Nos sentiments ne sont pas à la mesure de ce que Dieu est envers nous ; tout est absolument accompli ; nous ne pouvons rien ajouter par notre joie ou notre affliction à l’œuvre parfaite de Christ. Ce n’est pas ce que nous pensons de l’œuvre de Christ, mais ce que Dieu en pense, qui sauve ; et notre connaissance, par la foi, de ce que Dieu en pense, nous donne la paix. Dieu dit aux Israélites en Égypte, non pas : Lorsque vous verrez le sang, je passerai par-dessus vous, mais : « Quand je verrai le sang » [Ex. 12, 13]. C’est Lui qui a été offensé, c’est Lui qui juge et c’est Lui qui a accepté la rançon en justice comme Il l’a donnée en amour. Il est fidèle et juste pour nous pardonner [1 Jean 1, 9]. Christ a fait la paix par le sang de Sa croix [Col. 1, 20]. Il a tout fait et ne nous a rien laissé à faire, sinon à Lui rendre grâces et à Le louer. Afin que tout puisse être grâce, Dieu a voulu que ce soit par la foi que nous saisissions le salut, et quoique la foi produise d’immenses effets, elle n’ajoute rien à la chose qu’elle croit. Christ et l’efficacité de Son œuvre doivent être et sont devant Dieu tout ce que je suis appelé à croire qu’ils sont, avant que je le croie.
Tout ce que la mort peut nous faire, c’est de nous retirer de la scène où elle exerce sa puissance, pour nous faire entrer dans celle où elle n’a aucune puissance. Au lieu de craindre la mort, nous rendons grâces à Celui qui nous a donné la victoire par Jésus.
La puissance de Dieu Lui-même, telle qu’elle a agi en Christ lors de Sa résurrection, opère en nous pour nous donner la nouvelle position dans la vie. Cette vie implique, par le fait même que nous la recevons, que nous sommes pardonnés parfaitement et pour toujours. Nous étions sous le poids de nos péchés, et morts dans nos péchés : Christ s’est placé sous ce poids, et Il est mort pour nous. En ressuscitant, Christ a laissé derrière Lui la mort et le poids de la condamnation sous laquelle nous étions ; nous aussi, nous avons été ressuscités avec Lui. Nous avons donc, comme Lui et avec Lui, laissé tout ce poids de péchés et de condamnation derrière nous, avec la mort dont nous avons été délivrés. Ainsi, Dieu nous fait sortir de la mort et de la condamnation, avec Christ qui les a subies pour nous.
Quelle valeur a, pour Dieu, le sang de l’Agneau ! Qui, sur la terre, pourrait décrire la puissance sanctifiante et rédemptrice du sang de Jésus ? Il délivre le pécheur de l’esclavage du monde et du péché, et justifie Dieu quand Il fait miséricorde. Il est le fondement de toutes nos bénédictions terrestres et nous donne droit aux plus riches bénédictions célestes. Il nous a ouvert l’accès au trône du Père et nous rend propres pour y paraître comme des enfants bien-aimés. Il a déchiré le voile et ouvert à l’adorateur le lieu très saint. Il répond aux exigences les plus élevées de Dieu, comme aux besoins les plus profonds de l’homme.
Seul un homme altéré connaît la valeur de l’eau, et seule une âme altérée connaît la valeur de l’eau vive.
Tout ce qu’il y avait à faire, Dieu Lui-même l’a fait ; et assurément Il ne condamnera pas Sa propre œuvre. La justice qui était requise, Dieu Lui-même l’a fournie ; Lui, certainement, n’y trouvera aucun défaut. Voir, des yeux de la foi, Jésus cloué à la croix et assis sur le trône, est quelque chose qui doit donner à la conscience une paix solide, et au cœur une parfaite liberté. Nous pouvons regarder dans la tombe et la voir vide, nous pouvons regarder le trône en haut et le voir occupé, et continuer notre chemin tout joyeux. Un Christ ressuscité est la preuve éternelle d’une rédemption accomplie ; et si la rédemption est un fait accompli, la paix du croyant est une vraie et stable réalité.
