Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 18
Elle n’offre plus que des ruines toute cette œuvre de Dieu qui une fois fut déclarée très bonne ; depuis un bout de la création jusqu’à l’autre bout, depuis le lion jusqu’à l’araignée, tout continue l’histoire de Caïn et Abel, et entre tous les esclaves de Satan le plus semblable à son maître, c’est l’homme. En sera-t-il toujours ainsi ? Le Messie n’aura-t-il pas la puissance d’empêcher que Ses saints ne prennent la fuite et que l’œuvre de Ses mains ne soit anéantie ? Quel triomphe pour Satan s’il pouvait faire passer le balai de la destruction sur cette belle œuvre de six jours que Jéhovah et l’éternelle sagesse contemplaient avec délices, et au sujet de laquelle « les étoiles du matin se réjouissaient ensemble et les fils de Dieu chantaient en triomphe ! ». Mais il n’en sera pas ainsi ; que la création soupire et attende encore un peu le moment de la délivrance ; car alors la possession acquise sera rachetée, alors aura lieu le rétablissement de toutes choses ; alors aussi les enfants de Dieu, dont les droits sont maintenant mis en question, seront déclarés fils de Dieu en puissance, par la résurrection des morts, de la même manière que leur frère aîné l’a été avant eux. Maintenant leur vie est cachée avec Christ en Dieu ; mais quand le Christ aura été manifesté, Lui qui est notre vie, ils seront aussi, avec Lui et comme Lui, manifestés en gloire. « Alors la terre produira son fruit ; Dieu, notre Dieu, nous bénira (nous Israël) », « et tous les bouts de la terre verront le salut de notre Dieu ».
Il est à remarquer que l’Écriture parle de trois sortes d’adoption : une adoption nationale qui, bien qu’elle n’assure pas le salut à ceux qu’elle concerne, les place dans des relations particulières avec Dieu, et les assujettit en conséquence à de plus grands jugements (Romains 9, 4). Une adoption personnelle qui assure le salut : « Vous avez reçu un Esprit d’adoption par lequel nous crions : Abba, Père ! Et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ » (Rom. 8, 15, 17). L’adoption finale, savoir la rédemption ou la délivrance du corps (Rom. 8, 23). — Mais je m’arrête, car on ne sait ni par où commencer ni comment finir sur un tel sujet. J’ajouterai seulement que « le temps est court ». D’autres nations peuvent avoir d’autres occasions favorables, mais l’Irlande étant maintenant en possession de l’adoption nationale, c’est maintenant le moment de crier : « Sortez de Babylone, sortez, sortez mon peuple » ; et puissions-nous entendre le Seigneur dire au sujet de notre activité ce qu’Il dit autrefois d’une grande pécheresse reçue en grâce : « Elle a fait ce qui était en son pouvoir ». Il est écrit : « Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu » ; puis donc que nous sommes les fils et les filles du Dieu tout-puissant, nous sommes conduits par l’Esprit. Quel don ineffable que celui de l’Esprit ! C’est le consolateur qui demeurera avec nous éternellement. Non seulement Il nous fait connaître les choses qui nous ont été données de Dieu, mais encore Il nous a scellés comme étant à Lui ; Il est les arrhes de notre héritage ; Il ne permettra pas que le péché ait domination sur nous ; Il sera en nous comme une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle, faisant déborder en tout sens l’amour, la joie, la paix, le support, la douceur, la bonté, la fidélité, la débonnaireté et la tempérance. La délivrance de l’esprit d’esclavage et le don de l’Esprit d’adoption sont des gages certains que nous Lui appartenons. Le Père de Christ est notre Père ; Son Dieu est notre Dieu ! Ne nous est-Il pas doublement cher ? Et quoiqu’Il nous conduise par le milieu des sentiers de jugement, Il nous prouvera cependant en nous enseignant à profiter qu’Il nous mène à la terre de la droiture par le droit chemin. Et après tout, notre bonheur, même dans la nouvelle Jérusalem, sera l’accomplissement de cette promesse : « Je serai son Dieu, et il sera mon fils ». Oh ! chère amie, que chaque jour, chaque heure, chaque moment, nous marchions comme des enfants de lumière, au milieu de ceux avec lesquels nous vivons ! Cette prédication-là est difficile. Plaçons-nous chaque matin sous l’onction de l’Esprit que l’active abeille, et non pas la guêpe, sait sucer dans le jardin de l’Éternel, afin que, pendant la journée tout entière, nous puissions exhaler l’atmosphère des cieux tout autour de nous. Puisque nous sommes dans la grâce, notre sourire peut être plus doux que celui des anges ; et si nos souffrances contribuent à manifester les richesses de notre héritage, ne bénirons-nous pas notre Dieu de ce que notre partage est d’être avec ceux dont la foi est exercée ?