Livre:Sur le culte/Chapitre 6

De mipe
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Nous sommes souvent exposés au danger d’obscurcir la vérité de Dieu, en attachant aux paroles de l’Écriture la signification technique qu’elles peuvent avoir dans la théologie de nos jours. Les mots : « charnel », « chair », « monde », et « de ce monde », nous sont connus comme exprimant ce qui est corrompu en lui-même, ce qui est désavoué de Dieu. Mais si nous ne voyons pas quelle a été la longue patience de Dieu, tant avec la chair qu’avec le monde, comment Il a agi avec l’une et l’autre par voie d’épreuve, avant de les abandonner définitivement, nous serons loin d’avoir une juste idée de la vérité de Dieu. Et non seulement cela, mais de plus nous serons incapables de comprendre que tous les efforts faits actuellement par l’homme ne sont que la répétition de ce qui a été déjà tenté sous des circonstances beaucoup plus favorables et qui n’en a pas moins eu pour résultat une déplorable chute. « N’est-ce pas de par l’Éternel des armées que les peuples travaillent pour en nourrir abondamment le feu et que les nations se fatiguent très inutilement ? » (Hab. 2, 13).

Souvenons-nous donc qu’il y eut un temps où Dieu dit aux enfants d’Israël : « Ils me feront un sanctuaire et j’habiterai au milieu d’eux ». C’était « un sanctuaire de ce monde », un sanctuaire propre à être l’habitation de Dieu dans le monde, propre aussi au culte d’un peuple du monde. Dieu avait établi Israël pour être Son peuple terrestre. Il les avait séparés des nations qui les entouraient, par des statuts, des jugements et des lois. Il leur avait aussi prescrit « des ordonnances pour le culte », adaptées à leur sanctuaire et à leur condition. Tout ici était conséquent, tout était de ce monde. Ainsi, le culte de ce monde était alors en lui-même une chose sainte, car Dieu l’avait Lui-même institué. Et il en serait encore ainsi de nos jours, si Dieu avait un peuple de ce monde et un sanctuaire de ce monde ; mais, comme maintenant Il n’a ni l’un ni l’autre, le seul essai de s’approcher de Dieu par des ordonnances du culte divin que Lui-même, dans l’origine, avait prescrites, est un grand péché. — « Celui qui égorge un bœuf, c’est comme celui qui tuerait un homme ; celui qui sacrifie une brebis, c’est comme celui qui couperait le col à un chien ; celui qui offre un gâteau, c’est comme celui qui offrirait le sang d’un pourceau ; celui qui fait un parfum d’encens, c’est comme celui qui bénirait une idole. Mais ils ont choisi leurs voies, et leur âme a pris plaisir en leurs abominations. Moi aussi je ferai attention à leurs tromperies, et je ferai venir sur eux les choses qu’ils craignent ; parce que j’ai crié, et qu’il n’y a eu personne qui répondît ; que j’ai parlé, et qu’ils n’ont point écouté ; parce qu’ils ont fait ce qui me déplaît et qu’ils ont choisi les choses auxquelles je ne prends point de plaisir ». C’est là une parole solennelle. Le même acte, qui était autrefois un acte religieux, agréable à Dieu, comme d’égorger un bœuf en offrande pour le péché ou en holocauste, cet acte, lorsque Dieu n’y prend pas plaisir, mais que c’est l’homme qui veut le faire, devient un péché ; c’est comme un meurtre devant Dieu ! L’encens, pour la composition duquel Dieu Lui-même avait donné des directions si minutieuses, et sans lequel Aaron lui-même ne pouvait pas se présenter devant le Seigneur sans s’exposer à la mort, si quelqu’un l’offrait, cet encens, c’était comme qui bénirait une idole.

