Écho du Témoignage:2 Chroniques 18

De mipe
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Durant les jours de déclin de la maison de David, l’Esprit de Dieu ne laisse pas de visiter occasionnellement le peuple, comme nous le voyons dans le second livre des Chroniques. Le Seigneur envoie Ses prophètes « se levant de bon matin et les envoyant » ; et ces prophètes avertissaient, menaçaient, et conseillaient « jusqu’à ce qu’il n’y eut plus de remède », et que Juda fut emmené en captivité.

La même chose se voit, dans une certaine mesure, dans l’histoire des dix tribus, ou le royaume d’Israël, ainsi que nous le montrent les deux livres des Rois. Maintes et maintes fois les prophètes avertirent le peuple, jusqu’à ce qu’Israël fut transporté en Assyrie.

Mais ces visites ou ces énergies de l’Esprit en Israël, se distinguèrent, à ce qu’il me semble, de ce qu’elles étaient en Juda. On ne voit pas que jamais elles apportassent consolation ou encouragement. C’est qu’en effet, Israël dès l’origine s’était révolté contre Dieu aussi bien que contre David ; — et le train qu’inaugura la maison de Jéroboam, toutes les familles qui régnèrent successivement sur Israël, celle de Baësha, celle de Omri, celle de Jéhu, le suivirent. Aussi quand il agit en Israël, l’Esprit semble toujours agir en étranger. C’est ainsi qu’au tout premier commencement, l’homme de Dieu, envoyé contre l’autel à Béthel, reçut défense d’y manger, d’y boire, de s’y arrêter, ou même de retourner par le même chemin par lequel il était allé. Nous trouvons quelque chose de pareil dans l’instruction donnée au jeune homme qui fut envoyé pour oindre Jéhu, sur la manière dont il devait se conduire. Élie et Élisée, suscités par l’Esprit dans le royaume des dix tribus, y apparaissent comme des étrangers, tout le long de leur ministère. Leur marche n’a rien de suivi ni de régulier. Ils ne reconnaissent pas de maison de Dieu dans le pays, et chacun d’eux fournit au Seigneur Jésus, dans Son enseignement contenu en Luc 4, des exemples de la manière dont Dieu agit en grâce en dehors des frontières du peuple élu. Je parle, on le comprend, des allusions qu’Il fait dans ce passage à la veuve de Sarepta, et à Naaman, le Syrien.

En Juda, au contraire, l’Esprit était chez Lui, et avait une œuvre variée à poursuivre. À la fin des jours de décadence de Juda, le Seigneur reconnaît Sa maison parmi eux (voir 2 Chron. 36). Et quoiqu’Il fasse généralement entendre par Ses prophètes un langage d’avertissement et de reproche, Il ne laisse pas pourtant aussi parfois de donner des conseils, des consolations, et des encouragements.

Ainsi Roboam est averti de ne pas aller contre les tribus révoltées avec l’espérance de les ramener, parce que cette révolte avait été le jugement de Dieu contre la maison de David. Cet avertissement était donc un miséricordieux conseil.

Aux jours de Josaphat et d’Amatsia, l’Esprit fit avertir par divers prophètes, les rois de la maison de Juda, de se garder de toute alliance avec la maison d’Israël. C’était un acte de bonté.

Asa et Ézéchias, et les jours de Joas, dans la personne de Jehoïada, rendent témoignage de quelle manière puissante et bénie l’Esprit pouvait parfois venir à l’aide de Juda.

L’époque de Josias nous présente même une action de la grâce de Dieu par Son Esprit, d’une forme toute particulière. On trouve le livre de Dieu, et alors l’Esprit, par la bouche de Hulda, la prophétesse, interprète les circonstances du moment à la lumière du livre.

Or, toute cette énergie diverse de l’Esprit de Dieu, dans les jours de décadence du royaume de Juda, renferme un enseignement pour nous aujourd’hui. Mais entre tous les exemples de l’action et de l’énergie de l’Esprit à cette époque-là, celui que notre chapitre (2 Chron. 18) nous présente est l’un des plus solennels et des plus saisissants.

