Messager Évangélique:Ce qu’est le chrétien
Il y a dans la Parole de Dieu certaines expressions, qui mettent en évidence d’une manière particulièrement simple et claire ce qu’est le chrétien, et qui, si le lecteur leur accordait seulement l’attention la plus ordinaire, l’amèneraient à dire : « Ah ! si c’est là ce que c’est qu’un chrétien, où en suis-je, moi ? ».
Ces expressions dont nous parlons ne sont pas la voix d’un cœur qui tend violemment vers quelque chose qu’il espère ; elles se distinguent au contraire par la tranquille assurance avec laquelle elles approprient la bénédiction à l’âme de ceux qui croient. C’est ainsi que Jean dit au nom de tous les chrétiens auxquels il écrivait : « À lui qui nous a aimés, et qui nous a lavés de nos péchés dans son propre sang, etc. ». Si maintenant je vous demandais, à vous — qui peut-être seriez offensé si je vous disais que vous n’êtes pas chrétien — si je vous demandais : Êtes-vous sûr que Christ vous aime ? Êtes-vous sûr qu’Il vous a lavé de vos péchés dans Son propre sang ? — vous me répondriez, si vous êtes sincère : Non, je n’en sais rien ! — Et cependant les paroles que nous trouvons ici sont l’expression de l’état commun reconnu de tous les chrétiens.
Ou bien pouvez-vous dire : « Oui, Dieu soit béni, quoique je ne sois par moi-même qu’une misérable créature, je sais que Dieu m’aime » ? — Pouvoir parler ainsi, est la part de tout chrétien. C’est pourquoi il est écrit : « Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier gît dans le méchant » (1 Jean 5). L’Écriture parle de tous les chrétiens comme connaissant le salut ; et dans la seconde épître de Pierre, il est question de quelqu’un qui avait oublié qu’il était purifié de ses péchés d’autrefois (2 Pier. 1, 9) : mais on ne pouvait pas oublier ce qu’on n’avait jamais su. Oublier qu’« on était purifié » — c’était déchoir — l’état chrétien, c’était de savoir qu’on était purifié.
Vous trouverez que Dieu adresse toutes sortes d’exhortations au croyant ; mais toutes sont basées sur le fait qu’il a été amené à Dieu. Je vous le demande à tous : Votre âme ne serait-elle pas plus sereine, plus heureuse, si vous étiez certains que Dieu vous aime ? Il ne peut y avoir de sentiments heureux, si l’âme n’a pas confiance en Dieu, et c’est en cela que consiste cette connaissance de Dieu qui est la vie éternelle. Dieu est amour, et si vous ne savez pas cela, vous ne savez rien. Et où en êtes-vous si vous ne connaissez pas Dieu ?
Si vous croyez pleinement que Dieu est amour — amour envers vous — quelles sortes de pensées aurez-vous de Lui ? Penserez-vous que vous devez obéir, ou que, sinon, Il fera tomber sur vous Sa vengeance ? — Penserez-vous à Lui comme à un juge ? — Non, de pareilles pensées ne sont pas celles de quelqu’un qui connaît l’amour d’un Dieu Sauveur.
Sans doute, il y a un jugement ; mais devant le jugement il n’y a pas de miséricorde. Lorsque Christ apparaîtra pour juger, pourrez-vous vous tenir devant Lui, s’Il regarde à l’iniquité ? Pourrez-vous Lui répondre pour vos transgressions ? — Non ; — mais si actuellement vous croyiez véritablement à Son juste jugement, vous diriez : « N’entre point en jugement avec ton serviteur, car devant toi nul homme vivant ne sera justifié » (Ps. 143, 2). — Mais Christ n’est pas un juge maintenant, Il est un Sauveur. Tout est grâce maintenant. Il n’impute à personne ses péchés. « Tout œil le verra » (Apoc. 1, 7). Nous, chrétiens, nous voyons en Lui maintenant un Sauveur. Vous qui ne croyez pas, vous attendez jusqu’au jugement, espérant pouvoir vous présenter devant Christ alors, mais alors : « toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui » (Apoc. 1, 7). Christ est un juge lorsqu’Il n’est pas un Sauveur. Ce sera le jugement alors, non pas une épreuve pour savoir si vous pouvez affronter et traverser le jugement. Le temps d’à présent est un temps d’épreuve, non pas afin qu’on sache si vous êtes ou non un pécheur, mais afin qu’il soit manifeste si vous voulez recevoir Christ ou non. Votre cœur est mis à l’épreuve maintenant ; hélas ! votre cœur rebelle rejetterait toujours le Sauveur, si la grâce ne vous soumet pas, dans le sentiment de votre péché. Au jour du jugement Dieu se justifiera Lui-même, Il ne justifiera nul autre : dans ce jour-là, Il mettra en évidence le péché qui est le motif du jugement. Tout ce qui est caché sera alors rendu manifeste. Ce ne sera pas le temps de l’épreuve, mais le temps où le jugement sera rendu public. L’épreuve se fait maintenant, et c’est actuellement que ces choses sont placées devant nos âmes. En présence de toutes les belles apparences du monde, nous justifions Dieu maintenant, nous acceptons le jugement que Dieu prononce maintenant sur l’homme ; nous reconnaissons qu’Il est juste en nous condamnant. Le regard de Dieu porte le jugement dans ma conscience, et je m’y soumets. Je reconnais et je dis que Dieu ne devrait pas laisser vivre devant lui un misérable tel que moi. Il en sera ainsi quand tout œil le verra, mais il en est ainsi aussi dans l’âme maintenant, quand le Seigneur nous révèle notre état par la foi. Je justifie Dieu maintenant : Je déclare que je n’ai été que ténèbres et que péché, et je m’abhorre moi-même en la présence de Dieu. Toute bouche est fermée dans la lumière de Dieu. Et quand un homme a été amené là, il se connaît lui-même. Si vous cherchez à vous cacher votre véritable condition, vous n’en valez pas mieux, mais vous êtes dans un état plus fâcheux.
