Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 70

De mipe
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

Décembre 1835

Oh ! ma pauvre et chère amie, combien je sens votre douleur ! Oh ! que sera la gloire à venir, si de telles afflictions ne peuvent lui être comparées ! Que Dieu vous donne de reconnaître dans l’abîme de votre souffrance que tout est amour, quelque difficile qu’il semble d’abord de le croire ! C’est ainsi qu’Il répond souvent à ceux qui Lui demandent plus de foi et d’amour. Il est bon que nous apprenions le sens des mots dans le livre même où Christ a appris l’obéissance ; et Il l’a apprise par les choses qu’Il a souffertes. Oh ! ma chère sœur, nous sommes le trésor de Dieu ! Souvent nous avons dit que tout est vanité, et que la terre n’est pas notre demeure ; et, en effet, nous appartenons à Dieu, et nous ne sommes ici-bas que pour être façonnés par Lui. Il veut que nous comprenions bien cela. Il est un Dieu jaloux. Sa tendresse pour nous n’est jamais aveugle. Béni soit Son nom ! Il nous aime trop pour nous épargner une seule peine nécessaire. Il nous aime trop pour nous en envoyer une seule sans nécessité. Il est assis près de Son feu comme Celui qui raffine. Attendez un peu, et vous verrez que cette épreuve est précisément celle dont vous n’auriez pu vous passer. Puis il n’est pas perdu, seulement il s’en est allé le premier. Vous êtes avec lui « héritière de la grâce de la vie », et l’Écriture dit que sans vous il ne peut être rendu parfait. Il vous attend donc dans le sein de Jésus. Assurément, vous n’aimeriez pas qu’il fût plutôt avec vous qu’auprès de Jésus, uniquement pour la satisfaction de converser avec lui.

Vous êtes ensemble, puisque vous demeurez l’un et l’autre en Jésus ; vous avez une même vie dont les pulsations se font sentir dans le cœur de Jésus. Vous avez communion l’un avec l’autre, car ses pensées sont toutes concentrées sur Jésus. Lorsque Moïse et Élie apparurent aux disciples, ils parlaient de Jésus. Ma bien-aimée sœur, vous êtes sur le point d’entrer dans les réalités d’une consolation que vous n’auriez jamais cru pouvoir trouver en Dieu. Il me semble que je vous vois descendre dans un abîme que j’ai moi-même traversé, et je ne puis rendre que bien faiblement ce que je sens, en vous disant que je sympathise avec vous, que j’ai compassion de vous, que je tremble presque pour vous. Mais je puis cependant vous affirmer que pour tout au monde je ne voudrais pas n’avoir pas fait par ce moyen l’expérience de ce qu’est Jésus. Je choisirais de mourir mille fois plutôt que de n’avoir pas passé par tout cela. Je ne voudrais pas qu’un seul coup m’eût été épargné, lors même que souvent encore la douleur se fait vivement sentir.

Si vous considérez les choses à la lumière de l’éternité, vous verrez que vous avez sujet de bénir Dieu, non seulement pour le bonheur assuré de votre ami, mais encore pour tout ce qu’Il veut vous apprendre au moyen de ces longs jours et de ces longues nuits de tristesse. Ce sont des leçons pour l’éternité que Dieu seul peut donner, et ce n’est que dans ce monde que nous pouvons apprendre ce que c’est que la joie dans la douleur et le calme au milieu de la tempête.

Que le Dieu de paix soit avec vous ! Il le veut, je sais qu’Il le veut. Il ne permettra pas que vous soyez éprouvée au-delà de ce que vous pouvez. Et si bientôt vous devez être mère, vous serez soutenue par cette douce promesse : « Que tes veuves s’assurent en moi ». Ce sont des paroles que je me suis appropriées et que j’ai scellées de mon sceau. Il n’a jamais manqué à ceux qui se confient en Lui.

Vous ne pourrez peut-être pas lire cette lettre, mais je n’ai pu m’empêcher de vous l’envoyer, comme si Jésus m’eût donné le droit d’entrer dans la maison du deuil.

Votre très affectionnée et affligée sœur

T.A. Powerscourt