Livre:Étude sur l’Apocalypse/Chapitre 20

De mipe
< Livre:Étude sur l’Apocalypse
Révision datée du 14 février 2019 à 21:27 par Éditeur (discussion | contributions) (Partie du livre)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

Ensuite est décrit un autre fait d’une importance immense : Satan est lié. Il ne lui est plus permis de se promener et de rôder çà et là par le monde, en l’enlaçant dans ses ruses et l’entraînant à la destruction.

« Et je vis un ange descendant du ciel, ayant la clef de l’abîme et une grande chaîne dans sa main. Et il saisit le dragon, le serpent ancien qui est le diable et Satan, et le lia pour mille ans ». Ce n’est donc pas encore son jugement final. « Et il le jeta dans l’abîme, et l’enferma ; et il mit un sceau sur lui, afin qu’il ne séduisît plus les nations, jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis ; après cela, il faut qu’il soit délié pour un peu de temps ».

Alors nos yeux sont détournés de ces scènes terribles et portés vers une autre scène, propre à consoler et à réjouir le cœur. « Et je vis des trônes, et ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné ; et les âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus, et pour la parole de Dieu ; et ceux qui n’avaient pas rendu hommage à la bête ni à son image, et qui n’avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main ; et ils vécurent et régnèrent avec le Christ mille ans ». Je ne suppose pas qu’il soit nécessaire de démontrer longuement que nous ne devons pas prendre ce verset comme représentant simplement le christianisme et ses effets. La plupart de ceux qui lisent ces pages, sinon tous, comprennent qu’il s’agit d’une résurrection réelle. Ce n’est pas un langage figuré, comme lorsqu’il est dit du fils prodigue : « Mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie » ; ou qu’il est parlé de la restauration d’Israël qui est comparée à une résurrection d’entre les morts (Rom. 11, 15, comparez avec Éz. 37, et Dan. 12) pour le reste du monde. La vision nous montre des trônes et ceux qui les occupent, puis d’autres personnes qui leur sont adjointes ; l’explication que l’auteur inspiré donne de cette scène, est qu’il s’agit de « la première résurrection », la résurrection des justes d’entre les morts. Considérons les différents groupes de ceux qui ont part à la première résurrection.

En premier lieu, nous lisons : « Je vis des trônes, et ils étaient assis dessus ». Quand Jean les voit, les trônes étaient déjà occupés, et au lieu d’être les objets du jugement, ceux qui y sont assis, l’exercent parce qu’il leur est donné. Qui sont ces personnes que nous voyons ainsi investies une autorité judiciaire si glorieuse, et qui règnent avec Christ, ainsi que nous le voyons plus loin ? Évidemment ce sont les mêmes saints que nous avons d’abord vus représentés par les anciens dans le ciel, puis par les anciens et les animaux, ensuite par l’épouse et les conviés au banquet des noces, et finalement par les armées qui sortent du ciel à la suite du Seigneur.

Il n’est plus question, au point où la vision nous a conduits, de célébrer les voies et les conseils de Dieu, ni de combattre contre la bête et les rois. Aussi le prophète emploie-t-il d’autres figures. Il s’agit d’un règne, et nous voyons des trônes sur lesquels sont assis ceux qui règnent avec Christ. À cette occasion, remarquons en passant que le langage symbolique est tout aussi défini qu’un autre ; bien loin de manquer de précision il ne laisse point subsister de vague, et de plus il possède une énergie qui lui est particulière.

