Messager Évangélique:Des langues divisées

De mipe
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On comprendra et l’on appréciera beaucoup mieux toute la grâce qui ressort de ce beau passage, si l’on se fait une juste idée de ce qui rendait nécessaires les langues divisées. Au chapitre 11 de la Genèse, nous avons le récit inspiré du premier grand effort des fils des hommes pour s’établir sur la terre — pour y former une grande association et pour se faire un nom ou s’acquérir de la réputation : et tout cela sans Dieu, remarquons-le bien. Dans ce qu’ils disent, le nom de Dieu n’est pas même mentionné : Il n’entrait pour rien dans cet orgueilleux et populaire projet ; Il en était complètement exclu. Ce n’était pas un sanctuaire de Dieu qui devait être élevé sur la plaine de Shinhar. C’était une grande cité pour les hommes — une haute tour ou un centre autour duquel ils voulaient se réunir.

Tel était le but des enfants des hommes, réunis en grand nombre dans l’immense plaine de Shinhar. Ce n’était pas, comme quelques docteurs l’ont imaginé, d’échapper à un nouveau déluge. Le passage ne présente pas l’ombre de fondement à une pareille idée. En effet, voici leurs paroles : « Allons, bâtissons-nous une ville, et une tour dont le sommet atteigne au ciel, et faisons-nous un nom, de peur que nous ne soyons dispersés sur la face de toute la terre ». Il n’y a rien là qui indique qu’ils eussent la pensée d’éviter un second déluge, pensée qui est une pure imagination, sans aucune base scripturaire. Le but est aussi évident que possible. Il est tout semblable à ces alliances, ces associations de multitudes dans la chair, qui, dès lors et jusqu’à nos jours, se sont formées sur la terre. L’association de Shinhar, soit dans son principe soit dans son objet, pourrait défier toutes les associations modernes.

Mais elle aboutit à Babel. Jéhovah écrivit sur elle le mot de confusion. Il confondit ou divisa leurs langues, et les dispersa de là, bon gré mal gré, sur toute la terre. En un mot, dans ce cas, des langues divisées furent envoyées comme l’expression du jugement de Dieu sur cette première et grande association humaine. C’est là un fait sérieux et grave. Une association sans Dieu, quel qu’en soit l’objet, n’est réellement rien qu’une masse dans la chair, basée sur l’orgueil et aboutissant à une lamentable confusion. « Peuples, alliez-vous, et soyez froissés » (És. 8, 9). En voilà assez sur toutes les associations purement humaines. Puissions-nous apprendre à nous en tenir à part ! Puissions-nous adhérer de cœur à la seule association divine, savoir à l’Église du Dieu vivant, dont le Christ ressuscité en gloire est la tête vivante, dont le Saint Esprit est le guide vivant, et la Parole de Dieu la charte vivante.

C’est pour unir et réunir cette Assemblée bénie que les langues divisées furent envoyées, en grâce, le jour de la Pentecôte. Tôt après que le Seigneur Jésus Christ eut pris Son siège à la droite de la puissance, au milieu des splendeurs de la majesté céleste, Il envoya le Saint Esprit pour que Ses disciples pussent proclamer avec efficace la bonne nouvelle du salut aux oreilles de Ses meurtriers. Et attendu que ce message de pardon et de paix était destiné à des hommes de divers langages, le messager céleste descendit, tout prêt à s’adresser à chacun « dans son propre dialecte, celui du pays où il était né ». Le Dieu de toute grâce a mis en évidence — de manière à ne pouvoir s’y tromper — qu’Il désirait trouver accès dans chaque cœur avec la réjouissante annonce de Sa grâce. L’homme, dans la plaine de Shinhar, n’avait pas besoin de Dieu ; mais, au jour de la Pentecôte, Dieu montrait qu’Il avait besoin de l’homme. Béni soit à jamais Son saint nom ! Dieu avait envoyé Son Fils que les hommes venaient de mettre à mort ; et maintenant Il envoie le Saint Esprit pour dire aux hommes que, par ce sang même qu’ils avaient répandu, il y a pardon pour le crime commis en le répandant. Oh ! que cette pure et merveilleuse grâce soumette nos cœurs et les lie à Celui qui en est, à la fois, la source et le canal ! La grâce de Dieu a dépassé de beaucoup l’inimitié de l’homme ; elle a triomphé de toute l’opposition du cœur humain et de toute la rage de l’enfer.

