Messager Évangélique:Psaume 13
Ce psaume nous ramène à ce qui est, au fond, la cause d’un continuel exercice pour le cœur : c’est la prolongation de la détresse et l’abandon apparent du juste. Au milieu des circonstances les plus difficiles, le juste regarde à l’Éternel et attend de Lui la délivrance ; mais la souffrance fait paraître le temps long et c’est ce qui donne lieu aux paroles que nous lisons aux versets 1 et 2 ; elles ne sont pas l’expression de l’incrédulité, car en effet Dieu « cache sa face » d’Israël et le résidu juste le sent ; mais cet état de souffrance a un terme, et autant que cela peut être accordé à l’homme, le juste désire savoir jusqu’où cela ira ; voilà pourquoi il demande : « Jusques à quand ? ».
Ces paroles se trouvent fréquemment dans les Psaumes et dans les prophètes ; il y a surtout ce passage d’Ésaïe 6, 11, qui est très remarquable, parce qu’il donne à la foi la réponse du Seigneur à cette question : « Jusques à quand » un tel endurcissement durera-t-il ? La réponse est : « Jusqu’à ce que les villes aient été désolées » etc. Sans doute que tout le temps que dure le jugement de Dieu sur Son peuple, le cœur du juste est exercé par la souffrance ; et le cœur qui souffre exprime souvent des choses qu’il n’exprimerait pas dans une position plus facile, bien que ce qu’il dit, soit l’expression exacte de ce qu’il éprouve et des sentiments qui l’occupent. Le verset 2 montre ce travail intérieur ; mais ce qui est frappant ici, c’est le genre de crainte qu’il fait paraître en rapport avec l’action de l’ennemi. Au verset 3, le juste demande d’être exaucé, car Dieu exauce le juste ; en même temps, il sent tout le besoin qu’il a de la lumière de Dieu au milieu des ténèbres : il craint de s’endormir à l’égard du mal, de ne pas le discerner tel qu’il est dans sa nature, car si pour le cœur, le mal perd le caractère hideux qu’il a devant Dieu, alors il y a danger pour le cœur ; si l’on est dominé par le péché on dort du sommeil de la mort, car le péché mène à la mort.
Si l’on tient compte de la faiblesse de la chair, une telle crainte est à sa place, même elle dénote un bon état d’âme ; car ce n’est pas pour soi proprement que le juste craint, mais pour la gloire de son Dieu, car il sait le parti que l’ennemi tirerait d’une seule infidélité, il dirait : J’ai eu le dessus ! et ainsi la gloire de Dieu serait ternie ; le juste donc craint qu’une telle chose n’arrive, et il ne s’appuie pas sur sa propre force pour aller jusqu’au terme de son témoignage.
Ce sentiment de pieuse crainte n’affaiblit nullement, dans le cœur du juste, l’importance de la grâce ; il sait qu’elle est suffisante pour le fortifier jusqu’à la fin, aussi dit-il : « C’est en ta grâce que je me confie ; — mon cœur se réjouira en ton salut ». C’est en vérité que le juste s’attend à la délivrance que l’Éternel accomplira ; ce ne sont pas seulement des paroles qu’on trouve chez le juste, mais la réalité, c’est pourquoi au jour de la tentation, il demeure ferme ; même il se réjouit dans les choses qu’il ne voit pas et qu’il ne possède pas encore.
Quelle leçon pour nous ; demandons-nous bien : Ai-je une telle crainte en mon cœur pour tout ce qui, dans ma conduite, pourrait ternir la gloire de Dieu ? Ou bien : Ai-je plus de paroles en ma bouche, que de vie dans mon cœur ?