Écho du Témoignage:Remarques sur le livre de Daniel/Partie 6

De mipe
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

Chapitres 10 ; 11, 1-35

Les chapitres 10, 11, 12 ne forment évidemment qu’un seul sujet continu, et nous font voir dans quelles circonstances Daniel reçut cette dernière prophétie, qui est, sous quelques rapports, la plus remarquable de toutes celles qui lui furent accordées. Dans toute l’étendue du livre divin, il n’y a pas d’exposé des faits de l’histoire aussi détaillé, aussi circonstancié que celui que nous avons là, sans compter qu’il embrasse depuis la monarchie des Perses sous laquelle Daniel contempla la vision jusqu’au temps où toutes les puissances de ce monde seront obligées de s’incliner devant le nom du Seigneur. Non que la prophétie ne présente pas une seule lacune depuis l’époque de l’empire des Perses jusqu’au règne de Christ, ce serait même contraire à l’analogie de tout le reste de la Parole de Dieu ; mais nous y trouvons, avant tout, un exposé des faits, concis et clair en même temps, jusqu’à ce que nous arrivions à un personnage remarquable qui était le type de celui qui sera, à la fin du siècle présent, le grand chef des adversaires du peuple de Dieu. Après nous avoir conduit jusqu’à ce personnage, la prophétie s’interrompt, franchit l’intervalle et nous donne « le temps de la fin », de sorte que nous pouvons comprendre la raison de cette lacune. Pour le moment je dois m’arrêter au point où l’interruption a lieu, avec l’espérance de considérer, Dieu voulant, la crise de la fin, à laquelle se rapportent les types, et qui commence au verset 36 du chapitre 11. Nous verrons qu’elle ne se borne pas à un mal d’une espèce particulière, et que la fin du chapitre traite des combats que se livreront les chefs de cette époque, dans la terre sainte et ses environs. Puis le chapitre 12 nous montrera les voies de Dieu avec Son peuple jusqu’à ce que le peuple et Daniel lui-même soient établis dans leur lot à la fin des jours (vers. angl.) : ceci, c’est-à-dire la bénédiction du peuple de Dieu, ou du moins du résidu fidèle, formant le grand objet de la fin.

« La troisième année de Cyrus, roi de Perse, une parole fut révélée à Daniel, qui était nommé Belteshatsar », etc. Daniel, voyons-nous par là, n’avait pas profité du décret que Cyrus avait rendu deux années auparavant pour donner aux Israélites la liberté de retourner dans leur pays, conformément à la prophétie : il se trouvait encore sur le théâtre de la captivité des Juifs. Mais il y a plus que cela, et l’Esprit de Dieu attire notre attention sur l’état d’âme du prophète. Ce n’est pas dans la joie qu’il passait ses jours sur la terre étrangère, mais bien dans le deuil et dans le jeûne, et cela au milieu de circonstances où il avait naturellement toute chose à sa disposition. Il ne mangea point de pain agréable au goût, « et, comme il le dit lui-même, il n’entra point de viande ni de vin dans ma bouche, et je ne m’oignis point du tout, jusqu’à ce que trois semaines entières fussent accomplies ». Sûrement ce n’est pas pour rien que l’Esprit de Dieu nous a montré Daniel non seulement avant le décret de Cyrus, mais aussi après, dans une telle attitude devant le Seigneur. Nous pouvons tous comprendre qu’à l’approche du moment où le petit résidu allait quitter Babylone et retourner au pays de ses pères, on dût trouver le saint et pieux prophète pénétré d’une profonde affliction devant Dieu, et passant en revue le péché à l’occasion duquel un châtiment si terrible était tombé sur le peuple de la part de Dieu ; quoique en cela il fît précisément le contraire de ce que la chair aurait fait dans de telles circonstances : car lorsqu’il est accordé une grande bénédiction extérieure, c’est plutôt l’occasion pour l’homme de donner essor à ses sentiments de satisfaction. Mais nous voyons le contraire en Daniel. Il prit l’attitude de la confession, et confessa non pas seulement les péchés d’Israël, mais ses propres péchés : il les avait tous devant lui. Il n’y avait qu’un homme marchant dans la sainteté qui pût avoir un sentiment aussi profond du péché. Mais la même énergie du Saint Esprit, qui produit une réelle humiliation, rend aussi capable d’entrer en amour dans la triste et abjecte condition du peuple de Dieu. Des pensées de cette nature semblent avoir rempli l’âme de Daniel quand il découvrit, par la prophétie de Jérémie, que la délivrance d’Israël était fort proche. Il n’y eut chez lui ni transports de joie au sujet d’un ennemi tombé, ni cris de triomphe à cause que le peuple allait être rendu libre, quoique Cyrus lui-même regardât comme un grand honneur d’avoir été choisi de Dieu pour être l’instrument de ces deux dispensations. Un homme de Dieu pouvait fort bien arrêter sa pensée sur les effets que le péché avait produits, quand le Seigneur ne pouvait pas même parler d’Israël comme Son peuple, quoique la foi dont Daniel était animé ne fît que le faire insister d’autant plus fortement auprès de Dieu sur le fait qu’Israël était Son peuple.

Ici le décret avait été rendu conformément à son attente. Le monarque persan avait ouvert la porte aux prisonniers de l’espérance pour qu’ils pussent quitter Babylone ; et ceux auxquels il avait plu de le faire, étaient retournés dans leur pays. Daniel n’était point parmi ceux-là ; au lieu de n’anticiper désormais que de brillantes perspectives de gloire immédiate, il se présente à nous, et plus que jamais, dans l’attitude de l’humiliation devant Dieu. La révélation du motif de ce jeûne prolongé nous fait pénétrer dans les rapports du monde visible avec le monde invisible. Et ce n’est pas seulement de dessus l’avenir que le voile est levé, car c’est là ce que fait toute prophétie ; mais l’énoncé de la vision que nous avons ici nous montre dans une lumière de grand intérêt, ce qui est de fait actuellement autour de nous, mais nous est invisible. Il fut permis à Daniel de le voir et de l’entendre afin que nous pussions savoir, et en avoir la conscience pour nous-mêmes, qu’outre les choses qui se voient, il y a des choses invisibles, beaucoup plus importantes que ce qui se voit.

S’il y a des luttes sur la terre, elles proviennent de luttes plus hautes, celles que les anges soutiennent contre ces êtres méchants, les instruments de Satan, qui cherchent sans cesse à traverser les conseils de Dieu par rapport à la terre. Cela apparaît ici d’une manière remarquable. Nous savons que les anges ont à faire avec les enfants de Dieu, mais peut-être n’avons-nous pas discerné aussi clairement qu’ils ont à faire aussi avec les événements extérieurs de ce monde. Dans cette portion du livre de Daniel, la lumière de Dieu brille sur ce sujet, de sorte que nous sommes rendus capables de comprendre qu’il n’y a pas un mouvement du monde qui ne se rattache aux voies providentielles de Dieu. Et les anges sont les instruments par lesquels Sa volonté s’exécute : il est dit d’eux expressément qu’ils font Son bon plaisir. D’un autre côté, il y a ceux qui se mettent constamment en travers de Dieu. Les mauvais anges ne manquent pas. Si le cœur n’est pas éveillé là-dessus, on perd certainement quelque chose parce que cela fait sentir plus vivement la nécessité d’avoir Dieu pour force. S’il n’était question que des hommes, nous pourrions comprendre que, dans la conscience de sa force ou de sa sagesse, ou d’autres ressources qu’elle pourrait avoir, une personne n’en craignît pas une autre. Mais s’il est vrai que nous avons à combattre avec des puissances qui nous sont immensément supérieures pour tout ce qui tient à l’intelligence extérieure et à la force (car les anges excellent en force, comme il nous est dit), il est clair que si nous devons être vainqueurs, nous sommes rejetés sur l’appui d’un autre qui est plus puissant que tout ce qui peut être contre nous. La foi, par laquelle nous comptons ainsi sur Dieu, nous délivre de toute inquiétude à l’égard de tout ce qui a lieu dans le monde. Car quoiqu’il y ait des esprits malins, et que les hommes ne soient que comme les pièces qu’ils font mouvoir sur l’échiquier de cette vie, de fait néanmoins, il y a derrière la scène, inconnue aux acteurs, une main intelligente et souveraine qui dirige tous les mouvements. Cela donne un caractère beaucoup plus solennel à nos pensées sur tout ce qui arrive ici-bas.

Outre ces anges, un autre personnage apparaît sur la scène : « Un homme vêtu de lin, et duquel les reins étaient ceints d’une ceinture de fin or d’Uphaz ». Celui dont nous trouvons au verset 6 une description si magnifique, et que vit seul Daniel, ne semble pas n’avoir été simplement qu’un ange. Il a pu apparaître dans quelques traits de la gloire angélique, mais je pense que c’est Celui qui apparaît souvent dans l’histoire tant du Nouveau que de l’Ancien Testament — le Seigneur de gloire Lui-même. Ici Il apparaît comme un homme, comme quelqu’un qui éprouvait la sympathie la plus profonde pour Son serviteur sur la terre. Tous les autres s’étaient enfuis pour se cacher ; Daniel était resté : cependant, il n’était point demeuré de force en lui ; — son extérieur fut changé jusqu’à être tout défait. Il faut que même un homme aimé de Dieu, un saint fidèle, fasse l’expérience que toute sa sagesse passée était inutile ; car il était maintenant fort vieux, et il avait été singulièrement fidèle au Seigneur. À ce moment même c’était lui qui réalisait le mieux la vraie condition d’Israël, car il voyait bien qu’il devait s’écouler un long espace de temps avant que le Messie dût venir, et l’ange qui avait été l’instrument de la révélation avait annoncé que le Messie serait retranché et n’aurait rien. Il n’y avait donc rien d’étonnant qu’il fût dans le deuil. D’autres pouvaient se livrer à leurs brillantes espérances sur la venue prochaine du Messie, et sur l’exaltation par Son moyen de leur nation dans le monde. Quant à Daniel, il menait deuil et jeûnait ; et voilà que cette vision lui est accordée, et que ce personnage béni vient se révéler à lui.

Néanmoins, malgré tout l’amour dont il était l’objet, malgré toute sa connaissance des voies de Dieu et la faveur qui lui avait été montrée dans les visions précédentes, Daniel est rendu tout à fait conscient de son entière faiblesse. Toute sa force tomba en poussière en présence du Seigneur de gloire. Ce fait n’a pas pour nous une importance morale petite. Quelle que soit la valeur de ce que peut avoir appris un saint, le passé seul ne nous rend pas capables de comprendre la nouvelle leçon de Dieu. Pour cela Dieu Lui-même est nécessaire — et non pas simplement ce que nous avons appris déjà. C’est là, à mon avis, une vérité importante et très pratique. Nous connaissons tous la tendance des hommes à faire provision pour l’avenir, et je ne nie pas la valeur de la connaissance spirituelle, soit pour aider les autres, soit pour nous rendre capables nous-mêmes d’apprécier les circonstances d’une manière juste et sainte. Mais si le Seigneur révèle quelque chose de nouveau, alors en dépit de tout ce qu’il avait connu auparavant, Daniel est absolument sans force. C’est dans cette dernière vision qu’il est le plus abattu, et qu’il réalise plus que jamais le sentiment du néant de tout ce qu’il y a en lui. Il est rejeté complètement sur Dieu pour pouvoir se tenir debout et entrer dans ce que le Seigneur allait lui faire connaître. On voit la même chose en saint Jean, qui avait reposé dans le sein du Sauveur lorsqu’Il était sur la terre, et qui, de tous les disciples, était le plus entré dans Ses pensées. Que le Seigneur néanmoins se présente devant lui, dans Sa gloire, pour lui révéler Sa pensée touchant l’avenir, et que devient même l’apôtre Jean ? Le Seigneur doit mettre Sa main sur lui, lui ordonnant de ne pas craindre. Il doit l’encourager par ce qu’Il était Lui-même — le vivant qui avait été mort, mais qui était de nouveau vivant, et avait les clés de la mort et du hadès. C’était donc là ce que Jean devait écouter avec la plus parfaite confiance, parce que c’était ce que Christ était. Il n’y avait pas de puissance qui ne dût tomber devant Lui.

Ici Daniel entre dans cela selon sa mesure. Il faut toujours que la mort de la chair soit réalisée avant que nous puissions jouir de la vie de Dieu. Ceci a de l’importance, au point de vue de la pratique. Dans la grâce qui apporte le salut, je ne commence point par apprendre la mort en premier lieu, la vie venant après comme suite de cette première œuvre. La vie en Christ vient à moi dans mon caractère de pécheur, et cette vie manifeste la mort dans laquelle je suis ; s’il me fallait réaliser ma mort pour que cette vie vînt à moi, cela reviendrait évidemment à dire que l’homme se trouve dans sa véritable position, comme préparation pour qu’il soit béni de Dieu. Ce n’est point là la grâce. « Ce qui était dès le commencement… ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché de la Parole de la vie ». En d’autres termes, c’est la personne de Christ Lui-même qui vient et donne la bénédiction. Après quoi l’âme apprend que « Dieu est lumière et qu’il n’y a en lui nulles ténèbres ». Elle apprend que si nous disons que nous avons la lumière — communion avec Celui qui est lumière — et que cependant nous marchions dans les ténèbres, nous mentons et ne pratiquons pas la vérité. Toute la connaissance pratique de ce que Dieu est et de ce que nous sommes, suit la manifestation qui nous été faite de la vie dans la personne de Christ. S’il s’agit de l’ordre selon lequel la bénédiction a lieu quant à un pécheur, c’est la grâce souveraine qui communique la vie dans la personne d’un autre ; mais s’il s’agit de l’ordre selon lequel le progrès s’accomplit chez le croyant, il n’en est point de même. Le croyant avant déjà obtenu la vie, doit mortifier tout ce qui lui appartient simplement selon la nature, afin que cette vie soit manifestée et se fortifie. Ceci est de toute importance pour le saint, comme le reste pour le pécheur. L’homme, dans son état naturel, ne croit pas qu’il est mort, et il travaille à acquérir la vie. Mais il est dépourvu de vie ; il n’en a point. C’est un autre qui, seul, la lui apporte et la lui donne dans une grâce parfaite, ne voyant que du mal en lui, mais venant avec du bien seulement et le lui apportant dans l’amour. Celui-là, c’est Christ. Mais dans le cas du croyant, comme il a déjà trouvé la vie en Christ, il faut qu’il y ait jugement du mal, afin que cette vie nouvelle et divine se développe et s’accroisse. De sorte que, tandis que pour l’un, pour le pécheur, ce qui nous est présenté, c’est la vie faisant ressortir la mort, et rencontrant l’homme dans la mort dont elle le délivre ; pour le croyant, c’est la mortification pratique de tout ce qui existe naturellement en lui. Il faut que la sentence de mort soit réalisée sur tout cela, pour que la vie ne rencontre pas d’obstacle dans sa croissance et sa manifestation.

Daniel fit l’expérience que tel était effectivement le moyen pratique d’entrer dans les merveilles que l’Esprit de Dieu allait placer devant lui, et d’en devenir le témoin convenable. De là vient, que, quelle que pût être la faveur dont il jouissait — et il était « un homme aimé de Dieu », il faut néanmoins que la mort soit réalisée par son âme. « Et quand il m’eut dit cette parole-là, je me tins debout en tremblant. Et il me dit : Ne crains point, Daniel ; car dès le premier jour que tu as appliqué ton cœur à entendre et à t’affliger en la présence de ton Dieu, tes paroles ont été exaucées, et je suis venu à cause de tes paroles ». Il lui est alors donné à entendre comment il se faisait qu’il y avait eu un tel délai : « Mais le chef du royaume de Perse a résisté contre moi vingt et un jours ; mais voici, Micaël, l’un des principaux chefs, est venu pour m’aider, et je suis demeuré là chez les rois de Perse ». Ici, je crois, c’est une autre personne qui parle : ce n’est pas le premier et glorieux personnage que Daniel avait vu, mais quelqu’un, de fait un ange, que celui-là employait comme serviteur. Le chapitre dernier prouvera clairement qu’il y a plus que la personne envoyée ; et il est évident, d’après son langage, que celui qui parle est quelqu’un de dépendant. Daniel est encouragé en apprenant que, dès le premier jour qu’il avait appliqué son cœur à entendre et à s’affliger en la présence de Dieu, ses paroles avaient été exaucées. Il ne reçut pas la réponse le premier jour, ni le second ; ce ne fut qu’après vingt et un jours qu’elle arriva ; et cependant elle avait été envoyée de Dieu dès le premier jour. Naturellement Il aurait pu la donner sur-le-champ. Mais qu’en serait-il résulté ? D’abord, on n’aurait pas compris aussi clairement la lutte terrible qui est constamment engagée entre les instruments de Dieu et les émissaires de Satan ; et ensuite aussi, la foi et la patience n’auraient pas eu leur œuvre parfaite.

Je n’oublie point que le Saint Esprit a été envoyé ici-bas pour demeurer désormais dans le cœur des croyants d’une manière qui n’était pas connue alors. Car quoique l’Esprit de Dieu fût toujours à l’œuvre dans les saints prophètes et dans les saints hommes, cependant le fait de Son habitation permanente ne pouvait point avoir lieu jusqu’à ce que Jésus fût glorifié, et qu’eût été accomplie l’œuvre de la rédemption, en vertu de laquelle le Saint Esprit a été envoyé du ciel pour établir Sa demeure dans le cœur de ceux qui croient, sceau de la bénédiction qui leur appartient en Christ. En sorte que, outre ces soins extérieurs de la providence de Dieu si magnifiquement présentés ici, nous, chrétiens, nous possédons cette bénie personne divine, qui fait de nos corps, par Sa demeure en nous, le temple de Dieu. Mais les luttes extérieures n’en continuent pas moins. Ce qui empêcha Daniel d’avoir la réponse manifeste à ses prières, peut nous empêcher aussi d’avoir la réponse des circonstances. Nous devons toujours compter immédiatement sur la réponse de la foi ; mais pour ce qui en est de la réponse des circonstances, gouvernées de Dieu, de manière à donner une réponse manifeste, il se peut que nous ayons à l’attendre. C’est ce qui arriva à Daniel, et la raison nous en est donnée. Le verset 13 nous apprend que, quoique Dieu ait envoyé la réponse dès le premier jour, le chef du royaume de Perse avait résisté vingt et un jours, juste le temps que Daniel avait passé dans le deuil et le jeûne devant Dieu. « Mais voici, Micaël, l’un des principaux chefs, est venu pour m’aider, et je suis demeuré là chez les rois de Perse ». C’est évidemment un ange qui parle. Ce serait manquer à ce qui est dû au Seigneur que de supposer que c’était Lui qui avait besoin de l’aide d’un de Ses propres anges. Mais il était fait ici mention de Micaël, parce qu’il était bien connu pour être l’archange qui veillait particulièrement à la garde de la nation d’Israël. De sorte que quelque jeu que les gens se fassent de l’intervention et de la garde des anges, l’Écriture n’en est pas moins parfaitement claire sur cette vérité. Sans doute le romanisme, comme nous le savons, en a fait des objets de culte ; mais la vérité elle-même est particulièrement intéressante. La Parole de Dieu démontre que Dieu emploie les anges dans des services particuliers. Au reste, ce n’était pas là une vérité nouvelle. Jude mentionne comme une circonstance bien connue la dispute de Michel l’archange avec le diable, touchant le corps de Moïse. La même vérité apparaît encore en celle-ci : je veux dire la vigilance soigneuse que Micaël exerçait envers le peuple juif. Il savait combien il était enclin à l’idolâtrie, et qu’il voudrait se faire une idole, après sa mort, de l’homme contre lequel il s’était rebellé durant sa vie. C’est pourquoi, Micaël, en tant que l’instrument, de la part de Dieu, de la bénédiction d’Israël, dispute avec Satan, de manière que le corps de Moïse ne fût point trouvé — la Parole de Dieu déclarant que l’Éternel l’avait enseveli quoique Micaël fût l’instrument employé par l’Éternel.