Ainsi donc, en Genèse 11, des langues divisées furent envoyées en jugement. En Actes 2, des langues divisées furent envoyées en grâce. Le Dieu de toute grâce voulait mettre tout homme à même d’entendre parler du salut parfait, et de l’entendre dans les accents auxquels son oreille avait été accoutumée dès les premiers murmures de l’amour d’une mère à son petit enfant : « la propre langue dans laquelle il était né ». Que cette langue fût douce ou rude, raffinée ou barbare, le Saint Esprit voulait l’employer comme un moyen de faire parvenir le précieux message directement au pauvre cœur. Si des langues divisées avaient été données jadis pour disperser en jugement, elles étaient données de nouveau pour rassembler en grâce, non plus maintenant autour d’une tour terrestre, mais autour d’un Christ céleste ; non pour l’exaltation de l’homme, mais pour la gloire de Dieu.

Il vaut encore la peine de remarquer que, lorsque Dieu donna la loi du haut du mont Sinaï, Il ne parla que dans un seul et même langage à un seul et même peuple. La loi fut soigneusement enveloppée dans une seule langue, et déposée au milieu d’une seule nation. Il n’en est pas de même de l’évangile. Quand il s’est agi de celui-ci, le Saint Esprit Lui-même descend du ciel sous forme de langues divisées, pour accompagner en tous lieux l’émouvant message de la paix, et pour le faire parvenir « à toute créature sous le ciel », dans le dialecte même de chaque pays. C’est là un grand fait moral, qui devrait exercer une puissante influence sur nos cœurs. Quand Dieu parlait pour exprimer ce qu’Il exigeait et ce qu’Il défendait, Il le fit dans un seul langage ; mais quand Il proclamait le message de vie et de salut, de pardon et de paix, par le sang de l’Agneau, Il parla dans tous les idiomes qui se parlent sous le ciel. Quand c’est le devoir de l’homme qu’il faut déclarer, Dieu parle en un seul dialecte, mais quand c’est le salut de Dieu qu’il faut publier, Il parle dans toutes les langues.

Assurément, ce contraste a quelque chose à nous dire. Ne montre-t-il pas bien clairement ce qui est le plus en harmonie avec la pensée de Dieu : de la loi ou de la grâce ? Béni soit Son nom ! Il prend plaisir dans la grâce. La loi et le jugement sont Son œuvre étrange. Il a dit qu’ils sont beaux, les pieds de ceux qui publient la bonne nouvelle ; tandis que, touchant ceux qui voulaient, au milieu des saints, être les docteurs et les fauteurs de la loi, Il a fait dire à Paul : « Je voudrais que ceux qui vous troublent se retranchassent même ». Ainsi Ses actes et Ses paroles font voir quelle est la pente de Son cœur plein d’amour envers de pauvres et indignes pécheurs. Il n’a rien laissé en arrière de tout ce qui pouvait être fait, de tout ce qui pouvait être dit, pour démontrer Son entière disposition à sauver et à bénir ; par conséquent, tous ceux qui meurent dans leurs péchés périront inexcusables ; et ces effrayantes paroles retentiront à jamais à travers les régions des ténèbres éternelles : « Je voulais, mais vous n’avez pas voulu » ! Lecteur, pensez-y ! Êtes-vous encore dans vos péchés ? S’il en est ainsi, je vous conjure instamment de fuir dès maintenant, arrière de la colère à venir. Acceptez le message du pardon, qui vous est, à présent encore, envoyé dans votre propre langue, et, tout joyeux, continuez votre chemin.

Pour conclure, nous pourrions ajouter, que Genèse 11, Actes 2 et Apocalypse 7, 9-17, rapprochés, forment un beau groupe d’écritures. Dans le premier, nous voyons les langues divisées envoyées comme jugement ; dans le second, les langues divisées données en grâce ; et dans le troisième, des langues divisées réunies dans la gloire. Ah ! nous pouvons bien dire : « Tes témoignages sont admirables, c’est pourquoi mon âme les garde » (Ps. 119, 129).