Messager Évangélique:Le Kénien/Partie 2
6° Dans 1 Chroniques 2, 55, au milieu des généalogies d’Israël, voici ce que nous lisons : « Et les familles des scribes, qui habitaient à Jahbets, Tirhathiens, Shimhathiens, Sucathiens ; ce sont les Kéniens qui sont sortis de Hammath, père de Récab ».
La ville de Jahbets était près d’Hébron, dans la meilleure contrée de Juda, et probablement avait été nommées (ainsi que c’était la coutume ordinaire) du nom de l’homme remarquable mentionné au quatrième chapitre, dans la généalogie de Juda. La situation et les avantages locaux de cette ville sont, en quelque sorte, effacés par le caractère de celui qui en est le père et le fondateur. « Jahbets fut plus distingué que ses frères, et sa mère lui avait donné le nom de Jahbets, parce que, dit-elle, je l’ai enfanté avec travail. Or Jahbets invoqua le nom de l’Éternel, en disant : Oh ! si tu me bénissais abondamment, et que tu étendisses mes limites, et que ta main fût avec moi, et que tu me garantisses tellement du mal que je fusse sans douleur ! ». Et Dieu lui accorda ce qu’il avait demandé. C’est avec ce serviteur de Dieu affligé, et cependant béni, que demeurait le Kénien, toujours fidèle à son caractère ; celui qui, dans le désert, avait eu la plus dure portion, a maintenant la plus belle, localement et spirituellement, dans la terre du repos. Mais outre cela, que nous montre clairement le verset que j’ai cité, nous y apprenons encore que Récab, père de Jonadab, était un Kénien, un descendant direct de ces fidèles témoins de la vérité divine, au milieu des erreurs d’Israël, et ainsi nous sommes portés en avant jusqu’aux Récabites, qui nous sont démontrés n’être, sous un autre nom, que le même peuple, toujours étrange, et conséquent avec lui-même.
7° Lors de la solennelle entrevue d’Élie et de l’Éternel, Dieu d’Israël, à la montagne d’Horeb, nous apprenons l’intention du Seigneur quant à Son peuple. « Et voici, une voix lui fut adressée et lui dit : Quelle affaire as-tu ici, Élie ? Et il répondit : J’ai été extrêmement ému à jalousie pour l’Éternel, le Dieu des armées, parce que les enfants d’Israël ont abandonné ton alliance ; ils ont démoli tes autels ; ils ont tué tes prophètes avec l’épée ; je suis resté moi seul, et ils cherchent ma vie pour me l’ôter. Mais l’Éternel lui dit : Va, retourne-t’en pas ton chemin vers le désert de Damas ; et quand tu seras arrivé, tu oindras Hazaël pour roi sur la Syrie. Tu oindras aussi Jéhu, fils de Nimshi, pour roi sur Israël ; et tu oindras Élisée, fils de Shaphath, qui est d’Abel-Mehola, pour prophète en ta place. Et il arrivera que quiconque échappera de l’épée de Hazaël, Jéhu le fera mourir, etc. » (1 Rois 19).
Or voici les paroles de Jéhu : « Sachez maintenant qu’il ne tombera rien en terre de la parole de l’Éternel, laquelle l’Éternel a prononcée contre la maison d’Achab, et que l’Éternel a fait selon qu’il avait parlé par le moyen de son serviteur Élie. Jéhu tua aussi tous ceux qui étaient demeurés de reste de la maison d’Achab à Jizreël, et tous ceux qu’il avait avancés, et ses familiers amis, et ses principaux officiers, en sorte qu’il ne lui en laissa pas un de reste… Et Jéhu étant parti de là, trouva Jonadab, fils de Récab, qui venait au-devant de lui, lequel il salua et lui dit : Ton cœur est-il aussi droit envers moi que mon cœur l’est à ton égard ? Et Jonadab répondit : Il l’est, oui, il l’est ; donne-moi ta main. Et il lui donna sa main, et le fit monter avec lui dans le chariot. Puis il dit : Viens avec moi et tu verras le zèle que j’ai pour l’Éternel. Ainsi il le mena dans son chariot. Et quand Jéhu fut venu à Samarie, il tua tous ceux qui étaient demeurés de reste de la maison d’Achab à Samarie, jusqu’à ce qu’il eût tout exterminé, selon la parole que l’Éternel avait dite à Élie… Puis Jéhu rassembla tous les serviteurs de Baal. Et Jéhu et Jonadab, fils de Récab, entrèrent dans la maison de Baal, et les archers et les capitaines tuèrent les serviteurs et les sacrificateurs de Baal, et ils tirèrent dehors les statues de la maison de Baal et les brûlèrent. Et ils démolirent la statue de Baal. Ils démolirent aussi la maison de Baal et la firent servir de retraits jusqu’à ce jour. Ainsi Jéhu extermina Baal du milieu d’Israël » (2 Rois 10).