Le passage que nous étudions nous fait voir ce rayon de lumière si intéressant jeté sur les circonstances terrestres. Les puissances de ce monde peuvent gouverner, mais les anges n’ont pas abandonné leurs fonctions. Le diable et ses anges d’un côté, et Michel et les saints anges avec lui, de l’autre, viennent de nouveau sur la scène dans le dernier livre de la Bible. Le fait que Christ est venu et que le Saint Esprit a été donné, ne fait point disparaître celui-là. Au contraire, nous savons qu’il y aura à la fin la lutte la plus terrible entre les saints anges et les anges méchants, lorsque les cieux seront purifiés pour toujours de ces puissances malignes qui les ont souillés si longtemps. Tout cela est d’un haut intérêt, comme faisant voir la parfaite patience de Dieu. Nous savons en effet qu’Il pourrait écraser d’un mot le diable et toute son armée ; mais Il ne le fait pas. Il permet à Satan de s’aventurer dans les cieux inférieurs, et même de les posséder ; et c’est pour cela qu’il est appelé « le prince de la puissance de l’air », comme il est appelé ailleurs « le prince » et « le dieu de ce siècle ». Mais je crois que c’est là seulement qu’il est prince. Il n’est jamais dit dans l’Écriture que Satan soit prince dans l’enfer. C’est, il est vrai, le thème favori des grands poètes, et aussi des petits ; mais l’Écriture ne parle jamais d’une telle chose. Ce qu’elle nous enseigne, c’est que maintenant sa puissance s’exerce réellement dans les cieux ou sur la terre ; mais que, quand il sera brisé, tant dans son usurpation céleste d’abord, que dans sa puissance terrestre ensuite, il sera jeté dans l’enfer, et qu’au lieu d’être roi dans l’enfer, il sera le plus misérable objet de la vengeance de Dieu. Ce qu’il y a de solennel, c’est qu’il règne ici à présent, et que les hommes ne le sentent pas. Son règne le plus triste, le plus fatal, est celui qu’il a acquis et qu’il exerce maintenant, et non celui qu’il possédait auparavant. La mort de Christ, tout en étant le principe sur lequel il perdra plus tard toute sa puissance, a été le moyen, néanmoins, par lequel il est devenu le grand pouvoir usurpateur qui se met en travers de toutes les pensées de Dieu relativement à ce monde. Il y a là pour nous une pensée importante. Si Dieu permet une telle chose — s’Il souffre dans le ciel lui-même, la présence de ce méchant, de l’ennemi de Son Fils — si, après la crucifixion de Christ nous voyons Dieu déployer Sa longanimité la plus grande, au lieu d’avoir été amené par elle à enlever à Satan toute sa puissance, quelle leçon pour nous de ne pas nous inquiéter à l’égard des circonstances ! Aucun homme n’a foulé jamais ces régions inconnues ; personne n’y a été pour nous en parler, excepté la Parole de Dieu qui nous les révèle. Naturellement, nous ne savons pas tout ; mais nous en savons assez pour voir qu’il y a cette redoutable puissance du mal en opposition avec Dieu, et que la puissance de Dieu est toujours et infiniment plus grande que la puissance du mal. Le mal n’est qu’un accident qui est entré dans le monde par la rébellion de la créature contre Dieu. Par ce mot « accident » je veux dire que la créature n’interrompait que pour un temps les desseins de Dieu, tandis qu’au fond, cela ne servait qu’à les manifester avec plus d’éclat. Le plan de Dieu était de bénir le ciel et la terre, et ce plan tiendra. Le mal sera banni de la scène entière des œuvres de Dieu, et les méchants souffriront les terribles conséquences de la réjection qu’ils ont faite du seul bon, et seul bienheureux.

Mais, en même temps que la certitude de tout cela a été révélée à la foi avant que Dieu exécute ce qu’Il a dans Sa pensée, la lutte solennelle qui se livre dans le monde invisible est découverte à nos regards. La foi est mise ainsi à l’épreuve. Daniel avait à continuer d’attendre, de mener deuil, de prier, de répandre tout devant Dieu. Nous voyons en lui la persévérance de la foi — priant sans cesse. Et combien sa foi ne fut-elle pas récompensée ! Car lorsque l’ange vient, il lui révèle ce secret sur l’ordre de l’Être glorieux qui avait apparu d’abord à Daniel. C’était le chef du royaume de Perse qui lui avait résisté vingt et un jours ; mais Micaël était venu à son aide.

Remarquons aussi que le verset suivant renferme une indication importante, relativement aux principaux objets que Dieu a en vue dans cette prophétie. Seulement, les personnes qui ont beaucoup lu savent ce que ce chapitre a souffert de torture par l’introduction des pensées des hommes auxquelles on en demandait l’explication. Naturellement en toute première ligne on y a introduit le pape. Ensuite on n’a pas manqué non plus d’y trouver l’audacieux soldat des premiers jours de ce siècle, Napoléon. En un mot, tout ce qui, dans le monde, a présenté un intérêt extraordinaire, on a tâché de le trouver dans le chapitre 11 de Daniel. Le verset 14 du chapitre 10 fait justice de toutes les idées semblables. « Je suis venu », dit l’ange, « pour te faire entendre ce qui doit arriver à ton peuple aux derniers jours ; car il y a encore une vision pour ces jours-là ». Rien de plus clair que ces paroles. Elles sont mises comme une espèce de frontispice à la prophétie, pour faire voir que le peuple juif constitue la grande pensée de Dieu quant à la terre, et que le sujet principal de cette prophétie est ce qui doit arriver à cette nation dans les derniers jours : la suite de l’histoire nous y est bien présentée presque depuis les jours de Daniel, mais les derniers jours en sont le sujet. En général la prophétie peut bien donner un petit gage à un avenir tout prochain, mais nous n’en voyons jamais toute la portée que dans le dernier jour ; et alors c’est aux Juifs et à leur Messie que se rapportent comme à leur centre terrestre les pensées et le plan de Dieu. Je n’entends point nier que l’Église soit une chose beaucoup plus élevée que les Juifs, ni que les relations de Christ avec l’Église soient plus étroites et plus profondes que Ses relations avec les Juifs. Mais vous ne perdez pas Christ et l’Église en croyant à Ses liens avec Israël. Bien plus, si vous ne croyez pas à ces liens, vous les confondez avec vos propres relations avec Christ, et les uns et les autres sont perdus, au moins pour ce qui est d’une connaissance précise et d’une pleine jouissance. Cela vient de ce qu’on ne considère pas l’Écriture comme un tout. On n’aurait pu tomber dans une pareille erreur, si on avait lu le chapitre 10 comme étant une introduction au chapitre 11. Mais il y en a qui lisent l’Écriture tout à fait comme d’autres la prêchent. On prend quelques paroles, et on en fait le texte d’un discours qui n’a peut-être aucun rapport avec le sujet de ce passage, qui n’en a peut-être aucun avec quelqu’autre passage que ce soit de la Bible. Il est possible que, considérées en elles-mêmes, les pensées que l’on exprimera soient vraies, mais ce dont nous avons besoin, c’est une aide pour comprendre la Parole de Dieu comme faisant un tout, aussi bien que les détails. Si vous preniez une lettre d’un ami et que vous vous attachassiez seulement à une phrase ou une partie de phrase que vous en auriez extraite et séparée du reste, pourriez-vous dire que vous la comprenez ? Et cependant, ce que renferme l’Écriture a une portée infiniment plus grande et se rattache à infiniment plus de choses que tout ce que nous pourrions écrire nous-mêmes ; et, en conséquence, il devrait y avoir des raisons bien plus puissantes de la prendre dans sa portée et ses relations réelles, qu’il n’y en a d’agir de la sorte pour les petites productions de notre esprit. Voilà la clé des erreurs que commettent dans l’explication de l’Écriture bien des personnes estimables : il se peut qu’elles soient aussi dans la foi, mais pourtant il leur est difficile de s’élever au-dessus de leurs habitudes ordinaires. La prophétie qui nous occupe fait ressortir l’importance du principe sur lequel je viens d’insister. Prenez les livres ordinaires qui ont été écrits sur elle, n’importe quand, où, et par quels auteurs, et vous verrez qu’ils s’efforcent surtout de la rapporter à leur époque comme à son point central. Nous trouvons ici même la réponse à toutes ces vues erronées. Ce n’est ni Rome, ni la papauté, ni Napoléon, qui constitue le sujet de la prophétie, mais bien « ce qui doit arriver à ton peuple (le peuple de Daniel, les Juifs), aux derniers jours ».

Nous trouvons donc Daniel exprimant, avec humilité de cœur, son incapacité pour recevoir de telles communications. D’abord, quelqu’un ayant la ressemblance d’un homme touche ses lèvres et il est instruit à parler au Seigneur. Il confesse sa faiblesse, et déclare qu’il n’a conservé aucune vigueur. Mais « Celui qui ressemblait à un homme me toucha de nouveau, et me fortifia et me dit : Ne crains point, homme qui es reçu en grâce ! Paix soit avec toi, fortifie-toi, fortifie-toi, dis-je ». Les hommes sont absolument incapables de profiter de la prophétie, jusqu’à ce qu’ils soient complètement établis dans la paix, jusqu’à ce que leurs cœurs connaissent la véritable source de la force. Nous voyons ici qu’il faut que Daniel soit mis sur ses pieds, que sa bouche soit ouverte, que ses craintes soient dissipées, avant que l’Éternel puisse lui dévoiler l’avenir ; il faut que son cœur soit en parfaite paix dans la force de l’Éternel et dans la présence de son Dieu. Le trouble de l’esprit, le manque d’une paix bien établie, sont pour beaucoup plus qu’on ne le pense dans le peu de progrès que l’on fait dans l’intelligence de plusieurs portions de la Parole de Dieu. Il ne suffit pas d’avoir la vie et l’Esprit de Dieu, mais il faut que la chair soit brisée et qu’on se repose simplement, paisiblement, dans le Seigneur. Daniel a à passer à travers toute cette scène, pour devenir propre à ce qu’il doit apprendre ; et dans notre mesure il en est de même de nous. Il faut que nous réalisions cette même paix et cette même force dans le Seigneur. Si la venue du Seigneur est un sujet de terreur pour moi parce que je ne suis pas sûr de la position que j’aurai devant Lui, comment puis-je sincèrement me réjouir qu’elle soit si proche ? Il y aura dans mon esprit un obstacle à ce que j’arrive à comprendre clairement la pensée de Dieu sur ce sujet. Et ce défaut d’aptitude ne tient point à ce que l’on manque de connaissance, mais au fait que l’on n’est pas entièrement établi dans la grâce, que l’on ignore ce que nous sommes en Christ Jésus. N’importe quelles autres choses il peut y avoir, rien ne suppléera à cette triste lacune. Je parle de ceux qui sont vraiment chrétiens, car quant aux simples savants qui se mêlent de ces matières, c’est aussi complètement en dehors de leur sphère, qu’il le serait pour un cheval de prétendre juger du mécanisme d’une montre. « L’homme animal ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu… et il ne peut les connaître, parce qu’elles se discernent spirituellement » : ce n’est qu’un scribe de ce siècle qui se mêle de ce qui appartient à un autre monde.

Maintenant nous trouvons un tableau rapide de ce qui devait arriver à Israël aux derniers jours. Le personnage qui parle est le même ici qu’au chapitre 10. « Or, en la première année de Darius le Mède, j’assistais pour l’affermir et le fortifier. Et maintenant aussi je te faire savoir la vérité : Voici, il y aura encore trois rois en Perse ». C’est la succession des monarques persans depuis Cyrus qui nous est donnée là. L’Écriture nous enseigne qui ils sont, quoique leurs noms ne soient pas mentionnés ici. Je voudrais vous renvoyer à Esdras 4, où vous verrez qu’il est fait mention de ces mêmes trois rois. En Esdras 4, l’occasion de les nommer vint des efforts que firent les ennemis d’Israël pour arrêter la construction du temple : « Et même ils avaient à leurs gages des gens qui leur donnaient conseil, afin de dissiper leur dessein pendant tout le temps du règne de Cyrus, roi de Perse, jusqu’au règne de Darius, roi de Perse ». Or, pour comprendre ce chapitre, il faut vous souvenir que depuis le verset sixième jusqu’à la fin du verset 23, c’est une parenthèse. Le commencement et la fin du chapitre sont relatifs aux événements qui se passèrent sous le règne de Darius. Mais l’Esprit de Dieu revient en arrière, pour faire voir que ces ennemis d’Israël avaient été à l’œuvre depuis les jours de Cyrus jusqu’à ceux de Darius. Par conséquent, dans la parenthèse formée des versets 6-23 inclusivement, vous avez les divers monarques qui s’étaient succédés les uns aux autres entre Cyrus et Darius, et sur l’esprit desquels les adversaires s’étaient efforcés d’agir. « Pendant le règne d’Assuérus », c’est-à-dire le successeur de Cyrus, appelé Cambyse dans l’histoire profane, « au commencement de son règne, ils écrivirent une accusation calomnieuse contre les habitants de Juda et de Jérusalem ». Puis vient le nom de l’autre roi : « Et du temps d’Artaxerxès, Bishlam, Mithredath, Tabeël, écrivirent, etc. ». C’est un personnage différent de l’Artaxerxès mentionné dans Néhémie et qui vivait à une époque plus récente. Celui-ci porte dans l’histoire profane le nom de Smerdis le Mage ; il acquit, pour un certain temps, la couronne par de mauvais moyens, et prêta l’oreille aux accusations portées contre les Juifs. Cet usurpateur fut mis à mort au moyen d’une conspiration, à la tête de laquelle se trouvait Darius, non pas le Mède, de Daniel, mais le Perse, dont parle le livre d’Esdras, et dont le nom historique est Darius fils d’Histaspe. Il suit immédiatement les deux qui précèdent, en sorte que ces trois rois mentionnés en Esdras 4 répondent parfaitement aux trois de Daniel 11, 2. C’est ainsi qu’une partie de l’Écriture jette de la lumière sur une autre, sans qu’il soit du tout nécessaire de recourir au territoire de l’homme.

« Voici, il y aura encore trois rois en Perse » : ce sont ceux qui succédèrent à Cyrus et qui sont nommés dans l’Écriture, comme nous l’avons vu : Assuérus, Artaxerxès et Darius, et dans l’histoire profane, Cambyse, Smerdis le Mage et Darius fils d’Histaspe. « Puis, le quatrième possédera de grandes richesses par-dessus tous ; et s’étant fortifié par ses richesses, il soulèvera tout le monde contre le royaume de Javan ». Il s’agit là du célèbre Xerxès, qui souleva tout le monde contre la Grèce. Ceci confirme une idée émise à l’occasion d’une vision précédente, que c’était en représailles de l’attaque des Perses contre la Grèce, que le bouc venait contre la Perse avec une telle fureur. Xerxès fut l’auteur de cette grande entreprise. La réputation de ses richesses est proverbiale, et nul événement ne fit alors sur le monde une aussi profonde impression que cette expédition contre la Grèce, et les conséquences qu’elle eut. Ensuite au verset 3, la Perse, le bélier du chapitre 8, est laissée là, et nous avons le bouc de ce même chapitre ou plutôt sa corne. « Et un roi puissant se lèvera, et dominera avec une grande puissance et fera selon sa volonté ». C’est là Alexandre. « Et sitôt qu’il sera en état, son royaume sera brisé et partagé vers les quatre vents des cieux ». Cela fut accompli réellement à sa mort : l’empire grec fut subdivisé alors en plusieurs fragments. « Et ne sera point pour sa race, ni selon la domination avec laquelle il aura dominé : car son royaume sera extirpé et sera donné à d’autres outre ceux-là ». Il ne devait pas y avoir seulement un chef se débarrassant de la famille d’Alexandre et prenant possession de son royaume. Ce royaume devait être divisé en un certain nombre de parties, plus particulièrement en quatre, et de ces quatre divisions deux devaient acquérir une importance immense. Mais qu’est-ce qui constitue ici leur principale importance ? Lorsque Dieu parle des choses qui ont lieu sur la terre, c’est toujours d’après Israël qu’Il les mesure, parce que Israël est le centre des voies de Dieu relativement à la terre.

De là vient que ce sont les puissances qui ont à faire avec Israël, qui ont de l’importance aux yeux de Dieu : et telle est la raison pour laquelle il n’est rien dit des autres royaumes, et qu’il n’est parlé que de celui du Nord et de celui du Midi. Mais pourquoi sont-ils désignés de cette manière ? La Palestine est le lieu dont Dieu tient compte. L’expression roi du Nord désigne le nord du pays sur lequel sont arrêtés les regards de Dieu, et la puissance du Sud désigne le sud du même pays. On nomme communément ces contrées la Syrie et l’Égypte. C’est à ces deux divisions de l’empire d’Alexandre que tout le chapitre se rapporte, les autres étant laissées de côté. La prophétie ne prend connaissance que de celles qui eurent à faire avec Israël. Il nous est dit maintenant que « le roi du midi sera fort puissant ». — C’est le personnage bien connu comme un des Ptolémées ou Lagides — « et un de ses chefs » (vers. angl.) ; c’est-à-dire, un des généraux d’Alexandre. « Mais un des principaux chefs sera plus puissant que lui, et dominera, et sa domination sera une grande domination ». Celui-ci est une autre personne, le premier roi du Nord qui s’élève en force au-dessus de Ptolémée. L’histoire profane le nomme Séleucus. Il est souvent question dans les Macchabées des descendants de ces deux rois et de leurs querelles, et on y trouve des récits détaillés des transactions prédites dans ce chapitre ; mais les quelques paroles de Dieu nous en disent infiniment plus et mieux là-dessus que les longs récits de l’homme.

