enseignée, et non, comme dans les épîtres de Paul, l’unité du corps. « Parce que je vis moi, vous aussi vous vivrez ». Rien ne saurait être plus intime. Puis Jésus montre de quelle manière cela a lieu : « En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous ». « Ce jour-là » est venu ! Et ceci fait voir de nouveau combien cette présence actuelle du Saint Esprit diffère de l’effusion de l’Esprit pendant le millénium. Ce verset 20 sera-t-il vrai des saints de ce temps-là ? Il est clair qu’il n’existera alors rien de semblable. La base dont dépend la vérité qui nous occupe a été posée maintenant, et maintenant seulement. Christ a pris place en haut ; non pas seulement dans le ciel, mais, comme Il le dit, « en mon Père ». « En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père… ». Il ajoute : « et vous en moi », pendant que Lui est là-haut en même temps que « moi en vous » pendant que nous sommes ici-bas. Ce verset constitue donc la preuve décisive que notre Seigneur fait correspondre ce don merveilleux donc Il parle avec Sa présence dans le ciel. C’est alors seulement que se réalise notre association avec Lui en haut par le Saint Esprit envoyé en bas. Lorsque le Seigneur Jésus Christ quittera le ciel et prendra possession du royaume, tous ces éléments seront changés. Un nouvel état de choses s’établira, en harmonie avec la position nouvelle que Lui prendra. Autrement dit, c’est toujours en rapport avec la position occupée par Christ que le Saint Esprit agit ou est donné. À l’absence personnelle de Christ correspond la présence personnelle de l’Esprit Saint. Et comme c’est la présence personnelle de Christ qui caractérisera ce siècle à venir, l’action du Saint Esprit s’en trouvera nécessairement modifiée.
Je me suis attaché à comparer l’état de choses actuel avec ce qui a existé et ce qui pourra exister dans les jours à venir, de façon à faire ressortir le caractère spécial de notre bénédiction. C’est toujours en regardant à Christ que la foi entre dans la pensée présente de Dieu, dans Ses conseils et dans Ses voies. C’est pourquoi quand l’âme réalise clairement la présence de Christ à la droite de Dieu dans le ciel, chaque aspect de la vérité se trouve à sa véritable place. À l’inverse, lorsque nos âmes ne font pas de cette vérité la clef de voûte de notre relation avec Dieu aussi bien que de notre position vis-à-vis du monde, tout est perdu — j’entends quant à ce qui nous distingue comme chrétiens. Sans doute, il peut exister cette foi en Christ qui saisit le pardon des péchés et une certaine mesure de paix avec Dieu. Mais notre propos n’est pas de nous arrêter aux simples consolations de l’âme, ni même à la grâce qui nous fait traverser ce monde après nous avoir éternellement sauvés par Christ. Nous nous occupons de la gloire de Dieu et de ce qui répond à Ses affections, de ce qui est bon et saint, source de puissance et de bénédiction pour le chrétien qui réalise sa relation avec Dieu. Assurément rien de cela ne sera connu si l’œil de la foi n’est pas continuellement fixé sur Christ à la droite de Dieu. Avoir nos regards dirigés vers Lui dans le ciel, voilà ce qui assure à l’Esprit Sa liberté d’action dans l’âme. Et c’est pourquoi nous constatons que ceux qui ne croient pas à la présence personnelle du Saint Esprit ici-bas n’ont aucune intelligence de la position actuelle de Christ comme Tête de l’Église dans le ciel. Ils ne mettent pas en doute qu’Il soit à la droite de Dieu. Ils déclarent formellement croire au Saint Esprit, ainsi qu’à la communion des saints. Mais il ne s’agit pas maintenant de répéter les paroles d’un formulaire ou d’un crédo telles qu’en établissent toutes les dénominations religieuses fondées sur des principes humains absolument indépendants de la présence et de l’opération de l’Esprit Saint dans l’assemblée. On peut dire que l’état actuel de la chrétienté sous toutes ses formes est caractérisé par l’incrédulité à l’égard de la principale vérité distinctive de l’Église, savoir celle qui concerne le Saint Esprit.
