Enracinés et édifiés en Lui — Christ — Christ en vous
Dans la pensée de Dieu, Christ et le chrétien sont tellement unis que Christ est à la fois dans les lieux célestes et sur la terre, et que le chrétien est à la fois sur la terre et dans les lieux célestes. Le chrétien sur la terre, c’est Christ rendu visible. Nous devons donc avoir une telle plénitude de la vie de Christ que ceux qui Le discernent en nous se sentent attirés à Lui.
Christ est en moi. D’abord « j’ai été crucifié avec Christ » ; ensuite « Christ vit en moi » [Gal. 2, 20]. C’est sur un trône dont le « moi » a été chassé que le Christ veut monter.
Être chrétien, c’est faire de Christ le centre de sa vie. C’est être transformé à l’image de Christ, de gloire en gloire et de jour en jour. Être chrétien signifie que Christ anime notre esprit, notre cœur, notre volonté, de telle sorte qu’Il pense par notre esprit, qu’Il aime par notre cœur, qu’Il exprime Sa volonté par la nôtre. C’est laisser Christ occuper tant de place en nous, que nous n’ayons plus aucune vie en dehors de Lui.
Christ qui est la source de notre vie, qui est notre vie, en est aussi l’objet. C’est ce qui caractérise toujours la vie de Christ en nous ; Lui-même en est l’objet, Lui seul. Christ est personnellement l’objet dont la vie se nourrit. Il est tout revêtu à nos yeux de l’amour qu’Il nous a montré dans Sa mort. Nous vivons par la foi au Fils de Dieu qui nous a aimés et s’est donné pour nous.
La conscience de notre relation avec Christ s’applique à tout : rien ne se fait sans Lui. Il est présent comme le premier mobile de nos actes et ce qui leur imprime leur vrai caractère, et le cœur est occupé de Lui en les accomplissant. Tout se rapporte à Lui : nous ne mangeons pas sans Lui, nous ne buvons pas sans Lui ; ce que nous disons, ce que nous faisons, est dit et fait au nom du Seigneur Jésus. La conscience de Sa présence, le sentiment que tout se rapporte à Lui, qu’on ne peut rien faire, sinon charnellement, sans Lui, parce que la vie que nous avons de Lui, agit avec Lui et en Lui, ne se sépare pas de Lui et l’a Lui-même pour objet en tout, de même que l’eau s’élève à la hauteur d’où elle est descendue — voilà le vrai caractère de la vie du chrétien.
La nature se confond souvent avec la grâce aux yeux inexpérimentés des hommes, mais la conscience intelligente qu’on a de Christ comme objet du cœur, la conscience de Sa présence, du sceau de Son approbation quand on pense à Lui, ne se confond avec rien : rien n’y ressemble, aucune belle apparence n’en peut prendre la place. Quand Il se révèle au cœur et que le cœur marche avec Lui et s’entretient avec Lui, ne cherchant que le regard de Sa face, le sceau de Sa faveur sur l’âme en toutes choses : alors Christ est connu, bien connu. Il n’y a que Lui qui se communique ainsi en grâce à l’âme qui marche dans les voies de Sa volonté exprimée dans Sa Parole.
Ceux qui sentent le plus profondément qu’ils sont morts en Christ et qu’ils ont subi en Sa personne le châtiment du péché, atteignent les plus hauts sommets de la vie divine. Celui-là est le plus saint, qui possède le mieux Christ au-dedans de lui et qui se réjouit le plus complètement dans Son œuvre accomplie. C’est l’imperfection de la foi qui entrave la marche et est la cause de beaucoup de chutes.
Dieu ne me donnera pas l’humilité, ou la patience, ou la sainteté, ou l’amour, comme des dons de Sa grâce isolés. Il ne détaille pas Sa grâce, pour nous la distribuer par petites doses, accordant une mesure de patience à celui qui est impatient, un peu d’amour à celui qui n’aime pas, un peu d’humilité à celui qui est orgueilleux, en quantités que nous pourrions recevoir, et sur la base desquelles nous pourrions opérer comme avec une sorte de capital. Il nous a fait un seul don qui répond à tous nos besoins — Son Fils Jésus Christ[1]. Et lorsque je regarde à Lui, pour qu’Il vive Sa vie en moi, Il sera humble et patient, et plein d’amour, et tout ce dont j’ai besoin — à ma place. Il est tout ce que je ne puis, et dois, être. « Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie est dans son Fils : celui qui a le Fils, a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu, n’a pas la vie » (1 Jean 5, 11-12). La vie de Dieu ne nous est pas donnée comme un objet séparé ; la vie de Dieu nous est donnée dans le Fils. C’est « la vie éternelle dans le Christ Jésus, notre Seigneur » (Rom. 6, 23). Notre relation avec Christ est notre relation avec la vie.
Je refuse d’agir de ma propre volonté ; je dépends de Lui pour qu’Il agisse, et j’entre ensuite pleinement et joyeusement dans l’action qu’Il a commencée. Ce n’est pas de la passivité, c’est une vie des plus actives que de se confier au Seigneur de cette manière ; de tirer de Lui la vie, de Le prendre pour qu’Il soit ma vie même, de Le laisser vivre Sa vie en moi.
Ce qui occupe Christ et ce à quoi Il pense, c’est ce qui devrait nous occuper et ce à quoi nous devrions penser. Si Christ est notre vie et, par l’Esprit, la source de nos pensées, nous aurons Ses pensées en toute chose. Nous devons être au milieu des circonstances dans lesquelles nous nous trouvons comme Christ y serait ; c’est cela, la vie chrétienne. Il n’est jamais nécessaire que nous fassions un mal quelconque, que nous agissions selon la chair. Bien qu’elle soit là, nous n’agirons pas sous son impulsion si nous sommes pleins de Christ, car c’est Lui qui nous suggère nos pensées.
Devenir la possession de Christ signifie bien plus que nous ne pensons au premier abord. Christ possède-t-Il mon corps, mes yeux, mes oreilles, ma langue, mes mains et mes pieds ? Possède-t-Il toutes mes facultés, ma mémoire, mon imagination, mon intelligence ? Possède-t-Il mes pensées ? Mon être entier est-il vraiment à Sa disposition pour accomplir Sa volonté ?
Seigneur, pénètre partout où tu voudras dans mon cœur, fais ce qu’Il te plaira. Tu es ici chez toi.
Tout ce qui est indigne de Christ est indigne d’un chrétien.
Nous sommes en Christ devant Dieu ; Christ est en nous devant le monde. Ces deux choses sont inséparables. C’est l’union avec Christ par le Saint Esprit, mais envisagé du côté de Dieu, d’une part, du côté du monde, de l’autre. « Christ en vous, l’espérance de la gloire » (Col. 1, 27) : il a plu à Christ de nous unir à Lui par le Saint Esprit, nous remplissant de l’espérance d’une chose, non encore atteinte, la gloire, que Lui-même a atteinte, mais dont l’union avec Lui nous donne la certitude absolue.