Mais voyons un peu quelques-uns de ces événements. « Et au bout de certaines années ils (les rois du Nord et du Midi) s’allieront. Et la fille du roi du midi viendra vers le roi de l’aquilon pour redresser les affaires ». Une remarque avant d’aller plus loin : ce n’est pas le même roi du Nord, ni le même roi du Midi que nous rencontrons dans tout le cours de ce chapitre, mais c’est un grand nombre de rois différents. C’est toujours le même titre officiel qui continue, ainsi qu’on s’exprime en langage de droit : Le roi, ou la reine, ne meurt jamais. C’est précisément de cette manière que nous devons voir la chose ici. Ce verset 6 en est un exemple. « Et au bout de certaines années ils s’allieront ». Il ne s’agit pas des mêmes rois du Nord et du Midi que dans le verset 5, mais de leurs descendants. « Au bout de certaines années, ils s’allieront : car la fille du roi du midi viendra vers le roi de l’aquilon pour redresser les affaires ». Ils ne font pas seulement une alliance, mais un mariage entre leurs familles. « Mais elle ne retiendra point la force du bras ». La tentative d’établir une entente cordiale entre la Syrie et l’Égypte, au moyen d’un mariage, manquerait complètement. Il va sans dire que l’histoire a parfaitement vérifié cela. Il y a eu un tel mariage, et le roi du Nord se débarrassa de sa première femme afin d’épouser la fille du roi du Midi. Mais les affaires n’en devinrent que pires. Ils avaient espéré terminer par ce moyen leurs sanglantes guerres, mais en réalité il ne fut entre eux que le principe d’une inimitié incomparablement plus profonde. Selon ce que nous lisons ici : « Mais elle ne retiendra point la force du bras, et ni elle, ni son bras ne subsisteront point, mais elle sera livrée, et ceux aussi qui l’auront amenée, et celui qui sera né d’elle et qui la fortifiait en ces temps-là. Mais le soutien du royaume du midi s’élèvera d’un rejeton des racines d’elle, et viendra à l’armée et entrera dans les forteresses du roi de l’aquilon, et y fera de grands exploits, et se fortifiera ». Ce n’était pas sa semence, mais son frère, de la même lignée qu’elle. Elle était une branche, et lui une autre. Le frère de cette Bérénice, fille du roi d’Égypte, vient pour venger le meurtre de sa sœur, et a le dessus sur le roi du Nord. Ce qui suit confirme l’explication que nous avons donnée de ce qu’il faut entendre par le royaume du Midi. « Et même il emmènera captifs en Égypte leurs dieux avec les vaisseaux de leurs aspersions et avec leurs vaisseaux précieux d’argent et d’or ; et il subsistera quelques années de plus que le roi de l’aquilon ». « Et le roi du midi entrera dans son royaume ; mais il s’en retournera en son pays ». L’Égypte triomphe un certain temps, mais la fortune devait bientôt changer. « Mais les fils de celui-là entreront en guerre, et assembleront une multitude de grandes armées. Puis l’un d’eux viendra certainement (l’autre a disparu) et se répandra, et passera ; il retournera, dis-je, et s’avancera en bataille jusqu’à la forteresse du roi du midi. Et le roi du midi sera irrité ». Vient maintenant une autre guerre d’une date postérieure : quand le roi du Midi rend le coup du roi du Nord. « Le roi du midi sortira et combattra contre lui : savoir, contre le roi de l’aquilon ; et il assemblera une grande multitude, et cette multitude sera livrée entre les mains du roi du midi ». L’Esprit de Dieu se réfère là à plusieurs faits remarquables. Les deux principaux acteurs sont les rois de Syrie et d’Égypte. Mais il y a le pays qui se trouve entre eux, une espèce de pierre pesante pour ces rois qui en font leur champ de bataille, qui appartenait toujours au vainqueur. Si le roi du Nord était victorieux, la Palestine était soumise à la Syrie, et il en était de même si le roi d’Égypte l’emportait. Mais Dieu ne laissait jamais en repos ceux qui s’emparaient de Sa terre. Des mariages et des alliances pouvaient intervenir entre eux, mais cela ne servait que de prélude à des explosions plus graves : les frères, les fils, les petits-fils, reprenant les querelles de leurs parents. « L’Écriture ne peut être anéantie ». Tout était là clairement exposé d’avance.

« Et après avoir défait cette multitude, il élèvera son cœur et abattra des gens à milliers ; mais il ne sera pas fortifié ». Puis nous voyons que le roi du Nord « reviendra et assemblera une plus grande multitude que la première ; et au bout de quelque temps, savoir de quelques années, il viendra certainement avec une grande armée et un grand appareil. Et en ce temps-là, plusieurs s’élèveront contre le roi du midi ; et les hommes violents de ton peuple s’élèveront afin de confirmer la vision ». Laissez-moi attirer l’attention sur ces paroles. Elles répondent tout d’abord à cette question qu’on pouvait me faire : Comment savez-vous que le peuple de Daniel ne signifie point le peuple de Dieu dans un sens spirituel ? La réponse se trouve dans ces mots : « les violents de ton peuple ». Cela ôte tout prétexte à l’allégation d’un sens spirituel ; car dans ce cas, il serait difficile de parler d’hommes violents (vers. angl., voleurs) et confirme le fait, qui ne doit pas avoir besoin d’autres preuves, que, par le peuple de Dieu, c’est le peuple juif qu’il faut entendre et rien d’autre. Nous apprenons ici que quelques-uns d’entre les Juifs sont en relation avec un de ces rois du Nord qui font la guerre. Ils sont appelés « les violents de ton peuple », et prennent le parti d’Antiochus, le roi de l’Aquilon, contre Ptolémée Philopator, ou plutôt son fils ; mais ils sont tous anéantis. Le monarque syrien pouvait nourrir l’espoir que par l’introduction de ce nouvel élément, par suite du fait qu’il gagnait l’appui des Juifs, Dieu serait peut-être avec lui. Mais non. Ils étaient les voleurs du peuple — infidèles à Dieu et ne tenant point ferme leur séparation d’avec les Gentils. Il se peut qu’eux aussi pensent confirmer la vision, « mais ils tomberont ».

« Et le roi de l’aquilon viendra et fera des terrasses et prendra les villes fortes ; et les bras du midi, ni son peuple d’élite ne pourront point résister, car il n’y aura point de force pour résister. Et celui (vers. angl.) qui sera venu contre lui fera selon sa volonté (c’est-à-dire le roi du Nord), et il n’y aura personne qui tienne ferme devant lui ; et il s’arrêtera au pays de noblesse ; et il y aura consomption par sa force ». Une autre chose remarquable qui nous est présentée là, c’est de voir comme l’Esprit de Dieu tient encore à l’importance de cette petite bande de terre — le territoire de la Palestine. C’était le don de Dieu au peuple de Dieu. Quelque déplorable que soit sa condition, c’est encore le pays glorieux. Dieu ne se repent pas de Ses desseins. « Il élira encore Israël, et les rétablira dans leur terre ». Et si, lorsqu’il est question des desseins terrestres de Dieu, Il tient à eux de cette manière en dépit de tous les obstacles, que ne fera-t-Il pas pour Son peuple céleste ? Qui pourrait douter qu’Il le conduise à la gloire du ciel ?

« Puis il tournera sa face pour entrer par force dans le royaume de celui-là, et ses affaires iront bien, et il fera de grands exploits, et il lui donnera une fille de femmes, pour ruiner le royaume ; mais cela ne tiendra point, et elle ne sera point pour lui ». C’est là une autre tentative de mariage ; seulement c’est l’inverse de la première fois. Maintenant ce n’est pas la fille du roi du Midi qui vient vers le roi du Nord, mais c’est le roi du Nord qui donne sa fille Cléopâtre au roi du Midi, dans l’espérance qu’elle maintiendra l’influence de la Syrie à la cour d’Égypte. C’est ce que signifient les paroles « pour ruiner le royaume » (ou selon la vers. angl. « la corrompant »), parce que c’était évidemment contraire à l’essence même du lien du mariage : c’était une tentative de son père pour la faire servir à ses desseins politiques. « Mais cela ne tiendra point, et ne sera point pour lui ». Tous les mobiles, tous les prétextes — les plus intimes secrets de leurs cœurs, sont manifestés ici. Il y a une autre honte, qui n’est pas connue de Dieu seulement, mais qui est révélée à Ses serviteurs.

« Puis il tournera sa face vers les îles, et en prendra plusieurs. Mais un capitaine l’obligera de cesser l’opprobre qu’il faisait, et outre cela, il fera retomber sur lui son opprobre ». C’est-à-dire qu’Antiochus intervient dans les affaires de la Grèce, et prend plusieurs îles ; mais cet autre capitaine, pour faire cesser l’opprobre, prend sur lui la lutte contre le roi du Nord. Nous avons ici l’arrivée en scène d’une nouvelle puissance — la première allusion aux Romains. Ce capitaine qui vient contre le roi du Nord pour faire cesser l’opprobre, désigne un consul romain. Il ne lui permet pas de toucher la Grèce. Ce fut un des Scipions qui intervint ainsi. « Puis il tournera visage vers les forteresses de son pays, il heurtera, il sera renversé, et il ne sera plus trouvé ». Il est obligé de retourner en Syrie, mais il heurtera et sera renversé.

« Et un autre sera établi en sa place, qui lèvera des taxes dans la majesté royale » (vers. angl.). Les Romains, qui avaient défait le père, obligèrent le fils à payer un lourd tribut annuel. C’est tout ce que fit le pauvre homme durant sa vie. « Et en sa place il en sera établi un autre qui lèvera des taxes… et il sera détruit dans peu de jours, mais non dans une rencontre, ni dans une bataille ». Il fut tué par un de ses propres fils. « Et en sa place il en sera établi un autre qui sera méprisé, auquel on ne donnera point l’honneur royal ; mais il viendra en paix, et il occupera le royaume par des flatteries. Et les bras des grandes eaux seront engloutis par un déluge devant lui, et seront rompus ; et il sera le chef d’un accord. Mais après les accords faits avec lui, il usera de tromperie, et il montera, et se renforcera avec peu de gens. » C’est ici l’homme qui typifie le dernier roi du Nord, appelé dans l’histoire profane Antiochus Épiphane, d’un caractère moral abominable, mais très connu par ses rapports avec les Juifs, d’abord marqués par la flatterie et la corruption, et plus tard par la violence. C’est sur lui que l’Esprit de Dieu s’arrête le plus, parce qu’il se mêla le plus des affaires d’Israël, du pays de noblesse et du sanctuaire ; ce fut lui qui introduisit par la force l’idolâtrie dans le temple lui-même, en établissant même dans le saint des saints une statue qu’on devait adorer. Voilà ce qui lui donne de l’importance. Autrement il fut un homme peu connu, sauf pour son audacieuse méchanceté. Rien de plus simple : son histoire ne consiste qu’en intrigues, premièrement contre le roi du Nord, et ensuite contre les Juifs ; et en diverses expéditions dans quelques-unes desquelles il eut du succès au commencement, mais dans la suite fut complètement défait. « Il entrera dans les lieux gras d’une province alors paisible, et il fera des choses que ses pères, ni les pères de ses pères n’ont point faites… Puis il réveillera sa puissance et son cœur contre le roi du midi avec une grande armée, et le roi du midi s’avancera en bataille, avec une très grande et très forte armée, mais il ne subsistera point ». Ces rois tâchent de former des desseins l’un contre l’autre ; mais tout est renversé. « Et le cœur de ces deux rois sera adonné à s’entre-nuire, et ils parleront en une même table avec tromperie, ce qui ne tournera point à bien ; car il y aura encore une fin, un temps ordonné. Après quoi il s’en retournera en son pays avec de grandes richesses, et son cœur sera contre la sainte alliance, et il fera de grands exploits, puis il retournera en son pays (c’est-à-dire, dans le Nord). Ensuite il retournera au temps préfixé, et il viendra contre le Midi ; mais cette dernière expédition ne sera pas comme la précédente ». Suivent alors d’autres détails. « Car les navires de Kittim viendront contre lui ». Ce sont ces infatigables Romains qui interviennent encore. Ils avaient arrêté son père quand il avait attaqué la Grèce ; et maintenant que le fils avait mis la main sur la gorge de sa proie, voilà que le consul romain arrivait et lui défendait aussitôt de rien faire de plus. Ainsi que chacun le sait, comme l’artificieux monarque cherchait à gagner du temps pour échapper, le consul traça un cercle autour de lui, et exigea, avant de l’en laisser sortir, une réponse aux demandes de Rome. Le roi fut obligé de la donner, et ce fut le coup de mort de toute sa politique. Il retourna dans ses états comme un misérable défait, le cœur tout furieux, quoique gardant, en présence des Romains, une humble apparence. Il s’en va donc pour répandre sur les Juifs toute la colère de son cœur, conformément à ces paroles : « ce dont il sera contristé, et il s’en retournera, et il sera irrité contre la sainte alliance, et fera de grands exploits, et retournera, et s’entendra avec les apostats de la sainte alliance ». Tout pauvres que fussent les Juifs, ils étaient les seuls témoins qu’il y eût pour Dieu sur la terre, et ce roi se hâte de répandre sa fureur sur tout ce qui, parmi eux, rendait témoignage à Dieu. C’est ce qui causa sa ruine et amena sur lui la vengeance de Dieu. « Il retournera et s’entendra avec les apostats de la sainte alliance. Et les forces seront de son côté, et on souillera le sanctuaire qui est la forteresse, et on ôtera le sacrifice continuel, et on y mettra l’abomination qui causera la désolation ». Il abolira le service juif, et établira une idole, « l’abomination qui cause la désolation », dans le temple de Jérusalem.

C’est une erreur de supposer que cela est relatif aux derniers jours. C’est seulement un type de ce qui aura lieu alors. La dernière partie du chapitre et le chapitre suivant traitent du dernier jour dans le sens véritable du mot. Mais nous avons ici le point de transition de ce qui est passé à ce qui est à venir. Nous descendons par un ordre historique régulier jusqu’à Antiochus Épiphane, et là nous trouvons une grande lacune. L’Écriture elle-même le donne à entendre. Mais Antiochus fit sur une petite échelle ce que fera sur une plus grande le grand dernier roi du Nord du dernier jour. Il est dit, verset 35 : « …savoir au temps de la fin, car cela est encore pour un temps déterminé » (vers. angl.). Dieu s’arrête là, comme s’Il disait : Je suis arrivé à l’homme qui vous montre en type ce qui vous arrivera aux derniers jours ; et c’est la raison pour laquelle Il appuie si fortement sur ce roi, en leur exposant l’extrême méchanceté de son cœur et de sa conduite. L’Esprit interrompt alors le cours de l’histoire, et arrive immédiatement à la dernière scène.

Mais nous devons réserver ceci pour une autre étude. Ce que nous venons de voir, prouve que quelque générale que soit ailleurs l’esquisse des événements, Dieu peut donner et donne quelquefois, dans une prophétie, des détails singulièrement minutieux, et qu’Il ne le fait nulle part autant que dans ce même chapitre. Et quelle est la grande objection que les incrédules soulèvent contre lui ? Qu’il doit avoir été écrit après que les événements eurent eu lieu ! Il est sûr qu’il n’y a pas d’historien qui nous donne sur ces temps un admirable récit tel que celui que nous avons dans ces quelques versets. Si j’ai besoin de connaître l’histoire de ces deux monarchies en lutte, la Syrie et l’Égypte, il faut que je m’adresse à Daniel. Combien nous pouvons nous confier entièrement pour toute chose à la Parole de Dieu ! Il se peut que c’est une exception à Sa règle générale, quand Il donne tant de détails sur les rois du Nord et du Midi ; mais Il agit ainsi quelquefois. La grande chose qui fait l’objet de Ses soins, ce sont les âmes de ceux qui Lui appartiennent. Puissent nos cœurs répondre à l’intérêt qu’Il nous porte !


Chapitre 11, 36-45

À partir du verset vingt et unième, c’est l’histoire du roi du Nord, connu sous le nom d’Antiochus Épiphane, que ce chapitre nous a présentée. L’Esprit de Dieu est entré à son sujet dans beaucoup plus de détails, parce que ce roi, particulièrement sur la fin de son règne, s’étant mêlé des affaires des Juifs, de leur ville et de leur sanctuaire, sa conduite donnait lieu à voir en lui un type du dernier roi du Nord, qui suivra les errements de ses prédécesseurs, sauf que son crime sera incomparablement plus grand aux yeux de Dieu — si flagrant même, que son jugement ne peut plus tarder. Ceci explique une circonstance qui a souvent embarrassé les personnes occupées de l’étude de la prophétie de Daniel. Il est question, dans l’histoire prophétique d’Antiochus, d’une abomination de désolation (11, 31) ; et on a supposé généralement que c’est à ce passage que notre Seigneur fait allusion en Matthieu 24, 15. Ceux qui placent dans l’avenir l’accomplissement de cette abomination ont cherché à le concilier avec les faits, en supposant que dans l’histoire d’Antiochus, l’Esprit de Dieu avait fait, par anticipation, comme une enjambée sur l’histoire du personnage à venir que ce roi représentait. Mais à mon avis il n’est point nécessaire que quelque chose d’aussi peu naturel ait eu lieu. Antiochus Épiphane n’était qu’un type, et le verset 31 ne va point au-delà de son histoire, sauf en tant que figure d’un événement futur.

En d’autres termes, jusqu’à la fin du verset 31, tout est strictement historique — naturellement type de l’avenir, mais rien de plus. Et en conséquence la réponse à la difficulté que quelques-uns trouvent, dans la citation que notre Seigneur fait d’après leur supposition de Daniel 11, 31, est réellement aussi claire que possible. Il ne cite point ce verset-là. Le passage auquel Il fait allusion est dans le chapitre 12. Au chapitre 12, 11, vous trouverez une expression pareille à celle que nous avons ici : « Or, depuis le temps que le sacrifice continuel aura été ôté, et qu’on aura mis l’abomination qui cause la désolation, il y aura mille deux cent quatre-vingt-dix jours ». Nous avons là une date précise qui rattache cette dernière érection de l’idole qui amène la désolation, avec la délivrance prédite par notre Seigneur en Matthieu 24 ; et précisément l’épreuve la plus terrible de Jacob est ce qui précède sa délivrance. Il y a plus d’une raison pour croire que c’est effectivement ce passage de Daniel 12 que cite notre Seigneur ; et quelques-unes tiennent à des considérations qui sont plus du ressort de l’étude que de celui du ministère public de la Parole. Mais en résumé, les expressions que le Saint Esprit emploie au chapitre 11, 31 et au chapitre 12, 11, sont différentes. Au chapitre 11, 31, les termes signifient l’abomination de celui qui désole, ou du désolateur : tandis qu’au chapitre 12, 11, la véritable signification est celle qui est donnée par les paroles de notre Seigneur — non pas l’abomination de celui qui rend désolé, mais « l’abomination de la désolation ». Ce sont donc deux phrases distinctes. Quoiqu’il y ait entre elles de la ressemblance, il y a aussi de la différence ; et cette différence suffit pour faire voir que notre Seigneur ne parlait pas de l’abomination érigée par Autiochus, mais de celle dont fait mention le chapitre 12. Il n’y a donc pas réellement de difficulté à lever ; parce que la désolation dont il s’agit dans le chapitre 11 est passée, et que celle (chapitre 12) sur laquelle notre Seigneur attire l’attention, est une désolation à venir.

D’autres considérations encore prouvent que la chose est ainsi. Les versets qui suivent, par exemple, nous présentent un état de choses différent de celui qui existera lors de la future tribulation d’Israël. « Et il fera pécher par flatteries ceux qui se porteront méchamment dans l’alliance ; mais le peuple de ceux qui connaîtront leur Dieu, se fortifiera et fera de grands exploits ». Or, nous voyons d’après l’Apocalypse et d’autres parties de l’Écriture qui traitent de l’avenir d’Israël, que le résidu fidèle peut difficilement être dit faire de grands exploits. Il aura à souffrir ; mais je ne pense point que des actes de puissance caractérisent de cette manière les personnes bénies, appelées à passer par la crise terrible de l’avenir. Aux jours d’Antiochus, il ne s’agissait pas tant de souffrir que « de se fortifier et de faire de grands exploits » ; — précisément ce qui fut vrai des Macchabées et d’autres qui, incontestablement, furent moins une troupe de martyrs qu’un corps d’hommes qui excitèrent le courage d’Israël et résistèrent au cruel et profane fléau de cette époque. Puis, voici d’autres paroles : « Et les plus intelligents d’entre le peuple donneront instruction à plusieurs ; et il y en aura qui tomberont par l’épée et par la flamme, ou qui seront en captivité et en proie durant plusieurs jours ». Une longue période, remarquez-le, de souffrance et de trouble succède à l’explosion de courage et de vaillance qui a eu lieu contre le désolateur, et cela continue encore dans d’autres versets. « Et lorsqu’ils tomberont ainsi, ils seront un peu secourus ; mais plusieurs se joindront à eux sous un beau semblant, et quelques-uns de ces plus intelligents tomberont, afin qu’il y en ait d’entre eux qui soient rendus éprouvés, qui soient épurés, et qui soient blanchis, jusqu’au temps de la fin ; car cela est pour un temps déterminé », paroles qui montrent clairement que ces choses se passent avant le temps de la fin. L’Esprit de Dieu signale là des événements qui ont été déjà accomplis ; et ensuite nous trouvons le tableau de la désolation terrible qui va, comme il vient de nous être dit, « jusqu’au temps de la fin ». J’en conclus que l’Esprit de Dieu fait ressortir la désolation qui tomba alors sur Israël, et la souillure du sanctuaire, dont se rendirent coupables Antiochus ou ses généraux. Tout cela rappelait vivement les scènes des derniers jours ; mais en même temps, il y était ajouté certaines autres circonstances qu’on ne devait pas attendre pour ces jours-là. En d’autres termes, nous arrivons ici à ce que l’on peut appeler la longue et lugubre lacune qui sépare l’histoire passée d’Israël et ses luttes dans son pays contre les attaques des peuples voisins, de la grande crise des derniers jours. C’est le point où l’interruption a réellement lieu. Certains désastres devaient continuer « jusqu’au temps de la fin ; car cela est encore pour un temps déterminé ». Il n’y a pas dans le chapitre de point où l’interruption de l’histoire puisse se placer aussi convenablement qu’à la suite du verset 35.