Du commencement à la fin, le terrible péché d’Israël ou des dix tribus révoltées fut l’idolâtrie. C’est ce même péché qui, s’il ne l’avait pas amenée, maintenait du moins leur séparation d’avec Juda et la maison de David ; de là leurs diverses et presque toujours croissantes calamités, et de là aussi à la fin leur expulsion loin de leurs coteaux et de leurs vallées, et loin de leur Dieu. Cette iniquité avait atteint son plus haut degré sous le règne d’Achab et de sa femme sidonienne. Ainsi il est écrit : « Achab fit encore pis que tous les rois d’Israël qui avaient été avant lui, pour irriter l’Éternel, le Dieu d’Israël » (1 Rois 16, 33) ; et c’était pour exécuter la vengeance de l’Éternel sur cette maison inique que Jéhu fut envoyé. On pourrait s’attendre à ce que, dans un temps comme celui-là, les fidèles en Israël se fussent mis en avant pour la même œuvre, car il y en avait sûrement qui, comme Élie, menaient deuil devant le Seigneur : mais le Kénien seul devint le compagnon du serviteur choisi de l’Éternel. — Sainte colère !
Lorsque Israël fit et adora son veau d’or, au pied d’Horeb, et qu’il dut dénué pour être en opprobre parmi ses ennemis, Moïse se tenant à la porte du camp dit : « Qui est pour l’Éternel ? Qu’il vienne vers moi. Et tous les enfants de Lévi s’assemblèrent vers lui. Et il leur dit : Ainsi a dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Que chacun mette son épée à son côté ; passez et repassez de porte en porte par le camp, et que chacun de vous tue son frère, son ami et son voisin. Et les enfants de Lévi firent selon la parole de Moïse ; et en ce jour-là, il tomba du peuple environ trois mille hommes ». Et les Lévites, comme tribu, furent mis à part pour le service du tabernacle, en lieu des premiers-nés du peuple (Ex. 32, 23-29 ; Nomb. 3 et 4).
« Lorsque Israël demeurait à Sittim (peu de temps seulement avant leur entrée au pays) le peuple commença à paillarder avec les filles de Moab. Car elles convièrent le peuple aux sacrifices de leurs dieux. Et Israël s’accoupla à Baal-Péor ; c’est pourquoi la colère de l’Éternel s’embrasa contre Israël… Et Moïse dit aux juges d’Israël : Que chacun de vous fasse mourir les hommes qui sont à sa charge, lesquels se sont joints à Baal-Péor ». Alors Phinées, fils d’Éléazar, transperçant avec sa javeline Zimri, chef de la tribu de Siméon, et Cozbi, femme madianite, « l’Éternel parla à Moïse en disant : Phinées, fils d’Éléazar, fils d’Aaron, sacrificateur, a détourné ma colère de dessus les enfants d’Israël, parce qu’il a été animé de mon zèle au milieu d’eux, et je n’ai point consumé les enfants d’Israël par mon ardeur. C’est pourquoi dis-lui : Voici, je lui donne mon alliance de paix ; et l’alliance de sacrificature perpétuelle sera tant pour lui que pour sa postérité après lui, parce qu’il a été animé de zèle pour son Dieu, et qu’il a fait propitiation pour les enfants d’Israël » (Nomb. 25).
Le huitième chapitre d’Ézéchiel nous expose le péché d’Israël à une autre époque. Le neuvième nous montre la gloire d’Israël abandonnant Sa maison — comme donnée à d’autres. « Et voici, six hommes venaient de devers le chemin de la haute porte qui regarde vers l’aquilon, et chacun avait dans sa main son instrument de destruction ; et il y avait au milieu d’eux un homme vêtu de lin, qui avait un cornet d’écrivain sur ses reins ; et l’Éternel lui dit : Passe par le milieu de la ville, par le milieu de Jérusalem, et marque la lettre Thau sur les fronts des hommes qui gémissent à cause de toutes les abominations qui se commettent au-dedans d’elle. Et il dit aux autres, moi l’entendant : Passez par la ville après lui, et frappez ; que votre œil n’épargne personne, et n’ayez point de compassion. Tuez tout, les vieillards, les jeunes gens, les vierges, les petits enfants et les femmes ; mais n’approchez d’aucun de ceux sur lesquels sera la lettre Thau, et commencez par mon sanctuaire » (Éz. 9).
