Livre:Étude sur l’Apocalypse/Chapitre 9
Le chapitre 9 décrit avec les plus grands détails ce qu’amène le son des cinquième et sixième trompettes, les deux premiers malheurs, comme s’exprime notre livre. Il restera le troisième malheur, qu’annonce la dernière des sept trompettes : nous la trouverons à la fin du chapitre 11.
La première des trompettes qui annoncent des malheurs, amène sur la scène des sauterelles symboliques. Que l’on ne doive pas les prendre au sens littéral ressort clairement de ce seul fait — si même il n’y avait pas d’autre raison — qu’il est dit expressément qu’elles ne se nourrissent point de ce qui est l’aliment naturel des sauterelles. Ces animaux sont donc ici simplement une figure employée pour décrire des hordes innombrables de maraudeurs et de pillards.
Remarquons ensuite que le premier malheur correspond, mais par voie de contraste, aux cent quarante-quatre mille qui furent scellés d’entre Israël, de même que le second, c’est-à-dire celui des cavaliers de l’Euphrate (v. 14-16), est, de la même manière, en rapport avec la multitude innombrable des Gentils du chapitre 7. Comme l’on pourrait supposer que ce contraste n’existe que d’une manière vague et peu définie, j’essaierai d’expliquer plus clairement ma pensée. Il est dit, d’une manière formelle, que les sauterelles ne devaient nuire qu’à ceux qui n’avaient pas le sceau de Dieu sur leur front. N’est-ce pas une claire allusion à ceux d’entre Israël que Dieu avait mis à part (chap. 7) ?
D’un autre côté, si les cavaliers de l’Euphrate sont les instruments d’un tourment infligé aux hommes, ils donnent beaucoup plus encore l’idée d’un pouvoir agressif. Le tourment caractérise surtout le malheur symbolisé par les sauterelles ; les cavaliers représentent plus distinctement la ruine amenée par la marche rapide d’un pouvoir impérial, et décrite sous les traits les plus énergiques. Ils tombent sur les hommes et les détruisent. Mais ici reparaît « le tiers » (v. 15). Suivant l’explication donnée précédemment, cela impliquerait que ce malheur doit fondre en effet sur les Gentils, et, plus particulièrement, sur l’empire romain d’occident.
Il semble clair aussi que ces deux malheurs présentent ce qui aura lieu lors des premiers actes de l’Antichrist en Judée. Le premier malheur, celui des sauterelles, consiste en un tourment infligé aux hommes. En conséquence, à leur tête, nous voyons apparaître Abaddon, le destructeur, caractérisé d’une manière très particulière comme étant l’ange de l’abîme. Ce n’est pas encore la bête complètement formée (voir chap. 11, 7 ; 13, 1 ; 17, 8), mais il est facile de comprendre qu’il y aura une première manifestation du mal ; précisément de même que la grâce effectuera dans le résidu le commencement de ce qui est bon.
Nous avons donc ici ces deux malheurs qui sont comme le prélude de ce qui suivra. D’abord, un tourment cruel qui tombe sur le pays d’Israël (voir Joël 2), mais qui n’atteint point ceux qui sont scellés d’entre les douze tribus ; puis, les cavaliers de l’Euphrate, lâchés sur l’empire romain, accablant les Gentils, et en particulier cet empire, l’objet du jugement de Dieu.
Tel est le plan général du chapitre 9. Entrer dans les détails, serait sortir des bornes de cette étude ; d’ailleurs les occasions ne manquent pas d’apprendre à les connaître, ainsi que leur application.