La seconde chose qu’il importe d’observer ici, c’est que Jean voit des âmes — les âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus et pour la Parole de Dieu. Si nous nous reportons au chapitre 6, 9, nous reconnaîtrons là ces martyrs vus sous l’autel, comme les cendres d’un holocauste offert à Dieu. Ils avaient crié au Maître souverain de venger leur sang sur leurs ennemis, et il leur avait été dit d’attendre encore un peu de temps jusqu’à ce que d’autres, leurs compagnons d’esclavage et leurs frères, eussent été mis à mort. Ici ces derniers paraissent aussi. Ce sont les martyrs qui souffrirent quand la bête s’éleva sous sa dernière forme, avec ses prétentions blasphématoires, et que la seconde bête fit mettre à mort tous ceux qui ne voulaient ni adorer la bête, ni rendre hommage à son image, ni prendre sa marque (chap. 13). Ils forment la troisième classe mentionnée dans ce passage.

Les premiers sont ceux qui suivaient Christ lorsqu’Il sortit du ciel. Ils étaient déjà ressuscités d’entre les morts et glorifiés ; c’est pourquoi ils sont immédiatement vus assis sur des trônes, tandis que les deux autres classes de personnes sont encore à l’état d’esprits séparés du corps. « Et les âmes », est-il dit d’elles ; or il n’y a aucune raison pour ne pas prendre ce mot au sens simple et littéral. Ce sont « les âmes », non les personnes (corps et âme) de ceux qui ont été décapités. Jean voit l’état dans lequel elles se trouvent d’abord. Il faut de plus avoir soin de ne pas confondre ensemble les deux dernières classes, comme le font les versions ordinaires. Il faut lire « et ceux qui n’avaient pas rendu hommage à la bête ni à son image, et qui n’avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main ; et ils vécurent et régnèrent avec le Christ mille ans ». Ainsi ceux que nous avons vus d’abord comme esprits séparés du corps, « les âmes », furent ressuscités, réunis à leurs corps ; et ils vécurent et régnèrent comme ceux qui étaient déjà assis sur des trônes.

Rien de plus simple et de plus beau que la manière dont ce verset 4 résume toute l’Apocalypse. Les visions de ce livre prophétique ne s’ouvrent pas par l’enlèvement des saints dans le ciel, mais en nous les montrant, dès le commencement, déjà glorifiés. Ils sont souvent placés devant le voyant, et toujours dans un état complet, qui n’implique aucune addition à leur nombre. L’enlèvement de l’Église et des saints de l’Ancien Testament, ravis tous ensemble à la rencontre du Seigneur, doit donc déjà avoir eu lieu. Aussi les voyons-nous, accompagnant le Seigneur quand Il sort du ciel, et ensuite assis sur des trônes. Quand Christ vient occuper le trône qui Lui appartient, eux, par grâce, prennent place sur les leurs.

Ensuite, les saints qui ont souffert pour Christ, tandis que ces premiers étaient dans le ciel, ressuscitent et vivent. Le Seigneur n’en laisse aucun privé de ce bonheur. Tous ceux qui ont souffert, soit dans les premières persécutions de la période apocalyptique (chap. 6), soit dans celles qui arrivèrent plus tard (chap. 13, 15), jusqu’à la destruction de Babylone, tous sont maintenant ressuscités d’entre les morts, et introduits ainsi dans une condition convenable pour régner avec Christ, non moins que les saints de l’Ancien Testament et l’Église elle-même. « Ils vécurent », est-il dit ; et le sens que nous donnons à cette expression est confirmé par ce qui suit : « Et le reste des morts ne vécut pas jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis. C’est ici la première résurrection ».

