Livre:Sur le culte/Chapitre 7

De mipe
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Le culte d’Israël, sous la loi, était basé sur le principe d’une plus grande distance de Dieu que celui des pères, lorsqu’ils séjournaient dans le pays de la promesse, comme dans une terre étrangère. Partout où Abraham s’arrêtait dans ce pays, il trouvait une place pour dresser sa tente et bâtir son autel ; et il y invoquait le nom de l’Éternel. Les communications entre Abraham et le Seigneur étaient beaucoup plus libres et plus confidentielles, que celles auxquelles un Israélite quelconque pouvait parvenir sous la loi. Abraham connaissait le Seigneur uniquement en grâce. C’était la grâce qui l’avait appelé du milieu de l’idolâtrie ; c’était la grâce qui lui avait fait tant de précieuses promesses. Sur ce terrain Abraham pouvait se tenir devant l’Éternel et plaider avec Lui en faveur de Sodome, quoiqu’il ne fût que poudre et que cendre.

Mais aux yeux de l’homme, le service de Dieu en rapport avec le tabernacle devait être infiniment plus attrayant. On devait le regarder comme un progrès, dans l’ordre du culte, sur l’autel grossier des pères. Cependant, dans le fait, l’ordre du tabernacle était une restriction à la liberté de culte. Et pourtant, c’est à cela que le cœur humain retourne constamment et naturellement. C’est le patron que l’homme se propose, d’où il résulte nécessairement que son culte est dans l’esprit de servitude. Un Israélite dévot, quoiqu’il fût purifié quant à la chair, aurait bien pu regarder en arrière avec regret au culte, plus heureux et plus rapproché de Dieu, des patriarches. Après tout ce que le souverain sacrificateur avait fait pour lui, il n’avait pourtant accès qu’à l’extérieur du tabernacle dans lequel il ne pouvait pas entrer. Dans toutes ses institutions, la loi conservait l’élément, qui en avait signalé la promulgation d’une manière si remarquable : des barrières étaient mises autour de la montagne, de peur que le peuple n’approchât pour regarder. L’accès à Dieu, un accès intime et immédiat, était sans cesse prohibé par quelque barrière divinement établie

Sans doute, il est vrai qu’un Israélite, comparativement aux habitants des contrées d’alentour, jouissait de la proximité de Dieu ; car le monde, étant tombé dans l’idolâtrie après le déluge, Dieu l’avait abandonné à ses convoitises ; et ayant appelé hors de ce monde une nation et l’ayant constituée nation d’adorateurs du vrai Dieu, Il la distinguait ainsi de tous les autres peuples sur la terre. Ainsi donc Israël, comme nation, se tenait devant l’Éternel et L’adorait, tandis que toutes les autres nations se prosternaient devant leurs idoles.

Mais quoique, comparativement à d’autres, les enfants d’Israël fussent si rapprochés, il n’en est pas moins vrai que les statuts les plus solennels leur interdisaient un libre accès en la présence de leur Dieu. Ils devaient s’approcher à pas mesurés, sans jamais dépasser la limite fixée. Il y avait le cercle extérieur d’un peuple adorant et le cercle intérieur de sacrificateurs adorant ; tandis que, plus rapproché que tous les autres, et le seul qui osât venir tout près, le souverain sacrificateur officiait seul dans le lieu très saint. Ainsi, tout en étant, en tant que nation, mis à part de toutes les autres nations, comme l’héritage particulier et le témoin de Dieu, c’était pourtant dans le sein de cette nation que Dieu témoignait, de la manière la plus évidente, que le chemin du sanctuaire n’était pas encore ouvert. Distance et restriction, voilà ce qui ressortait avec force des enseignements donnés à la seule nation qui fût rapprochée.

Mais Israël s’était corrompu ; et comme Dieu avait abandonné les Gentils à leurs convoitises, de même Il dispersa pour un temps Son peuple élu et mit de côté ses institutions. Or, de nos jours, la corruption dans le culte a presque toujours consisté à rétablir ce que Dieu a rejeté. Précisément donc, de même que la religion naturelle est la prétention de l’homme à prendre devant Dieu, comme créature, la place qu’il a perdue en tant que pécheur ; de même une religion nationale est le retour au judaïsme que Dieu a rejeté. Culte du peuple en dehors, et culte sacerdotal en dedans, ce n’est pas maintenant l’ordre de Dieu ; et Dieu n’a plus aujourd’hui d’autre peuple d’adorateurs que celui qui est composé de tout le corps des croyants, tiré de toute nation, et peuple et langue, pour adorer le Père en esprit et en vérité.

