Écho du Témoignage:Fragments et pensées (6)
Le Jubilé
Lév. 25, 8-16
Quelqu’un a remarqué avec raison que l’institution du Jubilé contenait un double témoignage — témoignage de la confusion que l’homme produit, et témoignage de l’ordre que Dieu apporte. Durant quarante-neuf ans, Dieu permettait que sous la main de l’homme bien des choses tombassent dans le désordre. Un homme tombait dans la pauvreté, un autre dans les dettes, un autre dans la servitude, un autre dans l’exil. L’un, par son extravagance, avait dissipé son héritage ; l’autre, par son esprit de finesse ou de parcimonie, avait ajouté au sien.
C’est ainsi qu’il en allait durant le jour de l’homme. Mais en un moment, la trompette du Jubilé transformait complètement les choses. À peine ce son béni s’était-il fait entendre, que le débiteur était déchargé de sa dette, l’esclave mis en liberté et l’exilé rendu à sa patrie. L’année du Jubilé était l’année de Dieu et Il ne voulait ni débiteurs, ni esclaves, ni exilés. Tous devaient être libres et heureux, et abondamment pourvus pendant toute l’année de Jéhovah. Tout va bien lorsque c’est le Seigneur seul qui est exalté.
Il est intéressant et d’une utilité pratique de remarquer maintenant de quelle manière diverse l’on devait être affecté par l’approche de l’année du Jubilé. Celui qui avait perdu ses biens devait être dans la joie parce qu’il allait les recouvrer. Celui qui en avait gagné devait se sentir affligé parce qu’il allait les perdre. Mais celui qui n’avait fait ni l’un ni l’autre — qui n’avait ni perdu ni gagné — l’Israélite plein de droiture qui avait conservé son patrimoine et qui s’en était contenté, celui-là devait envisager le Jubilé, non pas en rapport avec ses gains ou ses pertes, mais simplement comme un noble témoignage à l’ordre de Dieu, et comme assurant la bénédiction de la nation tout entière.
C’est là ce qu’il en était du Juif par rapport au Jubilé, et c’est là ce qu’il devrait en être du chrétien par rapport à la glorieuse apparition du Fils et à Sa venue des cieux. Nous devrions regarder en avant à cette heure bénie, simplement comme étant le moment de l’exaltation de Christ — le moment où Il sera pleinement revêtu de la domination de tous les royaumes de ce monde — le moment où un terme sera mis au désordre et à la confusion amenés par l’homme, pour que l’ordre de Dieu puisse être établi à toujours. Moment béni et longtemps attendu !
Que l’on remarque ici que la croix est, à la fois, le remède à la confusion de l’homme et le fondement de l’ordre de Dieu. Cela ressort d’une manière frappante de l’ordonnance du Jubilé. « Puis tu feras sonner la trompette de jubilation le dixième jour du septième mois ; le jour, dis-je, des propitiations, vous ferez sonner la trompette par tout votre pays ». La trompette du Jubilé et le jour des propitiations sont inséparablement liés. Le sang versé sur la croix est le fondement de tout. Dans le temps du rétablissement de toutes choses, le fleuve de l’eau de la vie sortira du trône de Dieu et de l’Agneau (Apoc. 22, 1).
Du ministère
(1 Corinthiens 12-14)
Dans ces trois chapitres, que je recommande à l’étude sérieuse de mon lecteur, nous avons trois points importants en rapport avec le sujet du ministère dans l’Église de Dieu.
1. Dans le chapitre 12, nous trouvons l’unique base divine du ministère, savoir : l’union des membres du corps, selon la volonté de Dieu, comme nous le lisons au verset 18 : « Mais maintenant Dieu a placé les membres — chacun d’eux — dans le corps comme Il l’a voulu ». C’est là le grand principe. « Dieu a placé… comme Il l’a voulu ». Ce n’est pas un homme qui se place lui-même ou qui en institue un autre de quelque manière, ou dans quelque but que ce soit. Une telle idée n’apparaît même pas dans ce divin traité sur le ministère. « Il y a diversité de dons, mais le même Esprit ; et il y a diversité de services, mais le même Seigneur ; et il y a diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous » (v. 4-6). La sainte trinité est présentée ici en rapport avec le ministère. C’est le don de l’Esprit administré sous la seigneurie du Fils, et rendu efficace par le Père. Ces trois choses sont absolument essentielles à tout vrai ministère.
2. Puis, dans le beau chapitre 13, nous trouvons que la source ou le principe moteur du ministère c’est « l’amour » (agapé). Un homme peut posséder le don le plus éclatant, mais s’il n’est pas exercé dans l’amour — si l’amour n’est pas le motif qui le fait agir — cela ne profitera de rien. Un homme pourrait se lever dans une assemblée pour montrer sa facilité à parler en diverses langues, son don de prophétie, son intelligence des mystères, sa connaissance de la doctrine, ou sa puissante éloquence, et cependant ne pas faire le moindre bien à l’assemblée ou à un seul de ses membres, simplement parce que l’amour n’est pas le ressort de son service. Il est important de bien peser cela. C’est un point qui est digne de la plus sérieuse recherche de tous ceux qui entrent dans un ministère quelconque. Le ministre ou serviteur devrait toujours s’éprouver par cette question : « Est-ce l’amour qui me fait agir ? ». S’il n’en est pas ainsi, il ne sera d’aucune utilité. Puisse le Saint Esprit appliquer cette vérité avec puissance !
