L’humilité

Savoir que nous ne sommes rien est la place de la bénédiction, car alors Dieu est tout. C’est aussi la place de la force, car alors Dieu peut déployer Sa puissance.

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Nous apprenons de Christ comment il faut se conduire dans les épreuves de la vie ; Il était, Lui, doux et humble de cœur, content d’être à la dernière place par la volonté de Son Dieu. On ne peut renverser ni abaisser celui qui est déjà au plus bas. Or Jésus, en grâce, par la volonté de Son Père, a pris cette place. On y trouve le repos de l’âme.

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Penser que Christ a confessé mes péchés comme étant siens, y a-t-il rien de plus propre à m’humilier ?

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Quand le cœur est rempli des riches bénédictions de Christ, il ne revient pas en arrière pour se repaître de lui-même.

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Il vaut mieux penser à l’amour de Dieu qu’à notre misère. Au fond, cette occupation de nous-mêmes est de l’orgueil ; nous n’avons pas pleinement conscience qu’il n’y a aucun bien en nous. Tant que nous n’aurons pas appris cela, nous ne cesserons jamais complètement de regarder à nous pour compter uniquement sur Dieu. C’est notre privilège de nous oublier nous-mêmes en regardant à Christ.

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Gardez-vous dans la petitesse, si vous voulez être heureux et bénis. Demeurez dans la présence de Dieu, et vous serez tenus dans la petitesse. Tel est notre privilège. Ainsi seulement nous apprenons à connaître Dieu et nous-mêmes, et le mal aussi pour le juger.

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L’Esprit de Christ ne pousse jamais le fidèle à s’élever en se glorifiant d’être hors du mal. Au contraire, Il nous humilie, et sans cela nous ne pouvons trouver la bénédiction.

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Nous ne sommes rien, et tout ce que nous sommes à nos propres yeux n’est que vanité et un obstacle à la vraie puissance : « Quand je suis faible », dit l’apôtre, « alors je suis fort » [2 Cor. 12, 10].

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Dieu ne peut reconnaître les choses qui flattent l’orgueil humain. Celles que l’homme place en haut, Dieu les place en bas. Impossible, quand nous voyons Jésus n’avoir eu aucun lieu où reposer Sa tête [Matt. 8, 20], de nous trouver à l’aise dans un monde où il n’y a pas eu de place pour Lui. Nous pouvons nous tenir seulement près de la crèche ou de la croix.

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Heureux sommes-nous quand Dieu sonde notre cœur et nous réduit à nous oublier, à ne penser qu’à Dieu et à ne pas désirer trouver en nous-mêmes un objet qui nous satisfasse.

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Si nous ne sentions pas que le vase est de terre, nous ne sentirions pas non plus que la puissance est de Dieu.

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Dieu ne peut pas nous bénir tant que nous avons confiance en nous-mêmes ou dans un autre homme ; comment bénirait-Il l’orgueil du cœur ? Il nous faut être dépouillés de nous-mêmes. Moïse s’est fait chasser d’Égypte quand il était puissant en paroles et en actions. Pierre, confiant en son affection pour le Seigneur et en ses bons désirs, a renié Jésus.

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Ne nous décourageons pas quand Dieu nous dépouille et semble nous abandonner. La véritable bénédiction pour nous, c’est de n’être rien et Dieu tout. Dieu est fidèle pour détruire notre orgueil. Accueillons avec actions de grâces ce qu’Il fait pour nous anéantir : Il le fait selon Sa puissance, pour nous bénir.

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La chair doit être mâtée, et nous, humiliés en proportion de notre suffisance. Paul est rendu méprisable dans la chose même où il aurait pu trouver sa gloire, c’est-à-dire dans son ministère.

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La grâce trouve le père au cou de son fils avec le baiser de la réconciliation. Le fils prodigue questionne-t-il le père sur son acte ? Lui dit-il : « Traite-moi comme un mercenaire » [Luc 15, 19] ? Non, il ne le pouvait pas ; il a reçu simplement la bonté du père et s’est perdu de vue lui-même en présence de ce merveilleux amour ; on n’entend plus dès lors parler du fils prodigue, mais seulement du père. Ainsi l’humilité recevra toujours tout de Dieu.

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La foi exclut l’orgueil. Aussi longtemps que je pense pouvoir concourir avec Dieu pour acquérir un peu de justice, je suis sous l’empire d’un orgueil épouvantable. Mais quand je me découvre uniquement pécheur, toute vanterie est exclue pour toujours (Rom. 3, 27), et me voilà à ma place dans mes relations avec Dieu. C’est le jugement complet et définitif, l’anéantissement de moi-même. Sans la foi, on ne peut comprendre cette justice de Dieu. Quand on l’a trouvée par la foi, l’orgueil fait place à une humilité réelle.

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Christ n’a pas dû être humilié : Il s’est humilié Lui-même. Nous avons à apprendre la même leçon. Si nous avons quelque confiance en nous-mêmes, nous passerons par des découvertes navrantes de ce que nous sommes. Mais Dieu est fidèle.