Il est de la plus haute importance que les enfants de Dieu se pénètrent de cette vérité. La question n’est pas de savoir comment et en quel endroit ils ont pu recevoir du bien pour leurs âmes. L’Esprit de Dieu bénit parmi et souvent malgré ces systèmes. En tous il se trouve des âmes chères à Christ ; en tous on rencontre non seulement des membres vivants, mais des serviteurs du Seigneur, tout au moins partout où les grands fondements se rattachant à la personne ou à l’œuvre de Christ sont reconnus en quelque mesure. La question consiste pour chacun à se demander : « Suis-je là où le Saint Esprit envoyé du ciel peut agir librement, conformément aux intentions du Seigneur et à sa Parole ? Suis-je là où le fait de sa présence est cru ? L’assemblée dont je fais partie est-elle l’expression de la présence du Saint Esprit ? ». Ce n’est pas des prédications que je veux parler, ni même des réunions pour la lecture en commun et la méditation de la Parole de Dieu. Celles-ci ont leur place ; mais je fais allusion aux occasions dans lesquelles l’Église, c’est-à-dire les membres du corps de Christ, se rassemblent au nom du Seigneur Jésus, soit pour le culte qui est la grande occasion centrale et distinctive, soit pour l’édification. Or dans ces occasions-là, avons-nous présente à nos âmes cette vérité transcendante qu’au milieu de nous il en est un qui est compétent pour toutes les difficultés ; un qui prend soin de la gloire de Christ ? Oui, un qui, à cause de l’amour qu’Il porte à Christ, et de la valeur qu’Il attache à Son œuvre, soutient nos intérêts, nous comble de toutes sortes de joies, nous aide dans nos afflictions, nous fortifie contre les pièges du diable, nous rend capables, par Sa propre grâce, d’être simples, humbles, vrais et fidèles ; enfin, un qui s’occupe de nous sur le principe de la Parole de Dieu lorsque nous manquons à ce qui est dû à la personne de Christ ou à la vérité de Dieu.
Or, je maintiens que de toutes les vérités divines concernant le corps de Christ, aucune n’est plus importante ni plus nécessaire que celle-là. Et la raison en est bien simple. Si l’on croyait vraiment qu’il existe une personne divine envoyée du ciel, et que cette personne est réellement présente avec nous pour diriger l’assemblée, pensez-vous que le comportement des chrétiens ne serait pas bien différent ? Je ne veux pas parler seulement de l’opération de l’Esprit ; car il peut agir dans une chapelle méthodiste par un ministre anglican ou par un pasteur de l’église réformée. J’admets pleinement que, sans l’opération de l’Esprit Saint, nulle âme ne pourrait être convertie ou recevoir aucune vérité de la Parole de Dieu. Ainsi l’opération de l’Esprit est aussi diverse que Sa propre grâce, souveraine et variée ; ou, suivant la comparaison du Seigneur, semblable au vent qui souffle où il veut [Jean 3, 8]. Mais ceci est sans rapport avec la reconnaissance de la présence de l’Esprit Saint et de Son action libre et souveraine dans les membres qu’il Lui plaît d’employer au sein de l’assemblée chrétienne.
Les chrétiens connaissent-ils la réalité de cette présence de l’Esprit sur laquelle on peut compter ? Assurément l’Écriture est claire à ce sujet et les saints sont appelés à reconnaître ce fait de façon à y trouver leur bénédiction. Or, peut-elle être pleinement connue, à moins qu’elle ne soit aussi crue ? Hélas, tous les chrétiens individuellement n’ont pas une mesure complète de foi. Tous ne sont pas parvenus à une plénitude d’assurance et de simplicité dans cette confiance qui nous convient relativement à la présence du Saint Esprit — confiance d’autant plus souhaitable qu’il s’agit d’une des vérités les plus élevées quoiqu’une des plus simples après tout. Assez souvent en effet, les plus hautes vérités deviennent les plus simples une fois qu’on les a saisies. Que pourrait-on concevoir de plus simple, par exemple, que la