Il ne faut cependant pas supposer que tous ceux qui ont part à la première résurrection, ressuscitent au même instant. Ce serait une erreur. Assurément il y a (sans compter la résurrection des méchants à la fin) deux grands actes de résurrection ; l’un quand, en un moment, en un clin d’œil, les saints de l’Ancien Testament et l’Église (les morts en Christ) ressusciteront, et que les saints vivants seront changés, et tous ensemble ravis dans le ciel ; l’autre, quand Satan ayant été lié après le jugement de Babylone, de la Bête et du faux prophète, les martyrs de ces derniers temps ressusciteront pour régner avec Christ. Et je ne mentionne pas ce qui aurait un caractère exceptionnel ou particulier, comme par exemple, la résurrection des deux témoins du chapitre 11, qui, mis à mort, reprirent vie après trois jours et demi, et montèrent au ciel. Je parle de deux actes généraux dans lesquels deux classes de saints sont ressuscités. La manière dont l’Écriture parle de la résurrection laisse pleinement place à cette interprétation ; car lorsqu’il est dit : « Je le ressusciterai au dernier jour », le dernier jour ne veut pas dire un simple moment, mais une période de temps. Assurément, si nous considérons comme un ensemble les saints de l’Ancien Testament et l’Église, et comme un autre ensemble les saints apocalyptiques (si je puis les désigner ainsi), les premiers ressusciteront tous au même instant, et les autres tous aussi au même instant ; mais entre la résurrection des deux classes il y a un intervalle de temps. Non seulement il n’y a pas une seule expression dans la Parole de Dieu, qui implique que tous les saints de toutes les époques ressuscitent au même moment, mais elle montre, au contraire, qu’il doit y avoir plusieurs actes dans la première résurrection. Le passage qui nous occupe le fait voir, et il n’y a point d’autre interprétation qui puisse satisfaire pleinement.

Cela étant ainsi, une grande clarté se trouve jetée sur tout le livre. Et que dirons-nous de la sagesse merveilleuse du Seigneur ? C’est « la première résurrection » ; non que tous les saints soient ressuscités en même temps, mais tous le seront avant que le millénium commence, de sorte que, quand le règne de Christ arrive, tous ont eu part à la première résurrection : Christ Lui-même, « les prémices », ressuscité plus de dix-neuf siècles avant l’Église, puis l’Église avec les saints de l’Ancien Testament, et enfin les saints apocalyptiques, au moins quelques années après l’Église. Nous avons ainsi une vue exacte et vraie de ceux qui participent à la résurrection d’entre les morts. « C’est ici la première résurrection. Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection : sur eux la seconde mort n’a point de pouvoir ; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui mille ans ».

On a remarqué avec raison que cette expression : « Ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ », réduit à néant l’interprétation qui voudrait voir dans ce passage une résurrection figurée, celle des principes du christianisme. Il est clair, en effet, que, si des principes peuvent régner, il est absurde de penser qu’ils puissent être des sacrificateurs. Ce titre est donc une récompense personnelle accordée à ceux qui ont souffert.

Quand les mille ans sont accomplis, Satan reparaît sur la scène pour la douleur et la ruine des Gentils qui ne sont pas nés de Dieu. Mais c’est pour la dernière fois dans les diverses dispensations de Dieu. « Et quand les mille ans seront accomplis, Satan sera délié de sa prison ; et il sortira pour égarer les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, pour les assembler pour le combat ». Cela est d’une grande importance morale. La gloire même du royaume ne préserve pas l’homme naturel quand il est exposé aux attaques de l’adversaire. Les nations milléniales, « dont le nombre est comme le sable de la mer », deviennent la proie de Satan.

« Et ils montèrent sur la largeur de la terre, et ils environnèrent le camp des saints et la cité bien-aimée ». La cité bien-aimée est Jérusalem ; le camp des saints est, je suppose, un cercle plus vaste qui embrasse tout Israël et les Gentils qui, étant convertis, se refusent à la séduction de Satan. Il y a là un contraste évident avec l’état que suppose le champ mélangé de blé et d’ivraie, qui représente la chrétienté à la fin du siècle. Le froment et l’ivraie croissent ensemble jusqu’à ce que le jugement les sépare. À la fin du millénium, les justes et les méchants forment deux classes bien distinctes et séparées, quoique, même alors, apparaisse une ligne de démarcation existant entre le camp des saints et Jérusalem, la cité bien-aimée sur la terre, où se trouvent les Juifs.

