Écho du Témoignage:Introduction

De mipe
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Quelques mots suffiront pour introduire l’Écho du Témoignage auprès de ses lecteurs. L’éditeur a une conviction profonde de la solennité toute spéciale de l’époque actuelle à laquelle, dans les voies miséricordieuses et pleines de sagesse de Dieu, il a été accordé une bénédiction signalée. On a vu se produire au sein du protestantisme un mouvement spirituel qui n’a d’analogue, réserve faite de l’époque apostolique, que dans celui qui s’opéra dans la chrétienté à l’époque de la Réformation. Pour dire même toute notre pensée à ce sujet, nous ajouterons qu’à notre avis le mouvement actuel a une portée bien plus profonde, une signification et une efficace bien plus intimes et une valeur bien plus élevée que celui qui a donné naissance à la dernière grande subdivision de la chrétienté. Ce n’est pas, bien s’en faut, que nous ayons une petite idée de l’œuvre bénie à laquelle le Saint Esprit employa les Luther, les Mélanchton et les Calvin, toute la vaillante pléiade, en un mot, des réformateurs du seizième siècle. Le sol de la chrétienté sous le piétinement de la mondanité, des ténèbres, des vices et des superstitions, s’était durci d’une manière déplorable ; toute trace du vrai christianisme en avait presque disparu ; et naturellement les ouvriers du Seigneur durent courir au plus pressé. D’ailleurs, ils ne pouvaient donner que ce qu’ils avaient reçu eux-mêmes. Ce n’était partout qu’une rude surface rocailleuse, toute desséchée, couverte seulement de ronces et d’épines : ils se mirent à la défricher courageusement, à l’arroser de leur sueur, et à l’ensemencer des semences qui répondaient aux premiers besoins, aux besoins les plus immédiats. Les fondements étaient ruinés : ils se mirent à édifier de nouveau les fondements. Ils revendiquèrent pour Dieu Ses droits et Son autorité souveraine ; ils rendirent à la Bible la place que les docteurs lui avaient ravie ; et dans ses pages inspirées ils retrouvèrent les vérités élémentaires qui se rattachent de la façon la plus étroite à l’œuvre de Dieu à l’égard des hommes, et par lesquelles Sa grâce vivifie des morts, justifie des pécheurs et les sauve pour l’éternité. Par le moyen de ces humbles, fidèles et laborieux pionniers, la chrétienté fut de nouveau remise en possession de ce qui, dans tous les temps, a constitué le fond du patrimoine des saints de Dieu en tant que pécheurs sauvés ; elle entendit encore parler de la ruine complète de l’homme, de son état d’esclavage et de mort par nature, de son incapacité absolue de répondre à Dieu en quoi que ce soit et de la parfaite réponse faite par Dieu même à tous ses besoins, dans Son don ineffable, Son saint Fils Jésus, mort pour nos offenses, ressuscité pour notre justification, Dieu au-dessus de toutes choses, béni éternellement. Elle apprit de nouveau à se réjouir au son de la prédication de l’évangile de la grâce, de la valeur éternelle du sacrifice de la croix, de l’efficace du sang de Christ pour justifier pleinement et à jamais tous ceux qui croient. Certes ce n’est pas une œuvre d’une petite importance que celle qui a eu pour résultat que ces vérités et d’autres non moins bénies, non moins précieuses, qui leur sont co-relatives et ne sauraient en être séparées, furent remises en lumière et n’ont plus cessé depuis lors d’être connues et professées avec netteté et bonheur par les croyants.

Mais il y a dans la vérité de Dieu tout un côté qui continua de rester dans l’ombre, et sur lequel les ouvriers du seizième siècle n’eurent absolument aucune lumière, ou qu’ils n’entrevirent que d’une manière bien vague à travers les nuages épais qui s’étaient amoncelés par suite de la confusion et de l’infidélité dans la marche qui régnaient depuis tant de siècles. Je veux parler de la connaissance de l’Église de Dieu comme telle, de ses privilèges bénis, de sa nature céleste, de sa vocation et de sa gloire spéciales, de sa position vis-à-vis du monde, et de l’intelligence des communications que Dieu lui a faites relativement à ce pauvre monde qui « gît dans le mal », qu’Il a tant aimé, qui a été l’objet, de Sa part, d’une patience si prolongée, mais sur lequel Ses jugements doivent s’accomplir à la fin. On comprend que ces vérités sont des vérités intimes, des vérités d’intérieur, si j’ose m’exprimer ainsi. Elles constituent le patrimoine, les richesses propres de la famille ; elles sont sa portion. C’est, pourrait-on dire, la famille enfin retrouvée, prenant connaissance d’elle-même sous le regard du Père, dans la conscience de l’amour parfait et infini qui lui a donné naissance et ne cesse de s’exercer en sa faveur, glorifiant cet amour dans l’adoration et la louange, ainsi que dans le dévouement du service, et jouissant en paix de tout ce qui lui est échu par grâce comme son lot spécial à la source même de tous les trésors de lumière, de félicité et de gloire dans la communion du Père et du Fils par le Saint Esprit qui demeure en elle. À ce titre, ces vérités, on le comprend aussi, ne pouvaient être l’objet de l’activité de l’Esprit, dans Son œuvre de restitution, qu’après que celles que le témoignage du seizième siècle avait pour mission de faire ressortir, avaient été définitivement restaurées. Celles-ci étaient plutôt des vérités extérieures, des vérités qui concernaient l’homme, le pécheur ; c’était l’évangile présenté au monde dans la vue d’en faire sortir des pierres pour le bâtiment, d’amener à Dieu des âmes qui en étaient éloignées, de préparer des enfants pour la famille. Un tel travail, à l’époque de la Réformation, était, par la raison que j’ai donnée plus haut, un travail opportun : plus encore, c’était un travail urgent, et par la bonté de Dieu il s’accomplit. Mais, par un effet de la même miséricorde divine, il rendit nécessaire un autre travail, un autre mouvement de l’Esprit, qu’il facilita en même temps : celui par lequel l’Église a pu se retrouver, se connaître, rentrer de nouveau dans la possession (perdue hélas ! presque depuis le départ des apôtres, mais que désormais, Dieu soit béni, elle retiendra jusqu’au bout) des vérités qui lui appartiennent en propre, qui forment sa portion glorieuse et bénie, et qui se résument dans l’attente vivante, continuelle de sa réunion, comme corps, avec Jésus qui va descendre du ciel pour l’y prendre avec Lui, et dans la présence personnelle, efficace et parfaitement suffisante du Saint Esprit au milieu d’elle, sans nom d’homme, sans autorité d’homme, sans sagesse d’homme, pour la gouverner, la paître, l’enseigner, l’exhorter par le moyen des jointures du fournissement sous le contrôle et dans la dépendance de la Parole de Dieu tout le temps de son pèlerinage à travers le désert, en route vers la maison du Père.