Or, si Dieu portait un tel jugement sur Ses propres ordonnances, concernant un culte de ce monde, lorsque ceux à qui elles étaient données les corrompaient et en abusaient selon leur volonté, quelle iniquité ne doit-il pas y avoir dans la tentative de rétablir un ordre de culte que Dieu a positivement mis de côté ? Mais n’est-ce pas là ce que nous trouvons dans l’histoire de l’Église, n’est-ce pas ce que, aujourd’hui encore, on s’efforce de faire avec un nouveau zèle ? Des formes et des rituels de culte, propres seulement à un sanctuaire de ce monde et à un peuple de ce monde, sont maintenant sanctionnés et établis de tous côtés. Certes, cela est un affreux péché. Le prophète de jadis reçut ordre de censurer Israël de sa corruption et de l’abus qu’il faisait du sanctuaire de ce monde et de ses ordonnances ; mais l’apôtre censure les saints de Dieu, dès qu’ils tendent à retourner aux éléments du monde. Autrefois on déshonorait Dieu par la moindre négligence du sanctuaire de ce monde — aujourd’hui on Le déshonore par tout essai de l’imiter ou de le rétablir. Cela nous met en état de déterminer le caractère des choses qui se font maintenant dans ce qu’on appelle l’église des professants, telles, par exemple, qu’un autel sur la terre, le sacrifice répété, l’acte de brûler de l’encens, la consécration par un cérémonial extérieur de bâtiments, de terrains, aussi bien que de personnes. De pareils rites et cérémonies furent empruntés du rituel juif de ce monde et transportés dans l’Église chrétienne, assez tôt pour qu’ils fussent déjà presque universels peu après les jours des apôtres. Mais où se trouvent-ils sanctionnés dans le Nouveau Testament ? Bien plus, comment quelqu’un peut-il lire et ne pas y voir annoncée l’introduction de telles choses, en même temps qu’un avertissement solennel de s’en garder ! Combien est donc sérieuse cette parole : « Moi aussi, je ferai attention à leurs tromperies et je ferai venir sur eux les choses qu’ils craignent ; parce que j’ai crié, et qu’il n’y a eu personne qui répondît » ! Combien n’est-il donc pas urgent de rappeler les âmes à la seule source d’autorité, c’est-à-dire à la Parole ! « Que celui qui a des oreilles entende ». « Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux églises ». Ceci marque, à la fois, où nous devons chercher la sagesse et la direction. Ce n’est pas dans l’antiquité ni dans les exemples d’églises judaïsant, mais bien dans l’enseignement infaillible donné par le Saint Esprit Lui-même aux églises. C’est là ce qui nous délivre de tous ceux dont la sagesse ou l’autorité peut être un instant mise en question ; c’est ce qui met la Parole de Dieu elle-même devant la conscience de tous les saints ; ce qui met à nu les erreurs, quelque anciennes, quelque vénérables, quelque attrayantes qu’elles soient, ce qui garde l’enfant de la foi contre la tendance à les maintenir, à les respecter, à les justifier ; ce qui rend le chemin de la foi sûr en tout temps, quoique parfois bien difficile. Car rien ne peut être plus assuré que les pas de celui qui est conduit par l’Esprit de Dieu et par la Parole de Dieu ; cependant rien n’est plus difficile que de marcher en opposition avec tout ce qui existe autour de nous. En effet, il est difficile de trouver son chemin à travers la confusion des systèmes religieux si divers qui existent de nos jours. D’un côté, nous avons à éviter des systèmes formés en imitation de choses passées, et, de l’autre, des systèmes dont le caractère est plutôt une anticipation des choses futures. Nous avons à reconnaître que de telles choses furent autrefois données de Dieu, et qu’un jour Il les introduira de nouveau ; mais, en même temps, nous devons maintenir constamment qu’elles sont absolument opposées à Ses voies actuelles.