Mais maintenant, au verset 36, nous trouvons tout à coup un personnage brusquement introduit sur la scène. Il ne nous est pas dit qui il est, ni d’où il est venu ; mais le caractère qui lui est attribué, la scène qu’il occupe, l’histoire que l’Esprit de Dieu raconte en rapport avec lui, tout annonce, avec trop de clarté, que c’est le roi terrible qui s’établira dans le pays d’Israël, en opposition personnelle avec le Messie d’Israël, le Seigneur Jésus. C’est de lui que notre Seigneur parlait aux Juifs, quand Il leur disait, que s’ils Le rejetaient, Lui qui était venu au nom de Son Père, ils en recevraient un autre qui viendrait en son propre nom. Et ce n’est pas non plus le seul passage de l’Écriture où ce même faux Christ, ou plutôt cet Antichrist (car il y a une différence entre ces termes) soit désigné comme « le roi ». Non seulement il lui est fait allusion plusieurs fois sous d’autres épithètes, mais dans la première grande prophétie de l’Écriture, celle d’Ésaïe, il est introduit d’une manière aussi brusque. Ésaïe 30 parle d’un ennemi d’Israël appelé l’Assyrien. Sans doute, si nos regards se portent dans le passé, Sankhérib était en ce temps-là le chef des ennemis des Juifs. Mais il ne fait que fournir à l’Esprit de Dieu l’occasion de révéler le futur et dernier adversaire d’Israël. C’est sa chute qui nous est présentée ici. « Car l’Assyrien, qui frappait du bâton, sera effrayé par la voix de l’Éternel. Et partout où passera le bâton enfoncé dont l’Éternel l’aura assené, et par lequel il aura combattu dans les batailles à bras élevé, on y entendra des tambours et des harpes ». À la suite de cette victoire il y aura grande joie pour Israël, au lieu du cortège de maux que la plupart des victoires amènent avec elles, celle-là sera suivie d’une véritable joie devant le Seigneur. « On y entendra des tambours et des harpes ». Il y aura pour l’ennemi une misère d’une proportion analogue. Quelquefois, cependant, il tombe sur l’orgueilleux ennemi une misère plus terrible que la destruction temporelle, et qui est sans fin ; « car Topheth est déjà préparée, et même elle est apprêtée pour le roi. Il l’a faite profonde et large ; son bûcher, c’est du feu et force bois, le souffle de l’Éternel l’allumant comme un torrent de souffre ». Cette manière de traduire peut laisser quelque obscurité dans l’esprit, et faire supposer que l’Assyrien et « le roi » étaient la même personne. Voici la vraie manière de rendre l’original : « Elle est préparée aussi pour le roi » — c’est-à-dire, Topheth est préparée pour l’Assyrien, mais de plus, pour le roi aussi ; précisément, comme dans notre passage de Daniel, nous trouvons l’Assyrien, ou le roi du Nord d’un côté, et « le roi » de l’autre. La même fin terrible les attend tous les deux. Mais je n’y fais allusion maintenant que pour faire voir que l’expression « le roi » n’est pas sans précédent dans l’Écriture, et qu’elle s’applique à un personnage bien connu, que la prophétie enseignait les Juifs à attendre. Par une juste rétribution de la réjection qu’ils avaient faite du vrai Christ, Dieu les livrerait à l’esprit d’aveuglement qui leur ferait recevoir l’Antichrist. C’est là « le roi ». Il s’arrogerait les droits royaux du roi véritable, de l’Oint de Dieu. Topheth était apprêtée pour le roi du Nord, et aussi pour « le roi ».

Mais il y a encore d’autres passages. En Ésaïe 57, il nous est présenté d’une manière aussi soudaine. Le chapitre 55 décrit les qualités morales que Dieu produira dans Son peuple. Puis, le chapitre 57 nous montre l’état d’iniquité terrible dans lequel se trouvera alors Israël. Mais en ce jour-là, Dieu ne voudra plus supporter autre chose que la réalité, et c’en sera fini des formes de la piété, servant de voile à l’impureté et à l’impiété. C’est là que « le roi » nous est soudainement présenté (v. 9). « Tu as voyagé vers le roi avec des onguents précieux, et tu as ajouté parfums sur parfums ; tu as envoyé tes ambassades bien loin, et tu t’es abaissée jusqu’aux enfers ». Avoir à faire avec lui, c’était s’abaisser jusqu’aux enfers. Rien d’étonnant que Topheth fut apprêtée « aussi pour le roi ». Tout cela prouve que dès le commencement, il y avait devant l’esprit d’Israël un être à l’égard duquel l’Esprit de Dieu lui enseignait à s’attendre qu’il régnerait sur le pays dans les derniers jours, et qui est appelé « le roi ».

Ceci nous fournit en même temps, pour Daniel 11, un fil d’une grande importance. Nous sommes arrivés au temps de la fin : la lacune est franchie, la longue et sombre nuit de la dispersion d’Israël est bien près d’être passée. Les Juifs se trouvent dans le pays. Mais dans quelle condition ? Est-ce sous Christ qu’ils y sont ? Hélas ! avant qu’il en soit ainsi, il faut qu’il s’y passe une autre et terrible scène. « Le roi » dont nous venons d’entendre l’Écriture nous parler, se trouva là, et sa conduite est juste celle que nous pouvions attendre d’après les indications du Saint Esprit. « Le roi fera selon sa volonté ». Ah ! en est-il parmi nous qui sachent suffisamment combien c’est une chose terrible que de faire sa volonté ? Voilà où aboutit une telle voie. Dès le commencement, ce fut le premier grand trait caractéristique du péché. C’est ce que fit Adam, et la chute du monde en fut le résultat immédiat. Ici nous voyons un personnage qui en ce jour-là, peut sembler être le plus élevé des fils d’Adam ; celui de tous qui a exercé l’influence la plus étendue. Mais il fait « selon sa volonté », et il ne saurait y avoir rien de pire.

Devons-nous lire une histoire pareille à celle-là sans en retirer quelque profit moral pour nos âmes ? Oublierons-nous quelle mauvaise chose c’est toujours que de faire notre volonté ? Que nul ne suppose que parce qu’il est peut-être dans une position où il lui appartient de commander, il se trouve par là même en dehors du danger. Hélas ! il n’en est point ainsi : rien ne rend aussi incapable de bien commander que l’incapacité d’obéir. Il est bon de savoir d’abord ce que c’est que d’être sujet. Oh ! puissent nos cœurs être profondément frappés de cette circonstance que le premier trait qui nous est signalé du « roi », de l’Antichrist, c’est qu’il fait sa volonté. Que cela nous serve à nous éprouver pour voir jusqu’à quel point nous recherchons la nôtre, jusqu’à quel point, par suites de circonstances quelconques, nous faisons, ou nous nous permettons quelque chose, que nous ne voudrions pas que personne au monde connût, pas même peut-être ceux qui nous tiennent de plus près ! Hélas ! l’on sait toute la difficulté et tout le danger qu’il y a là, par son propre cœur, par l’expérience et par l’observation. Et pourtant il n’est rien de plus contraire à une telle voie, que Christ que nous avons appris. Nous sommes sanctifiés « pour l’obéissance de Jésus Christ et l’aspersion de son sang ». Nous ne le sommes pas seulement pour la bénédiction, l’aspersion du sang — mais aussi pour l’obéissance de Jésus Christ, pour le même esprit et le même principe d’obéissance ; car c’est là le sens de l’expression. Il n’en est pas de nous comme des Juifs qui étaient placés sous la loi, et dont l’obéissance avait pour caractère, qu’ils étaient obligés de faire telles ou telles choses sous peine de la mort. Nous sommes déjà vivants pour Dieu, conscients de la bénédiction dans laquelle nous nous tenons, et réveillés pour voir la beauté de la volonté de Dieu, car c’est Sa volonté qui nous a sauvés et sanctifiés. Ce sont là notre vocation et notre œuvre pratique ici-bas. À proprement parler, les chrétiens n’ont pas d’autre affaire que d’accomplir la volonté d’un autre. Nous avons à faire la volonté de Dieu, conformément au caractère de l’obéissance de Christ, comme des fils qui faisons nos délices de la volonté de notre Père. N’importe ce en quoi peut se déployer notre activité ; ce peuvent être nos occupations naturelles de chaque jour. Mais gardez-vous bien de faire de vous, deux individus — de vous conduire d’après un principe à l’égard de vos affaires et de votre famille, et d’après un autre dans l’Église de Dieu et dans le culte. Repoussez soigneusement une semblable pensée. Nous avons Christ pour toute chose, et tous les jours. Christ n’est pas une bénédiction pour nous, simplement quand nous nous réunissons ensemble, ou que nous sommes appelés à mourir ; mais si nous possédons Christ, nous Le possédons à toujours, et, dès le premier moment, nous sommes affranchis de l’accomplissement de notre volonté. Ce que nous apprenons, c’est la mort ; mais c’en est fait maintenant de notre mort dans la mort de Christ. Nous sommes délivrés, car nous sommes vivants en Christ ressuscité. Mais en vue de quoi sommes-nous délivrés ? Afin d’accomplir la volonté de Dieu. Nous sommes sanctifiés pour l’obéissance de Jésus Christ.

Pour ce qui est « du roi », vous avez en lui le terrible principe du péché qui a été toujours à l’œuvre, mais qui dépasse ici toutes limites. Le moment est arrivé où Dieu ôtera tout ce par quoi, dans les voies de Sa providence, Il avait jusqu’alors retenu les hommes, et où il sera permis à Satan d’effectuer tous ses plans ; et cela, aussi, dans le pays même sur lequel les yeux de Dieu reposent continuellement.

« Le roi fera selon sa volonté et s’enorgueillira et s’élèvera » non seulement par-dessus tout homme, mais « par-dessus tout dieu ». Et ce n’est pas seulement qu’il se place au-dessus de ces dieux prétendus, mais « il proférera des choses étranges contre le Dieu des dieux ». Et, chose étrange à dire (si l’on ne savait pas que Dieu est parfaitement sage, et qu’il faut attendre que l’heure de la maturité de Ses conseils soit venue), malgré son horrible impiété « il prospérera jusqu’à ce que l’indignation ait pris fin ; car la détermination en a été faite ». En même temps il se trouve là un mot qui nous donne la clé du passage ; car cette portion de la Parole de Dieu a présenté d’immenses difficultés à plusieurs. Bon nombre de personnes ont mis dans ce verset le pape de Rome, d’autres Mahomet ou Bonaparte. Mais il nous annonce que ce roi doit prospérer jusqu’à ce que l’indignation prenne fin. Quelle est cette indignation, et contre qui s’exerce-t-elle ? Dieu a-t-Il de l’indignation contre Son Église ? Jamais, certes : ce temps-ci est le temps de la parfaite patience de Dieu et non de Son indignation. À qui donc se rattache-t-elle ? La Parole de Dieu est de toute clarté sur cela. C’est lorsqu’il s’agit de Ses voies avec Israël que Dieu parle de Son indignation. J’ai déjà pleinement établi cela d’après Ésaïe 5-10 ; 14, et autres passages, comme toute la nature de la révélation qui est donnée ici le confirme entièrement. Il est question en effet d’un personnage qui devait être roi d’Israël — non pas à Constantinople ou à Rome, mais dans la Palestine ; et le temps décrit est une explosion à venir de colère contre Israël dans la terre promise. Il (le faux roi) prospérera jusqu’à ce que l’indignation ait pris fin. Il est ajouté de plus qu’il ne se souciera point du Dieu de ses pères, ni du désir des femmes. L’expression « le désir des femmes » est évidemment, selon moi, relative à Christ — Celui vers lequel, dans l’avenir, regardaient tous les Juifs et dont la naissance doit avoir été par-dessus tout l’objet du désir des femmes juives. Que tel soit le sens de cette expression, c’est ce qui ressort clairement de sa liaison avec le reste, car elle se trouve entre celles de « le Dieu de ses pères » (Jéhovah), et « aucun dieu », et qu’il n’est nullement vraisemblable qu’elle eût été ainsi placée, si elle avait trait simplement aux relations naturelles. C’est probablement le désir d’appliquer tout cela au pape, qui a donné cours à cette interprétation. Mais comprenons bien que la prophétie concerne Israël et son pays, et tout est parfaitement clair. « Il ne se souciera point du Dieu de ses pères, ni du désir des femmes ». Christ est distingué du Dieu de ses pères, peut-être à cause que le Fils devait se faire chair. Mais Christ n’est pas l’objet de plus d’égards que le Dieu de ses pères — expression qui explique, pour le dire en passant, que ce personnage est lui-même un Juif : « le Dieu de ses pères ». « Car il s’élèvera au-dessus de tout. Mais il honorera dans son lieu, le dieu Mahuzzim » (le dieu des forces, vers. angl.). Non qu’il aille en avant comme fit Antiochus, qui tâcha d’imposer par la violence le culte de Jupiter olympien aux Juifs, mais il adopte une superstition nouvelle. Cela réfute aussi l’application qu’on voudrait faire de ces détails à Antiochus, qui était un Gentil. Il s’agit d’un Juif, qui prendra la place de Christ, et qui, naturellement, n’a d’égard ni pour le vrai Christ ni pour Jéhovah. C’est un personnage qui s’élève en lui-même et s’oppose au vrai Dieu, c’est-à-dire, qui met également de côté les superstitions des hommes, et la foi du peuple de Dieu. L’orgueil constitue son principal caractère.

Mais ce n’est pas tout. L’Antichrist sera dans l’incrédulité, mais pas dans l’incrédulité seulement. Il aura rejeté le Dieu d’Israël et le Messie ; il n’honorera aucun des dieux des Gentils ; mais cet homme même, quoiqu’il se pose comme le vrai Dieu sur la terre, aura quelqu’un devant qui il se prosternera et fera prosterner les autres avec lui. Le cœur humain, même dans l’Antichrist, ne peut se passer d’un objet d’idolâtrie. C’est ainsi qu’au verset 38, nous voyons cette contradiction apparente manifestée dans l’Antichrist. « Mais il honorera en son lieu le dieu Mahuzzim (des forces) ». Il fait un dieu en même temps qu’il se donne pour être dieu. « Il honorera, dis-je, avec de l’or et de l’argent, et des pierres précieuses et des choses désirables, le dieu que ses pères n’ont point connu ». C’est une invention qui est toute entière de lui. De plus, il partagera le pays entre ses partisans : « Il les fera dominer sur plusieurs, et leur partagera le pays à prix d’argent » (vers. angl. : pour le gain). Voilà ce que Dieu nous dit de ce roi qui se trouvera dans la Palestine aux derniers jours. Ces dernières paroles sont évidemment une preuve très concluante qu’il règne dans la Palestine. C’est « le pays » qu’elles disent. L’Esprit de Dieu ne parle jamais ainsi d’aucune autre contrée. C’était le pays le plus près du cœur de Dieu — une espèce de centre pour tous les autres.

Maintenant voici que l’histoire change. « Et au temps déterminé (vers. angl. : et au temps de la fin), le roi du midi choquera avec lui de ses cornes ». Ce fait confirme ce qui a été dit précédemment, que « le roi » se trouve « au temps de la fin ». « Le roi du midi choquera avec lui de ses cornes, mais le roi de l’Aquilon se lèvera contre lui comme une tempête avec des chariots et des gens de cheval, et avec plusieurs navires ». L’Esprit de Dieu avait parlé longtemps auparavant des rois du Nord et du Midi : il importait de faire voir qu’au temps de la fin, ces puissances auraient des successeurs qui feront leur choc avec « le roi » dans la terre sainte. « Le roi du midi », c’est-à-dire l’Égypte, et « le roi de l’Aquilon », c’est-à-dire le maître de la Syrie, possession actuelle du sultan. Ces deux personnages feront un mouvement contre « le roi ». Non qu’ils aient une politique commune : au contraire, ils semblent ennemis acharnés l’un de l’autre. Mais « le roi » s’élève d’une telle manière, s’arrogeant dans la terre sainte des prétentions telles, que Dieu permet que la catastrophe finale arrive. Le roi du Midi vient le premier, et ensuite le roi du Nord qui parait être à cette époque le grand chef des forces militaires et navales de l’Orient. « Le roi de l’Aquilon se lèvera contre lui comme une tempête, avec des chariots et des gens de cheval, et avec plusieurs navires ; et il entrera dans ses terres, et les inondera et passera outre ». « Il entrera aussi au pays de noblesse ». Ce ne peut être un autre pays que celui d’Israël. Le roi est là. Le roi du Nord est un personnage entièrement différent, un adversaire « du roi » aussi bien que le roi du Midi.

Après avoir introduit « le roi » sans nous dire d’où il est venu, l’Esprit de Dieu le laisse là sans nous dire ce qu’il advient de lui. D’autres portions de l’Écriture nous font connaître pleinement son horrible destinée ; mais il était important de l’introduire comme un épisode dans le chapitre 11, afin de montrer le dernier grand conflit entre les rois du Midi et du Nord. En conséquence, le récit divin laisse là « le roi », et le reste du chapitre ne s’occupe que du roi du Nord. Il n’entre pas seulement dans le pays de noblesse, mais il continue ailleurs ses conquêtes. « Plusieurs pays seront ruinés, mais ceux-ci réchapperont de sa main, savoir : Édom, Moab, et le principal lieu des enfants de Ammon ». Nous voyons par Ésaïe 11 que c’est là un fait très remarquable. Ces peuples vivaient sur les frontières de la terre sainte ; et Dieu arrange les choses de manière que s’ils échappent au roi du Nord, c’est pour qu’ils soient ravagés par les Israélites triomphants. Dieu ne veut pas permettre que les premiers ennemis d’Israël, et ses ennemis acharnés, reçoivent leur juste rétribution des mains de quelque autre peuple que de celui auquel ils ont tant cherché à s’opposer et à faire du mal. En conséquence, il semblerait, d’après Ésaïe, que, bien peu après, les Israélites exécuteront sur eux le jugement de Dieu.

« Il mettra donc la main sur ces pays-là ; et le pays d’Égypte n’échappera point. Il se rendra maître des trésors d’or et d’argent, et de toutes les choses désirables de l’Égypte. Les Libyens et ceux de Cush seront à sa suite ». Nous apprenons de là que le roi du Nord n’agit pas comme un allié vis-à-vis le roi du Midi. Il s’avance vers le midi, où, semblerait-il (v. 43), il y aura un grand développement de prospérité matérielle, soit par suite des ressources du pays lui-même, ou plus probablement en conséquence de ce qu’il est devenu le grand marché commercial de l’Occident et de l’Orient, dans cette partie du monde. « Mais les nouvelles de l’Orient et de l’aquilon le troubleront ». C’est après être descendu dans le midi, au-delà de la Palestine, qu’il entend ces rumeurs à l’égard du Nord et de l’Orient qui le jettent dans la perplexité. Il était lui-même venu du Nord, et avait aussi conquis l’Orient ; et maintenant il reçoit de ces quartiers des nouvelles qui l’agitent. Il s’empresse de s’en retourner du pays d’Égypte, et arrive en Palestine. « Et il dressera les tentes de sa maison royale entre les mers (c’est-à-dire entre la Méditerranée et la mer Morte) à l’opposite de la noble montagne de la sainteté, mais il viendra à sa fin, et personne ne lui donnera du secours ». Telle est la sentence du roi du Nord jadis victorieux — et non la sentence « du roi » qui a été introduit, en passant, pour nous montrer en quelle occasion se livre le combat final entre le Nord et le Midi.