Mais venons au tabernacle même pour apprendre ce qu’est actuellement l’ordre de Dieu quant au culte, et quels sont les biens à venir qui nous sont gratuitement donnés. Nous avons déjà remarqué qu’en Israël, il y avait le peuple adorant en dehors du tabernacle et les sacrificateurs adorant dans l’intérieur. C’est avec cet intérieur que nous avons affaire maintenant ; car nos biens actuels constituent des contrastes bénis avec les privilèges d’alors des sacrificateurs eux-mêmes. Laissons donc de côté le peuple adorant au-dehors, tandis que le ministère sacerdotal s’accomplissait au-dedans, et fixons notre attention, comme le Saint Esprit dans ce chapitre nous y conduit, sur le tabernacle même, et sur la famille sacerdotale faisant le service dans ses lieux saints.

Le tabernacle était de la plus exquise beauté. Elle pouvait être, en quelque mesure, discernée même par l’œil d’un adorateur extérieur. Mais le lieu saint, dans lequel les sacrificateurs fonctionnaient habituellement, était meublé du chandelier d’or admirablement travaillé, de la table, couverte d’or, des pains de proposition et de l’autel d’or des parfums. Leurs yeux contemplaient chaque jour ces objets précieux, et ils devaient avoir eu maintes fois le sentiment qu’ils étaient au milieu de choses particulièrement consacrées à Dieu, quoique l’entrée dans la sainte chambre, où la gloire de Dieu habitait d’une manière visible, leur fût interdite. Ils devaient toujours là se sentir près de Dieu, quoique jamais en Sa présence immédiate. Le magnifique voile les séparait encore du saint des saints. Ils n’entraient jamais dans ce lieu très saint, où se trouvaient l’encensoir d’or, l’arche de l’alliance, et les chérubins couvrant de leurs ailes le propitiatoire. Ils n’avaient point accès au propitiatoire. Un homme, il est vrai, un seul — le souverain sacrificateur — pouvait approcher jusque-là — il pouvait passer au-dedans du voile et officier devant le propitiatoire même dans la présence actuelle de Dieu. Mais il ne le pouvait qu’une seule fois par an. En tout autre temps, Aaron ne pouvait fonctionner qu’au milieu de sa famille sacerdotale dans le lieu saint. Ainsi des barrières étaient mises, non seulement autour, mais encore dans l’intérieur du tabernacle ; et mises non seulement pour les sacrificateurs, mais aussi pour le souverain sacrificateur lui-même.

Maintenant remarquons bien le commentaire de l’apôtre sur cet ordre de culte. « Les sacrificateurs qui accomplissent le culte entrent bien continuellement dans la première tente ; mais, dans la seconde, entre, une seule fois l’année, le souverain sacrificateur seul, non sans du sang qu’il offre pour lui-même et pour les erreurs du peuple ; le Saint Esprit montrant ceci, c’est que le chemin du sanctuaire n’était pas encore manifesté, pendant que la première tente était encore debout ».

Qu’est-ce qui pouvait attester avec plus de force, que le chemin du sanctuaire n’était pas encore manifesté, sinon des faits tels que ceux-ci, savoir : que personne, à l’exception des sacrificateurs, ne pouvait entrer dans le lieu saint — et que ces mêmes sacrificateurs si constamment occupés à y faire le service, ne pouvaient jamais passer dans le lieu très saint, et encore, que le souverain sacrificateur lui-même ne devait pas entrer « en tout temps » dans le lieu très saint, mais seulement « une fois l’année » ! Ce qui était permis suffisait, il est vrai, pour faire du tabernacle et de ses ordonnances une « ombre des biens à venir » ; mais ce tabernacle attestait toujours à ceux qui y adoraient, qu’il n’était qu’une figure pour le temps d’alors et qu’il ne connaissait aucun service par lequel, quant à la conscience, ils pussent être consommés. Ses sanctuaires n’étaient pas tenus constamment ouverts même à ceux qui avaient des services déterminés à y accomplir ; — aucune liberté d’entrer et de sortir n’y était accordée — il n’y avait point de chemin au propitiatoire, libre à tous ou ouvert en tout temps.

La solennité annuelle du grand jour des expiations offrait sans doute quelque chose de bien imposant, non seulement pour le peuple et les sacrificateurs, mais pour le souverain sacrificateur lui-même. Mais quand elle était passée, ce devait être un jour fort regretté, surtout pour celui qui, dans cette journée, avait eu accès, d’une manière si spéciale, jusqu’à Dieu, et qui, après cela, était rejeté comparativement plus loin de Dieu pour exercer son ministère en dehors du voile. Le plus haut privilège d’Aaron revenait bien rarement, « une seule fois l’année ».