3. Enfin le chapitre 14 nous révèle le but ou le résultat du ministère, savoir : « l’édification ». C’est là la fin de tout ministère. L’apôtre « aimait mieux prononcer cinq paroles » dans ce but que « dix mille » pour sa propre satisfaction. « Afin que l’assemblée reçoive de l’édification ». Tel est le point principal sur lequel l’Esprit Saint insiste tout le long de ce chapitre, et c’est aussi l’objet que l’amour aura toujours en vue, quel que soit le don que possède l’individu. L’amour n’a d’autre but à atteindre que le bien de tous. Il est évident que personne ne peut retirer quelque profit ou quelque édification de l’ouïe d’une langue inconnue, à moins qu’il n’y ait un interprète. Il en est nécessairement de même quant aux paroles que je n’entends pas. Si je n’entends pas ce que quelqu’un dit, soit en priant, soit en enseignant, j’en suis aussi peu édifié que si je ne comprenais pas son langage.
Souvenons-nous donc de ces trois choses — de la base, de la source, et du but de tout vrai ministère. Puissions-nous les peser sérieusement et chercher à les comprendre et à les réaliser pour la gloire de Dieu et pour le bien de Son Église.
Pour autant que le chrétien entre dans les voies du monde, c’est une complète prostitution.
Tout ce qui concourt à rendre le monde heureux en dépit de Dieu, est dans l’esprit et le train de Babylone ; et pour un chrétien, se trouver dans ces choses, c’est être dans Babylone.
Babylone, c’est l’esprit de mondanité chassé de devant Dieu, comme coupable de la mort de Christ, et qui néanmoins s’adonne à embellir le monde. Tous ces principes babyloniens, tout ce que vos yeux peuvent convoiter pour vos salons et pour vos plaisirs, sont tout autant de choses qui vous séparent du ciel. C’est Babylone sur une petite échelle.
Souvent, ce qui est important selon la pensée de l’homme, ne l’est pas pour Dieu ; car Dieu a en vue Christ.
L’homme met sa gloire dans une vérité qui ne lui coûte rien, d’autant plus qu’elle est généralement reçue ; et il en prend avantage pour se refuser à admettre plus de lumière qui demanderait de la foi.
Le ciel est familier avec le mal en tant que jugé, et avec ce qui est bon pour en jouir.
Tout ce qui nous arrive est préconnu de Dieu, qui le dispose d’avance de manière à ce que Son enfant puisse rester debout au milieu des difficultés. Tout ce que j’ai à faire est de dire que Dieu sait parfaitement dans quelle position je me trouve, et la manière qu’Il a préparée pour me tirer de mes difficultés, si je demeure fidèle.
Lorsque Jésus était ici-bas, le ciel regardait sur la terre ; maintenant que Jésus est dans le ciel, l’Église sur la terre regarde en haut.
Dans une révélation encore plus complète, comme lors de la conversion de Paul, elle est envisagée comme ne faisant qu’un avec Jésus qui se trouve là.
La prophétie est une révélation des choses à venir, destinée à agir sur ma conscience maintenant.
Il y a toujours avant les châtiments des avertissements que nous avons négligés.
Une âme inconvertie n’a pas l’idée d’un Dieu de tendresse et de bonté qui « essuie les larmes ».
C’est une chose précieuse d’avoir toujours en vue le véritable objet de Dieu, qui ne peut être moins que Sa gloire.
Si on veut aller au fond des conseils de Dieu, il faut regarder à Sa gloire.
La contemplation de la gloire sanctifie véritablement et fournit un objet bien au-dessus de tout ce qui pourrait nous arrêter ici sur la terre.
Jamais nous ne marcherons bien ici-bas, même dans les plus petits détails, si la grande fin n’est pas constamment devant nos yeux.
Si j’ai un objet de ce côté-ci de la gloire, quand même ce serait la prospérité de l’Église, dans les détails, mon âme en souffrira.
Nous avons besoin de foi pour perdre notre fortune et pour pardonner ; mais si c’est là sortir de la société de l’homme, c’est entrer dans celle de Dieu.
L’égoïsme du monde comprend la grâce qui se trouve dans un chrétien capable de pardonner ; mais en principe, cette grâce est pour lui de la folie.
Si vous recherchez l’argent, que vous preniez vos mesures pour placer vos enfants dans le monde, ou que vous formiez des projets pour l’avenir, vous ne pouvez désirer que Jésus vienne, et si vous ne le pouvez, vos cœurs ne sont donc pas bien avec Jésus.
Il faut plus de grâce réelle et plus de foi pour prier pour l’Église de Dieu, que pour travailler et prêcher : quoi que l’un ne puisse pas être bien fait sans l’autre.
C’est relativement aisé d’aimer et d’être humble quand nous avons la conscience, que par notre service, nous constituons les autres nos débiteurs ; mais quand il n’y a ni énergie pour le service, ni pouvoir pour communiquer quelque chose, ce qui est dans le cœur est mis à l’épreuve.