C’est ainsi que nous voyons à la même œuvre de saint zèle, pour un Dieu saint et jaloux, la tribu de Lévi, Phinées, fils d’Éléazar, l’homme vêtu de lin avec ses six compagnons ; et Jéhu, le roi oint, avec son étrange compagnon — Jonadab, fils de Récab, Kénien. Ces diverses histoires forment un commentaire complet, quant à cet autre beau trait du caractère de l’étranger, et ne demandent pas d’autre explication.
8° Encore une dernière fois les Kéniens nous sont présentés dans le livre du prophète Jérémie. « La parole qui fut adressée par l’Éternel à Jérémie… disant : Va à la maison des Récabites, et leur parle, et les fais venir en la maison de l’Éternel, dans l’une des chambres, et présente-leur du vin à boire. Je pris donc… toute la maison des Récabites, et je les fis venir dans la maison de l’Éternel… et je mis, devant les enfants de la maison des Récabites, des gobelets pleins de vin et des tasses, et je leur dis : Buvez du vin. Et ils répondirent : Nous ne boirons point de vin, car Jonadab, fils de Récab, notre père, nous a donné ce commandement en disant : Vous ne boirez point de vin, ni vous, ni vos enfants, à jamais. Vous ne bâtirez aucune maison, vous ne sèmerez aucune semence, vous ne planterez aucune vigne, et vous n’en aurez point ; mais vous habiterez dans des tentes, tous les jours de votre vie, afin que vous viviez longtemps sur la terre dans laquelle vous séjournez comme étrangers. Nous avons donc obéi à la voix de Jonadab, fils de Récab, notre père, dans toutes les choses qu’il nous a commandées ».
« Alors la parole de l’Éternel fut adressée à Jérémie, en disant : Ainsi a dit l’Éternel des armées, le Dieu d’Israël. Ne recevrez-vous point d’instruction pour obéir à mes paroles ? dit l’Éternel. Toutes les paroles de Jonadab, fils de Récab, qu’il a commandées à ses enfants, de ne point boire de vin, ont été observées, et ils n’en ont point bu jusqu’à ce jour, mais ils ont obéi au commandement de leur père. Mais moi, je vous ai parlé, me levant dès le matin, et parlant, et vous ne m’avez point obéi ».
« Et Jérémie dit à la maison des Récabites : Ainsi a dit l’Éternel des armées, le Dieu d’Israël. Il n’arrivera jamais qu’il n’y ait quelqu’un appartenant à Jonadab, fils de Récab, qui assiste devant moi tous les jours », ou bien aussi « aucun homme ne sera retranché de Jonadab, fils de Récab ».
L’inattention à la parole de Dieu, ou la volonté propre, est signalée tout le long du livre de Jérémie comme étant le péché d’Israël, péché que le prophète déplorait et qui a conduit à tous les autres. L’obéissance et l’attention à la parole de Jonadab, leur père, nous sont présentées en contraste, dans la conduite des Récabites. Mais ce n’est pas tout. Le repos et la gloire humaine auraient pu être, et cela de la part de Dieu, la portion d’Israël, si Israël eût été obéissant et sans péché ; mais aussi longtemps que la terre est souillée par le péché, il ne peut y avoir pour l’esprit de sainteté ni établissement, ni repos. C’était là l’esprit de Jérémie, et celui de la toujours étrange famille du Kénien. Au lieu de chercher une demeure permanente et des jouissances terrestres, là où le péché abondait, ils furent pèlerins, et pèlerins conséquents avec eux-mêmes, au milieu de l’abondance, cherchant leur repos et leur portion là où le péché ne pouvait entrer, et où, par conséquent, la portion pouvait être éternelle aussi bien qu’abondante.
« Par la foi, Abraham demeura dans la terre de la promesse comme dans une terre étrangère, demeurant sous des tentes avec Isaac et Jacob, les héritiers de la même promesse ; car il attendait la cité qui a les fondements, dont Dieu est l’architecte et le créateur. Tous ceux-ci sont morts dans la foi, n’ayant pas reçu les promesses, mais les ayant vues de loin, et saluées, ayant fait profession qu’ils étaient étrangers et forains sur la terre. Car ceux qui disent de telles choses montrent clairement qu’ils cherchent une patrie… une meilleure patrie, c’est-à-dire une céleste ; c’est pourquoi Dieu n’a point honte d’eux, savoir d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité » (Héb. 11, 8-16). Et les Kéniens ne marchaient-ils pas sur les traces du père des croyants (Rom. 4, 12) ?