Mais le Saint Esprit déclare que maintenant le chemin du sanctuaire est ouvert par Jésus, le souverain Sacrificateur des biens à venir. La rédemption trouvée par Aaron dans le sang des taureaux et des boucs ne pouvait pas donner accès au propitiatoire ni purifier la conscience des adorateurs ; mais Christ a trouvé une « rédemption éternelle » ; et étant ensuite entré dans le véritable sanctuaire, Il est devenu le souverain sacrificateur de ces « biens » extrêmement précieux : la liberté et la paix en la présence de Dieu. Aussi longtemps que le premier tabernacle était debout, ces grâces ne pouvaient pas être connues ; — aucune rédemption n’avait été trouvée sur laquelle elles pussent être fondées — aucun souverain sacrificateur n’avait été oint pour les administrer. L’ordre entier de ce premier tabernacle parlait de restriction et non de liberté, et bien loin de pourvoir à la purification de la conscience, les offrandes mêmes pour le péché qu’il prescrivait rappelaient ses péchés à celui qui les présentait.

Or si l’on prend le patron de ce tabernacle comme modèle du culte des chrétiens, quelle doit en être la conséquence ? N’est-ce pas là se fermer le saint des saints, c’est-à-dire la présence même de Dieu ? Oui, et même pour ceux à qui il est accordé d’être la sainte sacrificature de Dieu. Mais comme cela n’est accordé qu’à une certaine classe de personnages, seuls autorisés à être sacrificateurs, toute place quelconque dans l’intérieur du sanctuaire est par là même refusée aux saints frères, lesquels, comme la congrégation d’Israël, sont tenus en dehors. Prenez le tabernacle et ses ordonnances comme le patron, au lieu de les prendre comme le contraste du culte chrétien, et ces conséquences en résultent nécessairement ; et n’en sont-elles pas déjà abondamment résultées ? Ne voyons-nous pas les laïques au-dehors, le clergé sacerdotal au-dedans ? Et les âmes ne sont-elles pas chargées de chaînes, et les consciences ne demeurent-elles pas sans purification, précisément comme si le souverain sacrificateur n’était jamais entré du tout dans son ministère béni ?

Mais ce souverain sacrificateur est venu. Il est maintenant le ministre des choses saintes, et par conséquent le témoignage béni du Saint Esprit est, « que les biens à venir » sont des biens actuels pour la foi. Et quel « bien à venir », rendu présent pour nous, que de savoir et de réaliser que notre domicile actuel est les lieux saints, dont le voile est déchiré et qui sont ouverts constamment, en sorte que le propitiatoire nous est toujours manifesté et que la face de Dieu est sans cesse levée sur nous ? Quelle conséquence actuelle pour nous de ces deux faits : la rédemption éternelle qui a été obtenue, et notre souverain Sacrificateur qui a traversé les cieux ?

Les sacrificateurs, dans le tabernacle, auraient pu regarder en arrière à la communion plus libre avec Dieu dont jouissaient les patriarches ; ils auraient pu aussi regarder en avant à quelque chose de plus béni encore, savoir au jour où Israël, comme nation, sera un royaume de sacrificateurs, conformément à la promesse : « Vous serez appelés les sacrificateurs de l’Éternel, et l’on vous nommera les ministres de notre Dieu » (És. 61, 6) ; mais entre ces biens passés et ces biens à venir, ils étaient là chargés d’entraves et non purifiés. Or ce qu’ils pouvaient voir et saluer de loin comme un bien encore à venir, existe réellement pour nous à présent, parce que Christ est entré dans Son ministère de souverain sacrificateur des biens à venir. Toutes les bénédictions d’Israël se rattachent au nouvel ordre de sacrificature d’Israël — de laquelle sacrificature le souverain sacrificateur seul est actuellement dans le saint lieu céleste de Son ministère, Ses frères sacrificateurs (c’est-à-dire tous ceux qui croient en Son nom) rendant là leur culte aujourd’hui, uniquement parce qu’Il comparaît devant la face de Dieu pour eux. Mais, par la foi, ces sacrificateurs jouissent dès à présent d’une vraie liberté et d’une parfaite paix en cette très sainte présence, quoique, par le fait, ils soient encore séjournant et servant sur la terre. Israël, comme nation, peut être encore sous le jugement de l’endurcissement et des ténèbres ; l’Église nominale peut aveuglément, quoique avec habileté, tâtonner au milieu de ses propres patrons des ombres de Dieu ; mais le souverain Sacrificateur des biens mêmes étant venu, la foi reçoit de Sa main sa riche et vivante portion et rend, en retour, ses louanges à Dieu.

Mais considérons d’autres contrastes que le Saint Esprit nous présente dans ce chapitre.