Nous n’aurions qu’une idée bien incomplète du mystère de la croix, si nous n’y voyions que ce qui répond aux besoins de l’homme comme pécheur. Il y a, dans la mort de Christ, des profondeurs qui sont hors de la portée de l’homme et que Dieu seul a pu sonder.
Aucun homme, ni aucun ange ne peut sonder jusqu’au fond le mystère de la mort de Christ ; mais nous pouvons en discerner au moins quelques caractères qui, à eux seuls, rendent déjà cette mort précieuse, au-delà de toute expression, pour le cœur de Dieu. C’est de la croix que Dieu recueille Sa plus riche moisson de gloire. Il n’aurait pu, d’aucune autre manière, être glorifié comme Il l’a été par la mort de Christ. C’est dans l’abandon volontaire que Christ fait de Lui-même à Dieu, que la gloire divine reluit dans tout son éclat ; et c’est dans cette offrande que Christ a faite de Lui-même que fut posé le solide fondement de tous les conseils divins : la création était insuffisante pour cela.
Christ a tellement pris la place du croyant sur la croix — celui-ci était si entièrement identifié avec Lui — tous les péchés du croyant Lui ont été alors si complètement imputés, que toute question de culpabilité du croyant, toute idée de jugement ou de colère, auxquels il serait exposé, est éternellement mise de côté. Tout a été réglé sur le bois maudit, entre la justice divine et la victime sans tache. Et maintenant le croyant est aussi absolument identifié avec Christ sur le trône, que Christ fut identifié avec lui sur la croix. La justice n’a plus aucun grief à élever contre le croyant, parce qu’elle n’a aucun grief à élever contre Christ. Il en est ainsi à jamais.
Le sang de Christ est la base de tout. C’est le principe de la justice de Dieu en justifiant un pécheur impie qui croit au nom du Fils de Dieu, et c’est le principe de la confiance du pécheur pour s’approcher d’un Dieu saint, dont les yeux sont trop purs pour voir le mal [Hab. 1, 13]. Dieu serait juste en condamnant le pécheur ; mais, par la mort de Christ, Il peut être juste et justifier ceux qui croient — un Dieu juste et sauveur.
C’est par le sang, et rien que par le sang, que nous obtenons le pardon, la paix, la vie, la justice.
En tant que dernier Adam, Christ est la somme totale de l’humanité ; en tant que second homme, Il est la tête d’une nouvelle race. Nous trouvons donc ici une double union — l’une est liée à Sa mort, et l’autre à Sa résurrection. En premier lieu, Son union avec la race, en tant que « dernier Adam », a commencé historiquement à Bethléhem, pour se terminer à la croix et au tombeau. Par elle, Il a englobé en Lui-même tout ce qui était en Adam pour l’apporter au jugement et à la mort. En second lieu, notre union avec Lui, en tant que « second homme », commence à la résurrection pour se terminer dans l’éternité — ce qui signifie pour ne jamais se terminer — car ayant dans Sa mort mis de côté le premier homme en qui le dessein de Dieu avait été frustré, Il est ressuscité comme la Tête, le Chef, d’une nouvelle race d’hommes, en qui ce dessein sera pleinement réalisé.
Ainsi, lorsque le Seigneur Jésus fut crucifié sur la croix, Il fut crucifié comme le dernier Adam. Tout ce qui était dans le premier Adam fut rassemblé et mis de côté, en Lui. Nous y étions compris. En tant que dernier Adam, Il a effacé la vieille race ; en tant que second homme, Il introduit la race nouvelle. C’est dans Sa résurrection qu’Il s’avance comme le second homme, et là aussi, nous y sommes compris. « Car si nous avons été identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort (c’est-à-dire par la conformité à Sa mort), nous le serons donc aussi dans la ressemblance de sa résurrection (c’est-à-dire par la conformité à Sa résurrection) » (Rom. 6, 5). Nous sommes morts en Lui, le dernier Adam ; nous vivons en Lui, le second homme. La croix est ainsi la puissance de Dieu, qui nous fait passer d’Adam en Christ.