présence de Christ à la droite de Dieu dans le ciel ? Cependant n’est-ce pas là le centre même du mystère, la source de toutes les bénédictions spirituelles que Dieu nous a données en Lui ? De même, je ne connais rien de plus simple et de plus profond à la fois que la présence du Saint Esprit sur la terre, concordant avec la séance de Christ à la droite de Dieu. Tout chrétien où qu’il se trouve devrait être versé dans la connaissance de ces grands faits. Et je sens que Dieu nous a donné cette charge sérieuse de travailler à l’instruction des enfants de Dieu où que nous les rencontrions, afin que, comme ils ont reçu Christ, ils croient aussi réellement en la présence du Saint Esprit sur la terre. Mais tout en ayant ce sentiment, ce n’est pas une raison pour exiger de chacun de ceux qui sont reçus qu’il possède une connaissance préalable ou une foi exercée à l’égard de cette présence de l’Esprit. Nombreux sont les membres du corps de Christ qui sont bien faibles dans cette connaissance et qui n’en mesurent guère le prix. Mais aussi longtemps que l’assemblée comme ensemble est dirigée par l’Esprit, aussi longtemps que Sa présence est reconnue sans empêchement fixé ou sanctionné ; aussi longtemps qu’on n’a pas recours à des plans humains, règles ou arrangements qui gênent l’action du Saint Esprit, aussi longtemps qu’il en est ainsi, tous les enfants de Dieu peuvent y être entièrement heureux. On peut bien se tromper, sans doute ; nous sommes tous sujets à errer. Mais dans ce cas, notre consolation est de savoir qu’il est quelqu’un présent avec nous, qui seul est à même de redresser toutes les erreurs, et qui, dans Sa propre grâce, est descendu du ciel dans l’intention expresse de s’occuper des saints. C’est pourquoi nous ne devons jamais désespérer quelles que soient les difficultés. Et nos âmes ne devraient jamais abandonner cette confiance que le Saint Esprit, présent avec nous et en nous, saura pourvoir à tous les empêchements et à tous les dangers. Qu’il nous suffise d’avoir foi en Lui et d’invoquer le nom du Seigneur. Soyons assurés que l’Esprit est ici dans ce but, je ne dirai pas d’honorer notre foi, mais dans le but bien plus sûr et plus excellent de glorifier Christ. À ceci Il ne peut jamais manquer. En même temps, si la foi en Sa présence est la grande pensée de la réunion dans son ensemble (bien que ce puisse ne pas être la pensée dominante de chaque enfant de Dieu présent), on fera l’expérience de Sa puissance divine. Inversement, si l’assemblée n’est pas gouvernée par cette grande vérité, il est évident qu’on pourra y introduire toutes sortes de règlements humains qui seront en contradiction avec l’action du Saint Esprit dans ces mêmes réunions. Nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet en considérant les épîtres. Je n’y fais allusion ici que pour le lier, en passant, avec Jean 14, comme montrant la souveraine importance de cette grande vérité de la présence personnelle du Saint Esprit.
Permettez-moi de renouveler ici ma question. Si vous admettez qu’un chrétien, quel qu’il soit, croie à la présence d’une personne divine, ne pensez-vous pas que pour lui toutes choses seront gouvernées d’après une vérité aussi considérable ? S’il s’agissait seulement d’un chef ou d’une personnalité parmi les hommes, aurions-nous la présomption, vous ou moi, de prendre en sa présence des décisions qui ne relèvent que de lui ? À supposer qu’un souverain traverse ses états, ou visite une de ses administrations, le premier devoir de chacun de ses subordonnés ne serait-il pas de lui rendre l’honneur et le respect ? En tout cas partout où existent l’intelligence et le sentiment vrai de ce qu’est la volonté de Dieu en matière d’autorité terrestre, il est évident que nul homme qui recevrait le chef de l’état dans sa maison ne pourrait ne pas en tenir compte et se conduire comme si celui-ci n’était pas là.