Il y avait un sanctuaire de ce monde ; — il doit y avoir encore dans l’économie future, un sanctuaire de ce monde ; mais maintenant il n’y en a point. Les systèmes existants se composent, dans des degrés divers, de choses propres à ces trois périodes distinctes. Les uns ont surtout emprunté du passé, les autres de l’avenir, quelques-uns peut-être, essentiellement du présent ; — mais tous indiquent une triste confusion dans les choses de Dieu. Combien y en a-t-il qui se sont, en quelque mesure, émancipés des ordonnances du sanctuaire terrestre de l’ancienne économie et qui, cependant, n’admettent pas qu’il doit y avoir encore un sanctuaire de ce monde ! Et en conséquence, ils ont choisi et établi ce en quoi Dieu ne prend pas plaisir, tout autant que d’autres qui imitent ouvertement les anciennes ordonnances. Ainsi, tout en condamnant les éléments du monde, ils se sont revêtus eux-mêmes de ce qui ne peut appartenir, à proprement parler, qu’à la partie terrestre de l’économie à venir. Et par là, ils sont enveloppés dans le péché de mêler les choses célestes avec celles de la terre. Tout cela n’est-il pas une œuvre de la chair ? N’est-ce pas l’introduction de principes mondains dans l’Église de Dieu ? Ne voyons-nous pas cela dans le désir passionné de distinctions officielles, de bâtiments consacrés, d’institutions et ordonnances permanentes, et dans les efforts tentés pour s’acquérir de la réputation de la part du monde, efforts si communs dans les systèmes qui nous entourent ? Car tout ceci n’est pas limité à l’église de Rome, ni aux établissements protestants de l’Europe, mais ces mêmes abus se retrouvent, presque au même degré, dans la plupart des systèmes dissidents. Certes, toutes ces choses, sous quelque forme qu’elles se présentent, doivent être également outrageantes pour Dieu. Nous pouvons retourner à d’anciennes institutions de Dieu, ou adopter par avance quelque chose qu’Il a l’intention d’introduire un jour, ou bien affirmer le droit que nous prétendons avoir de rendre culte selon un modèle de notre invention ; mais dans tous ces cas, nous nous mettons sous le poids de cette parole : « J’ai crié, et il n’y a eu personne qui répondît ».

C’est pourquoi, il est important de faire voir qu’il y aura encore un sanctuaire de ce monde et un culte terrestre. Cela est abondamment révélé dans les prophètes. Le sujet de leur espérance est la restauration de la nation, de sa constitution politique, du culte d’Israël ; mais toutes ces choses seront restaurées sous le Seigneur Jésus Christ et en rapport avec Lui. Maintenant, l’Église chrétienne, dans une grande mesure, s’est appliquée à elle-même ces prédictions ; de là est venue l’idée de nations chrétiennes, au lieu de la nation sainte qui doit être rassemblée d’entre toutes les nations ; de là vient aussi l’idée de l’union de l’église et de l’état, idée qui doit se réaliser de la manière la plus bénie, lorsque Christ, comme Roi et Sacrificateur, siégera sur Son trône ; de là aussi l’anachronisme quant au temps où les rois de la terre doivent apporter leur gloire et leur honneur dans la cité d’or pur ; de là, les appels continuels adressés au monde, pour qu’il accorde son assistance et son patronage à l’œuvre de l’église. Tout cela a sécularisé la chrétienté, donné un caractère mondain à sa position et à son culte.

Nous lisons dans le prophète Ésaïe : « Ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples ». C’est-à-dire que Dieu a résolu d’avoir une maison sur la terre, un sanctuaire de ce monde, mais qui sera ouvert à tous, et non plus au seul Israël. L’Israël de ces jours à venir occupera un rang plus élevé que celui qui lui appartenait comme étant la semence naturelle d’Abraham, et une fois dans cette position, d’autres s’associeront à lui, même ceux qui sont naturellement les fils de l’étranger. Joints au Seigneur, ceux-ci seront amenés à la montagne de Sa sainteté et rendus joyeux dans Sa maison de prières. Le Seigneur Jésus, le Maître actuel de la maison céleste, et qui en Son temps sera aussi l’architecte de la maison terrestre et du sanctuaire de ce monde, fait allusion à ce passage des Écritures dans une circonstance de Son ministère. Un jour, Jésus entra dans le temple de Dieu, et en chassa tous ceux qui y vendaient et y achetaient et renversa les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient des pigeons, et leur dit : « N’est-il pas écrit : Ma maison sera appelée une maison de prières pour toutes les nations ? » (Marc 11, 17). Jamais il n’en fut ainsi de cette maison, pendant son premier état. Mais quand elle sera d’une autre structure, alors plusieurs nations viendront et diront : « Venez, et montons à la montagne de l’Éternel, à la maison du Dieu de Jacob ; et il nous instruira de ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers ; car la loi sortira de Sion, et la parole de l’Éternel sortira de Jérusalem !… ». Ici il est clairement parlé d’un sanctuaire de ce monde, d’un temple métropolitain, sur la terre — source de législation et d’instruction pour tous ceux qui craignent le Seigneur. Des chrétiens ont pu s’imaginer que la construction d’une cathédrale sur la montagne de Sion, serait un acheminement à l’accomplissement de cette prophétie. Mais si cela se faisait, la parole demeurerait toujours : « Les cieux sont mon trône et la terre est le marchepied de mes pieds ; quelle maison me bâtiriez-vous et quel serait le lieu de mon repos ? Car ma main a fait toutes ces choses, et c’est par moi que toutes choses ont eu leur être, dit l’Éternel. Mais à qui regarderai-je ? À celui qui est affligé, et qui a l’esprit brisé et qui tremble à ma parole, etc. ».