C’est le Juge Lui-même qui a pris sur Lui nos péchés et a subi à notre place le châtiment que nous avions mérité. Comment pourrait-Il anéantir Sa propre œuvre expiatoire ? Nous avons donc toute assurance pour le temps présent et pour le jour où nous serons manifestés devant le tribunal de Christ. Celui même qui siègera sur le trône reconnaîtra, en ces heureux élus, Sa propre image et Ses propres perfections.
À la croix, toutes les exigences de la sainteté divine ont été parfaitement satisfaites ; en sorte que, mieux nous comprenons cette sainteté, mieux aussi nous apprécions la croix. Plus nous estimons la sainteté, plus aussi nous estimerons l’œuvre de la croix.
Christ, ayant la vie en Lui-même, est descendu ici-bas et a satisfait à toutes les conséquences du péché de l’homme, quelles qu’elles fussent ; en se soumettant à la mort, Il détruisit celui qui en avait l’empire et devint, en résurrection, la vie et la justice de tous ceux qui croient en Son nom. Il est impossible désormais que Satan porte atteinte à cette vie, soit dans sa source, soit dans son canal, soit dans sa puissance, soit dans sa sphère, soit dans sa durée. Dieu en est la source ; Christ ressuscité, le canal ; le Saint Esprit, la puissance ; le ciel, la sphère, et l’éternité, la durée.
Là où le Christ ressuscité introduit Son peuple, la mort n’existe pas. Ne l’a-t-Il pas abolie ? La Parole de Dieu nous le déclare ! Christ a fait disparaître la mort de dessus la scène et y a introduit la vie ; ce n’est donc pas la mort, mais la gloire, que le chrétien a devant lui. La mort est derrière lui pour toujours ; quant à l’avenir, tout est gloire, gloire sans nuages.
La Parole nous enseigne que Dieu a fait le premier pas vers l’homme, que ce premier pas a conduit le Seigneur à la croix, que par elle seule l’homme commence à Lui être agréable. Tel est donc notre point de départ pour venir après Lui.
En Christ, tout est infailliblement assuré pour la gloire de Dieu et la bénédiction éternelle de l’homme. Le dessein éternel de Dieu est « d’établir Christ comme chef sur toutes choses » [Éph. 1, 22]. Il n’y a pas une seule chose dans laquelle le premier homme a manqué, que le second ne restaure. Tout est établi sur une base nouvelle en Christ. Il est le chef de la nouvelle création, héritier de toutes les promesses faites à Abraham, à Isaac et à Jacob au sujet du pays, héritier de toutes les promesses faites à David concernant le trône.
L’empire sera posé sur Son épaule. Il revêtira ces gloires. Il est prophète, sacrificateur et roi. En un mot, Christ restaure tout ce qu’Adam a perdu, et Il apporte beaucoup plus que tout ce qu’Adam a jamais possédé.
Le Seigneur Jésus était le Fils unique, et en tant qu’unique, Il n’avait pas de frères. Mais le Père envoya le Fils, afin que l’unique devienne le premier-né, et que le Fils bien-aimé ait beaucoup de frères. Nous avons là toute l’histoire de l’incarnation et de la croix ; et là, nous trouvons enfin l’accomplissement du dessein de Dieu, qui est d’amener plusieurs fils à la gloire (Héb. 2, 10). Il a fait tout ce qui était nécessaire pour que le ciel soit rempli de fils glorifiés. Tel était Son dessein dans la rédemption.
La croix est la mesure de la haine de Dieu contre le péché, tout comme elle est la mesure de Son amour pour le pécheur.
Quand le Saint Esprit déploie devant nos cœurs quelque chose de la profonde bénédiction, du prix et de l’efficace de la mort de notre Seigneur Jésus Christ, Il nous amène à méditer sur le mystère de Ses souffrances, à repasser dans nos cœurs tout ce par quoi Il a dû passer pour nous, tout ce qu’il Lui en a coûté pour nous sauver des conséquences éternelles du péché auquel, hélas ! nous nous laissons aller si souvent avec légèreté. Or c’est là un travail très profond et saint, qui conduit l’âme à ces exercices dont les « pains d’affliction » dans la fête des pains sans levain, étaient l’image. Il y a une grande différence entre les sentiments que nous éprouvons en nous occupant de nos péchés, et ceux qui proviennent de la vue des souffrances de Christ pour ôter ces péchés.