Nos jours ont eu le privilège de cette bénédiction. Comme tout se tient dans les voies et les œuvres de Dieu, et comme on a pu avec raison parler de réformateurs avant la Réforme, les serviteurs dont il a plu à Celui qui dispense tous les dons à Son Église, de se servir pour restituer des vérités précieuses au plus haut degré et qui étaient demeurées ensevelies trop longtemps sous la poussière de la mondanité et de l’ignorance, ont eu aussi leurs prédécesseurs qui leur ont plus ou moins ouvert la voie et préparé le chemin qu’il leur était réservé de parcourir : il y a eu les piétistes en Allemagne (ecclesiola in ecclesiâ), les quakers et autres sectes en Angleterre et les dissidents de nature diverse en Suisse et ailleurs. Nous ne voulons pas méconnaître la part qui, dans des mesures différentes, peut revenir à ceux-là et à d’autres dans l’œuvre de dégagement des vérités à la lumière desquelles marchent maintenant sur toute la surface de la chrétienté, un si grand nombre d’enfants de Dieu, pour leur joie, leur consolation et leur force ; mais il n’en reste pas moins vrai que, s’il convient de distinguer entre ce qu’il peut y avoir encore de lumière au sein de la nuit la plus noire, ou même entre les pâles premières lueurs de l’aurore et le riche éclat du soleil monté radieux au-dessus de l’horizon ; s’il convient de distinguer entre les tâtonnements, les pressentiments d’une âme qui cherche, d’un cœur qui désire, d’un esprit qui entrevoit des vérités grandes et précieuses, et l’enseignement positif, net, catégorique, la possession consciente et ferme, la pleine jouissance de ces mêmes vérités, c’est à des serviteurs de nos jours que Dieu a confié le soin d’être témoins de toute la classe de vérités que nous signalons comme formant à notre avis l’apanage spécial de l’Église. Ce témoignage c’est, comme on pouvait bien s’y attendre, dans le pays où le témoignage de la Réformation a eu ses plus heureux effets, le plus en grand et de la manière la plus prolongée, en un mot, en Angleterre, qu’il a plu au Saint Esprit de le produire, comme c’est en Allemagne que le précédent avait commencé. Il est vrai, et nous en rendons de vives actions de grâces à Dieu, que le mouvement spirituel s’est plus ou moins propagé depuis lors en quelque sorte partout où se trouvent des enfants de Dieu, et qu’aux premiers et principaux témoins il en a été ajouté d’autres en diverses nations et en maintes langues : mais l’Angleterre demeure toujours le foyer béni de ce grand réveil de l’œuvre de Dieu en nos jours ; et c’est surtout dans la langue parlée dans ce pays que se publient, par le moyen des organes qu’Il a trouvé bon de susciter, les enseignements que le Seigneur adresse à Ses rachetés pour les préparer à leur rassemblement avec Lui en haut, et pour les tenir préservés du mal en ces jours ou la maturité de l’apostasie semble se hâter à grands pas.

Nous le disons en toute simplicité : cette publication n’aspire qu’à être l’écho, si elle vit, du témoignage auquel il vient d’être fait allusion. Il nous a paru qu’il y avait là une humble sphère de service où le travail pouvait, Dieu le bénissant, ne pas être absolument sans fruit pour les progrès des rachetés de Son Fils, en lumières, en intelligence spirituelle, en sainteté pratique, en véritable édification. Nous y entrons, en regardant au Seigneur et avec le sentiment profond de notre incapacité à tous égards. Mais il s’agit de Dieu et de Son œuvre. Si ce modeste travail est selon Lui, Il lui donnera Son approbation et fera devenir ces feuilles ce qu’Il trouvera convenable. Il est presque superflu d’ajouter qu’elles seront toujours ouvertes, dans la dépendance du Maître et dans la liberté fraternelle, à toutes les communications de nature à coopérer au double but qu’elles se proposent exclusivement, la gloire de Dieu et la prospérité de Ses chers enfants dont elles désirent d’être les humbles servantes dans le service et pour l’amour de Jésus.