Les irrégénérés d’entre les nations les entourent maintenant avec leurs armées innombrables, semblables à des nuées de sauterelles qui vont tout ravager et détruire. « Et du feu descendit du ciel de la part de Dieu et les dévora. Et le diable qui les avait égarés fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où sont la bête et le faux prophète ; et ils seront tourmentés, jour et nuit, aux siècles des siècles ».

Alors suit une scène encore plus solennelle ; de toutes celles que nous pouvons contempler, la plus propre à inspirer la terreur ; mais, en même temps, celle vers laquelle le chrétien aime à regarder, comme devant abolir pour toujours toute trace de mal et justifier le bien là où l’homme a tout à fait manqué. Ici n’apparaît qu’un seul trône. C’est Dieu jugeant l’homme — c’est le jugement éternel. Quand Dieu va exercer Ses jugements providentiels, d’autres trônes sont autour du sien, comme nous l’avons vu au commencement des visions apocalyptiques (chap. 4). Lorsque Christ, en personne, vient juger et gouverner les vivants (20, 4), il y a encore des trônes, car les saints ressuscités règnent avec Lui. Mais maintenant il n’y a qu’un seul trône : Christ juge les morts.

« Et je vis un grand trône blanc, et celui qui était assis dessus, de devant la face duquel la terre s’enfuit et le ciel ; et il ne fut pas trouvé de lieu pour eux ». Comme doctrine, ce verset est d’une très grande importance, en ce qu’il prouve d’une manière décisive qu’il n’y a aucun fondement dans l’opinion généralement reçue, que le retour du Seigneur a lieu seulement à ce moment. Cet événement nous est toujours présenté comme arrivant sur la terre habitable, la terre actuelle. Or, si le Seigneur n’est pas déjà venu pour la terre avant ce qui nous est présenté ici, il n’y a pas de monde où Il puisse venir, puisque le ciel et la terre se sont enfuis. L’idée courante, que la venue du Seigneur n’a lieu qu’à ce moment, est donc en contradiction avec ce que décrit ce verset même, sans parler d’autres portions de l’Écriture. Il suffit pour le voir de sonder et de croire la Parole de Dieu. Il est vrai que nous voyons ensuite le nouveau ciel et la nouvelle terre ; mais qui voudrait prétendre que c’est là la sphère de la venue du Seigneur ? C’est sur cette terre qu’Il va venir, et pas seulement sur la terre nouvelle, dans l’état éternel. C’est dans ce même monde où Il a souffert, que, selon les Écritures, Il reviendra. Mais, pour le jugement éternel, la terre et les cieux d’à présent se sont enfuis ; puis nous voyons l’univers nouveau et éternel. Christ doit donc être revenu auparavant sur la terre actuelle. Avec cela s’accorde le chapitre 19, qui nous Le montre sortant du ciel pour le jugement de la terre. Il vient vers ce monde, venger Son peuple sur la bête et le faux prophète, sur les rois et leurs armées ; ensuite les saints règnent avec Lui. Non que je veuille dire qu’ils habitent la terre ; Lui et les saints glorifiés ont leur demeure en haut ; néanmoins, c’est sur ce monde même qu’ils règnent durant le temps assigné.