Ézéchiel, dans sa vision, vit le départ de la gloire du Seigneur, premièrement de la maison et ensuite de la terre (chap. 10 ; 11) ; mais dans le quarante-troisième chapitre, il dit : « puis la gloire de l’Éternel entra dans la maison par le chemin de la porte qui regardait le chemin de l’orient… et voici, la gloire de l’Éternel avait rempli la maison… L’Éternel donc me dit : Fils d’homme, c’est ici le lieu de mon trône, et le lieu des plantes de mes pieds, dans lequel je ferai ma demeure à jamais parmi les enfants d’Israël : et la maison d’Israël ne souillera plus mon saint nom ». Ici encore, il s’agit du sanctuaire de ce monde qui doit être érigé de nouveau.

Mais pour ne pas multiplier les citations, bornons-nous seulement à deux autres passages qui, tous deux, ont indubitablement rapport à des temps postérieurs à la reconstruction du temple sous Zorobabel.

« Ainsi a dit l’Éternel des armées : Encore une fois, ce qui même sera dans peu de temps, j’ébranlerai les cieux et la terre, la mer et le sec ; et j’ébranlerai toutes les nations, et le désiré de toutes les nations viendra ; et je remplirai de gloire cette maison, a dit l’Éternel des armées… La dernière gloire de cette maison-ci sera plus grande que la première, a dit l’Éternel des armées, et je mettrai la paix en ce lieu-ci, dit l’Éternel des armées ». Ici, il nous faut remarquer que ce sanctuaire de ce monde s’élève après que les cieux et la terre ont été ébranlés, ce qui, d’après le témoignage de l’apôtre dans le douzième chapitre de l’épître aux Hébreux, n’a pas encore eu lieu.

De plus, nous lisons dans le prophète Zacharie (chap. 6, 12, 13) : « Ainsi a parlé l’Éternel des armées, disant : Voici, un homme, duquel le nom est germe, qui germera de dessous soi, et qui bâtira le temple de l’Éternel. Oui, lui-même bâtira le temple de l’Éternel ; et lui-même sera rempli de majesté, et sera assis, et dominera sur son trône, et sera sacrificateur, étant sur son trône ; et il y aura un conseil de paix entre les deux ».

Or toutes ces preuves, dont le nombre pourrait être de beaucoup multiplié, nous parlent d’un sanctuaire de ce monde qui doit être encore élevé, mais non pas d’après l’ancien ordre. Là, Dieu sera connu comme Dieu de paix, quoique la gloire divine soit là ; car là Jésus s’assiéra comme sacrificateur sur Son trône. Là seront les ordonnances d’un service divin, les sacrificateurs remplissant leur office, et une multitude d’adorateurs. Une de ces ordonnances est mentionnée dans le prophète qu’on vient de citer : « Toutes les nations venues contre Jérusalem, monteront en foule chaque année pour se prosterner devant le Roi, l’Éternel des armées, et pour célébrer la fête des tabernacles ».

La conséquence qu’on peut donc tirer de ces passages de l’Écriture, c’est qu’il y avait un sanctuaire de ce monde approprié à un peuple d’adorateurs, dans la chair, sur la terre — et qu’il doit y avoir encore sur la terre un sanctuaire de ce monde, en rapport avec la nouvelle alliance, sanctuaire convenable à la vraie circoncision et à la vraie semence spirituelle (És. 57). Mais un tel sanctuaire n’existe pas maintenant ; maintenant il n’y a que le sanctuaire céleste ; et c’est là le contraste que le Saint Esprit établit avec tant de soin dans le neuvième chapitre des Hébreux.