Je désire maintenant examiner s’il n’y a pas dans l’Écriture, d’autres passages intéressants à rattacher au sujet dont nous venons de nous occuper. La fin de Zacharie nous présente là-dessus de précieuses lumières. D’abord juste un mot ou deux à la fin du chapitre 11. Voici ce que dit l’Esprit de Dieu : « Malheur au pasteur inutile qui abandonne le troupeau ». C’est évidemment, je pense, l’Antichrist — « le roi » ; car le verset 16 nous apprend que ce pasteur inutile est dans le pays. « Voici, je m’en vais susciter un pasteur au pays, qui ne visitera point les brebis qui s’en vont être perdues ; il ne cherchera point celles qui sont délicates ; il ne guérira point celles qui sont malades, et il ne portera point celles qui sont demeurées en arrière ; mais il mangera la chair des plus grasses, et fendra leurs ongles ». Ce parfait égoïsme, cette orgueilleuse élévation de soi-même, cette action de dépouiller le troupeau au lieu de le nourrir et de porter les agneaux sur son sein, font un affreux contraste avec Christ, le bon Berger. Puis il est déclaré expressément que le faux berger, l’Antichrist, doit s’élever dans le pays d’Israël, et que là il n’épargne pas le troupeau de Dieu. Au chapitre 12, nous trouvons une autre puissance. « Voici (v. 2), je ferai que Jérusalem sera une coupe d’étourdissement à tous les peuples d’alentour ; et même elle sera une occasion de siège contre Juda et contre Jérusalem » ; c’est-à-dire que les nations s’assemblent contre Jérusalem ; précisément comme en Daniel 11, le roi du Nord et le roi du Midi. Les nations s’assemblent contre Jérusalem pendant que ce pasteur inutile y est. Jérusalem et les Juifs sont l’objet de l’attaque. « Et il arrivera en ce temps-là, que je ferai que Jérusalem sera une pierre pesante à tous les peuples ; tous ceux qui s’en chargeront en seront entièrement écrasés ; car toutes les nations de la terre s’assembleront contre elle ». La victoire semble pencher du côté des ennemis d’Israël. Mais nul ne peut alors s’endurcir contre ce peuple et prospérer, parce que le Seigneur se sera identifié avec lui en ce jour-là. « En ce temps-là, dit l’Éternel, je frapperai d’étourdissement tout cheval, et de folie l’homme qui sera monté dessus ; et j’ouvrirai mes yeux sur la maison de Juda » ; et ensuite la prophétie nous dit de quelle manière le Seigneur défendra Son peuple en ce jour.

Mais ce qui rendra la chose encore plus claire, c’est ce que nous lisons, chapitre 14, 2 : « J’assemblerai donc toutes les nations en bataille contre Jérusalem, et la ville sera prise, et les maisons pillées, et les femmes violées, et la moitié de la ville sortira en captivité ; mais le reste du peuple ne sera point retranché de la ville ». Nous trouvons dans ce passage quelques révélations de plus que ce que nous aurions pu recueillir du chapitre 12. C’est ainsi, par exemple, que nous apprenons que « la ville sera prise… et que la moitié de la ville sortira en captivité », traits qui distinguent évidemment ce siège futur de ceux que Jérusalem a subis dans le passé. Lorsque les Chaldéens s’emparèrent de la ville, ils firent captif tout le monde ; lorsque ce furent les Romains, ils firent prisonniers tous ceux qu’ils épargnèrent. Ici nous trouvons un autre siège dans lequel la moitié seulement sera prise et l’autre moitié ne le sera pas. Et si quelque chose peut distinguer plus clairement encore à cet égard l’avenir du passé, c’est qu’après avoir pris la moitié de la ville, les nations ne pousseront pas leur victoire plus loin. Si on demande pourquoi, le voici : « Car l’Éternel sortira, et combattra contre ces nations-là, comme il a combattu au jour de la bataille. Et ses pieds se tiendront debout en ce jour-là sur la montagne des Oliviers, qui est vis-à-vis de Jérusalem, du côté d’orient ». Qui peut prétendre que cela ait jamais été accompli ? Qui peut dire que l’Éternel est venu de cette manière et s’est tenu debout sur la montagne des Oliviers ? Comment pouvez-vous faire accorder le passé avec une déclaration telle que celle-là ? Depuis les jours du prophète, le Seigneur ne s’est jamais trouvé en vainqueur sur le sol de Jérusalem. Est-ce que ce cas s’est réalisé lors du siège de la ville par Titus ? Essaierez-vous d’expliquer cette déclaration de Zacharie simplement comme une délivrance accordée dans les voies ordinaires de la providence ? Mais, je le demande, les Juifs furent-ils alors délivrés ? Non, certes ; ils furent, au contraire, emmenés captifs. Jérusalem jusqu’à aujourd’hui demeure foulée par les Gentils, et continuera de l’être jusqu’à ce que les temps des Gentils soient accomplis. Mais le passage indique les derniers temps des Gentils, le terme de l’oppression gentile. Quand ce jour sera venu, et que le Seigneur sortira pour combattre contre ces nations, ses pieds se tiendront debout sur la montagne des Oliviers. Et comme preuve que cela ne doit pas être entendu allégoriquement, le Saint Esprit ajoute que la montagne des Oliviers se divisera en deux, preuve physique extérieure que l’Éternel Dieu y a posé ses pieds. « Et la montagne des Oliviers sera fendue par le milieu vers l’orient et l’occident, de sorte qu’il y aura une très grande vallée ; et une moitié de la montagne se retirera vers l’aquilon, et l’autre moitié vers le midi ». « Vous fuirez par cette vallée de montagnes » — c’est-à-dire qu’il y aura une vallée entre les deux moitiés ; — « car cette vallée des montagnes ira jusqu’à Atsal (vers. angl.). Alors l’Éternel, mon Dieu, viendra, et tous les saints seront avec toi ».

Ce passage prouve donc très clairement que Jérusalem doit soutenir un siège dans l’avenir, et que ce siège sera caractérisé par deux attaques. La première attaque réussira contre Israël ; la moitié de la ville sera prise, et il s’en suivra pour cette moitié de la ville toutes les affreuses misères qui accompagnent un siège ; mais l’autre moitié est réservée pour l’Éternel, qui amènera la troisième partie au feu. Il se placera à leur tête, et écrasera toutes les nations de la terre qui viendront contre Jérusalem. Ainsi la seconde attaque sera à la ruine de ceux qui la font. Si nous rapprochons cela de ce qui nous est dit en Daniel, combien est manifeste l’accroissement de lumière que la prophétie de Zacharie jette sur le sujet ! Le roi du Nord arrive le premier lorsque le roi du Midi choque avec « le roi » dans la terre sainte. Il y a une attaque simultanée contre Israël, afin de détruire, dans le pays, le peuple qui, hélas ! le mérite bien. Mais au milieu du mal se trouvera une semence sainte. Dieu se servira de ces assaillants pour exécuter l’œuvre de Sa justice. Les méchants seront emportés, et lorsque Dieu aura purifié ceux qui se trouvent là, il se passera une autre scène. Le roi du Nord, ayant été heureux dans sa première attaque, poursuit sa marche vers l’Égypte, contre le roi du Midi. Il y arrive, mais il reçoit du Nord et de l’Orient des nouvelles qui le troublent.

En attendant, pouvons-nous demander, qu’est-il advenu du « roi » ? A-t-il été détruit dans la collision qui a eu lieu dans le pays entre les rois du Nord et du Midi ? Nullement. Qu’est-ce donc qu’il devient ? Comment tombe-t-il ? Par l’éclat de l’apparition du Seigneur venant du ciel : il est réservé pour la main de Dieu Lui-même. Il sera jeté vivant dans le lac de feu et de soufre, « qui est aussi apprêté pour le roi ». C’est ainsi que l’Ancien Testament et le Nouveau sont unanimes dans le témoignage qu’ils nous donnent. Ce ne sera point selon la sentence ordinaire de l’homme ruiné qu’il périra ; et pour lui, Dieu se départira de tout le cours ordinaire de Ses voies avec les méchants. De même que de temps à autre, Dieu, dans Sa grâce, a retiré des hommes de ce monde sans les faire passer par la mort, ainsi il y en a auxquels il est destiné de Dieu d’être précipités tout vivants dans l’enfer — contraste terrible avec ceux qui sont en vie quand le Seigneur vient, et qui attendent d’être enlevés au ciel. Il en sera ainsi du méchant, le pasteur inutile — le roi. Mais il n’est pas le seul à qui ce sort soit réservé. Le roi du Nord est un ennemi plus effronté encore. « Le roi » s’est élevé dans le pays, corrompant le peuple d’Israël et le faisant apostasier ; il a reçu sa sentence. Si le plus petit mot de ce jugement exécuté dans le pays devait parvenir au roi du Nord, nous pouvons facilement comprendre combien il en devrait être troublé. Si c’est là le motif de son prompt retour contre Israël, ou s’il revient parce que les dix tribus seraient en mouvement, c’est ce que je n’ai pas la prétention de dire. L’Écriture ne nous le dit point. Mais il s’avance de nouveau dans la terre sainte ; et cette fois, c’est pour tomber sous la main immédiate de Dieu — et non par l’épée d’un homme puissant, ni par l’épée d’un petit. Ce n’est pas l’homme, mais Dieu, qui exécutera sur lui la vengeance. Voilà pourquoi il y a deux attaques. Après son premier assaut contre Jérusalem, il est descendu vers le Midi et a poursuivi là certaines conquêtes. Excité par les nouvelles qu’il reçoit, il se hâte de retourner, avec l’espérance que maintenant tout ira selon ses vœux. « Alors l’Éternel sortira, et combattra contre ces nations-là, comme il a combattu au jour de la bataille ».

Mais avant de terminer, il faut que je vous signale encore un ou deux autres passages. Prenez Ésaïe 28 et 29, et vous verrez comme ils confirment abondamment ce que j’ai avancé sur cette dernière scène. En Ésaïe 28 sont mentionnées deux grandes puissances au service du mal, en rapport avec le pays en ce temps-là : — l’une « le roi » qui est en relation avec le peuple, et dans le pays ; l’autre, le roi du Nord, qui descend comme une puissance ennemie. Nous les trouvons tous deux dans ce chapitre. D’abord il est fait mention d’Éphraïm, et l’Éternel prononce malheur sur les « ivrognes d’Éphraïm, la noblesse de la gloire duquel n’est qu’une fleur qui tombe… Voici, le Seigneur a en main un fort et puissant homme, ressemblant à une tempête de grêle, à un tourbillon qui brise tout, à une tempête de grosses eaux débordées ; il jettera tout par terre avec la main ». Ces paroles, je pense, menacent de l’Assyrien, comme du terrible tourbillon venant du Nord, qui éclaterait sur Éphraïm. Au milieu du chapitre, nous trouverons une autre chose. Nous avons vu quelle était la conduite d’Éphraïm qui habitait sur les bords de la contrée. Mais quelle était la destinée de Jérusalem, la capitale ? « Car vous avez dit (v. 15) : Nous avons fait accord avec la mort, et nous avons intelligence avec le sépulcre ». Là, évidemment, il s’agit du « roi » qui sera à Jérusalem et qui fera un pacte avec « la bête », la grande puissance impériale de ce temps, à laquelle Satan aura donné son trône. Il y a parfaite harmonie entre ce que nous trouvons en Ésaïe, dans l’Apocalypse, et dans Daniel. « Nous avons fait accord avec la mort, et nous avons intelligence avec le sépulcre ; quand le fléau débordé traversera, il ne viendra point sur nous ». Remarquez cela. Le fléau débordé est le roi du Nord, la puissance extérieure qui fond sur eux. Ceux de Jérusalem ont fait alliance avec la mort et avec le sépulcre, c’est-à-dire avec les instruments de Satan en ce jour : et ils espèrent échapper, par ce moyen, au roi du Nord. J’ai déjà fait voir que la bête, la grande puissance de l’Occident, sera en rapport avec « le roi » à Jérusalem ; que les contrées occidentales seront le grand siège de la bête ; qu’elle commandera à toute la partie de l’Europe qui appartenait proprement à l’empire romain. Quand cet empire sera réorganisé, le personnage en qui il se personnifiera sera le grand instrument par lequel sa force sera mise en usage. « Le roi » aura fait alliance avec lui, on plutôt, ainsi que le chapitre 9 s’exprime, lui, c’est-à-dire, le conducteur romain, fera alliance avec la masse des Juifs. À la fin, on les trouve tous deux dans Jérusalem, combattant contre le Seigneur et Ses saints qui viennent du ciel. Ils croiront trouver leur prétendue force dans cette alliance, mais elle ne tiendra point. Le fléau débordé, l’Assyrien, les emporte, et la moitié de la ville de Jérusalem est prise. Avec quelle merveilleuse harmonie tout concorde dans l’Écriture ! Puis vient (És. 28, 16) l’allusion à la pierre mise par le Seigneur pour fondement en Sion, parole destinée au résidu fidèle de ce jour-là, quelque vraie qu’elle soit pour nous qui croyons maintenant.

Ésaïe 29 est le dernier passage que je veux signaler. Là nous est décrite la désolation finale de la ville. « Malheur à Ariel ! à Ariel ! la ville où David s’est campé… Mais je mettrai Ariel à l’étroit ; et la ville ne sera que tristesse et que deuil, et elle me sera comme Ariel. Car je me camperai en rond contre toi, et je t’assiégerai avec des tours, et je dresserai contre toi des forts ». C’est le siège dont parle Zacharie. « Et tu seras abaissée, et tu parleras comme de dedans la terre », etc. Voilà leur condition quand ils sont désolés. Mais voyez, verset 5 : « Et la multitude de tes étrangers sera comme de la poudre menue… Elle sera visitée par l’Éternel des armées avec des tonnerres et avec des tremblements de terre… Et la multitude de toutes les nations qui feront la guerre à Ariel… et ceux qui la serreront de près seront comme un songe d’une vision de nuit ». Le Seigneur est sorti et a combattu avec ces nations comme Il combattit au jour de la bataille.

Voilà suffisamment éclaircie par diverses portions de la Parole de Dieu, qui sont entièrement d’accord avec elle et dont elle reçoit de la lumière, la partie si intéressante du livre de Daniel dont nous nous occupons. Tout concourt à montrer de la façon la plus claire qu’il se prépare un terrible avenir pour l’apostat Israël et ses alliés de l’Occident, et un non moins terrible pour leurs adversaires confédérés de l’Orient. L’alliance avec le sépulcre ne tiendra pas. Lorsque les grandes puissances du monde auront, en apparence, tout balayé devant elles, et se seront assemblées devant Jérusalem pour la dernière grande lutte, Dieu saisira cette occasion d’en agir avec elles, après la durée si longue de Sa patience. Ce sera la dernière scène. Les hommes croiront toucher au moment d’avoir en leurs mains la monarchie universelle ; mais ce sera le jour où Dieu les appellera au jugement. Je parle d’un jugement des nations et des rois, et non du jugement des morts devant le grand trône blanc.

Dieu va agir avec la terre, avec les hommes au milieu de tous leurs plans et de tous leurs projets. La régénération du monde sera le grand jour où le Seigneur, après avoir ôté d’Israël les transgresseurs, et s’être servi du « roi » lui-même et du jugement tombé sur lui, pour séparer en Juda ceux qui sont sincères d’avec les méchants, fera sonner l’heure du règlement de compte avec les nations. C’est là, ce me semble, la simple, la juste portée de la vérité de Dieu, qui nous est présentée ici. Nous ne devons pas supposer qu’il ne s’agit simplement que d’une seule grande puissance. Il y aura des principes différents à l’œuvre. Et c’est une chose solennelle de penser que ces contrées-ci où nous jouissons de tels privilèges, doivent être couvertes alors des plus profondes ténèbres. L’alliance avec la mort et avec le sépulcre sera telle, à cause qu’elle sera une alliance avec le monde de l’Occident et la haute civilisation. Que c’est humiliant pour le cœur de l’homme ! À une époque qui est passée, la civilisation n’a pas préservé les esprits les plus élevés d’une idolâtrie et d’une corruption dégradantes, et hélas ! c’est une scène pire encore que nous aurons à la fin : le christianisme finira dans la restauration de l’idolâtrie, dans de nouveaux faux dieux, dans l’adoration de l’homme lui-même comme Dieu. Tel est, je le crois, l’avenir qui nous est prédit de ce siècle. Mais il en est un qui peut garder le cœur de s’embarrasser dans tout ce qui mène là — Christ Lui-même. Puissions-nous être occupés de Lui, ne bâtissant pas sur les fondements des hommes, ne partageant pas leur espérance, ne nous confiant pas dans le progrès, ni même dans la religion, comme on l’appelle. Si Christ est mon objet en toute chose, alors il y a sûreté ; mais elle n’est que là, il n’y en a nulle part ailleurs.


Chapitre 12

La détresse dont le prophète parle au commencement de ce chapitre n’est pas une chose qui se passe longtemps après les luttes décrites à la fin du chapitre précédent, et qui s’en distingue, mais, comme il le dit lui-même, elle a lieu « en ce temps-là ». En sorte qu’avec les derniers événements du chapitre 11 nous sommes réellement arrivés à la période la plus avancée dont il soit fait mention en Daniel. On a fait souvent la remarque, en effet, que Daniel ne pénètre jamais dans le règne de la gloire, mais nous mène juste au moment où il va être introduit. Il nous montre ce qui l’introduira, nous décrit, sans donner beaucoup des détails, l’exécution du jugement qui le précède, et nous parle du royaume des cieux qui doit remplir toute la terre, mais il n’en fait pas la description. Le peuple des saints, ainsi qu’il appelle les Juifs, possédera tous les royaumes qui sont sous les cieux : c’est à cette déclaration générale qu’il se borne à cet égard. Il est vrai que l’Esprit de Dieu était déjà entré plus pleinement par d’autres prophètes dans le sujet du règne du Messie sur Israël et de la portion bénie de ce peuple ; et qu’après la captivité, il allait encore en faire la matière de prédictions nouvelles par quelques autres. Ces nouvelles communications prophétiques que le Saint Esprit avait dans Sa pensée étaient d’une importance particulière, parce qu’Il savait bien que plusieurs supposeraient que le retour des Juifs de la captivité de Babylone était l’accomplissement de la prophétie. Aussi fut-il pris beaucoup de peine dans quelques-unes des dernières prophéties, pour faire voir que rien n’était plus loin de la réalité, et que la bénédiction d’Israël était encore à venir. Les Juifs sont présentés comme étant dans une condition misérable, postérieurement à leur retour de Babylone, et l’Esprit de Dieu contemple, dans un lointain avenir, la période où ils seront réellement délivrés et bénis selon la pensée de Dieu. Le retour passé n’était qu’un gage de la pleine restauration que Dieu leur destinait. Mais Daniel n’entre pas dans ce temps de bénédiction. Il vous amène jusqu’au moment où il va commencer, et, arrivé là, il termine. Son sujet particulier était les temps des Gentils, et c’est là ce qui fait le caractère remarquable de sa prophétie. Il est simplement un prophète de la captivité.

Le chapitre 12 est relatif à ce qui se passe entre le jugement des Gentils, et l’introduction des Juifs dans la bénédiction qui leur appartient. Le chapitre précédent nous a fait voir « le roi » et sa méchanceté, dans la terre sainte, et nous a aussi entretenus des rois venus du Nord et du Midi. Quelque grande qu’ait pu être la puissance du grand chef du Nord contre la terre sainte, « néanmoins il viendra à sa fin, et personne ne lui donnera du secours ». Telle est sa fin misérable.

