Messager Évangélique:Quelques indications pour servir de fil conducteur dans la lecture du livre de Job

De mipe
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

Le livre de Job, quoiqu’il soit l’un des plus précieux des Écritures, est malheureusement trop négligé par beaucoup de chrétiens ; et cela peut venir en partie de ce que, le lisant sans se rendre assez compte de son ensemble, sans en distinguer suffisamment les parties, et d’une manière trop morcelée, ils se perdent dans les détails, en sorte que cet écrit finit par devenir pour eux comme un labyrinthe dans lequel ils s’égarent. Nous allons essayer, avec le secours de Dieu, de leur planter quelques jalons, et de leur fournir un fil conducteur.

La première chose à faire, c’est de décomposer le livre dans ses diverses parties ; on arrive alors au résumé suivant :

Récit, chapitres 1, 2.

Interlocution, Job, chapitre 3 ; Éliphaz, chapitres 4-5 ; Job, chapitres 6-7 ; Bildad, chapitre 8 ; Job, chapitres 9-10 ; Tsophar, chapitre 11 ; Job, chapitres 12-14 ; Éliphaz, chapitre 15 ; Job, chapitres 16-17 ; Bildad, chapitre 18 ; Job, chapitre 19 ; Tsophar, chapitre 20 ; Job, chapitre 21 ; Éliphaz, chapitre 22 ; Job, chapitres 23-24 ; Bildad, chapitre 25 ; Job, chapitres 26-31.

Récit, chapitre 32, 1-5.

Interlocution : Élihu, chapitres 32, 6 à 37, 24 ; l’Éternel, chapitres 38-41 ; Job, chapitre 42, 1-6.

Récit, chapitre 42, 7-17.

De cette division découle une distinction importante. Quoique tout le livre soit de Dieu, sa plus grande partie est occupée par des discours qu’Il a jugé à propos de nous rapporter pour notre instruction, mais qui n’en demeurent pas moins des discours d’hommes sujets à l’erreur et au péché, et qui n’ont à cause de cela pas la même autorité que les paroles sorties directement de la bouche de Dieu. C’est ce qu’on a trop souvent perdu de vue. Soit Job soit ses amis disent beaucoup de choses que, d’après d’autres parties des Écritures, nous reconnaissons pour vraies et précieuses ; mais ils en disent aussi qui n’ont pas ces qualités, et nous voyons même parfois dans leurs discours jusqu’où peut s’égarer l’esprit humain abandonné à lui-même ; à ce point de vue encore ils sont instructifs sans doute ; mais on ne peut naturellement les citer qu’en usant de prudence et de discernement.

Il en est autrement soit du récit qui a été écrit par l’inspiration de Dieu, soit surtout des paroles qui sont sorties de Sa propre bouche (chap. 38-41 ; 42, 7, 8) ; ici nous pouvons nous appuyer en toute assurance.

Quant aux interlocuteurs, la première chose à examiner, c’est ce que Dieu Lui-même dit d’eux, c’est la manière dont Lui les apprécie.

Job, que Dieu appelle son serviteur (1, 8 ; 2, 3 ; 42, 7, 8), un homme intègre et droit, craignant Dieu et se détournant du mal (1, 1, 8 ; 2, 3), et n’ayant point d’égal sur la terre (1, 8 ; 2, 3), sort victorieux de la première épreuve (1, 22 ; 2, 3), et sort même d’abord victorieux de la seconde (2, 10) ; mais lorsqu’elle se prolonge il perd patience, et commence par maudire son jour (3, 1) ; et quoique dans ses paroles on trouve bien des choses excellentes, le jugement que Dieu porte sur leur ensemble est celui-ci : « Il se croyait un homme juste ; il se justifiait plus qu’il ne justifiait Dieu » (32, 1, 2). Il ne faut jamais oublier cela en lisant ces discours.

Quant aux trois amis de Job, quelque bonnes que puissent être plusieurs des observations qu’ils lui avaient adressées, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils « n’avaient pas trouvé de quoi répondre, et que toutefois ils avaient condamné Job » (32, 3) ; et plus tard la colère de Dieu s’embrase même contre eux, parce qu’ils « n’avaient pas parlé droitement devant lui » (42, 7, 8).

Élihu se distingue d’eux en ce que, au lieu de parler de son propre fonds, il puise dans l’inspiration du Tout-puissant (32, 8) ; aussi Job n’essaye pas même de lui répondre ; et Dieu non seulement ne désapprouve pas ses paroles, mais continue au contraire, pour ainsi dire, son discours.

Enfin quand Job, vaincu par la puissance et la majesté de Dieu, fait la belle confession que nous trouvons aux versets 2 à 6 du chapitre 42, Dieu le récompense immédiatement en lui donnant maintenant le témoignage « qu’il a parlé droitement devant lui » (42, 7, 8).

En résumé, nous voyons dans ce magnifique drame que Job, quoiqu’il fût intègre et droit, craignant Dieu et se détournant du mal, et n’ayant point d’égal sur la terre, avait, comme Abraham (Gen. 22, 1 ; Jacq. 2, 20-24), besoin d’être éprouvé. Sa foi vainquit d’abord l’épreuve, mais ensuite il y succomba. Il succomba entre autres précisément parce que, au lieu de voir, dans ce que Dieu lui avait envoyé, une épreuve, il s’obstina à y voir un jugement, et à chercher en conséquence à se justifier. Et ses trois amis, par la même raison, quoique dans un autre sens, firent aussi fausse route. Or il est d’autant plus évident que ce n’est pas de cela qu’il était question, que c’est au contraire précisément parce que Job était intègre et droit, craignant Dieu et se détournant du mal, et n’ayant point d’égal sur la terre, et qu’ainsi Dieu lui-même le justifiait — qu’il parla de lui à Satan, et permit que Satan mit la main sur lui. Élihu entrevit déjà mieux la vérité, et Dieu daigna enfin intervenir Lui-même et amener Job à la confession de son néant et à la reconnaissance de la toute-puissance et de la toute-sagesse de Dieu, de telle sorte qu’il fut non seulement relevé, mais devint même auprès de Dieu un intercesseur en faveur de ses trois faux consolateurs, auxquels il rendit ainsi le bien pour le mal ; et l’on voit que Dieu exauça sa prière.