Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 71
La religion de Jésus constitue une vie d’humiliation. Nous ne pourrions nous en occuper pour notre propre gloire. Si nous nous laissons conduire par Jésus, notre vie sera nécessairement une sévère discipline. Béni soit Dieu, de ce qu’Il a mis dans nos cœurs un désir ferme de vivre pour Lui, et de ce qu’Il est fidèle dans l’œuvre qu’Il fait en nous, quoiqu’elle rencontre encore tant d’opposition dans notre volonté et dans nos affections ! Avons-nous calculé la dépense ? Ne faisons pas volontairement la perte d’aucune des parties de notre récompense, en nous laissant aller aux folies d’ici-bas. Vous savez, ma bien-aimée, que nous sommes morts avec Christ, et que nous sommes ressuscités avec Lui, c’est pourquoi notre vie est désormais, non plus d’en bas, mais d’en haut. La vie que nous avons maintenant est cet esprit que le second Adam a obtenu pour nous dans Sa résurrection, quand Il a été fait un esprit donnant la vie. Unis à Lui dans Sa résurrection aussi bien que dans Sa mort, nous participons à Sa nouvelle vie. Si nous nous élevions sincèrement, et avec la pensée de Dieu, contre nos mauvais penchants, nous aurions, comme serviteurs de l’Esprit, tout un monde d’occupations au-dedans de nous. Ce serait comme une destruction de tout ce qu’il y a d’agréable en nous, un complet renoncement à nous-mêmes ; et tout cela est nécessaire pour une vie d’amour, car les affections terrestres ne font que concentrer le cœur sur le moi, tandis que l’amour est une dissémination des affections dans le corps qui est l’Église.
Pourquoi vivons-nous d’une manière si pauvre, si morte ? Pourquoi, nous qui avons notre droit de bourgeoisie dans les cieux, sommes-nous encore si charnels ? Nous oublions qu’il y a un espace immense entre les cieux et la terre, aussi n’est-ce qu’avec souffrance que nous nous séparons du monde, et parce qu’en nous la vie de l’esprit est trop peu élevée, nous négligeons de rabaisser la vie de la chair : « Quiconque voudra sauver sa vie, la perdra ; et quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi, la trouvera ». Cette récompense est pour le moment présent.
Honorons l’Église de Dieu dans laquelle nous sommes, par un amour fervent pour Christ ; montrons à tous que les promesses sont accompagnées de puissance, et écoutons le Maître qui nous dit : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, et qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive ». C’est ainsi que nous pourrons dans l’amour nous servir les uns les autres, et donner nos vies pour nos frères.
Voyez-vous sur le continent quelque signe qui annonce le prochain retour du Seigneur ? On doit sans doute y entendre un peu parler de Jérusalem. Ici, il me semble que tout parle de ce glorieux événement ; tous les esprits en sont occupés, et on sent le besoin de la prière, qui est un signe avant-coureur. La prière est en effet le seul refuge des chrétiens au milieu du conflit des opinions ; ce n’est qu’à genoux qu’ils peuvent se rencontrer sans danger ; la prière est le seul terrain sur lequel ils puissent se tendre l’un à l’autre la main de la communion. Oh ! oui, nous sommes en chemin pour aller vers notre Isaac. Les chameaux qui nous transportent nous secouent beaucoup, mais notre guide marche devant nous, et à chaque opposition qui se rencontre sur la route, Il dit : « Ne me retardez point, afin que je m’en aille à mon Seigneur ». La chair voudrait jouir un peu plus longtemps de ses rapports si agréables avec la terre, mais notre guide fidèle, le serviteur de Jésus, le Saint Esprit, répond : « Non, ne me retardez point ». Que notre cœur dise donc avec empressement : « J’irai », et, sur le rapport du messager, je quitterai tout ce que j’ai connu jusqu’à maintenant, pour être à Lui à jamais ! Oh ! que ce soit toujours là notre disposition ! Que pendant notre séjour ici-bas nous considérions toujours chaque objet comme nous le faisons, lorsqu’à genoux dans notre cabinet, « nous estimons que toutes choses sont une perte à cause de l’excellence de la connaissance de Jésus Christ » !