Eh bien ! chers frères et sœurs, ce qui est vrai de notre propre maison l’est à plus forte raison de celle de Dieu, c’est-à-dire de l’Assemblée. Assurément si quelqu’un peut y agir de plein droit, c’est bien Celui qui est Dieu. En conséquent, il est évident qu’il ne saurait y avoir la foi en la présence du Saint Esprit sans qu’on Lui reconnaisse dès lors la primauté et qu’on s’attende à Son action dans l’Assemblée. En général ce n’est pas cette autorité du Saint Esprit qu’on met en discussion, car de fait le raisonnement habituel est le suivant : on admet que dans les jours primitifs de l’Église, il y avait des apôtres, des miracles, une puissance divine à l’œuvre, mais qu’à présent tout est changé. Ce qui revient à dire pratiquement qu’une partie des Écritures se trouverait aujourd’hui périmée. Aussi, lorsque les personnes qui raisonnent ainsi parlent du Saint Esprit, elles sous-entendent qu’Il se confond avec les grandes énergies et les serviteurs remarquables qui ont existé autrefois. Mais elles ne croient pas à la présence sur la terre d’une personne divine qui a daigné, pour la première fois, descendre du ciel pour agir au milieu des saints assemblés pour adorer et prendre la cène du Seigneur, ou accomplir quelque autre acte de culte ou d’édification chrétienne. Et la preuve qu’on n’y croit pas, c’est que tous les arrangements et précautions sont pris par l’homme pour que la machine fonctionne précisément comme s’Il n’était pas là. Ils espèrent que Dieu bénira les moyens employés, agira par des instruments qui ont été arbitrairement établis ; mais le but de toute cette organisation est de faire marcher les choses aussi bien que possible dans l’ignorance évidente de la présence personnelle de l’Esprit dans l’assemblée. Or, il n’est personne qui oserait agir de la sorte s’il avait le sentiment que seulement un auguste personnage humain est présent. Cette présence suffirait à apporter un changement au ton et aux habitudes ordinaires. À plus forte raison, si au lieu d’un personnage humain, on réalise que c’est une personne divine qui est présente ; alors, ce qui en résultera : la révérence, la conscience de Son amour, la soumission à Sa direction, ne sera de notre part que l’expression légitime de cette foi.
Nous qui sommes redevables au Seigneur de tant de bénédictions, nous avons besoin de veiller attentivement à ce que, quand « nous nous réunissons ensemble » [1 Cor. 11, 20], nous agissions en ayant par la foi conscience de la présence du Saint Esprit. Qu’elle soit la pierre de touche de nos voies et de notre comportement. Il suffit quelquefois de bien peu de chose pour trahir la vraie mesure de notre foi en Sa présence réelle. Prenons-y garde si nous proposons une hymne, si nous prions, si nous prononçons une parole, ou enfin quoi que nous fassions. Le Seigneur veuille que nous ne jetions pas de discrédit sur cette précieuse vérité qu’Il a donnée à nos âmes. Je suis persuadé qu’il n’existe pas d’attaque, pas d’opprobre du dehors, pas de persécution de la part des ennemis, pas de dénigrement de la part des faux frères, pas de moquerie de la part du monde qui puissent jamais renverser ceux qui ont foi en la présence du Saint Esprit. En revanche, hélas, la pauvreté de notre foi pratique, ainsi que nos fréquents et affligeants manquements, ouvrent la porte à l’ennemi. Et c’est de cela plus que de tout le reste que Satan se sert comme pierre d’achoppement pour ceux qui, dans l’état actuel de confusion et d’agitation des systèmes de la chrétienté, cherchent ici et là un port de sûreté au milieu de leur désarroi. Que Dieu nous accorde, aux frères et aussi aux sœurs, de ne pas oublier à quelle place de dignité et de responsabilité nous avons été appelés. Veillons à ce que notre esprit, notre tenue, nos regards même et nos paroles, s’il nous arrive d’ouvrir la bouche, ne se trouvent jamais en discordance avec la foi en la présence du Saint Esprit.
Avant de terminer, nous dirons quelques mots des deux autres chapitres. La fin du chapitre 15 présente l’Esprit Saint, le Consolateur, sous un point de vue légèrement différent du chapitre 14. « Quand le Consolateur sera venu, lequel moi je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité, qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi. Et vous aussi, vous rendrez témoignage ; parce que dès le commencement vous êtes avec moi ». Le point particulier enseigné ici, est le caractère céleste du témoignage de l’Esprit. Selon le chapitre 14, l’Esprit rappelle les choses que Jésus a dites (v. 26). Suivant le chapitre 15, Il rend témoignage au sujet de Christ Lui-même. Les disciples rendent témoignage, parce qu’ils étaient avec Lui dès le commencement. Et maintenant le Saint Esprit vient et leur apporte du ciel un témoignage complémentaire. Ainsi, c’est le Saint Esprit qui descend du ciel, Lui qui connaît la place et la gloire dans lesquelles Christ a été reçu. Il leur est expressément envoyé, non seulement pour leur rappeler ce qu’ils avaient vu et entendu sur la terre, mais aussi afin de leur apporter pour le développement de leur connaissance et la joie de leurs âmes ce que Lui seul pouvait dire de la gloire céleste de Christ. En un mot, le Saint Esprit est vu ici comme apportant une connaissance originale, un nouveau et céleste témoignage concernant Christ, sans que les disciples perdent le témoignage terrestre qu’ils avaient reçu préalablement et dans lequel le Saint Esprit vient au contraire les fortifier comme témoins de Christ.
