Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 43
- Mon cher M…
Donnez-moi des nouvelles de votre gorge ; je crains qu’elle n’aille pas mieux. Il nous faut ces petites secousses, pour que nous apprenions à faire usage des promesses. Nous sommes trop disposés à nous contenter de savourer la Parole, pendant que nous la lisons et que nous la méditons ; nous allons ensuite à nos occupations, et nous l’oublions jusqu’au moment où nous avons l’habitude d’y revenir encore. Il nous est très avantageux de nous faire quelques égratignures aux épines que nous rencontrons sur notre chemin, afin qu’obligés de recourir au grand remède : « Il est écrit », nous soyons nourris des promesses pendant tout le voyage. Dieu crée en nous un appétit particulier pour cet aliment divin, puis Il remplit de Ses biens l’âme affamée ; c’est alors que nous sentons combien il est doux de se décharger sur Lui de tout souci. Je crois qu’il n’est pas selon Son cœur que nous n’allions à la banque des consolations que pour de grandes sommes qui nous paraissent en valoir la peine ; Il veut que nous y retournions sans nous lasser, et pour chaque franc, et pour chaque sou. Nous ne pouvons Le fatiguer ; et assurément Il n’agit jamais avec plus de tendresse que quand Il compte que nous irons à Lui avec confiance pour des choses à l’égard desquelles Il n’a pris aucun engagement. Nous connaissons le Seigneur ! aussi pouvons-nous nous abandonner à Son amour sans demander aucune explication, jusqu’au jour des alléluias. Nous sommes assurés que chaque coupe que notre Père place entre les mains de Ses enfants, doit être une coupe de bénédiction, parce qu’elle est plus ou moins la communion au sang de Christ ; la santé y est avant que nous en fassions usage, et quand nous en buvons, nous sentons que chaque malédiction est changée en bénédiction, et que la bénédiction ne peut devenir une malédiction. Je ne vous plains pas beaucoup d’être renfermé ; vous pouvez parcourir un si beau champ de méditation ; Christ crucifié, Christ reçu par la foi, Christ glorifié ! Il a fait pour nous de grandes choses ! De grandes choses sont dites de nous ! Oh ! puissions-nous être rendus capables d’avoir sans cesse devant nos yeux le même but que Lui, savoir, Sa gloire. Il a si admirablement mêlé Sa gloire à notre bonheur, que, tandis que notre bonheur constitue Sa gloire, Sa gloire constitue notre bonheur. Pour nous, nous ne saurons ce que c’est qu’une satisfaction entière, que lorsque nous aurons cessé de combattre pour devenir des dieux, que nous aurons consenti à n’être qu’un rien, et que notre moi sera perdu dans le « tout en tous » de Dieu. Excusez ma liberté, mais je lisais justement que la volonté de notre Père est que Ses enfants aient une ferme consolation, et je serais bien heureuse si j’étais un petit ruisseau qui rendît votre paix plus abondante, et qui contribuât à la faire devenir comme un fleuve, afin qu’elle soit une goutte dans l’océan de Sa gloire.
- Votre sincèrement attachée
T.A. Powerscourt