Messager Évangélique:Explication de passages (enfer)/textev

De mipe
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[Messager Évangélique 1861 pages 138-140]

Il est temps que nous répondions quelques mots aux demandes de notre frère S., que l’on peut relire à la page 80 ci-dessus.

Au fond, le mot enfer ne se trouve pas dans l’Écriture ; il vient du latin et veut dire : les lieux bas ou inférieurs. Toutefois si le mot n’est pas dans les Écritures, la réalité d’un lieu de tourments y est présentée fréquemment.

Les termes du texte original, qui ont été rendus quelquefois par enfer sont, dans l’hébreu shéol. Or shéol se trouve soixante-cinq fois dans l’Ancien Testament : Martin le traduit cinquante-six fois par sépulcre ; deux fois par gouffre (Nombres chapitre 16 versets 30 et 33) ; deux fois par bas lieux ou lieux les plus bas de la terre (Deutéronome chapitre 32 verset 22 ; Amos chapitre 9 verset 2) ; deux fois par l’abîme ou les abîmes (Job chapitre 11 verset 8 et chapitre 26 verset 6) ; deux fois par fosse (Job chapitre 14 verset 13 et Psaume 55 verset 15) et une seule fois par les enfers (Ésaïe chapitre 57 verset 9).

Le mot corrélatif, dans le Nouveau Testament, est hadès, qui s’y trouve onze fois, savoir : Matthieu chapitre 11 verset 23 et chapitre 16 verset 18 ; Luc chapitre 10 verset 15 et chapitre 16 verset 23 ; Apocalypse chapitre 1 verset 18 ; chapitre 6 verset 8 ; chapitre 20 versets 13 et 14, où Martin l’a rendu par enfer ; et Actes chapitre 2 versets 27 et 31 et 1 Corinthiens chapitre 15 verset 55, où il l’a traduit par sépulcre.

La Version nouvelle, avec beaucoup de raison, a conservé partout le mot hadès, qui signifie proprement lieu invisible. Nous avons encore, pour désigner ce que l’on a appelé enfer, le mot géhenne, qui vient des mots hébreux Gué-Hinnom, vallée de Hinnom (Josué chapitre 15 verset 8) ou Gué-Ben-Hinnom (même verset de Josué ; 2 Rois chapitre 23 verset 10, etc.). C’était une vallée délicieuse au sud-est de Jérusalem. Agréable et fertile, elle était couverte d’arbres verdoyants, et l’on y trouvait les jardins des rois. Plus tard Jérusalem rebelle, idolâtre et adultère, sacrifia sous ses ombrages, et entendit les cris des enfants qu’on y brûlait dans les bras de Moloc. Josias le réformateur mit fin aux abominations qui s’y commettaient ; il profana cette vallée, dit l’auteur sacré [2 Rois chapitre 23 verset 10], et on ne la nomma plus qu’avec horreur (Topheth) ; cf. Jérémie chapitre 19 verset 13. Elle devint une place maudite, un lieu d’exécution pour les criminels, et la grande voirie de Jérusalem. Son nom de Gué-Hinnom, ou en grec Gehenna, que l’on a traduit par géhenne, servit à désigner les malheurs temporels et éternels les plus affreux. Vous le trouverez douze fois dans le Nouveau Testament : Matthieu chapitre 5 verset 22, « la géhenne de feu », chapitre 29 verset 30 ; chapitre 10 verset 28 ; chapitre 18 verset 9, « la géhenne du feu » ; chapitre 23 verset 15, « fils de la géhenne », verset 33, « jugement de la géhenne » ; Marc chapitre 9 versets 43, 45 et 47, « la géhenne de feu » ; Luc chapitre 12 verset 5 ; Jacques chapitre 3 verset 6, « la langue… est enflammée de l’enfer » (grec : de la géhenne).

Il est aussi question de l’abîme ou d’un abîme. Luc chapitre 8 verset 31 : Légion conjurait le Seigneur de ne pas leur commander de s’en aller dans l’abîme. Romains chapitre 10 verset 7 : La justice par la foi parle ainsi : Ne dis pas en ton cœur… : « Qui descendra dans l’abîme… pour faire monter Christ d’entre les morts ? ». Apocalypse chapitre 9 versets 1 et 2 : « La clef du puits de l’abîme » est donnée à un ange, qui ouvre le puits de l’abîme, et il en monte une fumée, par laquelle le soleil et l’air sont obscurcis ; et de la fumée sortent des sauterelles sur la terre… Ces terribles sauterelles ont sur elles un roi (verset 11), l’ange de l’abîme, dont le nom en hébreu est Abaddon, et en grec Apollyon. — Au chapitre 11 verset 7, la bête qui monte de l’abîme, fait la guerre aux deux témoins et les tue. chapitre 17 verset 8 : La bête… était et n’est pas, et va monter de l’abîme et aller à la destruction. Enfin le chapitre 20 versets 1 à 3 nous montre un ange ayant la clé de l’abîme, qui lie Satan d’une grande chaîne et le jette dans l’abîme.

Quant aux souffrances ou aux tourments de l’enfer, ils sont désignés par diverses expressions, telles que : « le feu éternel » (Matthieu chapitre 18 verset 8), « le feu inextinguible, où le ver ne meurt point et où le feu ne s’éteint point » (Marc chapitre 9 verset 45), « les peines éternelles » (Matthieu chapitre 25 verset 46), « le jugement éternel » (Marc chapitre 3 verset 29), « une punition éternelle » (2 Thessaloniciens chapitre 1 verset 9), « des chaînes éternelles » (Jude verset 6) ; « les ténèbres du dehors où seront les pleurs et les grincements de dents » (Matthieu chapitre 8 verset 12, etc.), « l’étang brûlant de feu et de soufre, qui est la seconde mort » (Apocalypse chapitre 20 verset 14 et chapitre 21 verset 8).

Ces images indiquent assez que l’enfer sera un séjour affreux et que les tourments n’y cesseront jamais. Mais sont-ce là seulement des images, des figures ? C’est ce que nous n’oserions certes pas affirmer.

Voilà ce que l’Écriture nous apprend sur cette redoutable vérité. Aller plus loin, discuter, comme plusieurs l’ont fait, sur la nature du feu de l’enfer, etc., ce serait s’exposer à substituer les rêves de l’imagination humaine aux enseignements de la Parole. Arrêtons-nous donc ici, et bénissons Dieu, de ce qu’il nous a choisis dès le commencement pour le salut… pour que nous obtenions la gloire de notre Seigneur Jésus Christ (2 Thessaloniciens chapitre 2 versets 12 et 13). « Car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l’acquisition du salut par notre Seigneur Jésus Christ, qui est mort pour nous, afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec lui » (1 Thessaloniciens chapitre 5 versets 9 et 10).