Si nous examinons d’abord la manière dont il fallait entrer dans le lieu très saint, au jour fixé pour ce service solennel, combien n’y avait-il pas de préliminaires auxquels Aaron devait se soumettre avec le plus grand soin. Il fallait d’abord qu’il se procurât pour lui-même un sacrifice pour le péché et un holocauste, en même temps qu’il prenait de l’assemblée des enfants d’Israël deux jeunes boucs pour le péché et un bélier pour l’holocauste. Puis il devait offrir son veau en offrande pour le péché, et faire propitiation tant pour lui que pour sa maison. Cela fait, il prenait plein un encensoir de la braise du feu qui était sur l’autel devant l’Éternel, et l’apportant au-dedans du voile, il mettait le parfum sur le feu devant l’Éternel, afin que la nuée du parfum couvrît le propitiatoire ; et sous la protection et dans la bonne odeur de cette nuée, il faisait aspersion du sang de son offrande pour le péché sur et devant le propitiatoire. Mais son œuvre ne se terminait pas là. Il devait sortir de nouveau et recommencer le même service pour le peuple, offrant leurs sacrifices comme il avait fait pour lui-même. Et quand les offices de cette journée étaient achevés, il sortait du saint des saints, et se retrouvait dans la sphère incessante des sacrifices inefficaces — le lieu très saint étant de nouveau fermé pour lui jusqu’à ce qu’une autre année eût accompli son cours.

Maintenant, remarquez le contraste à tout cela : « Mais Christ s’étant avancé, souverain sacrificateur des biens à venir, à travers le tabernacle plus grand et plus parfait, qui n’est pas construit par des mains, c’est-à-dire qui n’est pas de cette création, est entré une seule fois dans le sanctuaire, non au moyen du sang des boucs et des veaux, mais au moyen de son propre sang, ayant trouvé un rachat éternel ».

Le Saint Esprit prend évidemment plaisir à glorifier le Seigneur Jésus. D’autres pouvaient avoir été oints, mais Il est le Christ, l’Oint. Ce titre appartient au Fils, comme il n’appartient à aucun autre. C’est donc « Christ », qui est actuellement présent dans le lieu même de Son ministère, comme « le souverain sacrificateur des biens à venir ». Pour entrer dans Sa place de ministère, Il a passé à travers un tabernacle beaucoup plus grand et plus parfait que celui qu’Aaron traversait pour se rendre au lieu particulièrement affecté à son service. Christ a traversé les cieux ; les mains de l’homme n’ont pas été employées à leur création ; ils sont l’ouvrage de Dieu Lui-même. Christ est entré dans le ciel même ; là, dans la présence immédiate de Dieu, Il comparaît pour nous. Sur la terre, Il n’était pas sacrificateur ; nul tabernacle n’exista jamais sur la terre, qui fût approprié à un si grand souverain sacrificateur que Jésus, le Fils de Dieu. Des mains d’hommes ne peuvent pas élever une place de ministère pour ce souverain sacrificateur. Sa personne et Son sacrifice demandent une sphère de ministère en rapport avec leur valeur ; de là vient que Son tabernacle n’est « pas de cette création ». Vouloir L’honorer au moyen de choses précieuses, faites de mains d’hommes, c’est oublier la dignité de notre souverain Sacrificateur, et l’ordre céleste de Son sacerdoce.

Rappelons-nous qu’Il s’est avancé à travers le plus grand et plus parfait tabernacle, non dans Son droit propre et individuel d’Être divin et parfait, mais comme un sacrificateur en relation avec d’autres. S’Il fût entré simplement dans Son propre droit, Il eût pu demander l’entrée, en disant : « Portes, élevez vos linteaux, et vous, portes éternelles, haussez-vous, et le Roi de gloire entrera ». Mais Il entrait au moyen de Son propre sang, car Il traversait le tabernacle comme sacrificateur. Dans le grand jour des expiations, Aaron se rendait, à travers le parvis et le lieu saint, dans le saint des saints avec le bassin de sang dans ses mains ; c’était là ce qui lui donnait le droit d’y entrer — savoir le sang de cette offrande pour le péché. Aaron savait que, dans ce sang, il y avait expiation pour les péchés du peuple pendant l’année écoulée. Or, Christ est aussi entré par le sang dans le vrai tabernacle ; car voici ce que dit le Saint Esprit de Celui qu’Il aime à honorer : « Non au moyen du sang des boucs et des veaux, mais au moyen de son propre sang ». Le sang des veaux était convenable au tabernacle « de cette structure » ; mais un tel sang ne pouvait jamais donner le droit d’adorer dans le tabernacle « qui n’est pas fait de mains » ; il faut pour cela le sang de Jésus Christ, le Fils de Dieu ; il faut, de plus, que ce soit Lui-même, comme souverain Sacrificateur, qui le porte dans le sanctuaire. — Comme nous voyons constamment que nos privilèges les plus élevés reposent sur les vérités les plus simples ! Notre heureuse liberté de culte, en tant que saints, et notre accès auprès de Dieu pour toujours, tiennent à la valeur, devant Dieu, du sang de Son Fils. Si nous nous tenons à distance de Dieu, si nos consciences ne sont pas purifiées en Sa présence, cela vient de ce que nous méconnaissons la valeur de ce sang, ou de ce que nous oublions tout ce qui a été accompli par l’offrande qui en a été faite une seule fois.