Alors, comme nous l’avons vu, vient la dernière épreuve des nations, après que le royaume a accompli son cours. Le diable délié séduit encore une fois la chair et le sang suivant l’analogie de toutes les autres dispensations. La gloire qui se déploie d’une manière visible durant cette période, n’a aucune efficacité pour changer le cœur de l’homme ; quoique, en l’absence de l’ennemi et devant la présence pleine d’autorité du grand Roi, il Lui rende, pendant longtemps, une feinte obéissance. Ce siècle pourra être celui du gouvernement de Dieu et de la bénédiction pour l’homme, mais ce n’est pas ce qui le convertit. Même la proclamation de la grâce de Dieu reste sans puissance, à moins qu’elle ne pénètre jusqu’au cœur par la vivifiante énergie du Saint Esprit. En un mot, aucun témoignage ne peut avoir d’effet ; nul travail, nulle puissance, nulle gloire ne peut rien produire, si la Parole de Dieu n’est pas appliquée à l’âme par Son Esprit. Mais en ceci nous est montrée — ce qui a une grande importance — la vraie nature du royaume ou du règne millénaire. « Ce jour » ne signifie pas une époque où tout le monde sera converti, mais où le Seigneur Jésus gouvernera en justice, où le mal commis ouvertement sera aussitôt jugé, et où le bien sera maintenu d’une manière parfaite durant mille ans. Pour autant qu’il s’agisse de gouvernement, tout sera moralement selon Dieu ; mais il y aura encore des éléments de mal qui, à la vérité, ne pourront se manifester sans être réprimés, mais qui ne seront pas détruits. Que cela soit vrai, et que le cœur de l’homme, même sous ce gouvernement, ne soit pas renouvelé, nous le voyons avec évidence en ce que Satan, à la fin, séduit tous ceux qui ne sont pas convertis, et ceux-là, nous est-il dit, sont innombrables, « comme le sable de la mer ».

Ne soyons pas plus surpris de leur nombre, que de leur défection. Les mille années de paix et d’abondance auront favorisé l’augmentation d’une population toujours croissante, malgré les jugements divins qui ouvrent cette ère, et qui auront singulièrement diminué le nombre des habitants du monde. Ce qui aura lieu alors dépassera tout ce qui a jamais été vu sur la surface de la terre. Avant le commencement de cette période, comme nous le savons, auront lieu parmi les nations de l’Occident et de l’Orient des guerres accompagnées d’épouvantables carnages. Outre cela, des jugements d’une nature ou d’une autre désoleront tous les peuples. Mais ensuite, le monde, comblé durant mille ans de toutes sortes de bénédictions temporelles, et placé sous le plus excellent des gouvernements, administré par le Seigneur Lui-même, se couvrira d’une multitude innombrable d’hommes de toutes races, vivant dans la prospérité. La nature présentera un état de fécondité sans exemple ; elle répandra avec largesse ses fruits et ses productions sur l’homme qui jouira avec abondance de tout ce que Dieu a fait ici-bas. La conséquence en sera un accroissement de population tel que jamais il n’y eut rien d’approchant depuis que le monde fut fait. Néanmoins, malgré toutes ces bénédictions, Satan réussira à entraîner la masse des nations dans une vaste rébellion contre ceux qui seront sur la terre les objets de la faveur spéciale de Dieu ; contre les saints, partout où ils se trouveront, et contre la cité bien-aimée d’Israël.

