Enracinés et édifiés en Lui — Le combat chrétien — La sanctification

La sanctification est fondée sur une œuvre parfaite de réconciliation avec Dieu déjà accomplie. Le chrétien est envisagé, dans les Écritures, comme parfaitement sanctifié. La sanctification s’effectue par l’opération de l’Esprit Saint qui, en nous communiquant la nouvelle nature, nous sépare entièrement du monde. Il est important de maintenir cette vérité et de nous tenir pour déjà sanctifiés, autrement la sanctification pratique n’est plus que l’amélioration de l’homme naturel ; elle devient tout à fait légale ; le chrétien rentre après sa réconciliation dans le doute et l’incertitude, parce que, quoique justifié, il n’est pas considéré comme étant prêt pour le ciel ; son acceptation dépend, pense-t-il, de ses progrès, de sorte que la justification ne lui procure pas la paix avec Dieu. Par de telles vues, l’œuvre de la rédemption est affaiblie, pour ne pas dire détruite, c’est-à-dire l’appréciation de cette œuvre par la foi dans nos cœurs. Pris comme pécheurs dans le monde, nous sommes mis à part par le Saint Esprit pour jouir de toute l’efficace de l’œuvre de Christ selon les conseils du Père. C’est par la vérité, par la Parole, que la sanctification s’accomplit en nous, soit au commencement, dans la communication de la vie, soit, en détail, tout au long du chemin. « Sanctifie-les par la vérité ; ta Parole est la vérité » [Jean 17, 17]. « Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité » [Jean 17, 19]. Le Saint Esprit attache le cœur à Dieu, en Le révélant aussi toujours davantage ; Il dévoile en même temps la gloire de Christ et toutes les qualités divines qui se déploient en Lui dans la nature humaine, et forment ainsi notre nature en tant que nous sommes nés de Dieu. Il est de toute évidence que la communion avec Dieu est la position pratique de la plus haute sanctification. Si Dieu est tout pour nous dans notre vie pratique, nous sommes tout saints.


Le souhait sincère de votre âme est-il de croître dans la grâce et dans la sanctification pratique ? Alors prenez garde de ne pas vous associer, ne fût-ce qu’une heure seulement, à des choses qui souilleraient vos mains, chargeraient votre conscience, contristeraient le Saint Esprit et interrompraient votre communion avec Dieu. Soyez fermement décidé de tout votre cœur à vous en abstenir ! Renoncez immédiatement à tout ce qui est impur, quoi qu’il vous en coûte ; quelle que soit la perte qui puisse en résulter pour vous, abandonnez-le !

Aucun gain mondain, aucun avantage terrestre ne saurait compenser la perte d’une conscience pure, d’un cœur rempli de paix et la jouissance d’une communion sans entrave avec Dieu, notre Père, et avec Son Fils, notre Seigneur.


La sainteté de Dieu, quelle pensée ! La séparation absolue de tout mal, parce qu’Il est le bien absolu ; cette pureté inaltérable qu’aucune souillure ne peut atteindre ; cette lumière qu’aucunes ténèbres ne peuvent obscurcir ; voilà la sainteté, l’état moral auquel Dieu veut que nous participions. Et c’est pour nous dégager de tout ce qui pourrait être une entrave à la jouissance toujours plus grande de cette condition qu’Il nous discipline. En Christ, nous avons devant Dieu une position de sainteté parfaite : « Saints et irréprochables devant lui en amour » (Éph. 1). Mais Il veut que nous Lui ressemblions pratiquement ; que moralement notre état réponde à ce qu’Il est.


Plus un croyant aime Dieu, plus il craint de Lui déplaire ; cette crainte, fruit de l’amour, est le vrai principe d’une sainte conduite : elle incite le fidèle à fuir les tentations, à se retirer du mal, et cela, parce qu’elle lui inspire l’horreur du péché.


Nous n’avons jamais d’excuse pour un seul péché en acte ou en pensée, parce que la grâce de Christ nous suffit et que Dieu est fidèle qui ne permettra pas que nous soyons tentés au-delà de ce que nous pouvons supporter [1 Cor. 10, 13].


Bien qu’elle ne soit pas le fondement de notre salut, la sainteté pratique est intimement unie à la jouissance du salut.


Ceux qui appartiennent à l’Assemblée de Dieu doivent se conduire comme des saints ; ils ont non seulement été délivrés de la coulpe et des conséquences du péché, mais encore de la pratique, de la puissance et de l’amour du péché. Le fait même qu’Israël était délivré par le sang de l’agneau pascal, lui imposait la responsabilité d’ôter du milieu de lui le levain.


Une vraie connaissance de moi-même ne me viendra jamais par mes propres efforts, mais uniquement lorsque je laisserai à Dieu le soin de me sonder.


Le jugement de soi-même est un des exercices les plus précieux et les plus salutaires de la vie chrétienne, et par conséquent tout ce qui tend à l’amener doit être hautement estimé par tout chrétien sérieux.


On devrait toujours pouvoir appliquer spirituellement au chrétien ce ver d’un poète qui a dit de l’albatros : « Et même quand il marche, on sent qu’il a des ailes ».


