Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 62

De mipe
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Powerscourt, le 18 mai 1834
Mon cher ami,

Je pense avec vous que la conduite de notre Seigneur devant Caïphe montre qu’Il n’entendait pas d’une manière littérale ces paroles : « À celui qui te frappe sur une joue, présente aussi l’autre », mais je crois que nous pouvons y apprendre à supporter l’injustice et à ne pas employer la force pour nous défendre. « Ils lui crachaient au visage, ils lui donnaient des soufflets, ils le frappaient de leurs verges, en disant : Prophétise ! Ils rendaient de faux témoignages contre lui » ; et, cependant, comment est-ce que se défend Celui qui aurait pu appeler à Son aide des légions d’anges ? « Jésus gardait le silence ».

Je conviens avec vous que le martyre ne consiste pas toujours dans des souffrances extérieures, et que l’homme n’en est pas toujours la cause ou l’instrument ; je crois aussi que nous pouvons tous y avoir part une fois ou une autre, parce que cette dispensation est celle du martyre ; mais je ne pense pas que toute espère de souffrances puisse porter ce nom. Il me semble que dans le martyre il doit nécessairement y avoir un choix à faire entre un bon chemin sans souffrances, et un meilleur chemin avec souffrances. On peut donc refuser le martyre, mais ceux qui le refusent auront à souffrir.

Ce que vous dites sur les Psaumes est parfaitement vrai. C’est de tous les livres celui dont nous pourrions le moins nous passer. Il rend témoignage au cœur qu’il est de Dieu. En le méditant, nous trouvons que le maître de la fête a gardé le bon vin pour le dernier. L’homme de douleurs y répand Ses consolations devant les dépositaires choisis de Ses soupirs, en disant : « Buvez, faites bonne chère, mes bien-aimés ! ». Souvent nous y voyons que les voies du Père envers Lui sont le fondement de Sa consolation, comme elles le sont pour Son Église. Apprenons à attacher nos yeux sur Lui, lorsque nos cœurs sont près de défaillir.

Votre affectionnée

T.A. Powerscourt