Mais maintenant s’élève une question intéressante. — Quelle sera en ce temps la condition d’Israël ? La réponse se trouve dans les premiers versets de notre chapitre. « Or, en ce temps-là, Micaël, ce grand chef qui tient ferme pour les enfants de ton peuple, tiendra ferme ». C’est de ce peuple que Daniel était occupé. Il n’avait aucune idée de ce que nous appelons aujourd’hui un peuple chrétien, aucune idée qu’il vînt un temps, déjà arrêté dans les conseils de Dieu, où il n’y aurait plus de différence entre Juifs et Gentils, et où les uns et les autres seraient formés par la foi en un Christ crucifié, pour être un seul corps par le Saint Esprit envoyé du ciel. Tout cela était une nouveauté pour Daniel, et le Seigneur ne lui donne jamais d’anticiper un pareil état de choses. Aucune prophétie, soit de Daniel soit de tout autre, n’y fait allusion, quoique plusieurs révèlent d’autres particularités qui sont réalisées maintenant, comme nous voyons dans l’épître aux Romains, etc. L’expression « ton peuple » désigne simplement et uniquement le peuple juif. Daniel s’y intéressait profondément et avec raison, comme Juif et comme un Israélite sincère, qui était sensible à la gloire de Dieu qui se rattachait à ce peuple. En conséquence, l’Esprit de Dieu leur communique qu’il s’opérerait en ce temps-là un changement dans l’histoire d’Israël. Au lieu d’un simple contrôle exercé par Dieu dans les voies de Sa providence, comme, par exemple, la résistance de Micaël à tel ou tel chef, il y aurait ce fait important, que Micaël tiendrait ferme pour les Juifs, prendrait leur cause en main, et écraserait leurs adversaires ; mais cependant, cela ne se ferait point sans une lutte terrible. Leur défense constituait sa tâche habituelle. Mais maintenant il se lèvera pour compléter, par la délivrance des Juifs, les grands desseins de Dieu relativement à la terre.

« Et ce sera un temps de détresse tel qu’il n’y a point eu, depuis qu’il y a eu des nations jusqu’à ce temps-là ; et en ce temps-là, ton peuple, c’est-à-dire quiconque sera écrit dans le livre, échappera ». Nous trouvons dans ces paroles un renseignement important qui nous fait distinguer aussitôt cette attitude ferme de Micaël, de tous les temps antérieurs. Bien loin que jusqu’à ce jour il y ait eu délivrance, la détresse qui tomba sur les Juifs sous Titus fut plus terrible que celle qui les avait atteints sous Nebucadnetsar. Que devons-nous donc en conclure, sinon que ce temps de détresse est encore à venir ? La description que le Saint Esprit nous donne ici ne trouvant, dans le passé, rien qui lui corresponde, il faut que son application soit future. Et de fait, nous n’avons qu’à jeter les yeux sur Jérusalem et sur la condition actuelle des Juifs pour voir qu’il en est réellement ainsi. Est-ce qu’ils sont délivrés ? Bien au contraire, il n’y a pas de contrée sous le ciel qui, d’une manière ou d’une autre, ne rende témoignage qu’ils se trouvent dans un état de dégradation, et hors du pays de leur gloire, sur lequel les yeux du Seigneur reposent continuellement.

Quelques personnes regardent bien en effet comme futur ce dont il est question ici, mais elles prétendent que ce doit être pris dans un sens spirituel, qu’il faut entendre de l’Église, du peuple de Dieu d’aujourd’hui. Mais d’abord, il suffit, pour réfuter une telle manière de voir, de répondre que nous avons eu une longue prophétie apportée par l’ange à Daniel, avec la déclaration positive qu’il s’agissait de ce qui arriverait à son peuple aux derniers jours. Ce fait seul exclut absolument de pareilles idées. Remarquez ensuite que d’un bout à l’autre de la prophétie, il n’est parlé de personne, à l’exception des Juifs, comme étant les objets de l’intérêt de Dieu jusqu’à ce temps-ci. Le sujet en question, c’est la terre sainte et les luttes entre le Nord et le Midi qui l’entourent. Le christianisme ne connaît pas de terre sainte. C’est tout simplement du judaïsme ou du paganisme de regarder un lieu comme plus sacré qu’un autre, maintenant que la pleine lumière du christianisme est venue. Mais s’il existe un pays qui soit glorieux dans le dessein de Dieu, c’est celui d’Israël. Seulement il perd ce caractère pendant la vocation gentile. Ce qui est maintenant en scène, c’est la révélation des choses célestes et non des choses terrestres. Et, par conséquent, tout ce qui était saint auparavant, à un point de vue purement terrestre, est passé pour le moment, éclipsé par une dispensation plus brillante ! Aujourd’hui, Dieu a d’autres conseils en vue. En rejetant son Messie, l’ancien peuple a manifesté son impiété ; et jusqu’à ce que, comme nation, il soit amené à Jésus, ou, selon les paroles de l’Apocalypse « à garder les commandements de Dieu, et à avoir le témoignage de Jésus Christ », jusqu’à ce qu’un résidu ait obtenu une sorte de connaissance divine de Christ, Dieu ne le reconnaîtra point. En attendant, Il s’est tourné vers une autre œuvre, celle de la formation de l’Église, à laquelle il n’est fait ici aucune allusion. C’est une vérité bénie, que Dieu est allé vers les Gentils dans une riche miséricorde ; mais de quelle consolation cela eût-il été en vue de ce qui pesait si lourdement sur le cœur du prophète ? Tandis que tout est parfaitement convenable et clair, du moment que nous comprenons qu’il fait la description de l’état de son peuple et de son passage à travers la scène terrible dont il est question ici, la veille de sa délivrance et de la délivrance de Dieu. « Ce sera un temps de détresse tel qu’il n’y en a point eu depuis qu’il y a eu des nations jusqu’à ce temps-là ; et en ce temps-là, ton peuple, c’est-à-dire quiconque sera trouvé écrit dans le livre, sera délivré ».

Je désire faire voir que ce n’est pas là le témoignage d’un écrivain sacré seulement, mais que c’est celui de plusieurs. Prenez le prophète de la douleur, Jérémie, chapitre 30. Nous y trouvons une allusion manifeste à la grande détresse de Jacob, suivie de sa puissante délivrance. « Ce sont ici les paroles que l’Éternel a prononcées touchant Israël et Juda ». Qui peut contester le sens de cela ? « Ainsi a dit l’Éternel : Nous avons entendu un bruit d’épouvantement et de frayeur, et il n’y a point de paix. Informez-vous, je vous prie, et considérez si un mâle enfante ; pourquoi donc ai-je vu tout homme tenant ses mains sur ses reins comme une femme qui enfante ? Et pourquoi tous les visages sont-ils jaunes ? ». C’est un état de choses qui dépasse tout ce qu’on aurait pu attendre raisonnablement en temps ordinaire : les hommes remplis de l’angoisse la plus profonde peinte même sur leurs visages, et leur courage tout dissipé, en présence de la terrible détresse. Le septième verset l’explique. « Hélas ! que cette journée-là est grande ! il n’y en a point eu de semblable ». Comme en Daniel, c’est un temps sans exemple. « Et elle sera un temps de détresse à Jacob, mais il en sera pourtant délivré ». Jacob, « ce vermisseau de Jacob », est le nom dont se sert le Saint Esprit pour désigner le peuple considéré, dans sa faiblesse, comme Israël est son nom de puissance. C’est le temps de la détresse de Jacob, mais il en sera délivré. Jusque-là c’est la même suite de pensées qu’en Daniel. Il s’agit d’Israël et de Juda désignés par le nom qui exprime leur faiblesse, en tant qu’exposés du dehors à toute sorte de calamités. C’est un jour de détresse sans pareille, et l’Israël de ce jour-là en doit être délivré. Si je voulais parcourir Ésaïe, je pourrais montrer la même chose du commencement à la fin, seulement d’une manière plus étendue. Je n’ai pas besoin de m’arrêter à des passages si bien connus (chapitres 1 ; 2 ; 10 ; 14 ; 17 ; 22 ; 24-35 ; 49-66).

Mais on nous dira peut-être : Avez-vous à produire quelque témoignage tiré du Nouveau Testament ? Vous avez cité des passages de l’Ancien Testament, pouvez-vous nous montrer quelque chose dans le Nouveau qui donne un accroissement de lumière, la pleine lumière de Dieu par Son Fils bien-aimé ? La pensée peut venir, comme effectivement elle est venue à plusieurs, que le christianisme met les Juifs entièrement de côté ; de telle sorte que nous devons voir dans l’expression « le peuple » simplement un type de ceux que Dieu forme pour Sa gloire.

Notre Seigneur décide Lui-même cette question en Matthieu 24. Il nous enseigne que Daniel décrit une destinée réservée à Israël, et qui ne doit être appliquée à aucun autre peuple sous le soleil. C’est là sa portion tant pour les douleurs que pour les délivrances. Les disciples Lui avaient dit (v. 3) : « Dis-nous quand ces choses arriveront, et quel sera le signe de la venue et de la consommation du siècle ». Observez ici que la consommation « du siècle » est la seule vraie signification du terme original. Cela ne se rapporte point à la ruine du monde envisagé comme système matériel, mais à une certaine dispensation qui suit son cours dans le monde, et dont le nom est tout à fait différent. Le Seigneur avertit les disciples qu’ils étaient en danger d’être séduits : qu’il viendrait des personnes qui prétendraient être le Christ, qu’il y aurait des troubles extérieurs, que Son témoignage ne devait changer en aucune manière le cours ordinaire des choses humaines ; car nation s’élèvera contre nation, et royaume contre royaume, et que, pour ce qui regardait l’état physique du monde, il y aurait des famines, des pestes, et des tremblements de terre. Il ne fait là que les préparer à une crise terrible qui devait venir. « Mais toutes ces choses sont un commencement de douleurs ». « Alors ils vous livreront pour être affligés, et vous feront mourir, et vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom ». Jusqu’au verset 15, ce sont des déclarations générales. Ensuite, le Seigneur restreint tout à coup la scène à Jérusalem et à la Judée. Il ne poursuit pas l’exposé de la prédication de l’évangile du royaume à travers tout le monde, mais Il borne Ses regards à cette petite bande de terre où habitait le peuple de Dieu, et à cette ville près de laquelle Il prononçait alors cette même prophétie. « Quand donc vous verrez l’abomination de la désolation, dont il a été parlé par Daniel le prophète, établie dans le lieu saint (que celui qui lit comprenne) », etc. Nous trouvons dans ces paroles une exhortation positive à regarder au livre même, à l’étude duquel nous sommes précisément occupés. Le Seigneur parlait dans Son discours du même sujet que Daniel avait prédit dans sa prophétie. « Alors que ceux qui seront en Judée, s’enfuient aux montagnes ».

Je demande s’il peut y avoir de l’incertitude sur le sens de ces versets. Qui que ce soit peut-il être dans le doute sur ce que signifie cette expression « le lieu saint » ? Est-elle jamais employée pour désigner autre chose que le sanctuaire de Dieu à Jérusalem ? Dans l’Écriture, le lieu saint, en tant qu’une place sur la terre, est invariablement le lieu juif où l’on adore Dieu. L’abomination de la désolation exprime une idole qui amènerait la désolation sur les Juifs. Lors donc que cette idole, dont a parlé le prophète Daniel, sera placée dans le temple, ceux qui font cas de Christ devront prendre la fuite. Il n’y a pas un mot des Gentils ici — pas une allusion à l’Église de Dieu là. Les personnes pieuses, mais des personnes juives, dans leur propre ville, sont averties, aussitôt qu’elles verront cette idole, de s’enfuir aux montagnes de Judée qui se trouvent dans le voisinage. « Malheur à celles qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là ! Et priez que votre fuite n’ait pas lieu en hiver ni en un jour de sabbat ». Ce n’est pas du tout une scène chrétienne, mais bien une scène juive. Les chrétiens observent le jour du Seigneur. Par là, nous déclarons que nous reconnaissons Jésus comme Christ ressuscité, et ce jour est le grand symbole de notre bénédiction en Lui, mais le sabbat était un signe entre Dieu et Israël.

« Car alors il y aura une grande affliction, telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant, et qu’il n’y en aura jamais ». Plusieurs, je le sais, appliquent ceci à la destruction de Jérusalem par Titus, et aux grandes calamités qui fondirent alors sur les Juifs. Mais il y a une différence essentielle, qu’on ne doit pas négliger. Le peuple juif ne fut pas délivré alors : tandis que lorsque la prophétie de Daniel est accomplie, il est, et doit être délivré — il ne l’est pas à une époque postérieure, mais il l’est en ce temps-là. Si Daniel est un véritable prophète, c’est que sa prophétie n’a point manqué, mais qu’elle reste à accomplir. Notre Seigneur emprunte nettement et positivement Sa citation à cette prophétie, et à ce même chapitre que nous étudions maintenant. Et que rattache-t-Il à la délivrance d’Israël ? Sa propre venue du ciel comme Fils de l’homme. Qui peut dire qu’elle a eu lieu ? Bien loin que les Romains fussent renversés au temps de Titus, il leur fut permis de réduire les Juifs en esclavage. Ces derniers ne furent point délivrés alors, et, jusqu’à ce jour, ils n’ont pas non plus été jamais les maîtres de leur propre temple, ni pu demeurer dans leur propre pays, même comme simples particuliers. S’il y a une race plus particulièrement proscrite dans la terre sainte, c’est la race juive. Les Turcs, ses possesseurs actuels, l’ont possédée pendant beaucoup de longues années ; et tous, soit les Croisés, soit les Sarrasins, se sont accordés à en exclure les Juifs. De sorte que jusqu’ici il ne s’est rien passé de semblable à la venue du Fils de l’homme pour délivrer Israël. Micaël n’avait pas encore tenu ferme pour eux en ce sens-là.

Ainsi, ce que j’ai montré d’après l’Ancien Testament est amplement confirmé par le Nouveau. Tous les prophètes, l’un après l’autre, présentent le même tableau, c’est-à-dire un temps de détresse, comme il n’y en a jamais eu, immédiatement suivie d’une délivrance, telle que jamais encore il n’en a été accordé de pareille à Israël. Il est parfaitement clair, comme nous croyons tous, que ce sont là des prophéties de Dieu, qu’il ne s’agit que d’attendre le temps auquel il convient à Dieu de les accomplir à la lettre. Selon que notre Seigneur le déclare dans ce même chapitre 24 de Matthieu : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point ». Ce n’est pas seulement dans sa teneur générale que la prophétie est vraie, mais il ne passera pas un seul iota ou un seul trait de lettre, que tout ne soit accompli.

S’il en est ainsi, nous possédons une clé importante pour l’intelligence de la prophétie de Daniel. Quelque prochaine que fût la destruction de Jérusalem par les Romains, le Seigneur ne laisse pas pourtant de porter Ses regards sur une autre époque. Et ce qui rend ce fait d’autant plus remarquable, c’est qu’un des évangélistes nous annonce la destruction de Jérusalem par les Romains, mais aussi la distingue de cette future période de détresse. La principale allusion que la prophétie ait faite positivement à la ruine de Jérusalem par l’armée romaine, se trouve en Luc 21. Et voyez quelle différence de langage : « Et quand vous verrez Jérusalem être environnée d’armées ». Pas un mot au sujet de la présence de l’abomination de désolation dans le lieu saint. Saint Luc l’omet entièrement, et décrit ce que Matthieu ne mentionne pas — Jérusalem environnée d’armées. « Quand vous verrez Jérusalem environnée d’armées, sachez alors que sa désolation est proche. Alors que ceux qui sont en Judée s’enfuient aux montagnes, et que ceux qui sont au milieu de Jérusalem s’en retirent », etc. C’est-à-dire, que le Seigneur prescrit exactement la même ligne de conduite aux Juifs qui sont dans Jérusalem, soit à l’approche du sac de la ville par les Romains (comme en Luc), soit lors de la future désolation qui doit tomber sur elle (comme en Matthieu). Jusque-là il y avait analogie entre les deux événements : on devait s’enfuir, ne pas se confier en de vaines espérances de délivrance par quelque prétendu Messie, mais savoir de la bouche du Seigneur Lui-même que Jérusalem devait tomber sous la puissance des Gentils. Si quelqu’un voulait échapper, il fallait qu’il sortît de Jérusalem. « Et que ceux qui sont aux campagnes n’entrent pas en elle ». Peu importe ce qu’on pourra leur dire de la Pâque ou de quelqu’autre fête, leur voie de sûreté est d’éviter Jérusalem. Il n’y a pas encore de délivrance pour Israël. « Car ce sont là les jours de la vengeance, afin que toutes les choses qui sont écrites soient accomplies ». Luc ne dit pas : c’est là le temps de détresse comme il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde. Les expressions sont de la plus singulière exactitude : Luc présentant d’abord la destruction de Jérusalem par Titus, et Matthieu ne parlant que du dernier siège avant que les Juifs soient délivrés. « Car ce sont là les jours de la vengeance, afin que toutes les choses qui sont écrites soient accomplies. Or, malheur à celles qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là ! Car il y aura une grande détresse dans le pays, et de la colère contre ce peuple. Et ils tomberont sous le tranchant de l’épée, et seront menés captifs dans toutes les nations ». Ce n’était donc pas là le temps de détresse de Jacob où il serait délivré. Au temps dont parle saint Luc, au lieu de la délivrance on tombe seulement dans les angoisses d’une captivité après les angoisses de la guerre.

« Et Jérusalem sera foulée par les nations jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis ». C’est ce qui s’accomplit à l’heure présente. « Les temps des Gentils » continuent encore jusqu’à ce jour. Les Gentils ont constamment dominé, et sur toute la face de la terre les Juifs n’ont pas obtenu un pays ou une ville qu’ils puissent dire à eux. Qui possède leur ville et leur pays ? Les Gentils. « Les temps des Gentils » ne sont point expirés. « Jérusalem sera foulée par les Gentils, jusqu’à ce que les temps des Gentils soient accomplis ». Ils en sont les maîtres, et comme tels, ils la fouleront jusqu’à ce que les temps assignés soient accomplis — et non pas à toujours. Il n’est dit nulle part que cet état de choses doit aller jusqu’au temps de la fin. Au contraire, la domination gentile sur les Juifs est près de son terme : le verset suivant nous l’enseigne. Nous avons déjà vu un énoncé très régulier, très méthodique des malheurs qui devaient arriver à Jérusalem ; et les temps des Gentils ont toujours couru depuis Titus jusqu’au moment actuel. Mais au verset 25, commence la scène finale, la seule chose dont il soit question en Matthieu 24, à partir du verset 15 — et cela en raison de la question faite par les disciples : « Quel sera le signe de ta venue et de la fin du siècle ? ». Mais, comme en Luc ils demandent simplement : « Quel signe y aura-t-il quand ces choses devront arriver ? » (c’est-à-dire la destruction du temple), le Seigneur leur annonce la venue des Romains, et ensuite, descendant le cours du temps des Gentils, Il continue jusqu’à la fin ; tandis que Mathieu se renferme dans ce qui est relatif à la fin, en réponse à la question qu’il rappelle. Telle est la raison toute simple de la différence de langage entre les deux évangélistes, et rien de plus beau que la manière dont la vérité se produit. Maintenant nous arrivons, ici en Luc, aux grands événements qui marquent la fin des temps des Gentils. « Et il y aura des signes dans le soleil, et dans la lune, et dans les étoiles, et sur la terre une angoisse des nations en perplexité… les hommes rendant l’âme de peur et à cause de l’attente des choses qui viennent sur la terre habitable, car les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors on verra le Fils de l’homme venant sur une nuée avec puissance et grande gloire ».

