Messager Évangélique:Correspondance (novembre 1861)

De mipe
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Nous avons reçu d’un de nos abonnés une lettre dont nous allons donner un extrait :

Je viens de lire pour la quatrième fois l’article du Messager Évangélique n° 20, intitulé : « Pour moi, vivre c’est Christ ». Ce que l’auteur dit à l’occasion de ces paroles, est sans doute excellent, car c’est toujours une excellente chose que de nous pousser à être les imitateurs de Paul, comme lui-même l’était de Jésus Christ. Mais cet article n’explique pas précisément ces paroles, j’en ai donc cherché l’explication, je crois l’avoir trouvée, et rien ne m’a autant humilié. Leur sens, selon moi, n’est pas seulement : « Pour moi, vivre c’est réaliser Christ », car Paul exprime sa pensée en disant simplement : « Pour moi, vivre c’est Christ et mourir est un gain ». C’est là (comme au reste toutes les Écritures de Dieu) une de ces paroles que le croyant ne peut comprendre que par le Saint Esprit. À leur manière aussi et en les appliquant à leur souverain ou à leur capitaine, certains hommes ont pu ou pourraient exprimer un sentiment analogue à celui qui animait l’apôtre. Ainsi nous pouvons bien nous représenter la vieille garde de Napoléon 1er, s’écriant : « Pour nous, vivre c’est l’empereur, et mourir est une gloire ». Quel attachement, quel dévouement, quelle disposition à tout souffrir pour leur chef, quelle volonté décidée de vivre et de mourir pour lui ! Ainsi donc, c’est le cri de l’enthousiasme, mot qui, d’après le dictionnaire, signifie : « Émotion extraordinaire de l’âme, causée par une sorte d’inspiration — tout noble mouvement de l’âme qui excite à des actes de courage, de dévouement, etc. ». Paul emprisonné, persécuté, parlant de ses souffrances, de ses liens, et aussi des motifs qui pouvaient encore l’attacher à la vie, ajoute : « Mais pour moi, vivre c’est Christ, et mourir est un gain » ; c’est là, je le pense, le fait et la voix de l’enthousiasme, mais enthousiasme saint, chrétien, légitime, sublime. Que Christ soit annoncé, que Christ soit connu par toute la terre, que Christ soit reçu par tous les cœurs, que Christ triomphe ; que pour cela, on Le prêche pour ajouter de l’affliction à mes chaînes, qu’on m’emprisonne, qu’on me tourmente, qu’on me mette à mort, peu importe au fond ; car si je désire vivre encore dans la chair, il en vaut certes bien la peine, puisque c’est uniquement pour l’avancement et la joie de la foi des saints ou pour la cause de Christ ; or « pour moi, vivre c’est Christ ». Si je désire déloger, c’est que pour moi « mourir est un gain », puisque pour moi, déloger de ce corps, c’est être avec Christ. Ainsi Christ résume tout, oui tout ce qu’il y a de plus propre à enthousiasmer le cœur.

J’aimerais donc qu’un frère, fortement pressé par l’amour de Christ, désirant avec ardeur d’être revêtu de son domicile qui est du ciel, sachant, mieux que moi, ce que c’est que d’être « hors de soi-même pour Dieu », ayant à cœur les intérêts des frères jusqu’aux larmes, et pouvant donc dire en sincérité : « Pour moi, vivre c’est Christ », fût poussé par le Seigneur à nous donner encore une explication de ces paroles dans le Messager Évangélique, ou du moins à y traiter de l’enthousiasme chrétien, c’est-à-dire de tout ce qu’il devrait y avoir dans nos âmes, en fait d’amour, d’admiration, de dévouement, de confiance, de renoncement, de sacrifice, par le Saint Esprit, pour Christ, etc.