Au chapitre 16, nous avons une déclaration qui va plus loin encore, concernant l’Esprit de Dieu. Notre Seigneur avait dit à Ses disciples, au chapitre 14, 28, qu’au lieu de s’attrister de Son départ, ils auraient dû s’en réjouir : parole particulièrement touchante, parce qu’elle montre combien le Seigneur apprécie notre amour et combien Il compte sur la joie exempte d’égoïsme qu’il nous convient de trouver dans Son propre bonheur et Sa propre gloire. Assurément, c’était pour Lui une heureuse transition que de passer des plus profondes douleurs de la croix à la présence de Dieu le Père au ciel. Est-il étonnant dès lors que le Seigneur attende que les siens portent de l’intérêt à ce qui Le concerne, et qu’ils se réjouissent de ce que Lui s’en va au Père, quoique ce fût en soi une grande perte pour eux ? Mais maintenant Il présente l’autre côté de la vérité, et leur dit que, dans un sens, c’est aussi pour eux-mêmes qu’ils devraient se réjouir. La tristesse aurait rempli leur cœur ; mais Lui leur déclare : « Toutefois je vous dis la vérité : il vous est avantageux que moi je m’en aille ». Le chapitre 14 annonce que c’est avantageux pour Lui, le chapitre 16 montre que c’est avantageux pour eux, parce que s’Il ne s’en allait pas, le Consolateur ne viendrait pas à eux. « Si je ne m’en vais, le Consolateur ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais je vous l’enverrai ». Ainsi, nous voyons que, sous différents aspects, le sujet de la mission personnelle du Saint Esprit est commun à tous ces chapitres. « Et quand il sera venu, ajoute le Seigneur, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement ». En premier lieu nous trouvons ici quelle est la position que prend l’Esprit vis-à-vis du monde. C’est à bien des égards celle de la loi. Dans les dispensations de Dieu envers Israël, la loi était le grand censeur. Maintenant le Saint Esprit prend sa place, et au lieu de limiter Son action à un peuple particulier, Il vient pour « convaincre le monde ». Le monde pouvait être moral, ou religieux, ou zélé pour la loi ; mais l’Esprit le convainc de péché (non seulement de péchés, les actes, mais de péché, son état), de justice et de jugement. « De péché », non parce qu’ils avaient enfreint la loi, mais parce qu’ils ne croient pas au Seigneur. « De justice », non parce que Christ avait gardé la loi pour eux, mais « parce que, dit-il, je m’en vais à mon Père, et que vous ne me voyez plus ». La justice maintenant est inséparable de Christ. Il est la seule justice qui soit valable pour l’âme aux yeux de Dieu. Je ne parle pas de ce qui peut avoir de la valeur parmi les hommes au point de vue social. Cela, sans doute, a sa place. Mais maintenant j’ai en vue l’éternité, et ici Christ seul est la vie, seul le chemin de la vie. C’est pourquoi ne pas croire en Lui est une chose fatale et sans appel. Quelque apparence de justice qu’il puisse y avoir parfois dans le monde, il n’y a réellement pas d’autre justice devant Dieu que celle de Christ, attestée et caractérisée par Sa glorification à la droite de Dieu le Père. C’est justice que le Père ait placé là le Christ que la terre a rejeté. Si nous sommes faits justice de Dieu, par grâce, c’est en Christ, qui a reçu du Père honneur et gloire en haut (voyez 2 Cor. 5).