Il ne faut pas être surpris de voir les hommes toujours disposés à vouloir revenir à la sanctification par le moyen d’ordonnances : la chair s’attache naturellement à toute espèce de choses qui semblent en quelque manière la sanctionner et la sanctifier. La chair défendrait avec la plus grande ténacité un système qui se proposerait la sanctification de la chair. Mais Dieu n’a point de pareil système aujourd’hui. Il a éprouvé l’homme en le plaçant sous ce régime, et cela n’ayant servi qu’à démontrer la ruine totale de l’homme, Il a mis pour toujours la chair de côté. Les prétentions et les efforts de la chair proviennent donc de son ignorance d’elle-même et de l’ignorance des voies de Dieu à son égard. Dieu s’adresse désormais non à la chair, mais à la conscience. Il n’a maintenant aucune ordonnance par le moyen de laquelle la chair puisse s’approcher de Lui, en quelque degré que ce soit ; toutes ces ordonnances sont passées pour toujours ; mais Il a donné Son propre Fils pour procurer un rachat éternel et pour donner actuellement aux âmes confiance et paix en Sa présence. Aussi, le grand objet de Dieu maintenant, c’est de glorifier Jésus. Il nous Le présente comme le seul être en qui nous trouverons tout ce dont nous avons besoin. C’est pourquoi Christ doit être tout ou rien. Il doit être exalté, et l’homme abaissé ; car si l’homme est élevé, Christ est mort en vain.

Il y a non seulement une grande force, mais aussi un sens extrêmement étendu dans ces mots : une seule fois. Ils nous montrent que l’offrande de Jésus, faite une seule fois, comprenait l’accomplissement de tous les sacrifices typiques ; non seulement que Son sacrifice unique les accomplit, mais que l’offrande faite une seule fois de ce sacrifice unique l’a fait parfaitement. C’est ce qui est souvent oublié, et de là vient que beaucoup d’âmes manquent de paix. Elles se confient uniquement dans le seul sacrifice, et ainsi elles ont le salut ; mais elles ne comprennent pas clairement quelle puissante efficace a Son offrande faite une seule fois pour « consommer pour toujours ceux qui sont sanctifiés », et ainsi elles n’ont pas de paix. Il est fort humiliant et fort triste qu’il en soit ainsi, vu que c’est là le témoignage spécial de Dieu touchant ce sacrifice offert une seule fois ; néanmoins, ce n’est que trop fréquemment le cas pour beaucoup d’âmes d’ailleurs fidèles. Une déchéance graduelle dans l’Église a ouvert la porte à cette incrédulité pratique, et de mauvais enseignements l’ont perpétuée. Mais que les saints de Dieu se rappellent que, aussi certainement qu’il y a un seul Agneau de Dieu, aussi certainement cet Agneau ne peut être offert qu’une seule fois ; et que ce sacrifice unique ayant été offert une fois, il n’y a plus d’offrande au sujet du péché.

Aaron avait donc diverses offrandes à présenter ; mais Christ, par un seul sacrifice de Lui-même, a aboli le péché. Il n’a, par conséquent, plus d’œuvre sacerdotale à faire à cet égard, c’est-à-dire relativement à l’offrande de sacrifice pour le péché. Soutenir le contraire, c’est affirmer qu’Il doit passer de nouveau par la croix comme victime, puis entrer de nouveau dans le sanctuaire au moyen de Son propre sang. Ce serait à l’instant annuler le témoignage de Dieu quant au prix de ce sang et à l’œuvre qu’Il a déjà opérée ; car, je le répète, le témoignage de Dieu ne consiste pas seulement à attester que ce sang seul purifie du péché, mais il ajoute que l’aspersion, faite une seule fois, de ce sang, a si parfaitement ôté le péché, que Dieu dit maintenant à tous ceux qui s’y confient : « Je ne me souviendrai plus de vos péchés ni de vos iniquités ».

On voit, du reste, clairement, dans le verset 14 du chapitre sur lequel nous nous appuyons, que le seul sacrifice de Christ, offert une seule fois, tant était grande la valeur de Son sang, a pleinement accompli tous les sacrifices typiques ; car nous y voyons ce sang présenté non seulement comme l’accomplissement du type du sang offert dans le jour des expiations, mais aussi comme l’accomplissement du type de la génisse rousse. La loi avait ses innombrables formes de purification de la chair ; elle y pourvoyait par des prescriptions de divers genres et des actes de différente nature ; mais toutes ces choses contribuent à rehausser la valeur du sang de Christ, comme ayant été une fois répandu et une fois porté par Lui dans le sanctuaire devant Dieu. Cette seule aspersion et cette seule présentation ont accompli à jamais pour nos consciences ce que quelqu’une des ombres ou toutes les ombres effectuaient pour la chair pour un temps. « Si, dit le Saint Esprit, le sang des taureaux et des boucs, et la cendre d’une génisse, dont on arrose ceux qui sont souillés, sanctifie, quant à la pureté de la chair, combien plus le sang du Christ, qui, par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes, pour que vous rendiez culte au Dieu vivant ? ».