« Parle aux enfants d’Israël et leur dis : Quand un homme ou une femme aura fait le vœu de nazaréen, pour se faire nazaréen à l’Éternel, il s’abstiendra de vin et de cervoise, il ne boira d’aucun vinaigre fait de vin ou de cervoise, ni d’aucune liqueur de raisins ; et il ne mangera point de raisins frais, ni de raisins secs. Durant tous les jours de son nazaréat, il ne mangera d’aucun fruit de la vigne, depuis les pépins jusqu’à la peau du raisin » (Nomb. 6).
« J’ai suscité quelques-uns d’entre vos fils pour être prophètes, et quelques-uns d’entre vos jeunes gens pour être nazaréens. N’est-il pas ainsi, enfants d’Israël ? dit l’Éternel. Mais vous avez fait boire du vin aux nazaréens, et vous avez commandé aux prophètes et leur avez dit : Ne prophétisez plus » (Amos 2, 11, 12).
« Ses nazaréens étaient plus nets que la neige, plus blancs que le lait, leur teint était plus vermeil que les pierres précieuses, et ils étaient polis comme un saphir. Leur visage est plus noir que les ténèbres, on ne les connaît point par les rues » (Lam. 4, 7, 8).
Les enfants d’Abraham avaient abandonné le sentier de leur père. Les nazaréens étaient devenus des ivrognes. Mais lorsque les gobelets de vin furent mis devant les enfants de Jéthro, Kénien, dans les chambres de la maison de l’Éternel, leur réponse fut : « Nous ne boirons point de vin. Nous avons obéi à la voix de Jonadab, fils de Récab, notre père, dans toutes les choses qu’il nous a commandées, de sorte que nous n’avons point bu de vin tous les jours de notre vie, ni nous, ni nos femmes, ni nos fils, ni nos filles ; nous n’avons bâti aucune maison pour notre demeure, et nous n’avons eu ni vigne, ni champ, ni semence ; mais nous avons demeuré dans des tentes, et nous avons obéi, et avons fait selon toutes les choses que Jonadab, notre père, nous a commandées » (Jér. 35, 8, 9, 10).
Obéissants, fidèles au milieu de beaucoup de renoncements — « forains et étrangers, s’abstenant des convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme », c’est ainsi que les Kéniens couronnent leur ancien caractère de fidélité et de connaissance de la pensée du Seigneur, étant en cela un perpétuel moniteur pour Israël, et n’est-ce pas pour notre profit que l’Esprit de vérité les a dépeints dans la Parole, nous montrant en eux le véritable Israël, pris d’entre les étrangers — le type et le portrait de l’Église de Dieu ?
Il ne me reste qu’à récapituler brièvement les traits de leur caractère, et ceux qui s’y intéresseront assez pour chercher dans l’Écriture les passages cités, verront combien il est vrai que toute l’Écriture est profitable, soit pour la répréhension, soit pour la correction, soit pour l’instruction, et l’histoire de Jéthro ne leur sera pas une vaine histoire.
1° Hospitalité de Jéthro envers Moïse dans les tentes de Madian : bonté et affabilité.
2° Visite de Jéthro au camp d’Israël, à Horeb : — affection fidèle, foi ferme, adoration et sagesse.
3° Service d’Hobab en faveur d’Israël dans le désert : — foi — service patient ; — tribulation et sympathie pour les affligés ; — espérance.
4° Portion des Kéniens dans le pays : — sainte ambition. — Recherche des meilleurs dons de Dieu à Son peuple.
5° Déplacement d’Héber pour rejoindre l’armée d’Israël : — sympathie pour les opprimés. Mort de Sisera par les mains de Jaël : — saint zèle pour la gloire de l’Éternel dans Son peuple, et pour la vraie position d’Israël au-dessus de leurs ennemis.
6° Leur association avec Jahbets, comme étant en communion avec les plus saints d’entre le peuple.
7° Communion entre Jéhu et Jonadab, dans le massacre des prêtres de Baal, et la destruction de l’idolâtrie : — saint zèle pour le nom de l’Éternel, en tant qu’Il est le seul vrai Dieu, jalousie pour Dieu et avec Dieu.
8° Refus de boire du vin dans la maison de l’Éternel : — obéissance et soumission ; — abstinence de ce qui nourrit les convoitises charnelles ; — l’étranger et le pèlerin.
Laissant de côté le sixième chef, qui se trouve tout naturellement compris dans le quatrième, il nous reste sept différents récits, sous de très différentes circonstances, le tout faisant un parfait et magnifique portrait de l’Église de Dieu, telle qu’elle devrait être.
Puisse Celui qui a fait une telle grâce à ce peuple étrange, nous exciter à la jalousie par lui, pour la gloire du saint nom du Seigneur.