Mais une autre et très solennelle vérité s’ajoute à ce verset 10. « Et que vous ne me voyez plus », dit le Seigneur. Le monde a perdu Christ. Jésus est venu, non pour juger, mais pour apporter la bénédiction. Il avait tout pouvoir et il ne dépendait que de Lui d’introduire le royaume, pour autant qu’il s’agissait de Sa propre puissance et de Sa propre gloire. Mais l’état du monde par rapport à Dieu était tel qu’introduire le royaume eût été, d’une part, faire peu de cas du péché, et en même temps, traiter légèrement la gloire de Dieu qui avait été totalement compromise. C’est pourquoi en fait, bien que le Messie fût venu et qu’il ne se trouvât en Lui ni tache ni défaut, bien que l’homme fût responsable de la manière dont il recevait Christ, néanmoins, l’homme étant coupable devant Dieu, il était impossible moralement que le royaume fût établi alors. C’eût été la négation de la ruine de l’homme et de la gloire de Dieu, chose que Jésus ne pouvait sanctionner. C’est pourquoi dans cet évangile, Jésus ne se présente jamais comme le Christ. D’autres pouvaient le désigner comme tel, mais Lui ne le fait jamais (sauf en reconnaissant la vérité quand elle est confessée). En effet, dans l’évangile de Jean, Christ a toujours conscience de Son rejet comme Messie, bien qu’Il fût en même temps le Fils unique de Dieu. De là vient que, quoiqu’Il soit sur la terre, qu’Il accomplisse la prophétie et que d’autres Le désignent comme le Christ ou le Fils de David, Il se donne à Lui-même un autre titre, celui de Fils de l’homme. On trouve continuellement en Lui le sentiment noble et serein de Sa gloire personnelle, gloire qu’aucun rejet, aucun opprobre de la part de l’homme ne pouvait ternir un seul instant. C’est pourquoi les bénédictions qui nous sont propres sont fondées sur Sa personne rejetée, mais excellente et glorieuse (voyez Matt. 16), et constituent la réponse à Sa gloire comme homme exalté dans la puissance de résurrection du Fils de Dieu.
Ainsi donc, dans le temps actuel, l’Esprit de Dieu remplit vis-à-vis de ce monde une fonction en harmonie avec la position de Celui auquel Il rend témoignage. Et Il fait des Écritures, pour ainsi dire, le texte de Son témoignage à Christ. D’où il résulte que le monde, qui ne croit pas en Christ, est convaincu de péché, de justice et de jugement. La justice est hors de vue et ainsi on en fait peu de cas. L’exécution du jugement est également différée ici-bas où le monde marche dans sa volonté propre. Mais la croix, aussi bien que l’exaltation de Christ, est la preuve la plus positive que le prince de ce monde est jugé aux yeux de Dieu. Ce monde comme tel n’a jamais été digne de l’attention du croyant depuis la croix de Christ. Jusque-là Dieu a manifesté envers lui une longue patience, pleine de grâce. Depuis lors, Dieu regarde ce monde comme Son ennemi. Le croyant qui a de l’intelligence sait, lui aussi, que le monde est en effet l’ennemi mortel du Père. De même que la chair a été condamnée, le monde l’a été pareillement ; le caractère de l’un et de l’autre ayant été déterminé par la croix de Christ. L’Esprit rend ce témoignage vis-à-vis du monde ; et de quelle manière ? Non pas en y habitant selon la doctrine qui prétend que tout le monde possède l’Esprit ; mais, bien au contraire, en se tenant en dehors du monde. Si le monde avait cru en Christ, le Saint Esprit y aurait demeuré. Mais le monde ne croyant pas, le Saint Esprit se tient en dehors et par conséquent Il convainc le monde, au lieu d’y demeurer comme un consolateur. Ce n’est que parmi les saints et dans l’Assemblée qu’Il peut faire Son habitation.
De là découle une autre question : Quel service, quel ministère exercera le Saint Esprit par rapport aux disciples ? Le Seigneur aborde ainsi ce sujet : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez les supporter maintenant. Mais quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité » [Jean 16, 12-13]. Le Saint Esprit remettra toutes choses en mémoire. Ce n’est pas seulement qu’Il rendra témoignage à Christ dans Sa gloire céleste. Venu personnellement pour être avec et dans les saints, comme un divin compagnon, Il s’attachera à les conduire dans toute la vérité. Le Seigneur ajoute : « Il ne parlera pas de par lui-même ». Cela ne signifie pas que l’Esprit ne parlera jamais au sujet de Lui-même : Au contraire, dans presque toutes les épîtres, l’Esprit nous fournit une large somme d’instruction à Son propre sujet. Ces mots signifient que le Saint Esprit ne parle pas au titre de Son autorité indépendante, mais qu’Il agit de concert avec le Père, dans le but de glorifier le Fils ; ainsi que le confirme le contexte : « Il ne parlera pas de par lui-même ; mais il dira tout ce qu’il a entendu ». Il est descendu ici-bas pour rendre honneur à Christ. Ce qu’Il entend du Père, aussi bien que ce qu’Il entend du Fils, Il nous le communique. Il Lui a plu de prendre sur la terre, si nous pouvons ainsi parler avec révérence, une position subordonnée à cette intention, tout comme le Fils prit ici-bas une position de subordination au Père. Par rapport à la divinité, le Fils était sur un pied d’égalité avec le Père ; néanmoins Il vint sur la terre dans le but exprès de faire la volonté du Père en qualité de serviteur. Pareillement le Saint Esprit daigne maintenant se faire le serviteur des desseins du Père et de la gloire du Fils, tout comme le Fils le fut auparavant à l’égard du Père.