Quelle rançon Christ nous a donc procurée ! Par ce sang qu’Il a répandu une fois sur la croix, Il a ôté le péché — par ce sang qu’Il a une fois — et une fois pour toutes — porté dans le véritable sanctuaire. Et faut-il qu’à l’exemple d’Aaron Il répète Son œuvre, comme si, au bout d’un certain temps, ce sang avait perdu son efficace ? Non. Quand Il reviendra, ce ne sera pas pour continuer ou réitérer une œuvre quelconque pour le péché, mais ce sera pour le salut. Il a trouvé un rachat éternel et, à cause et en conséquence de cela même, Il est entré en la présence de Dieu. Quelle heureuse altération de l’ordonnance ! Ce qu’Aaron faisait chaque année pour Israël, ce que néanmoins il ne faisait jamais d’une manière efficace, Christ l’a fait une seule fois pour nous. Ainsi donc, les saints de Dieu sont placés devant Lui sur le pied d’une purification accomplie. Tout aussi véritablement que les ordonnances de jadis amenaient un peuple dans la chair à l’état d’une certaine purification devant Dieu ; aussi véritablement ou plutôt, à plus forte raison, cet unique sacrifice de Jésus a amené tous ceux qui croient à la possession de la bénédiction ineffable et éternelle de n’avoir « plus aucune conscience de péchés ». Qu’ils le réalisent ou qu’ils ne le réalisent pas, ce n’en est pas moins ce que Christ leur a obtenu par l’offrande de Lui-même faite une seule fois. Ainsi donc encore, tout comme c’eût été une coupable incrédulité chez un Israélite ancien qui, après avoir touché les os d’un mort, et après avoir accompli les ordonnances de l’aspersion de l’eau mêlée avec les cendres, eût douté de sa purification, ainsi ce n’est pas autre chose qu’une coupable incrédulité chez un membre de l’Israël de Dieu de nos jours que de douter que tous ses péchés et sa culpabilité aient été pour toujours expiés et ôtés par le sacrifice unique de Christ. Une foi pleine et entière en ce sacrifice bannit la conscience de péché. Ç’a été le bon plaisir de Dieu de nous procurer cette grâce. Il a voulu que nous Le servissions dans la liberté et non dans l’esclavage. Il n’a jamais pris plaisir à aucun sacrifice pour le péché jusqu’à ce que fût offert celui qui ôte le péché pour toujours et qui donne à la conscience de Ses adorateurs la paix en Sa présence. C’est donc en cette sainte présence que nous réalisons les résultats éternels du grand jour des expiations par Christ. La question du péché a été décidée par Lui en notre faveur, décidée et tranchée pour toujours ; et ayant ôté le péché, Il est maintenant pour nous le ministre béni d’une bénédiction sans mélange et sans terme. La position actuelle de Christ et nos bénédictions actuelles sont ainsi également les conséquences du fait de la purification de nos péchés. Peut-il y avoir pour nous quelque chose de plus heureux que ceci, savoir que, par la foi, nous soyons déjà entrés dans notre éternelle proximité de Dieu, et que, dès à présent, nous ayons le privilège de connaître la paix particulière au céleste sanctuaire ? Nous avons libre accès au vrai tabernacle — aussi libre maintenant qu’il le sera quand nous nous trouverons personnellement au milieu de ses gloires. Nous appartenons à cette famille de sacrificateurs oints pour ses lieux saints ; laquelle n’est pas limitée à un lieu saint, laquelle ne rend pas culte devant un propitiatoire voilé, laquelle n’a pas accès seulement pour un instant dans le sanctuaire, mais qui est rendue propre à habiter les cieux mêmes, et qui adore avec une conscience pure dans la présence immédiate de Dieu !