Une fois que je me connais tel que je suis, je ne m’appuie plus sur une vague notion que Dieu est miséricordieux. Pierre, lorsqu’il se reconnut pécheur dans la présence de Dieu, dit : « Retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur » (Luc 5, 8). Pierre sentait que le péché et Christ, le Dieu saint, ne pouvaient pas se trouver ensemble. Il en est toujours ainsi lorsque l’âme est devenue jalouse de la gloire de Dieu. L’idée d’une transaction fait horreur à quiconque a la conscience réveillée quant au péché. Une fois que l’homme a été amené à la connaissance de son état devant Dieu, en quoi peut-il se confier ? En ceci assurément, c’est que lorsqu’il était dans cette condition, il a la pleine assurance de l’amour de Dieu envers lui.
Quand je me tourne vers la nature, je vois des témoignages de bonté, mais partout aussi la ruine et la misère, en sorte que je ne sais comment dire que Dieu est amour, et dans ces témoignages mêmes de Sa bonté je vois que j’ai tout perdu, car c’est ce Dieu-là que j’ai offensé. Si je me tourne vers la providence, je ne trouve que confusion : combien de fois les méchants n’ont-ils pas le dessus et ne prospèrent-ils pas ? — Si je me tourne vers la loi, elle me condamne et me laisse sans espérance.
Dans tout cela, je vois des choses concernant Dieu, mais je ne vois rien qui révèle Dieu. Christ révèle Dieu. Précisément là où j’en suis quant à moi-même, je trouve qu’Il est le « témoin fidèle » de Dieu, car c’est dans ce monde même, où était le péché, que Christ a été le témoin fidèle.
Dans le ciel, il n’y aura pas besoin d’un témoin. Maintenant je puis aller à Jésus et trouver Dieu en Lui. Avez-vous jamais trouvé, chez ce fidèle témoin, une seule parole, une seule action qui ne fût pas amour ? Jamais. — Sans doute Christ démasquera l’hypocrite ; — mais dès qu’on est vrai — quand même on serait le plus grand pécheur du monde — dès qu’on consent à être ce qu’on est, dans la présence de Dieu — dès ce moment on ne trouve jamais en Christ que de l’amour. Il faut que Dieu convainque de péché : Dieu écrira Sa sentence sur les sépulcres, et dira ce qu’ils renferment ; Il dévoilera ce que nous sommes ; Il nous découvrira combien nous nous décevons nous-mêmes ; mais en faisant cela, Il est encore amour parfait, rien autre ! Qu’est-ce qui amena Christ sur la terre ? Était-ce pour apprendre que le péché y régnait ? Non, Christ le savait bien ; mais Il vint parce que le péché était là. Le péché même qui m’épouvante est ce qui L’amena sur la terre, en amour !