Le premier tabernacle, en rapport avec le sanctuaire de ce monde, a eu sa place pendant un temps ; tant qu’il a subsisté, le chemin des lieux saints n’était pas encore manifesté et il ne pouvait y avoir une purification de la conscience par ce moyen. Maintenant, ce qui est établi en contraste avec le premier tabernacle, n’est pas un second tabernacle placé de même sur la terre, et où les adorateurs devaient se tenir à distance du lieu très saint, mais c’est un tabernacle dressé par Dieu Lui-même dans le ciel, où ceux-là seuls peuvent entrer qui sont purifiés par le sang de Jésus, et oints du Saint Esprit ; mais où tous ceux qui le sont entrent maintenant par la foi, étant également acceptés et également sacrificateurs. Le premier tabernacle est donc considéré, dans ce chapitre, en contraste avec « le plus excellent et le plus parfait tabernacle, qui n’est pas fait de main, c’est-à-dire, qui n’est pas de cette structure » ; au-dedans duquel l’Église offre maintenant son culte. Un sanctuaire tel qu’est ce sanctuaire céleste convient seul aux « frères saints, participants de l’appel céleste ». L’homme, comme homme, peut penser qu’il est convenable de consacrer de magnifiques édifices au culte de Dieu, et il a toujours agi dans cette pensée. Mais la maison spirituelle n’a rien de saisissable à la chair. « Vous ne vous êtes pas approchés d’une montagne qu’on touche avec la main ». Elle n’est pas adaptée au monde, et ne présente aucun attrait à la chair. Celui qui ne jugeait que selon les apparences, pouvait trouver quelque fondement dans la calomnie qui accusait les chrétiens d’être des athées, puisqu’il n’y avait dans leur culte rien de visible, rien d’imposant, qui fût propre à frapper les sens. Ils rendaient leur culte dans ce « plus excellent et plus parfait tabernacle qui n’est pas construit par des mains ». Ils ne cherchaient pas, quant aux lieux de leurs assemblées, à rivaliser avec l’imposante architecture du temple de Jérusalem, ou des temples païens qui les entouraient. Ils n’avaient pas encore entendu parler d’une « architecture chrétienne ecclésiastique » ; et l’Église n’était pas alors le patron des arts. Leur temple n’était pas de cette structure.

Or le ministère dans le sanctuaire céleste correspond à cela. Il est complet et parfait, parce qu’il est accompli par Celui qui est divin, Celui qui est au-dessus de la sphère de ce monde. Christ est entré une fois dans les lieux saints, après avoir obtenu un rachat éternel. L’œil de l’homme peut mesurer les belles proportions d’un sanctuaire de ce monde et considérer le service d’une sacrificature de ce monde ; mais la foi seule peut entrer dans le sanctuaire céleste, et prendre plaisir à ses gloires. Aucune de ses beautés ou de ses gloires ne se déploie aux sens — l’âme seule qui a appris la valeur de Jésus peut dire maintenant : « Éternel des armées ! combien sont aimables tes tabernacles ! ». L’Agneau en est le flambeau et la gloire. Si Jésus n’est pas l’objet de la foi, il n’est pas étonnant que les hommes élèvent encore le sanctuaire de ce monde ; mais même lorsque Dieu avait ici-bas Son sanctuaire de ce monde, combien peu de sa beauté était alors déployé à l’œil de l’adorateur ordinaire ! Il ne voyait pas le sanctuaire, les chérubins et les vaisseaux d’or — ces choses étaient soigneusement cachées à sa vue. Les sacrificateurs étaient chargés de voiler les vaisseaux du service, même à la vue des Lévites qui devaient les porter (Nomb. 4, 20). Les yeux des sacrificateurs seuls pouvaient se fixer sur ces choses saintes. Maintenant c’est avec les réalités de ces types voilés et précieux que nous avons affaire. Maintenant tous les croyants sont sacrificateurs à Dieu ; de là vient que tout est maintenant découvert à la foi ; mais à la foi seulement. Ces choses que l’œil n’a point vues, Dieu nous les a révélées par Son Esprit. Le Saint Esprit est spécialement descendu du ciel pour témoigner de ce qu’Il sait être là. Il ne pouvait rendre témoignage d’un temple céleste et d’une sacrificature céleste, tant que l’architecte et le conservateur du temple, le sacrificateur perpétuel, n’était pas au ciel.

C’est pourquoi, tous les efforts pour établir aujourd’hui un sanctuaire terrestre sont en opposition directe avec le témoignage actuel du Saint Esprit. La venue du Saint Esprit convainquait le monde de péché pour avoir rejeté Jésus, car il témoignait que Dieu L’avait exalté ; mais ce même Esprit, par Sa seule présence dans l’Église, convainc aussi de péché tout essai d’établir de nos jours un sanctuaire de ce monde. L’objet de Son témoignage est un souverain sacrificateur, qui officie maintenant dans les cieux : « Jésus, le Fils de Dieu, qui a traversé les cieux », et par conséquent, Il ne peut conduire l’âme qu’à Celui qu’Il glorifie. Tous ceux qui adorent « en Esprit » doivent donc adorer dans le sanctuaire céleste, car c’est là seulement que l’Esprit les introduit.