Alors vient la destruction non seulement de ces rebelles par un jugement divin, mais la dissolution des cieux et de la terre, et Jésus s’assied sur le grand trône blanc. C’est le jugement des morts comme tels, des morts qui maintenant ressuscitent et rendent compte de leurs œuvres. Tous les morts qui n’ont pas eu part à la première résurrection sont là. La nature de ce jugement exempte[1] nécessairement les saints du millénium d’avoir à se trouver devant le grand trône blanc, par la simple raison qu’il n’est dit nulle part qu’ils aient à passer par la mort. Il n’y a, dans l’Écriture, rien qui puisse nous faire conclure qu’aucun saint meure durant le millénium ; le contraire est plutôt vrai. Le chapitre 65 d’Ésaïe dit positivement que, durant cette période, la mort n’interviendra que comme un jugement amené par une rébellion ouverte ; elle sera l’effet direct d’une malédiction de la part de Dieu ; le pécheur âgé de cent ans sera encore jeune lorsqu’il mourra. L’homme converti, non seulement atteindra le terme naturel (si je puis dire ainsi) de mille ans, mais il dépassera cette limite. S’il est vivant avant que les mille ans commencent, il le sera encore après qu’ils seront écoulés ; en fait, littéralement, il ne mourra jamais, quoique je ne doute pas que, suivant un principe général, les saints de la terre milléniale ne soient changés au moment même où les cieux et la terre disparaîtront. Nous pouvons, en tout cas, affirmer que, dans cette crise suprême, ils seront préservés d’une manière quelconque en harmonie avec la sagesse divine, bien qu’il n’ait pas plu à Dieu de nous révéler comment Il fera. C’est l’une de ces choses qu’Il s’est réservées, devant lesquelles une curiosité téméraire doit s’arrêter, et que Lui saura accomplir d’une manière parfaite. Toutefois Il ne nous a pas laissés sans quelques indications pour conduire nos pensées. « La chair et le sang », nous le savons, n’hériteront pas le royaume de Dieu. D’après la donnée générale des Écritures, nous pouvons donc être tout à fait certains que ces saints, pris durant cette universelle dissolution du ciel atmosphérique et de la terre, seront transportés sous les nouveaux cieux et sur la nouvelle terre où « la justice habite » (2 Pierre 3, 13), et cela, dans une condition nouvelle, appropriée à l’état éternel où ils seront introduits. Que d’autres spéculent sur ce sujet, s’ils le veulent ; pour moi, je suis persuadé que celui qui essaie de déterminer les détails en pareille matière, use ses forces sur ce qui est hors du pouvoir de l’homme. Je ne sache pas que l’Écriture traite nulle part de ces choses, si ce n’est en posant des principes tels que celui que j’ai cherché à appliquer.

« Et les morts furent jugés », mais non d’après le livre de vie, qui n’a rien à faire avec le jugement. « Les morts furent jugés d’après les choses qui étaient écrites dans les livres, selon leurs œuvres ». Pourquoi donc le livre de vie est-il mentionné ? Ce n’est pas que le nom d’aucun de ceux qui se trouvent devant le grand trône blanc y soit écrit, mais au contraire comme preuve qu’il n’y est pas, et pour confirmer ainsi ce qui est écrit dans les autres livres. Si ceux-ci font connaître les mauvaises œuvres des morts qui sont devant le trône, le livre de vie ne présente rien pour leur défense sur le terrain de la grâce de Dieu. Selon l’Écriture, aucun nom de ceux qui sont jugés n’est écrit dans ce livre.

D’un côté se voit le sombre registre de péchés incontestables ; de l’autre ne se trouve aucun nom. Ainsi, soit les livres où sont écrites les choses d’après lesquelles les morts sont jugés, soit le livre de la vie, tout concourt à proclamer la justice solennelle et terrible de la sentence finale et irrévocable de Dieu. « Et ils furent jugés chacun selon leurs œuvres ». « Et si quelqu’un n’était pas trouvé écrit dans le livre de vie, il était jeté dans l’étang de feu ». Le livre de vie ne semble donc ouvert ici, comme nous l’avons dit, que pour montrer que ceux qui sont jugés, en sont exclus. C’est uniquement une résurrection de jugement ; nul de ceux qui se trouvent devant le trône, n’y a son nom écrit.

De plus, la mort et le hadès, personnifiés comme ennemis, prennent fin. « Et la mort et le hadès furent jetés dans l’étang de feu : c’est ici la seconde mort, l’étang de feu ». Toute action du Seigneur, relativement à l’âme et au corps, se trouve ainsi terminée ; toute la race humaine est maintenant dans l’état de résurrection pour le bonheur ou pour le malheur, et c’est pour toujours. La mort et le hadès qui, pendant si longtemps, ont exécuté la sentence portée contre le péché dans un monde où régnait celui-ci, et l’exécuteront, quoique occasionnellement, là même où la justice régnera, disparaissent complètement, là où toutes les traces du péché sont effacées pour toujours.



  1. Nul, cependant, ne peut être exempté d’être manifesté devant le tribunal du Christ, ou de rendre compte de tout ce qu’il a fait, étant dans son corps. Mais aucun croyant ne vient en jugement (comparez Jean 5, 24 et 2 Cor. 5).