Plus nous contemplons le caractère divin et comprenons la puissance de nos relations avec Dieu, en Christ, par l’énergie du Saint Esprit, plus nous serons, nécessairement, saints en pratique. Il ne peut y avoir progrès dans l’état de sainteté où le croyant est introduit, mais il y a, et il doit y avoir progrès dans l’appréciation, dans l’expérience et la manifestation pratique de cette sainteté.


La même croix qui nous a amenés au-dedans du voile, nous a jetés hors du camp. Christ en fut aussi chassé et là nous sommes avec Lui : mais Il a été reçu dans le ciel, et nous y sommes avec Lui. N’est-ce pas une grâce que d’être en dehors de tout ce qui a rejeté notre Seigneur et Maître ? Assurément ; et plus nous connaissons Jésus, plus nous connaissons ce présent siècle mauvais, plus aussi nous serons reconnaissants de trouver notre place en dehors de tout, avec Lui.


Nous savons que la justification nous est acquise en vertu de l’œuvre de Christ et qu’elle ne demande aucune œuvre de notre part, mais nous pensons que la sanctification dépend de nos propres efforts. Nous savons que nous recevons le pardon en plaçant toute notre confiance dans le Seigneur ; et cependant nous croyons obtenir la délivrance du péché en faisant nous-mêmes quelque chose. Nous craignons, si nous ne faisons rien, de n’arriver à rien. Après notre expérience du salut, notre vieille habitude de « faire » quelque chose réapparaît, et nous recommençons nos propres efforts personnels. Alors la Parole de Dieu vient nous redire : « C’est accompli » (Jean 19, 30). Il a tout accompli sur la croix pour notre pardon, et Il veut tout accomplir en nous pour notre délivrance. Dieu est toujours et en tout Celui qui agit. « C’est Dieu qui opère en vous » (Phil. 2, 13). Dieu veut tout accomplir, car toute la gloire doit être à Lui. Si nous faisions une partie de l’œuvre, nous aurions une partie de la gloire ; il faut que toute la gloire revienne à Dieu, c’est pourquoi Il accomplit toute l’œuvre du commencement à la fin.


C’est la joie du cœur que de savoir que Christ Lui-même nous rendra tout ce qu’Il désire que nous soyons.


Il est bon de se demander chaque jour : « Quelle est la pensée qui m’occupe ? À quoi s’applique mon activité ? Quels sont mes calculs dans le secret de mon cœur ? Est-ce de l’Esprit ou de la chair que j’attends un aliment pour mon âme ? Mes désirs sont-ils d’en haut ou d’en bas ? ».


Pour le chrétien, seul importe, quant à sa marche, ce qui est approuvé de Dieu, savoir ce qui est en accord avec Sa nature essentielle et avec Ses attributs immuables.


Quiconque a jamais ressenti l’angoisse d’une conscience souillée, ne peut contracter légèrement la souillure. Une conscience pure est un trésor par trop précieux pour qu’on s’en dessaisisse à la légère ; une conscience souillée est un fardeau par trop lourd pour qu’on s’en charge avec légèreté.


Le croyant est manifesté dès maintenant. Il ne craint pas de l’être. Toutes les voies passées de Dieu envers lui se déploieront devant lui quand il sera dans la gloire ; mais il est manifesté à Dieu maintenant, sa conscience est exercée dans la lumière. Ainsi la pensée du tribunal a une puissance actuelle sanctifiante.


Comme il est donc évident que « ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu » [Rom. 8, 8] ! Grâces à Dieu, le croyant n’est pas « dans la chair », mais « dans l’Esprit ». Il a été complètement sorti de son état dans la vieille création, et introduit dans la nouvelle création où les péchés moraux ne sauraient subsister. Il a toujours, il est vrai, la vieille nature, mais il a l’heureux privilège de la compter comme une chose morte et de marcher dans la puissance constante de la nouvelle création, où « toutes choses sont de Dieu » [2 Cor. 5, 18]. C’est ici la liberté chrétienne — liberté de marcher en tout sens dans cette belle création où aucune trace de mal ne saurait se trouver ; liberté sacrée de marcher en sainteté et en pureté devant Dieu et les hommes ; liberté de fouler ces sentiers élevés de la sainteté personnelle, sur lesquels les rayons de la face divine versent leur brillant éclat. Voilà ce qu’est la liberté chrétienne. C’est la liberté, non pas de commettre le péché, mais de goûter les douceurs célestes d’une vie de véritable sainteté et d’élévation morale.


L’union avec Christ est le secret de la vie sans péché, car « il n’y a point de péché en lui » (1 Jean 3, 5).


La foi doit vivre au jour le jour et ne se préoccuper que du moment présent. Si nous croyons que Jésus peut nous garder présentement de toute transgression, cela suffit ; allons de l’avant avec une confiance toujours renouvelée. Et qu’au lieu de nous décourager, les chutes et les péchés servent à nous faire rechercher, avec plus d’ardeur, la force et le salut en Christ. Nous pouvons faire des progrès dans cette voie-là, pourvu que nous nous remettions entièrement aux mains de Dieu pour être gardés par Lui de pécher, et que nous persévérions dans la foi.


La sanctification est notre conformité intérieure d’affection et d’intelligence — et par conséquent de conduite extérieure — avec Dieu et avec Sa volonté.