Mais l’homme, en tant qu’homme, ne connaît pas l’Esprit de Dieu ; le monde ne Le peut recevoir (Jean 14). Son ministère ne consiste en aucune manière à conduire la chair dans la présence de Dieu ou à lui apprendre à adorer. Sa seule présence sur la terre est précisément un témoignage de Dieu des plus puissants et des plus solennels quant à l’entière ruine de l’homme et à son impuissance totale pour aucun bien. C’est pourquoi il faut que la régénération précède l’adoration. Les seuls vrais adorateurs, actuellement, sont ceux qui sont séparés à Dieu par la « sanctification de l’Esprit ». Ce sont eux qui sont maintenant « la sacrificature royale, la nation sainte ». Et il est bon que les saints eux-mêmes se rappellent constamment cette vérité élémentaire. C’est là ce qui les rendra capables d’éprouver tout ce qui prétend être culte. Nos sens peuvent être satisfaits, notre imagination exercée, le sentiment et la sensibilité éveillés — et nous pouvons prendre ces choses pour de l’adoration ; mais ce sont là des choses charnelles, et lorsqu’elles se trouvent dans les saints, elles contristent grièvement l’Esprit de Dieu. Ce sont des choses contre lesquelles les saints ont à veiller et qu’ils doivent mortifier ; mais ces mêmes choses sont entretenues et alimentées par l’introduction volontaire d’un sanctuaire de ce monde. Qu’y a-t-il donc de plus épouvantable que de confondre une telle œuvre avec l’œuvre actuelle de l’Esprit de Dieu ! N’est-ce pas là confondre les ténèbres avec la lumière — la chair avec l’Esprit ? L’ordre tout entier d’un sanctuaire de ce monde doit empêcher le témoignage actuel de l’Esprit de Dieu. Or, outrager l’Esprit de la grâce — insulter l’Esprit de Dieu — c’est là vraiment un péché épouvantable. Qu’est-ce que l’Esprit de la grâce a affaire avec le sanctuaire de ce monde ? Là, le principal, c’est le service du sacrificateur qui officie et les devoirs du peuple, suppliant à distance. La grâce est exclue de cet ordre tout entier. La grâce affermit le cœur ; mais le sanctuaire de ce monde le ramène à des aliments. C’est pourquoi, tout retour à un sanctuaire de ce monde doit être aussi outrageant pour l’Esprit Saint que contradictoire à l’œuvre accomplie de Jésus.

Mais considérons un moment encore combien il est vrai que le Saint Esprit est l’Esprit de grâce. Quel est le témoignage qu’Il nous apporte ? N’est-ce pas celui qu’Il rend à la grâce accomplie dans la gloire du ciel ? Jésus, au moyen de Son propre sang, est entré une seule fois dans le sanctuaire, ayant trouvé un rachat éternel. Voilà ce que le Saint Esprit nous a révélé. Christ est là, et là « après avoir trouvé un rachat éternel » ; et là, « il comparaît devant la face de Dieu pour nous ». Que nous faut-il de plus ? Ne pouvons-nous pas, par la foi, voir là le témoignage de notre acceptation actuelle et le gage de notre gloire future ? C’est donc là que se trouve la scène de notre culte ; c’est là qu’est notre sanctuaire, notre seul sanctuaire. Et c’est pour conduire nos âmes dans ce théâtre de bénédictions accomplies et abondantes que l’Esprit de Dieu est venu. « Affectionnez-vous aux choses d’en haut », telle est l’incessante exhortation qu’Il adresse à nos cœurs. Puissions-nous connaître toujours plus et mieux la paix et la gloire de ce sanctuaire céleste !