Ceux qui, par une interprétation figurée, appliquent Matthieu 24 à la destruction de Jérusalem par Titus, sont obligés de faire de cette venue du ciel du Fils de l’homme, une simple figure représentant l’action providentielle de Dieu, par le moyen de Titus, pour écraser les Juifs. Mais Luc 21 réfute complètement une pareille idée. L’Esprit de Dieu y fait voir, en effet, que Jérusalem a été prise, et que les temps gentils continuent de courir : c’est lorsqu’ils vont expirer que le Fils de l’homme vient sur les nuées du ciel, avec puissance et grande gloire — des centaines d’années après Titus. La scène finale est introduite comme terminant les temps des Gentils, ou comme étant la conséquence du fait qu’ils ont pris fin. « Et quand ces choses commenceront à arriver, regardez en haut, et levez vos têtes, car votre rédemption approche ». Et puis, un peu plus loin (v. 32), nous trouvons cette expression remarquable : « En vérité, je vous dis que cette génération ne passera pas que toutes ces choses ne soient arrivées ». C’est un mauvais emploi de ce terme qui conduit à tant de confusion sur le sujet. Quand la phrase « cette génération » arrive-t-elle dans le récit ? C’est après que le Fils de l’homme est déjà venu avec puissance et avec gloire — et non lorsqu’on a vu Jérusalem environnée d’armées. Cette circonstance est importante pour aider à déterminer le vrai sens de l’expression. Si par ces mots « cette génération » il fallait entendre la durée d’une vie d’homme, ils n’occuperaient pas dans la prophétie une place convenable. L’idée qu’ils portent ordinairement avec eux eût pu être raisonnable, s’ils se fussent rencontrés juste quand il était question des armées assiégeant Jérusalem. Mais l’expression n’a pas de sens, si on la place après l’accomplissement des temps des Gentils. De sorte qu’il faut que « cette génération » prise dans une acception temporelle, embrasse évidemment une étendue de dix-huit siècles pour le moins. Quelle est donc sa force véritable, et que désigne-t-elle ? Elle désigne — ce qu’elle fait très fréquemment dans l’Écriture — cette race d’Israël qui rejette Christ, et non une simple période de temps. L’Écriture l’emploie dans un sens moral pour décrire une race qui agit d’une façon particulière, bonne ou mauvaise. Voici comment s’exprime Moïse en faisant des reproches au peuple : « Ils se sont corrompus… c’est une génération perverse et revêche… Et il a dit, je cacherai ma face d’eux, je verrai quelle sera leur fin ; car ils sont une race perverse ». Ici, très évidemment, c’est de leur condition morale comme peuple qu’il s’agit, et non du temps où cela a été manifesté.

Nous trouvons dans les Psaumes une clé de plus pour la signification propre de ce terme. Au psaume 12, par exemple, se lisent ces paroles : « Toi, Éternel, garde-les, et préserve-les à jamais de cette race de gens » (même mot qu’en Luc). Si par le terme « génération » il fallait simplement entendre une durée de trente ou quarante années, quel serait le sens de ces mots « à jamais » ? Il ne s’agit nullement du cours de quelques années, mais de l’état moral d’un peuple, et du peuple d’Israël. Pareillement la portée des paroles de saint Luc est tout à fait manifeste. « Cette génération ne passera pas, que toutes ces choses ne soient arrivées ». Ce que veut dire le Seigneur, c’est que la race d’Israël continuera encore dans l’incrédulité et la réjection de Christ. C’est comme s’il disait : Je veux vous préparer pour cette vérité terrible, que cette génération qui rejeta Christ doit continuer jusqu’à ce que toutes ces choses soient accomplies. Or, en dehors de la prophétie, jamais on n’aurait pu prévoir un tel fait. On aurait pu supposer, au contraire, que, pendant que le christianisme s’étendait sur toute la terre et faisait des conquêtes en tout lieu, s’il devait y avoir une nation qui, plus qu’une autre, dût être amenée sous l’autorité de Christ, ce devait être Israël, aimé à cause des pères. Mais non. Les Juifs doivent poursuivre dans la même incrédulité. Il pourrait bien y avoir parmi eux une suite de fidèles, mais la génération méchante, touchant laquelle Christ nous donnait alors un avertissement, ne passera pas jusqu’à ce que tout soit accompli. Et qu’est-ce qui viendra ensuite ? Comme les Psaumes s’expriment encore, la génération à venir. Israël sera né de nouveau, un nouveau cœur lui aura été donné. Il sera alors le peuple qui louera l’Éternel. Cela est parfaitement d’accord avec le reste de l’Écriture. Le Seigneur avait représenté Israël sous la figure d’un figuier stérile, et en conséquence, Il avait prononcé une malédiction sur cet arbre. Lorsqu’il est dit, dans un des évangiles, que ce n’était pas encore la saison des figues, cela signifie que le temps de leur maturité ou de leur récolte n’était pas encore arrivé. Par suite les figues n’auraient pu être enlevées de l’arbre. En eût-il porté, elles auraient dû être là. C’est simplement lorsque les figues n’étaient pas encore mûres, que notre Seigneur vint chercher du fruit ; mais il ne s’y en trouva point. Il y avait abondante profession — des feuilles, mais pas de fruit. C’est pourquoi Il dit : « que désormais aucun fruit ne naisse plus de toi à jamais ! ». Telle est, en figure, « cette génération ». Mais comment concilier cela avec le fait qu’Israël doit être bientôt à la gloire du Seigneur ? Israël doit naître de nouveau. « Cette génération-là » ne produira jamais de fruit pour le Seigneur : elle doit être détruite sous le jugement de Dieu, et une nouvelle race naîtra. Le type du passé nous donne une figure frappante de l’avenir.

D’après ces prophéties, que nous venons de considérer, deux tirées de l’Ancien Testament et deux contenues dans le Nouveau, il est clair que le temps de détresse dont parle Daniel est entièrement futur ; et que saint Luc distingue expressément une période de trouble considérable qui était juste sur le point de survenir, et qui est, en effet, survenue à Jérusalem, d’avec une dernière période de détresse beaucoup plus profonde qui est encore à venir. Nous revenons maintenant à Daniel, avec la lumière que nous avons recueillie d’autres passages des deux Testaments, qui prouvent que la Parole de Dieu est positive et précise sur le fait qu’il faut qu’Israël traverse un océan de détresse inouïe, mais qu’il en doit être délivré. Au fond, c’est l’événement précurseur de la grande délivrance de la part de Dieu.

Mais il y avait encore une question qui restait sans réponse. Quelque important que ce fût pour Daniel de savoir que ses compatriotes seraient infailliblement délivrés, il y avait lieu encore à cette autre question : — Quelle sera la condition des Juifs qui ne se trouvent point alors dans le pays ? Qu’adviendra-t-il de ceux qui n’étant pas à Jérusalem ou dans la Judée ne sont point, par conséquent, les objets immédiats de la délivrance que Dieu y opère ? Le second verset du chapitre nous donne la réponse. « Et plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront — les uns pour la vie éternelle, et les autres pour les opprobres et pour l’infamie éternelle ». On applique constamment ce passage à la résurrection du corps, et il est vrai que l’Esprit fait reposer sur cette résurrection-là la figure qu’il emploie ; mais on peut voir qu’elle n’a pas le moindre rapport avec la résurrection corporelle, soit la nôtre, soit celle d’Israël. Comme cela peut sembler difficile à plusieurs, je dois établir, par l’Écriture, que, dans le langage du Saint Esprit, la résurrection est employée comme figure d’un heureux rétablissement du sein d’un état de ruine.

Ésaïe 26 nous présente, ce qui je suppose ne sera mis en question par personne, un tableau de la détresse d’Israël — de sa détresse sous ses dominateurs gentils. Il est dit au verset 13 : « Éternel, notre Dieu, d’autres seigneurs que toi nous ont maîtrisés ; mais c’est par toi seul que nous faisons mention de ton nom ». Cela ne se rapporte point à l’Église, quoiqu’on nous en fasse si souvent l’application. Nous n’avons point eu d’autres seigneurs sur nous — mais les Juifs en ont eu. Ils ont été sous des maîtres pendant des centaines d’années, et ils y sont encore. « Mais c’est par toi seul que nous faisons mention de ton nom. Ils sont morts, ils ne vivront plus ; ils sont trépassés, ils ne se relèveront plus ». Ces seigneurs qui avaient domination sur eux ont disparu, ils sont morts. — Ils ne se relèveront plus. Peut-il être question là de la résurrection prise dans le sens littéral ? Si cela était, ils devraient se relever comme les autres. Ce qui est dit évidemment, c’est qu’ils périssent dans ce monde. En d’autres termes, l’Esprit leur applique la figure de la résurrection. C’en est fait d’eux, ils ne seront plus seigneurs sur Israël. « Parce que tu les as visités et exterminés, et que tu as fait périr toute mémoire d’eux. Éternel, tu avais accru la nation, tu avais accru la nation ; tu as été glorifié ». Qui peut douter que ce passage parle d’Israël seulement ? « Mais tu les as jetés loin dans tous les bouts de la terre ». Pourrait-on dire cela de l’Église ? Lorsque l’évangile s’étend sur tout le monde, c’est l’efficace de l’amour dans les hommes — l’activité de la grâce de Dieu qui circule partout. Il n’en est pas de même avec Israël. Pour lui, il a une ville qui est son lieu central, et où, s’il eût été fidèle, Dieu l’aurait maintenu ; de sorte que sa dispersion à tous les bouts de la terre était l’effet d’un jugement divin qui l’avait frappé, et non celui d’une mission d’amour. « Éternel, étant en détresse, ils se sont rendus auprès de toi ; ils ont répandu leur humble requête quand ton châtiment a été sur eux ». C’en a été le fruit. Israël s’humilie. Celui qui s’était engraissé et avait regimbé, était maintenant repentant, et le Seigneur prête l’oreille à sa confession, et regarde à son angoisse. « Comme celle qui est enceinte est en travail, et crie dans ses tranchées, lorsqu’elle est près d’enfanter ; tels avons-nous été à cause de ton courroux, ô Éternel ! ». Et puis, au verset 19, le Seigneur répond : « Tes morts vivront, même mon corps mort vivra, ils se relèveront ». Il les réclame comme siens, quoiqu’ils eussent tant péché et qu’ils se trouvassent dans cette déplorable, cette dégradée condition. « Mon corps mort vivra, ils se relèveront ». Remarquez ce qui suit, en le rapprochant de Daniel : « Réveillez-vous, et vous réjouissez avec chant de triomphe, vous, habitants de la poussière, car ta rosée est comme la rosée des herbes, et la terre jettera dehors les trépassés ». Peut-on douter, si l’on a suivi les raisons qui viennent d’être avancées, que l’Esprit ne parle point ici de l’Église, mais bien d’Israël, en contraste avec ses dominateurs gentils, maintenant renversés, et qui ne le maîtriseront jamais plus ? Israël, au contraire, quoique réduit à la plus triste condition, était seulement comme le corps mort que le Seigneur réclame comme sien, et, à ce titre, comme appartenant au Seigneur, il se relèvera.

Revenant maintenant à Daniel, voyez quelle lumière est jetée sur le passage. Non seulement il y aura délivrance pour les Juifs, qui dans la terre sainte ont été témoins de tous les combats entre l’Antichrist et le roi du Nord, mais aussi pour plusieurs de ceux qui dorment, c’est-à-dire, qui ne se sont pas encore avancés, qui ont été à l’écart des troubles de leur nation, qui sont restés dans une obscurité totale, comme, pour ainsi dire, dormant dans la poussière de la terre. « Plusieurs de ceux-là se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour les opprobres et pour l’infamie éternelle ». Cela prouve clairement que ce n’est point la résurrection des justes, parce que lorsqu’elle a lieu personne ne se relève pour les opprobres et pour l’infamie éternelle. Le passage n’a absolument aucun rapport avec la résurrection corporelle, qui ne fait que fournir ici, simplement, une figure pour exprimer le rétablissement national d’Israël, qui est représenté comme dormant dans la poussière, afin d’exprimer la profondeur dans son état de dégradation. L’heure était arrivée maintenant où il allait se réveiller et éclater en chant de triomphe, selon les paroles d’Ésaïe.

Mais il nous faut arriver à un autre passage, le plus clair de tous peut-être sur le sujet que nous considérons. Il se trouve dans la prophétie d’Ézéchiel, où la même figure est employée dans une prédiction très manifeste de la restauration d’Israël. Ésaïe les appelait un corps mort, et parlait d’eux comme dormant dans la poussière, d’où ils devaient se réveiller. Daniel aussi appelait le changement qui s’opérait dans leur état, un réveil de leur sommeil au sein de la poussière. Ézéchiel va plus loin encore, et les représente non pas seulement comme morts, mais comme ensevelis dans leurs tombeaux. Or, s’il peut être prouvé que ce passage n’est point relatif à une résurrection corporelle littérale, mais bien à une restauration nationale d’Israël, la chaîne d’évidence entre tous ces passages sera complète. C’est une chose manifeste qu’il en est ainsi, en effet, car, dans cette prophétie nous ne sommes pas réduits à en chercher le sens dans le contexte, mais il y en a une interprétation divine. Nous n’avons pas seulement la prophétie, mais nous avons la prophétie expliquée, et l’explication donnée à Ézéchiel, et par lui, de la prophétie, exclut toute autre pensée que celle que je me suis efforcé de produire devant vous. Au commencement du chapitre 37, nous trouvons une campagne pleine d’ossements desséchés. « Et il me dit : Fils d’homme, ces os pourraient-ils bien revivre ? Et je répondis : Seigneur Éternel, tu le sais ! Alors il me dit : Prophétise sur ces os, et leur dit : Os secs, écoutez la parole de l’Éternel. Ainsi a dit le Seigneur l’Éternel à ces os. Voici, je m’en vais faire entrer l’esprit en vous, et vous revivrez. Et je mettrai des nerfs sur vous ; et je ferai croître de la chair sur vous, et j’étendrai de la peau sur vous, puis je remettrai l’esprit en vous, et vous revivrez, et vous saurez que je suis l’Éternel. Alors je prophétisai selon qu’il m’avait été commandé ; et sitôt que j’eus prophétisé, il se fit un son, et voici, il se fit un mouvement, et ces os s’approchèrent l’un de l’autre. Puis je regardai, et voici, il vint des nerfs sur eux, et il y crût de la chair, et la peau fut étendue par-dessus ; mais l’esprit n’y était point ». Y a-t-il quelqu’un qui puisse penser sérieusement que c’est là la manière dont l’Église ressuscitera d’entre les morts ? Y a-t-il une âme assez abusée pour voir dans ces paroles une description de la manière dont nos corps doivent ressusciter ? Des os venant ensemble d’abord ; ensuite la chair et la peau qui les recouvrent ; et puis la respiration qui est mise en eux ? Un esprit sobre peut-il prétendre que ce tableau a tout premièrement pour but de figurer l’œuvre de l’évangile dans la vivification des âmes ? Mais, dans ce cas, que signifient les os d’abord, etc ?

« Alors il me dit : Prophétise à l’esprit ; prophétise, fils d’homme, et dis à l’esprit : Ainsi a dit le Seigneur, l’Éternel : Esprit, viens des quatre vents, et souffle sur ces morts, et qu’ils revivent. Je prophétisai donc comme il m’avait été commandé, et l’esprit entra en eux, et ils revécurent et se tinrent sur leurs pieds, et ce fut une armée extrêmement grande. Alors il me dit : Fils d’homme, ces os sont toute la maison d’Israël ». Quoi de plus simple que l’explication que Dieu donne de la vision ? Il l’applique à toute la maison d’Israël, quoique, sans aucun doute, ce fût la vision d’une résurrection. Ézéchiel vit les os revivre, et les hommes se tenir sur leurs pieds. Mais puis, nous voyons Dieu nous donner le sens réel et l’application propre de cette vision. Pour la résurrection du corps, nous la trouvons très pleinement ailleurs dans le Nouveau Testament, par exemple, et aussi dans Job. Les évangiles, les épîtres, l’Apocalypse nous présentent la résurrection tant des justes que des injustes — une résurrection bienheureuse pour les uns, et une résurrection qui aura de terribles conséquences de malheur pour ceux qui y seront compris. Mais ici nous avons le même Dieu faisant usage de la résurrection, comme d’une figure pour décrire la bénédiction qu’Il doit faire venir sur le peuple d’Israël. C’est d’une façon semblable qu’en Luc 15, Il applique la même figure à la conversion du fils prodigue : « Mon fils, que voici, était mort, et il est revenu à la vie, il était perdu, et il est retrouvé ». Paul l’emploie aussi pour nous présenter la bénédiction qui résultera bientôt pour le monde du rétablissement d’Israël : « Quelle sera leur réception, sinon la vie d’entre les morts ? ». Je maintiens donc qu’il n’y a pas d’autre interprétation de ce passage qui porte l’empreinte de l’Esprit de Dieu. On peut s’en servir pour prêcher l’évangile, ou en faire une application figurée, et je n’ai pas d’objection à ce qu’on l’emploie de la sorte : mais la Parole de Dieu nous fournit à la fois la vision et son interprétation, et je n’ai pas plus de motif de croire l’une que l’autre. Dieu déclare qu’elle signifie la maison d’Israël ; en conséquence elle ne signifie point la résurrection des corps. Lorsque les hommes seront ressuscités des morts, dans le sens physique propre, il n’y aura rien de semblable à la maison d’Israël parmi ceux qui seront ainsi ressuscités. La résurrection met fin à toutes les relations qui tiennent au temps et au monde. Il en résulte que ce que nous avons ici est tout simplement une figure qui lui est empruntée, et qui s’applique au futur rétablissement d’Israël — qui sera alors une nation sainte, mais pourtant une nation.

« Ces os sont toute la maison d’Israël ; voici, ils disent : Nos os sont devenus secs, et notre attente est perdue ; c’en est fait de nous. C’est pourquoi, prophétise, et leur dit : Ainsi a dit le Seigneur l’Éternel : Mon peuple, voici, je m’en vais ouvrir vos sépulcres, et je vous tirerai hors de vos sépulcres, et vous ferai rentrer en la terre d’Israël ». Rien ne saurait être plus clair, et tout le chapitre rend témoignage de la même chose. Mais il y a plus que cela : « Et vous, mon peuple, vous saurez que je suis l’Éternel, quand j’aurai ouvert vos sépulcres, et que je vous aurai tirés hors de vos sépulcres. Et je mettrai mon Esprit en vous, et vous revivrez ; et je vous placerai sur votre terre ; et vous saurez que moi, l’Éternel, j’aurai parlé, et que je l’aurai fait, dit l’Éternel ». Ce qui suit jette là-dessus plus de lumière encore. C’est une autre vision qui se rattache à celle-là. Le prophète reçoit l’ordre de prendre deux bâtons et de les joindre l’un à l’autre, exprimant, par cet acte symbolique, un autre côté de la bénédiction en réserve pour Israël. Si tout Israël devait être tiré hors de ses sépulcres, il eût été possible que les douze tribus formassent deux parties séparées, comme dans les anciens jours ; mais maintenant survient une condition nouvelle, qui nous apprend que lorsqu’aura lieu le retour d’Israël à la vie, les intérêts, autrefois divisés, seront confondus et ne feront qu’un. Cela ne se rapporte en rien à l’Église, ni à notre état, quand nous serons ressuscités des morts. Nous ne serons point plantés dans le pays d’Israël sous David comme notre roi. Lors même que nous prendrions ici David comme type de Christ, telle n’est point encore notre relation. Nous sommes le corps et l’épouse de Christ — nous ne sommes pas simplement un peuple sur lequel règne un roi.