Toute la scène est extrêmement importante et sérieuse : il y a là les deux esprits, l’esprit impur et l’Esprit de Dieu, l’esprit qui sort de par le Seigneur, et l’Esprit du Seigneur.

Le monde, ou l’apostat, s’y trouve dans la personne d’Achab.

Le saint enlacé, souillé, s’y trouve aussi dans la personne de Josaphat.

L’homme séparé, le témoin de Christ, se voit dans Michée.

Et en outre, nous avons la destinée diverse, pour ainsi dire, ou l’histoire des différents acteurs dans cette scène solennelle, et, à la fin de tout cela, le roi de Juda et le roi d’Israël.

L’esprit de séduction, l’esprit impur, est ici, poursuivant l’œuvre de l’endurcissement et de l’aveuglement de l’apostat Achab avant que sa destruction arrive — car maintenant la mesure de ses iniquités était venue à son comble. Mais l’Esprit de Dieu s’y trouve aussi dans le prophète Michée, fidèle, et en conséquence, affligé et souffrant — affligé sans nul doute, de la triste, impure liaison entre les saints et le monde, que ce moment-là manifestait dans la réunion de Josaphat et d’Achab assis l’un à côté de l’autre, souffrant même jusqu’aux liens et à la prison, comme de la part du monde, de la main d’Achab.

Les énergies qui se montrent ici à l’œuvre sont certes d’une nature bien frappante. L’esprit d’erreur encourage le roi d’Israël à aller en avant avec tous ses projets, lui promettant qu’il ne trouvera sur son chemin que victoire et prospérité. Sédécias, un des faux prophètes, va même jusqu’à se faire des cornes de fer comme symbole de la force avec laquelle Achab heurtera ses ennemis jusqu’à les détruire. Sédécias ne tenait pas compte de l’état moral où tout se trouvait alors, soit Achab personnellement, soit son royaume. Cela n’était rien pour lui : quelle importance peut y attacher un faux prophète ? Mais Sédécias fait et dit tout ce qu’il peut pour presser Achab d’aller son chemin et de poursuivre la réalisation de tous les desseins et de tous les désirs de son cœur, l’assurant de tout l’honneur et des richesses qui l’attendaient.

N’ai-je pas le droit de dire que c’est un aspect tout à fait semblable que présentent les jours actuels ? On ne fait pas entrer en ligne de compte la condition morale du monde, son caractère aux yeux de Dieu. Il s’encourage à aller en avant. « Le progrès ! » telle est la devise écrite maintenant sur son drapeau. « Excelsior », voilà son mot d’ordre ! Plus haut, plus haut encore dans les entreprises et les conquêtes de l’habileté et de la capacité humaine ! Qui se préoccupe d’un Seigneur rejeté ? Qui y songe même ? Il se peut bien que le sang de Jésus ait autrefois souillé la terre, mais la terre est encore fertile. L’homme s’est séparé de Dieu, mais il est habile et possède d’amples ressources pour bâtir une ville et une tour. Si jamais il fut un temps où l’homme ait été encouragé à aller en avant, c’est sans contredit le moment actuel. On ne tient aucun compte du caractère de la condition des choses devant Dieu ; plus d’un Sédécias se fait des cornes de fer ; plus d’un cœur séduit, plus d’une main exercée, prophétisent le sûr progrès du monde et en esquissent le tableau.

De son côté, la religion du jour fait aussi entendre au monde des paroles flatteuses relativement à toutes ses aspirations et ses espérances, entièrement ignorante du caractère qu’il a devant Dieu. Mais c’est dans la bouche de Michée, organe qu’il était de l’Esprit de Dieu, que se trouve le langage de la vérité.

Michée annonce au roi d’Israël que Ramoth de Galaad sera témoin de sa chute et de la dispersion de ce troupeau que, comme berger en Israël, il était maintenant occupé à rassembler en ce lieu. Ce n’est point de progrès et de triomphe qu’il parle, mais de jugement.

