Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 49

De mipe
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Powerscourt, le 14 mai 1831
Ma chère amie,

C’est avec surprise que j’apprends tout ce que vous me dites. Quel désordre, quelle confusion de tous les côtés ! Que de péchés, que de misères ! Néhémie n’aurait sûrement pas accepté les services des ennemis du Seigneur pour rebâtir le temple. Le monde n’est-il pas à l’égard du croyant dans la même position que les Gentils à l’égard des Juifs ? Nous est-il permis de faire cause commune avec des infidèles dans l’œuvre du Seigneur ? N’est-ce pas en quelque sorte déclarer que les serviteurs du Seigneur ne sont pas suffisants pour y travailler ? Assurément ils le seraient, s’ils étaient aussi dévoués que les serviteurs de Satan. Devons-nous ramper devant le monde pour avoir son influence, ses richesses et ses travaux ? Le monde n’est maintenant ni moins dangereux, ni moins ennemi de la vérité que lorsque Christ priait pour que les siens fussent préservés du mal. Les faux amis sont les ennemis les plus dangereux ; ce sont des loups en habits de brebis. Si tous sont considérés comme des chrétiens, où sera le monde ? Il n’y aurait alors plus de monde. À quel état de désordre et de confusion nous sommes arrivés. Tous les enseignements du Seigneur sont mis de côté. On oublie qu’Il nous commande une union étroite avec les chrétiens, et une séparation complète d’avec le monde. Or, nous ne pouvons vivre éloignés de ceux que nous faisons profession de reconnaître pour des frères, et nous ne pouvons être dans une communion intime avec ceux chez lesquels nous ne voyons qu’une simple profession de christianisme sans vie. L’Église et le monde sont semblables à deux vêtements roulés l’un dans l’autre. Oh ! que Jésus, la tête de l’Église, le Roi de l’univers, vienne promptement et remette tout en ordre ! Quelle glorieuse attente nous avons, et combien nous devrions être humiliés en y pensant ! « Jésus sachant que le Père lui avait donné toutes choses entre les mains, et qu’Il était sorti de Dieu et qu’Il s’en allait à Dieu, se leva du souper, et posa ses vêtements, puis ayant pris un linge, il s’en ceignit. Ensuite il versa de l’eau dans un bassin, et Il se mit à laver les pieds de ses disciples ».

Dites-moi ce que vous faites. J’aime à voir la main fidèle du Seigneur vous guider continuellement. Il nous est bon de suivre la trace de Ses pas au travers des mystérieuses dispensations par lesquelles notre foi est exercée. Reposons-nous sur Lui, car Il nous conduit par le droit chemin à la ville habitée. Quoique le sentier puisse nous paraître peu tracé, Sa fidélité n’en est pas moins là : « Je sais en qui j’ai cru ». Oh ! quelle paix on trouve à se jeter dans Ses bras, en disant : « Sois mon garant ».

Votre amie dans notre ferme espérance

T.A. Powerscourt