Et quel doit être le caractère du culte du sanctuaire céleste ? Assurément, la louange ! louange pour une rédemption accomplie. Et ce sacrifice ne manquera pas si nos âmes réalisent leur céleste portion. En effet, aucun de ceux qui adorent vraiment dans ce sanctuaire ne peut refuser son tribut de louange. Un rassasiement de joie et des plaisirs pour toujours sont à la droite de Dieu ; et tout cœur, qui y est conduit par l’Esprit, s’écrie : « Je chanterai les bontés de l’Éternel à jamais ». Un rachat éternel est la base solide sur laquelle repose toute cette joie. Une rédemption éternelle, obtenue par l’œuvre parfaite de Jésus — cette œuvre que Lui-même présente toujours en notre faveur dans le ciel. « Vous, justes, réjouissez-vous en l’Éternel, égayez-vous et chantez de joie, vous tous qui êtes droits de cœur ».

Le sanctuaire de ce monde ne connaissait proprement point du tout la louange. Moïse n’avait point établi de ministère de chant. Il pouvait chanter avec les enfants d’Israël le cantique de rédemption après avoir passé la mer Rouge (Ex. 15) ; mais c’était la grâce qui les avait amenés jusque-là ; ils chantaient le triomphe de la grâce. — Le sanctuaire de ce monde n’avait pas encore été ordonné alors. Dans ce sanctuaire, il n’y avait jamais rien d’accompli, et par conséquent, aucun fondement pour la louange. C’était la répétition constante des mêmes services ; la conscience de l’adorateur n’était pas purifiée, et par conséquent il ne pouvait jamais élever sa voix en louange et en action de grâces. Nous parlons du tabernacle dans le désert. Mais il n’y avait même qu’un petit nombre des accords de celui qui composait les doux cantiques d’Israël, qui fussent adaptés au service de l’ancien temple. — Ce temple était un sanctuaire de ce monde, et ses bénédictions étaient terrestres ; mais le ministère du chant allait au-delà de toute cette économie, anticipant la pleine et parfaite bénédiction. La foi pouvait chanter, mais c’était uniquement parce qu’elle pouvait atteindre au-delà du sanctuaire qui était alors debout ; — mais maintenant la foi chante, parce qu’elle trouve, dans son sanctuaire actuel, des sujets de louanges éternelles. La grâce et la gloire, la délivrance et la victoire, le grand salut de Dieu lui-même sont là les sujets d’une louange incessante ; car la présence dans la gloire de notre précurseur Lui-même, témoigne de leur accomplissement.

Comment le cœur, auquel on enseigne qu’il a besoin d’une absolution de chaque jour, prononcée par les lèvres d’un autre homme, pourrait-il s’élever à la louange ? Une telle âme peut-elle chanter par l’Esprit et avec intelligence des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels ? Une conscience qui n’est pas nettoyée peut-elle louer ? De telles choses sont impossibles. Car l’acte même du culte n’est-il pas regardé comme un devoir exigé de la part de Dieu, et par là même rendu dans un sentiment légal, au lieu d’être considéré comme un privilège béni, découlant de la connaissance et de la jouissance de cette miséricorde qui dure éternellement ? L’apôtre nous enseigne à « rendre grâces à Celui qui nous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière » (Col. 1). Cela nous fait voir que ce que la grâce a accompli pour nous en Christ est la vraie base des actions de grâces et des louanges. Mais si cela n’est pas compris ou si on l’oublie, le culte deviendra nécessairement un fardeau au lieu d’être notre plus grand privilège. Et ne voyons-nous pas que les chrétiens attachent beaucoup plus de prix et d’importance à l’instruction et à la prédication, bénédictions que Dieu leur accorde, qu’au culte ? C’est là une conséquence nécessaire de l’oubli du sanctuaire dans lequel nous rendons culte. Que l’âme réalise ceci, elle s’apercevra aussitôt quels sont les fondements de la louange et quel est le caractère de son culte. Mais si l’on établit un sanctuaire de ce monde ou si l’on introduit l’ordre d’un sanctuaire de ce monde, on dégrade nécessairement le culte, et l’âme s’en ressent d’une manière fâcheuse. De tels résultats ne peuvent manquer d’avoir lieu, si nous prenons pour modèle le sanctuaire de ce monde, au lieu d’entrer, par la foi et comme conduits par l’Esprit, dans celui qui est du ciel. Là, tout ce qui regarde notre rédemption et notre conformation à la lumière elle-même, a déjà été accompli ; là, par conséquent, au milieu de nos bénédictions éternelles, nous pouvons nous unir à l’assemblée qui chante « les bontés de l’Éternel à jamais ».