Dans l’histoire de la femme pécheresse, au chapitre 7 de l’évangile de Luc, Christ met Simon à sa place, et ne fait nulle attention aux convives. Pourquoi ? Parce que la pauvre femme devait être encouragée en amour. Christ vint au lieu même où était le péché. S’il s’agit de vérité, Christ connaît mes péchés. Quand je dis que Christ m’aime, j’entends qu’Il m’aime, en sachant tout ce que je suis ; ce n’est certainement pas qu’Il aime l’état de péché dans lequel je suis, mais Il m’aime tandis que je suis dans cet état. Il écrira sur la terre, comme au chapitre 8 de l’évangile de Jean, afin de laisser agir ma conscience ; Il amènera mon péché dans ma conscience : Il ne veut pas que je sois satisfait de moi-même, mais Il veut que je me repose dans ce qu’Il pense de moi. Le cœur lutte afin d’être satisfait de lui-même, mais Dieu renversera tout ce travail ; et quand Il nous a démasqués à nos propres yeux, Il nous rend satisfaits de Lui, tels que nous sommes. Il ne nous laisse pas là, sans doute, mais Il veut que nous trouvions notre paix dans la connaissance de Son amour parfait : « À lui qui nous a aimés » ; alors je trouve le repos.
Mais ce n’est pas tout ; la Parole ajoute : « Qui nous a lavés de nos péchés dans son sang ». Il n’est pas dit : qui nous lavera, mais qui nous a lavés. Nous avons besoin de savoir cela maintenant, pour notre paix, et pour que nous ayons de saintes affections. « Il nous a lavés dans son propre sang » ! — Qui a fait cela ? — C’est Christ. Christ l’a fait. Il nous a « entièrement purifiés ». Et si Lui a fait cela, Il l’a fait en justice, en connaissant tout notre péché, et en maintenant cette justice parfaite, qui nous faisait trembler à cause de nos péchés ; et c’est selon cette justice qu’Il nous a lavés de nos péchés dans Son propre sang. Il savait ce qu’étaient nos péchés aux yeux de Dieu, c’est pourquoi Il se donna Lui-même ; Il se donna Lui-même pour nous. Un ange ne pouvait pas se donner pour moi : il ne le devait pas, étant appelé à rester dans sa condition première ; mais Christ seul pouvait se donner. Dans cet acte par lequel Christ lave mes péchés, je Le trouve donnant Son sang, Sa vie, se donnant Lui-même pour moi. Je ne trouve pas en Lui un seul motif qui ne soit amour pour moi. Voilà la connaissance que j’acquiers de Christ.
Il m’a lavé de mes péchés dans Son propre sang. Est-ce que je crois cela ? Oui, je le crois ! Je crois que chacun de mes péchés a été lavé, et que c’est Lui qui m’a lavé, ainsi qu’il est dit dans l’épître aux Hébreux : « Il a fait par lui-même la purification de nos péchés ». Ah ! dites-vous, si seulement je sentais cela ! Mais laissez-moi vous demander si vos sentiments ajoutent quelque chose à la valeur du sang de Christ ? Certainement non. Pourquoi alors ne pas vous appuyer sur la valeur de ce sang comme sur ce qui a pleinement satisfait Dieu quant au péché ? Christ a vidé entre Dieu et Lui-même la question du péché : « Il a fait par lui-même la purification de nos péchés ». Il l’a faite en accord avec la sainteté de Dieu et selon nos besoins. Et quelle est la pureté qui nous est donnée ? C’est celle qu’exige l’œil de Dieu, tout ce qui nous éloignait de Dieu ayant été entièrement mis de côté, de manière que nous sommes placés dans la lumière comme Dieu est dans la lumière ; et en accomplissant cette œuvre, l’amour parfait de Dieu a été révélé.
« Et nous a faits rois et sacrificateurs à Dieu son Père ». Lorsque j’amène quelqu’un dans la jouissance de tout ce que moi-même je possède, je donne la preuve la plus complète de toute l’affection de mon cœur envers lui. La bienveillance peut faire donner quelque chose ; mais donner tout — c’est l’amour parfait. On ne peut faire davantage. Eh bien ! c’est là ce que Christ a fait. Il est le Roi et le Sacrificateur, et Il nous fait rois et sacrificateurs avec Lui, et ce qu’Il nous donne a une valeur d’autant plus grande, que c’est ce que Lui-même possède.
Ce n’est pas tout : l’amour parfait du Père nous est acquis ; non seulement l’amour de Christ, mais l’amour du Père que Jésus nous fait connaître. Il nous a faits sacrificateurs à Son Père. Y eut-il jamais amour égal à celui-là ? Christ fut-Il jamais autre chose qu’amour ? Il n’est jamais qu’amour parfait envers nous ; et la somme de tout, c’est : « Il nous a aimés ». — A-t-Il autre chose à nous dire ? Non. Ce que l’amour avait à faire, Il l’a fait. Ah ! que dans la simplicité d’un cœur reconnaissant, nous disions : « Il a fait la paix par le sang de sa croix ». — « À lui qui nous a aimés, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang, et nous a faits rois et sacrificateurs à Dieu son Père, à lui soit gloire et force aux siècles des siècles. Amen ! ».