Ainsi, le rapprochement de ces diverses portions de la Parole de Dieu, prouve, avec force, que le passage de Daniel dont nous sommes occupés en ce moment, a trait uniquement à Israël. Et comme le premier verset nous présente la délivrance des Juifs dans leur pays au temps de leur plus rude détresse, de même le second nous signale ce qui est la clé pour l’intelligence de tant de prophéties — la sortie de la race des Juifs des lieux où ils se cachent, et de leur profonde dégradation, état exprimé par leur sommeil au sein de la poussière et la manière dont ils s’en réveillent. Mais qu’il s’agisse de ceux qui se trouvent dans le pays, ou de ceux qui sortent de la poussière de la terre et d’entre les Gentils, personne n’échappera, excepté ceux qui sont les objets des conseils de Dieu, c’est-à-dire qui seront « trouvés écrits dans le livre ». Quelques-uns peuvent se réveiller, comme l’exprime la figure, pour prendre leur part dans la grande lutte de la fin, mais n’étant pas enregistrés dans le livre de Dieu, ils seront abandonnés aux opprobres et à l’infamie éternelle. Pour les autres, ce n’est pas simplement une délivrance nationale, mais bien davantage. Ceux qui échapperont seront véritablement nés de Dieu. À leur relèvement s’attache un caractère spirituel, aussi bien qu’un caractère national.

Mais poursuivons rapidement le reste de notre chapitre. L’Esprit de Dieu nous fait voir que plusieurs parmi eux auront une maturité remarquable. Ce sont ceux qui sont dits être « intelligents ». « Ceux qui auront été intelligents luiront comme la splendeur de l’étendue ». Ceux-là ont été distingués dans un temps de détresse parmi les Juifs. « Et ceux qui auront instruit les plusieurs dans la justice, luiront comme des étoiles à toujours et à perpétuité ». Nous sommes ainsi obligés de faire un changement dans la version, parce que l’expression « amené plusieurs à la justice » qui se trouve dans la version ordinaire, est tout à fait malheureuse. Le véritable sens est « ceux qui auront enseigné la justice aux plusieurs ». Il n’est pas question du succès qu’ils ont obtenu ; l’idée n’est point s’ils les ont réellement amenés ou non à la justice, mais tout simplement que « ceux qui ont enseigné les plusieurs » ou la masse des Juifs, ont la promesse de la bénédiction. Il est possible qu’ils n’aient obtenu que de petits résultats, mais la question est s’ils ont travaillé pour Dieu, et maintenu les droits de Sa vérité. Le même terme hébreu se trouve dans d’autres parties de l’Écriture, où il n’y a pas de doute qu’il signifie justifier. Les traducteurs, jugeant avec juste raison que l’expression « justifier » ne serait pas convenable dans une phrase qui décrit l’action de l’homme, tandis que la justification appartient certainement à Dieu, l’ont remplacée par celle de « amener à la justice ». Mais je prends la liberté de préférer la version que j’ai déjà mentionnée — « instruire dans la justice ». Il semblerait donc qu’il y aura certains Juifs qui auront montré, comparativement, un haut degré d’intelligence de la pensée de Dieu. Ils sont appelés « les intelligents ». Mais outre ces intelligents, il y en a d’autres qui, mus par l’énergie spirituelle, sortent, comme nous avons vu, pour enseigner la masse des Juifs, déjà tombés alors, ou qui tombent plus tard, sous la puissance de l’Antichrist. L’expression « les plusieurs » est une expression technique en Daniel, pour désigner la masse incrédule, ou ceux qui sont perdus. Ceux qui instruiront les plusieurs dans la justice, brilleront comme des étoiles à toujours et à perpétuité.

Je saisis cette occasion pour dire que c’est là le véritable sens d’un verset d’Ésaïe 53, qui a singulièrement tourmenté les critiques : « Par sa connaissance, mon serviteur juste, en justifiera plusieurs » (vers. angl.). Beaucoup de chrétiens l’ont sans doute rattaché avec celui-ci de l’épître aux Romains : « par son obéissance plusieurs seront rendus justes ». Mais il n’y a pas un rapport quelconque entre les deux pensées. Prenez-le dans le sens que nous venons de trouver au passage de Daniel, et tout est parfaitement clair. Je n’ai pas le moindre doute que telle est sa véritable signification. Il est question d’instruire dans la justice, et ce n’est point la justification qui fait là le sujet. Dans le cas du Seigneur, naturellement l’instruction sera parfaite, mais même là, ceux qui sont l’objet de Son activité, sont désignés par le mot de « plusieurs », et ce ne sont point « les plusieurs » comme c’est le cas en Daniel. Ici nous trouvons que ces âmes pieuses, parmi les Juifs, possèdent une certaine connaissance de la vérité divine, et instruisent la masse dans la justice. Il ne sera pas question en ce jour-là de semer et de prêcher la grâce. Elles instruiront dans la justice : il se peut qu’elles expriment les pensées bénies de Dieu en rapport avec Israël, mais elles enseigneront dans la justice. Le sens de « justifier » ne serait point juste, que nous regardions à ceux qui agissent, ou à ceux à l’égard desquels ils agissent. Nous pourrions peut-être le comprendre de l’action du Seigneur en Ésaïe 53. Mais même pour ce cas-là, demandez à qui que ce soit ce qu’il faut entendre par la déclaration qu’il en justifie plusieurs par sa connaissance, et vous verrez comme on devra aller loin pour chercher une réponse plausible. Quelques défenseurs de cette interprétation tachent d’entendre le verset comme s’il y avait « par la connaissance qu’ils auront de lui », mais cela ne peut tenir. La véritable signification, c’est que le Seigneur emploierait Sa connaissance comme moyen d’en instruire plusieurs. En Ésaïe et en Daniel, il est question d’instruire dans la justice, et non de justifier ni d’amener à la justice.

Dans le verset qui suit, nous trouvons un principe important sur lequel nous devons dire quelques mots. « Mais toi, Daniel, ferme ces paroles, et cachette ce livre jusqu’au temps déterminé, auquel plusieurs courront, et la science sera augmentée ». Ici Daniel est informé que les choses qu’il avait vues, et les communications qu’il avait reçues, tout en étant de Dieu sans aucun doute, n’étaient pas destinées à avoir encore leur application et leur utilité. Tout devait être un livre scellé jusqu’à une époque éloignée, en un mot, jusqu’au temps de la fin (vers. angl.). Dans un verset plus bas, Daniel pose la question : « Quelle sera l’issue de ces choses ? ». Et la réponse est : « Va, Daniel, car ces paroles sont closes et cachetées, jusqu’au temps de la fin. Il y en aura plusieurs qui seront nettoyés et blanchis, et rendus éprouvés ; mais les méchants agiront méchamment, et pas un des méchants n’aura de l’intelligence ; mais les intelligents comprendront » ; langage qui montre clairement que l’intelligence des paroles de Dieu est une chose spirituelle, et non affaire simplement de capacité intellectuelle. S’il n’en était pas ainsi, les méchants pourraient comprendre tout aussi bien que les justes ; tandis qu’il est expressément déclaré que pas un des méchants n’aura de l’intelligence, mais que les intelligents comprendront, c’est-à-dire, ceux dont il a été question plus haut.

Remarquez comme cela a de l’importance. Dans le dernier chapitre de l’Apocalypse, nous voyons qu’il est parlé au prophète Jean, à la fin de sa prophétie. C’est un contraste très frappant avec ce qui est dit à Daniel. Celui-ci, dans son dernier chapitre, reçoit l’ordre de tout fermer, de tout cacheter jusqu’au temps de la fin ; il est dit, au contraire, à Jean, dans le dernier chapitre de l’Apocalypse, de ne pas cacheter « les paroles de la prophétie de ce livre, parce que le temps est proche ». En d’autres termes, il y a un parfait contraste entre les injonctions faites aux deux prophètes. Pour le prophète juif tout est scellé jusqu’au temps de la fin ; pour le prophète chrétien il n’y a rien de scellé, tout est ouvert. D’où cela vient-il ? Le voici : c’est que l’Église — le chrétien — est toujours censée être au temps de la fin. Le don du Saint Esprit a changé toute chose. À partir de là rien n’a été scellé pour le chrétien : toute la pensée de Dieu, Ses affections, Ses conseils, et même Ses secrets relativement au monde, tout ce qui se trouve dans les Écritures de vérité lui est accessible par la puissance de Dieu. Le chrétien, même le plus faible, le plus ignorant, a le Saint Esprit qui fait en lui Sa demeure. Aussi, écrivant aux jeunes enfants, saint Jean leur dit-il : « Vous avez l’onction de la part du Saint, et vous connaissez toutes choses ». Toute la science du monde ne peut jamais rendre un homme capable de comprendre la Bible ; tandis que si quelqu’un est né de Dieu, il peut comprendre tout ce que Dieu révèle : il n’a besoin que d’être conduit en avant, et plus parfaitement instruit. L’apôtre ne parle point des connaissances actuelles du jeune enfant, qui pouvaient être fort légères. En qui donc nous glorifions-nous, et devons-nous nous glorifier ? En Dieu, qui nous a départi un aussi merveilleux privilège. Quiconque possède le Saint Esprit a, par là même, une capacité divine pour entrer dans les choses de Dieu. Il n’a besoin que d’être dans des circonstances convenables, de compter sur Dieu, et d’apprécier Sa Parole, et ce qui est de Dieu sera manifesté et démontré être divin.

Cela se rattache au fait que l’Esprit de Dieu est donné à l’Église dans un sens particulier, qui n’était pas connu même des prophètes ; car quoiqu’ils eussent l’Esprit pour les inspirer, comme naturellement nous ne l’avons pas, nous avons cependant le Saint Esprit toujours demeurant en nous ; et une des conséquences de cette bénédiction, c’est que nous avons l’intelligence spirituelle, « la pensée de Christ » qu’ils ne possédaient pas. C’est à cause de cela, comme vous pouvez vous le rappeler, que l’Esprit de Dieu en 1 Pierre 1 met en contraste la condition actuelle du chrétien avec celle des saints et des prophètes eux-mêmes, sous l’Ancien Testament. Il nous les montre « recherchant pour quand et pour quel temps l’Esprit de Christ, qui était en eux, rendant par avance témoignage, déclarait les souffrances qui devaient arriver à Christ, et les gloires qui suivraient ; et il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu’ils administraient ces choses qui vous sont maintenant annoncées par ceux qui vous ont annoncé la bonne nouvelle, par l’Esprit Saint envoyé du ciel ». C’est-à-dire que nous sommes placés dans la connaissance et la jouissance actuelles de choses dont il leur fut déclaré qu’elles ne les concernaient point, mais qu’elles nous concernaient nous, qui appartenons au Nouveau Testament. C’est là un point de haute importance. Ils possédaient la promesse, et c’était pour eux le salut. Mais nous avons beaucoup plus : nous avons une bénédiction positive, accomplie — la rédemption non pas simplement promise, mais effectuée. Et maintenant, le chrétien, délivré par la grâce de toute incertitude quant à ses péchés, est libre d’entrer dans les choses bénies de Dieu. En conséquence, Dieu nous dit maintenant : Il ne vous faut pas cacheter le livre. La fin étant moralement arrivée, c’est dans le temps de la fin que nous sommes envisagés ; et c’est la raison pour laquelle nous attendons à tout moment la venue du Seigneur. Là où prévaut la pensée juive, on a toujours devant soi la perspective d’un temps préalable de grande détresse. On ne voit point que Dieu a un dessein à l’égard d’Israël, aussi bien qu’envers l’Église ; que lorsqu’Il nous aura retirés à notre place propre dans la gloire céleste, Il reprendra de nouveau Ses voies avec les Juifs, et que ce sont eux, et non pas nous, qui seront appelés à traverser la grande tribulation, et à voir les signes qui proclameront l’approche du Fils de l’homme vers la terre.

Cela sert aussi à expliquer comment il se fait que nous pouvons comprendre ces prophéties. Daniel ne le pouvait pas, selon qu’il le dit ici : « Ce que j’ouïs bien, mais je ne l’entendis point ; et je dis : Mon seigneur, quelle sera l’issue de ces choses ? Et il dit : Va, Daniel, car ces paroles sont closes et cachetées jusqu’au temps de la fin ». Puis arrive le christianisme, et pas une d’elles n’est close — pas une n’est cachetée : elles sont toutes ouvertes. La fin est toujours proche pour nous : comme il est écrit, 1 Corinthiens 10, 11 : « ces choses ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints ». Et c’est toujours ainsi. « Christ est dit avoir été manifesté une fois, en la consommation des siècles, pour l’abolition du péché, par le sacrifice de lui-même ». L’Église est toujours supposée être à la fin, et, par la vertu de l’Esprit, anticiper le résidu pieux et intelligent. À la vérité, l’Église commença par un résidu de Juifs qui avaient foi dans leur Messie. C’est ainsi que la Pentecôte commença par ce qui sera vrai de nouveau, après que nous aurons été retirés dans le ciel. Car lorsque Dieu aura transporté les saints et que le temps de la fin sera venu à la lettre, il y aura une fois de plus un résidu de Juifs fidèles. « Mais les intelligents comprendront ». L’Église est toujours supposée se tenir dans ces privilèges, et est essentiellement au-dessus des découvertes ou des progrès du siècle.

Pour ce qui est des « jours » dont il est parlé à la fin du chapitre, qu’est-ce qu’ils signifient ? Il est dit au verset 11 : « Or, depuis le temps que le sacrifice continuel aura été ôté, et qu’on aura mis l’abomination de la désolation, il y aura mille deux cent quatre-vingt-dix jours ». Auparavant, il avait été dit dans le verset 7, par l’homme vêtu de lin, que ce serait « jusqu’à un temps, à des temps, et une moitié de temps » ; — c’est-à-dire, mille deux cent soixante jours. Le verset 11 ajoute aux mille deux cent soixante jours, trente jours, ou un mois de plus. Ensuite au verset 12, nous trouvons encore une autre époque. « Heureux celui qui attendra, et qui parviendra jusqu’à mille trois cent trente-cinq jours ». C’est-à-dire qu’il est encore ajouté un mois et demi. De sorte que nous avons, d’abord, mille deux cent soixante jours ; puis mille deux cent quatre-vingt-dix jours, et enfin mille trois cent trente-cinq jours. Quelle est, pouvons-nous demander, la signification de cela ? Et à partir de quel temps devons-nous calculer ces jours ? La réponse est : « Depuis le temps que le sacrifice continuel aura été ôté, et qu’on aura mis l’abomination de la désolation ».

Et maintenant je voudrais faire une remarque qui a quelque importance, comme rattachant ensemble tout ce qui a été dit, et présentant une preuve concluante en faveur de la vérité de l’interprétation que nous venons de donner de cette prophétie. Il s’agit du verset même que citait notre Seigneur en Matthieu 24. « Quand donc vous verrez l’abomination de la désolation dont il a été parlé par Daniel le prophète, établie dans le lieu saint (que celui qui lit comprenne !), alors, que ceux qui seront en Judée s’enfuient aux montagnes ». La question est, où Daniel parle-t-il de cela ? Je réponds, dans le verset 11 de ce chapitre. C’est le seul verset qui réponde parfaitement à celui de Matthieu.

Il nous est déclaré qu’à partir de ce moment-là, il doit y avoir mille deux cent quatre-vingt-dix jours, puis une autre période de quarante-cinq jours, et ensuite la pleine bénédiction. Est-ce que cela a eu lieu ? Si vous l’appliquez à quelque chose qui soit passé, comme par exemple, à la destruction de Jérusalem par Titus, et que vous comptiez mille trois cent trente-cinq jours depuis le temps où les Romains prirent la ville, la bénédiction est-elle réellement arrivée ? Peu importe de quelle manière vous prenez les jours. Imaginez qu’ils représentent mille trois cent trente-cinq années depuis cette destruction de Jérusalem : trouvez-vous à leur terme la bénédiction des Juifs et la bénédiction des saints, conformément à la Parole de Dieu que nous lisons ici ? Rien de pareil. Qu’en conclure alors, sinon que vous avez pris une date fausse ? L’abomination qui amène la désolation n’est pas encore arrivée ; quand elle le sera dans le sens qu’ont les paroles du Seigneur, il suivra une période de mille trois cent trente-cinq jours, après lesquels viendra la pleine bénédiction.

Mais un autre mot encore au sujet de ces différents nombres de jours : d’abord les mille deux cent soixante jours, puis les mille deux cent quatre-vingt-dix, et ensuite enfin, les mille trois cent trente-cinq. Je pense que la raison en est, que la bénédiction d’Israël ne sera pas introduite tout d’un coup. Le premier grand changement sera lors de la destruction du « roi ». Elle a lieu à l’expiration des mille deux cent soixante jours. Mais comme nous le voyons au chapitre 11, après « le roi » c’est le tour du roi du Nord, avec lequel il faut aussi en finir. Par conséquent, il y a une nouvelle période de délai. Mais je ne puis dire si elle coïncidera avec les trente jours de plus (ou mille deux cent quatre-vingt-dix), ou bien avec les quarante-cinq jours suivants (mille trois cent trente-cinq). Ce dont, toutefois, nous pouvons être assurés, c’est que les mille trois cent trente-cinq jours nous mènent jusqu’à l’accomplissement de l’œuvre entière ; et je suis enclin à penser que la destruction du roi du Nord est l’un des derniers, sinon le dernier, de tous ces actes de jugement qui doivent s’accomplir avant que commence l’époque de la bénédiction. Il est dit en Ésaïe 10, 12 : « Mais il arrivera que, quand le Seigneur aura achevé toute son œuvre dans la montagne de Sion et à Jérusalem, j’examinerai le fruit de la grandeur du roi d’Assyrie et la gloire de la fierté de ses yeux ». Ces paroles me semblent indiquer que c’est le dernier acte de jugement du Seigneur en rapport avec la bénédiction d’Israël. Après la mort de l’Antichrist il y aura un ou deux intervalles, durant lesquels le Seigneur détruit encore ses ennemis et les ennemis d’Israël. « Heureux celui qui attendra et qui parviendra jusqu’à mille trois cent trente-cinq jours ».

Maintenant je ferme ce livre, en priant le Seigneur de le rendre aussi réellement profitable qu’il est intéressant. Un de ces fruits les plus importants aura été celui-ci — de délivrer l’enfant de Dieu de l’idée que l’Église est tout. Ce n’est pas là un système véritable. En juger ainsi c’est tomber dans la même espèce de méprise que les anciens astronomes, quand ils considéraient la terre comme le centre du système du monde, parce qu’elle était le lieu où ils vivaient. C’est là ce qui gâte l’homme : il se fait le centre de toute chose. La même erreur se commet dans la théologie. On a fait de l’Église, parce que nous y sommes, la pensée centrale de l’Écriture, tandis que c’est Christ qui est cette pensée centrale. Il est le centre de la bénédiction céleste, et l’Église se meut autour de Lui ; Il est le centre de la bénédiction juive, et les Juifs se meuvent autour de Lui. Que ce soit au ciel ou en la terre, Christ est donc le centre de toutes les pensées de Dieu en bénédiction ; et c’est quand nous tenons nos cœurs fixés à cela, qu’il y a paix, progrès et bénédiction abondante. La raison pour laquelle très souvent les âmes n’ont pas la paix, c’est qu’elles sont occupées d’elles-mêmes, et qu’elles ne trouvent pas ce qu’elles pensent devoir être dans un chrétien. Au lieu que si je regarde à Christ, il n’y a point de difficulté. La question est alors : Christ mérite-t-Il qu’un être tel que moi soit sauvé ? Puis-je répondre qu’Il ne le mérite pas ? Il en résulte que je suis heureux, et Dieu peut m’employer à Son service. Mais si je suis dans l’anxiété au sujet du salut de ma propre âme, comment pourrais-je être occupé au service des autres ? Nous n’en aurons jamais fini avec le moi, jusqu’à ce que Christ soit devenu pour nous le centre de toute chose. Puisse-t-Il l’être réellement ! Il est le centre de toutes les pensées de Dieu en amour et en justice, aussi bien qu’en gloire.