C’est pourquoi nous lisons : « Il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses qui vont arriver » [Jean 16, 13]. L’Esprit ne se contente pas de nous conduire dans toute la vérité que Jésus avait révélée précédemment. Bien des choses restaient à communiquer que les disciples n’avaient pu supporter jusque-là. De plus, l’Esprit parle de « choses qui vont arriver », vérité importante pour les âmes qui sous-estiment les révélations de Dieu concernant l’avenir. Ce n’est pas simplement, me semble-t-il, la mise à notre disposition de la Parole révélée de Dieu. Mais, possédant cette révélation de Dieu maintenant complète, et le Saint Esprit Lui-même habitant en nous, l’Église devrait pouvoir interpréter tout ce qui l’entoure dans ce monde. Il n’y a rien maintenant que le croyant soit incapable de comprendre par le Saint Esprit, à la condition qu’il se serve de la Parole de Dieu dans la puissance de l’Esprit. Le chrétien a, dans un certain sens, une position prophétique aussi bien qu’une position sacerdotale. Il est appelé à discerner les temps ; il peut lire ce qui se passe dans le monde, et il doit le faire. Sans doute, ses sens peuvent ne pas être exercés à discerner le bien et le mal, et ainsi il sera paresseux à écouter. C’est ce que l’apôtre reproche aux Hébreux (chap. 5, 11-14). Mais je parle maintenant du rôle pour lequel nous sommes considérés comme compétents par la vertu de l’Esprit Saint.
« Celui-là me glorifiera » [Jean 16, 14], dit le Seigneur. Nous avons ici le ministère principal du Saint Esprit clairement désigné soit qu’il s’agisse de révéler la vérité, de dire ce qu’Il a entendu, ou d’annoncer les choses à venir ; la gloire de Christ est le centre autour duquel, pour ainsi dire, tous Ses offices et toutes Ses fonctions font converger leur complète opération. « Celui-là me glorifiera ; car il prendra de ce qui est à moi et vous l’annoncera ». C’est, je crois, pour cette raison principale qu’il n’est jamais parlé dans l’Écriture du gouvernement ou de la domination du Saint Esprit. Le Saint Esprit affirme la seigneurie de Christ : Il exalte Christ au lieu de se glorifier Lui-même. C’est pourquoi Il n’est jamais présenté comme gouvernant l’Église. Il est parfaitement clair et sûr qu’Il agit souverainement, mais parler de gouvernement du Saint Esprit est une assertion différente tendant à déplacer le Seigneur de la position qui Lui est due et à introduire le désordre dans la relation des saints vis-à-vis de Lui. Jésus rejeté et glorifié est le « seul Seigneur » dans le sens officiel (dans un autre sens, le Père et l’Esprit le sont également comme Dieu). Le Saint Esprit est présent pour soutenir cette vérité conforme à la volonté de Dieu. C’est pourquoi Il agit au milieu des saints pour exalter Christ devant nos yeux. L’Esprit opère, et en nous, et avec nous, et par nous. Mais Jésus Christ est notre Seigneur, et Il nous est ainsi révélé par l’Esprit, qui par conséquent nous place dans une position de sujétion envers Lui. Il a pris à tâche de glorifier Christ dans le temps présent, et imprime sur nous le caractère d’esclaves de Christ.
Veuille le Seigneur réveiller dans chacun de nos cœurs le sentiment que Ses paroles avaient pour objet de produire dans celui de Ses disciples : le sentiment vif et distinct de la présence personnelle du Saint Esprit, envoyé par Lui qui est à la droite du Père. Et que cette précieuse vérité occupe non seulement une place de plus en plus importante dans nos cœurs individuellement, mais qu’elle soit toujours davantage estimée dans les assemblées de Dieu sur la terre.