Apprécions-nous, comme nous le devrions, cette bénédiction d’une conscience purifiée ? Savons-nous discerner la grâce spéciale qui en signale le don ? Elle était complètement ignorée des adorateurs sous la loi ; non seulement inconnue de la congrégation qui adorait au-dehors, mais également inconnue des sacrificateurs qui servaient dans l’intérieur. Ce premier tabernacle doit toujours avoir été une maison de servitude pour la conscience. La conscience ne peut jamais être purifiée par ce qui n’a pas le pouvoir de nous approcher de Dieu. Aussi longtemps qu’une pleine réconciliation n’était pas connue — aussi longtemps que le péché se trouvait plus efficace pour éloigner de Dieu, que le sacrifice pour le péché ne l’était pour rapprocher de Dieu — la conscience ne pouvait connaître aucune purification. La répétition continuelle des mêmes sacrifices devait rappeler le péché et non le salut, non seulement au peuple, mais aux sacrificateurs — non seulement aux sacrificateurs, mais même aux souverains sacrificateurs. D’expiation, d’expiation pleine et entière, il n’en était pas question ; car si elle eût existé, il n’y aurait plus eu de recherche et de demande d’expiation. Cette pensée devait continuellement pénétrer tous ceux qui adoraient sous les ombres ; et la conscience devait avoir le sentiment de son manque de purification, à proportion qu’elle était délicate et exercée. Un adorateur pouvait pleinement comprendre que, pour avoir accès dans ce tabernacle, la chair était purifiée par le sang ordonné des taureaux et des boucs, tandis que, dans le même temps, sa conscience pouvait être chargée d’un poids de culpabilité, pour laquelle il ne trouvait aucun remède dans ce sang. Mais maintenant il n’y a pas seulement le dépouillement des souillures de la chair, mais de plus l’interrogation d’une bonne conscience au sujet de Dieu, par le moyen de la résurrection de Jésus Christ. Une conscience purifiée est donc la bénédiction particulière des saints de cette économie. Un saint qui ne la possède pas a oublié ou (peut-être par manque de vigilance) a perdu ce qui lui avait été donné, lorsque, par la foi, il avait passé sous le linteau arrosé de sang. « Plus aucune conscience de péchés » ; c’est là un des premiers biens qui nous sont accordés par notre souverain Sacrificateur ; et Dieu, par Son moyen, a pourvu à la conservation de ce bien ; car Dieu sait que, s’il ne nous est pas conservé, nous ne pouvons L’adorer en esprit et en vérité. Ce qui nous l’assure, c’est l’efficace éternelle du sang de Christ, porté une fois par Lui-même à Dieu. Tout ce dont nous avons besoin pour pouvoir en jouir constamment, c’est d’une foi simple en ce sang ainsi présenté.

Mais quoique tout ce qu’il nous faut pour conserver une conscience purifiée soit une foi simple en ce que le sang de Christ a effectué, nous n’en devons pas moins nous exercer à avoir constamment une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes ; et le saint de Dieu qui, marchant dans l’Esprit, cherche à conserver cette bonne conscience, sera le plus sensible à ses nombreux défauts et manquements, et ainsi il réalisera le mieux la bénédiction de la conscience purifiée, qui lui a été procurée par le sang de Jésus. Un tel saint aura un sens exquis pour découvrir les souillures ; il se sentira sur un terrain que d’autres ne connaissent pas. Tout ce qui nous environne porte les couleurs de la mort. La nature elle-même est souillée. Même les affections les plus douces et les plus légitimes ont le pouvoir de souiller et d’assoupir l’âme. Le Saint Esprit, qui habite en nous, cherche à nous rendre sensibles à tout cela. Si donc nous n’avions pas cette provision toujours efficace pour la purification de la conscience, le saint, marchant le plus selon l’Esprit, devrait courber la tête comme un jonc et être continuellement dans la frayeur devant Dieu, à cause du sentiment et de la connaissance qu’il a de tant de souillures ; quoique à d’autres tout en lui pût paraître admirable de dévouement et de sainteté. Aussi c’est pour de tels saints que le souverain Sacrificateur des biens à venir est réellement précieux. Son œuvre pour eux les met à même de recevoir des instructions bénies, soit relativement à la sainteté, soit relativement au péché ; car tout ce qu’ils apprennent de la pureté de Dieu, d’un côté, et de la ruse si subtile de leur propre cœur, de l’autre, ne sert qu’à leur prouver la nécessité et à leur confirmer la valeur de ce sang par lequel ils sont rachetés et sanctifiés à Dieu. Ce sont là des leçons qu’ignore l’âme insouciante ou inexpérimentée.

Que l’on se rappelle donc que tous les types de purification trouvent leur accomplissement dans la mort et la résurrection de Christ. L’œuvre du Saint Esprit n’est pas de purifier, mais de rendre témoignage au sang de Christ qui purifie. Le Saint Esprit est donné aux saints comme témoignage et non comme auteur de leur purification. L’Esprit a charge de témoigner à la conscience que Christ a déjà et pour toujours opéré cette purification ; et le Saint Esprit se plaît à proclamer en cela la gloire de Jésus. À proportion donc que nous recevrons simplement Son témoignage, nos consciences seront réellement purifiées.

