Livre:Croître dans la grâce/Introduction

De mipe
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Un charme particulier se dégage du livre de Ruth, de sorte que ce court récit exerce son attrait même sur le lecteur le plus indifférent.

Il s’agit d’une histoire d’amour d’un autre temps, dans laquelle se mêlent tristesse et joie, fautes et consécration, vie et mort, le tout aboutissant au jour des noces et à la naissance de l’héritier.

Le cadre même du récit repose l’esprit, puisque, transportés dans des scènes champêtres, nous nous retrouvons en compagnie de moissonneurs et de glaneurs.

Toutefois, pour le chrétien qui lit les pages sacrées avec Christ devant les yeux, le livre de Ruth présente un intérêt plus profond, et revêt une signification plus riche, parce qu’il y discerne, comme dans toutes les Écritures, « les choses qui le concernent ».

Du point de vue historique, le livre de Ruth nous présente d’importants chaînons dans la généalogie selon la chair du Seigneur Jésus. Il se clôt sur une courte généalogie de dix noms, dont le dernier est celui du roi David. Dans le premier chapitre du Nouveau Testament, ces dix noms occupent une place d’honneur dans l’ascendance du Roi des rois, mais avec cette différence que l’Esprit de Dieu leur associe le nom de quatre femmes, dont l’une est Ruth la Moabite. Fait significatif, chacune de ces femmes se trouve liée à des épisodes caractérisés par le péché et l’infamie, soulignant seulement que « là où le péché abondait, la grâce a surabondé ». Le livre de Ruth, sur le plan historique, est donc un témoignage à la grâce de Dieu qui, treize siècles avant la venue du Roi, assurait la lignée dont il devait être issu, triomphait ainsi de toutes les défaillances du peuple et se magnifiait elle-même en introduisant une étrangère — une Moabite — dans la généalogie du Roi.

Le peuple de Dieu se trouvait dans une période de ruine et de faiblesse ; néanmoins, il apparaît clairement que, sans se laisser arrêter par un tel état, Dieu poursuivait Ses voies et accomplissait Son conseil pour l’établissement de Son Roi. Plus même, Dieu se servit des circonstances du moment et de la ruine du peuple pour mener à bien ces desseins. Qui aurait jamais imaginé qu’une famine à Bethléhem aurait un lien quelconque avec la naissance du Roi dans cette même ville treize siècles plus tard ? Il en fut pourtant bien ainsi, car la famine était un anneau dans la chaîne des circonstances qui introduisirent Ruth la Moabite dans la lignée du Roi.

Pour nous qui vivons en des jours où le peuple de Dieu est caractérisé par une ruine et une faiblesse plus grandes encore, nous trouvons consolation pour nos cœurs et repos pour notre esprit dans la conscience qu’au-delà de toute la défaillance de l’homme responsable à travers les âges, Dieu poursuit toujours l’accomplissement de Ses desseins en Christ, pour la gloire de Christ et la bénédiction de Son peuple, qu’il soit terrestre ou céleste. De plus, ni la puissance de l’ennemi, ni l’opposition du monde, ni les manquements de Son peuple ne peuvent empêcher Dieu d’amener Ses conseils de bénédiction à leur glorieuse réalisation. Comme dans l’histoire de Ruth tout conduit au jour des noces, de même pour Israël, tout converge à l’établissement de sa relation avec Christ ; de même encore, l’Église s’avance inéluctablement vers le grand jour des noces de l’Agneau.

Du point de vue typologique, le livre de Ruth montre que l’accomplissement de toutes les promesses de Dieu relatives à Israël se fonde désormais sur Sa seule grâce souveraine, puisque la nation a perdu tout droit à la bénédiction sur la base de sa propre responsabilité. Il offre ainsi un contraste frappant avec le livre précédent. Le livre des Juges dévoile la déchéance toujours plus grande de l’homme en dépit de l’intervention et de l’aide divines, et se termine sur les plus sombres scènes de ténèbres et de dégradation morale. Le livre de Ruth retrace l’activité de la grâce de Dieu, malgré la ruine de l’homme, et se termine sur une scène de joie et de bénédiction.

Outre sa portée historique et typologique, le livre de Ruth est également riche en instructions morales et spirituelles ; nous y apprenons quelque chose des voies fidèles et miséricordieuses de Dieu envers nous au cours de notre histoire personnelle : soit qu’Il nous tire de nos ténèbres naturelles pour nous amener dans la lumière de Son propos à notre égard en Christ, soit qu’Il nous restaure dans Ses voies de grâce, lorsque nous nous sommes éloignés de Lui. C’est surtout sous ce point de vue de l’enseignement moral que nous désirons méditer ce touchant récit.