Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 76

De mipe
< Livre:La sympathie chrétienne
Révision datée du 6 septembre 2018 à 20:04 par Éditeur (discussion | contributions) (Chapitre du livre)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

Le 21 juin 1836
Mon cher Monsieur,

Être chrétien, c’est sans contredit une grande réalité. Il ne savait pas trop ce qu’il promettait, celui qui disait à notre bien-aimé Maître : « Je te suivrai partout où tu iras » ; aussi Jésus lui fit-Il sentir la nécessité de calculer la dépense de son mot « partout ». Nous sommes appelés à laisser pour Christ tout ce qu’on peut désirer ici-bas ; non seulement les choses superflues, mais aussi les choses nécessaires ; non seulement les choses nécessaires, mais encore les affections les plus chères. Bienheureux sommes-nous, si, tandis que nous Lui abandonnons tout, Il demeure le bien suprême de nos cœurs, sans que nous placions aucun autre objet à côté de Lui ! Si Dieu remplit tout en nous, les autres choses sont toutes comme perdues et englouties en Lui. Combien peu nous avons la pensée de Jésus relativement à la gloire de Son Père ! Nous voudrions souvent que Sa cause attendît notre commodité. Tandis que chacun s’en allait dans sa maison, Jésus alla à la montagne des Oliviers. Notre responsabilité est grande, car nous avons été appelés dans des jours merveilleux. Tandis que les chrétiens cherchent (ce que Dieu Lui-même ne pourrait faire) à amener le monde à eux, en marchant avec lui bras dessus, bras dessous, Jésus appelle ceux qui sont à Lui de tout leur cœur, à marcher courageusement en sens inverse. Nous avons besoin de nous souvenir que notre appel est céleste ; que nous sommes d’en haut ; que désormais nous ne devons connaître quoi que ce soit selon la chair, parce que toutes choses sont devenues nouvelles ; que nous ne devons avoir rien de commun avec ceux qui ont crucifié le Seigneur, car nous sommes vivants d’entre les morts, notre habitation est en dedans du voile, et notre vie est cachée avec Christ en Dieu. Dans le temps passé, nous vivions selon le train de ce monde, nous accomplissions les désirs de nos pensées ; mais maintenant Dieu nous a fait vivre, Il nous a ressuscités, Il nous a faits citoyens des cieux, c’est pourquoi nous devons marcher en toute humilité, d’une manière digne de cette haute vocation. Qu’il est triste de ne L’aimer que si peu encore ! N’est-ce pas faire insulte au Dieu d’amour qui a tout donné pour nous, que de dire que nous L’aimons, et en même temps de calculer si nous Lui donnerons tout, quand notre tout n’est que deux pites, et que Son tout, à Lui, c’est le ciel, la terre, l’éternité, Lui-même ? Il vaudrait mieux ne pas aimer du tout. Il vaut mieux être froid que tiède. Nous voulons bien être malades près de Jésus, et nous réjouir à l’ouïe des précieuses promesses, pourvu que l’infidélité nous soit quelquefois permise. Et cependant Il a confié à notre fidélité toute Sa cause et la gloire de Son Père ; Il s’est reposé sans réserve et sans condition sur notre amour ! Oh ! qu’Il n’ait plus à nous reprocher une telle ingratitude, qu’Il nous rende capables de supporter la souffrance à l’heure où Il aura besoin de nous ! Allons en avant en toute humilité, et sachons nous éloigner des choses qui pourraient embarrasser notre course, afin que nous puissions plaire à Celui qui nous a enrôlés.

Votre affectionnée et reconnaissante

T.A. Powerscourt