Je voudrais ajouter que ce n’est pas aux grandes et précieuses doctrines de l’élection et semblables, ou à l’infaillibilité des décrets de Dieu, que le Saint Esprit dirige spécialement la conscience pour qu’elle soit purifiée, mais que c’est expressément à l’appréciation que Dieu fait du sang de Christ. Dans d’autres buts fort importants aussi, Il entretient les saints de ces précieuses doctrines ; mais quant au but spécial de donner et de conserver une conscience purifiée, Il dirige invariablement l’âme à ce sang, destiné par l’amour infini de Dieu à procurer ce résultat.

C’est pourquoi la portion actuelle du saint est d’être toujours dans le véritable tabernacle et d’y être avec une conscience purifiée. Il n’est jamais un adorateur extérieur ni un adorateur souillé. Tous les efforts de l’homme, quant au culte, ne servent qu’à le tenir à distance du Dieu vivant : des ordonnances quelque précieuses qu’elles puissent être à leur place, ont la même tendance dès qu’on en fait usage pour s’approcher de Dieu. Cela nous explique le travail incessant de ceux qui se confient en des ordonnances ; car dans leurs vains efforts pour soulager la conscience, ils ne font que la charger de fardeaux, et ils s’embarrassent eux-mêmes, toujours davantage, dans les filets dont ils s’efforcent de s’affranchir. C’est le sang de Christ qui seul nous délivre de tous nos liens et qui, en même temps, nous donne liberté d’accès et demeure éternelle dans la glorieuse présence de Dieu.

Ici donc, nous avons deux merveilleuses bénédictions liées à la sacrificature de Christ : la première, accès et habitation dans le vrai sanctuaire comme dans notre lieu ordinaire de culte ; la seconde : purification perpétuelle de la conscience par le sang de Jésus, porté sur le vrai propitiatoire. C’est sur ces deux privilèges, bien établis, de la maison de la foi, que notre culte repose et se fonde.

Mais il est encore d’autres biens à venir, rendus présents pour nous par la sacrificature de Jésus, donc il est question dans ce chapitre. Par exemple : nous avons une maison de culte éternellement purifiée. On faisait jadis expiation pour le saint sanctuaire et pour le tabernacle d’assignation, aussi bien que pour les sacrificateurs, et il nous est dit ici que, tout comme il était nécessaire que ces symboles des choses qui sont dans les cieux, fussent purifiées par les sacrifices alors institués, de même il était nécessaire que les choses célestes elles-mêmes fussent purifiées par de plus excellents sacrifices que ceux-là ; « car ce n’est pas dans un sanctuaire fait par des mains, et image correspondante au véritable, que le Christ est entré, mais dans le ciel même, afin de paraître maintenant devant la face de Dieu pour nous ».

Or c’est ce fait même de l’entrée de Christ et de Sa comparution pour nous devant la face de Dieu, qui a rendu nécessaire cette purification des choses célestes. Dieu est non seulement jaloux de Sa sainteté personnelle, et comme tel Il pourvoit à la pureté personnelle de ceux qu’Il amène en Sa présence ; mais Il est aussi jaloux de la pureté du ciel, Son domicile arrêté : de là vient que le ciel aussi est purifié par le sang, afin qu’il ne soit nullement souillé par l’introduction des pécheurs. Et la famille sacerdotale des adorateurs trouve une grande assurance dans la pensée qu’ils sont eux-mêmes purifiés par ce même sang, qui ainsi préserve, à tous égards, la pureté de l’habitation et du trône de Dieu. Une seule purification sert pour tous, pour le trône de Dieu, le temple de Dieu, le souverain sacrificateur de Dieu et les sacrificateurs de Dieu ! Sans cela, pourrions-nous réellement penser même au ciel, comme étant notre place particulière de culte, sans craindre d’y porter des souillures ? Ne sentons-nous pas que nous ternirions et salirions ces parvis célestes et purs ? Eh bien ! Dieu a prévu cette crainte et a voulu nous en délivrer : les vrais sanctuaires, nous dit-Il, ne peuvent être souillés, car ils ont été purifiés pour toujours par le sang de Jésus. Ainsi Dieu nous a préparés pour Sa présence et a préparé Sa présence pour nous. Tout est fait. Ce sang d’une efficace infinie a fait pour toujours justice de tous les arguments que l’incrédulité peut mettre en avant pour demeurer et attirer les autres dans les ténèbres qu’elle aime !

« Ayant donc, frères, pleine liberté pour entrer dans le sanctuaire par le sang de Jésus, chemin nouveau et vivant qu’il nous a consacré au travers du voile (c’est-à-dire de sa chair), et ayant un grand sacrificateur sur la maison de Dieu, approchons-nous avec un cœur vrai, dans une pleine assurance de foi, ayant des cœurs arrosés et purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’eau pure ! ».