Certainement, c’est là une parole pour nous, car c’est un tableau tout pareil que présente aujourd’hui la chrétienté, en sorte que ce chapitre rend abondamment témoignage de tout ce qui se peut voir autour de nous en caractères plus saillants encore : une élection fidèle, affligée, en quelques lieux dans la souffrance — des saints souillés par des alliances mauvaises — le monde avec ses espérances et ses progrès d’une importance toujours croissante — et un esprit de mensonge et d’impureté encourageant le monde parfaitement insouciant de son caractère devant Dieu. N’est-ce pas là ce que nous lisons dans ce chapitre, et ce que nous pouvons lire aussi clairement dans ce qui se passe aujourd’hui sous nos yeux ?

Qu’il me soit permis de faire remarquer encore qu’il y a quelque chose de tout cela en Luc 19.

La multitude est tout entière à la marche du Seigneur vers Jérusalem. On pense que le royaume de Dieu va paraître à l’instant : il ne faut plus, juge-t-on, qu’un tout petit « progrès ». Le Seigneur se dirigeait vers la cité royale ; et Il n’avait qu’à l’atteindre, selon qu’on semble l’avoir imaginé, pour que la gloire apparût, et que se levât le jour de la puissance du royaume. Hélas ! on ne pesait pas dans les balances de Dieu l’état présent d’Israël — on ne l’appréciait pas dans ses rapports avec Dieu, qui donnent seuls aux choses leur véritable caractère.

La parabole de l’homme noble qui s’en alla dans un pays éloigné, est alors mise en avant par le Seigneur dans le but de rectifier cette pensée de la multitude — et peu après Il fait dans la ville S1on entrée officielle, mais uniquement pour qu’il fut manifesté que les choses étaient là dans une condition telle, dans un tel état moral, que certainement Dieu ne saurait y déployer Sa gloire ; et, en conséquence, au lieu de faire apparaître à l’instant le royaume, Jésus se retire dans le jugement : il faut pour la gloire un vaisseau net.

Tout cela est plein de signification — et, de même que notre chapitre, a une voix pour nos jours. Si, en effet, la génération actuelle, au sein de la chrétienté, a besoin d’être avertie, c’est à coup sûr à l’égard de ceci, qu’il faut estimer les choses à la lumière de Dieu en rapport avec ce fait d’une portée immense pour le monde, que Jésus le Christ de Dieu a été rejeté. Il n’y a pas d’autre manière divine de les apprécier. Mais cette génération ne possède pas ce secret — pas plus que ne le possédaient la multitude de Luc 19 qui ne considérait pas la condition morale de Jérusalem, mais attendait la réalisation immédiate du royaume, ou les prophètes qui promettaient au roi d’Israël, progrès, prospérité et triomphe, en dépit de l’état d’apostasie où toute chose était alors en Israël.

Que les saints de Dieu se souviennent, je le répète, qu’il faut pour la gloire un vaisseau net. L’Esprit de feu et de jugement doit faire son œuvre dans la nuée de jour, avant que la splendeur de feu flamboyant de nuit repose sur toute l’étendue du mont de Sion et sur ses assemblées, comme s’exprime le prophète (És. 4, 4, 5). Les anges du Fils de l’homme doivent cueillir de Son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité, avant que les justes puissent briller dans le royaume, comme le dit le Seigneur des prophètes, Lui (Matt. 13, 41-43).

Et certainement les ministres du jugement trouvent ce qui est réservé pour le jugement. À la fin Josaphat est préservé, et Achab tombe, quoique tout tendît à amener le résultat contraire. Le roi s’était déguisé ; et l’ordre du roi de Syrie avait désigné pour l’épée, le personnage qui se présenterait sous l’aspect sous lequel précisément se montrait Josaphat. Mais c’était Dieu qui était le juge ; I1 tenait en Ses mains l’issue, et les aigles qu’Il envoie savent sur le cadavre de qui ils doivent fondre (Luc 17). « Où sera-ce Seigneur ? » demandèrent les apôtres étonnés : « Là où est le corps », répondit leur Maître, « là aussi s’assembleront les aigles ». Je le dis encore : Les ministres du jugement savent découvrir ce qui doit être fait par le jugement. Le juge de toute la terre fera justice. La flèche du Tout-puissant atteindra sûrement son but, comme elle le fait ici, et Achab, l’apostat, le représentant du monde révolté, tombe pour toujours.