Écho du Témoignage:Une parole d’exhortation
Les progrès rapides que fait l’incrédulité, ainsi que la faiblesse de la résistance qu’elle rencontre, ne sont plus simplement des vérités du ressort de la prophétie : ce sont de tristes réalités. La lutte entre un christianisme superficiel et l’incrédulité profonde du siècle a décidément commencé. C’est une période solennelle pour le chrétien, et une période qui fera ressortir d’une manière éclatante la valeur des vérités reçues par ceux que Dieu a daigné garder de cette religion sans puissance, qui caractérise l’état général de la chrétienté autour de nous.
Quiconque observe attentivement la marche des choses, doit reconnaître que le courant de l’incrédulité, qui autrefois était resserré dans des limites comparativement étroites, a franchi maintenant ses digues, et, au moyen de ses innombrables publications et de l’activité de ses agents, a placé sous son influence des multitudes de nos semblables qui commencent à rejeter en masse tout ce qui ressemble à un frein religieux, foulent aux pieds tout ce qui est sacré, et en même temps sont remplis de haine pour cette religion qui a été trop faible pour arrêter les progrès de l’indifférence.
La lutte manifestera clairement l’état réel des divers partis religieux. Déjà ceux qui, comme les unitaires, ont propagé des principes qui ouvrent la porte à l’athéisme, sont des amis déclarés de l’esprit d’irréligion et d’impiété, glissant avec le courant et lui donnant aide dans son cours.
On verra aussi qu’un grand nombre de ceux qu’on appelle orthodoxes, mais qui ont été entraînés dans le courant jusqu’à se faire les défenseurs de vues conformes au latitudinarisme du siècle, se trouveront sans force pour résister au mal.
Et telle a été la subtilité de Satan que, tandis que chaque année n’a fait qu’ajouter au nombre et à la force des rangs de l’incrédulité, la superstition s’est aussi accrue, et on a déployé plus de zèle en faveur des temples, des prêtres et des sacrements.
La raison n’en est-elle pas que, toutes distinctes, toutes contraires qu’elles sont en apparence, l’incrédulité et la superstition peuvent se rencontrer en un point, faire alliance et former ainsi de concert, pour un temps, une plus forte opposition à la vérité du Dieu vivant, comme nous ne manquerons pas de le voir ?
D’un autre côté, ce qui nous frappe aussi, c’est que ceux qui surveillent avec un douloureux intérêt les progrès de l’erreur et de l’impiété, commencent à s’apercevoir combien ont été faibles et stériles leurs efforts pour amener sur la terre un état de bénédiction universelle. Ils ont nié le témoignage manifeste de la Parole de Dieu relativement au progrès du mal ; ils ont ajouté institution à institution en vue de réaliser la fin désirée, et, pour tout résultat, il n’y a eu que désappointement et confusion. Le fait est qu’on ignorait la présence de Satan, qu’on ne tenait pas compte de la puissance du dieu de ce monde, et que, par suite, on a eu recours, pour agir sur l’état et la condition de l’homme, à des moyens qui n’étaient pas selon Dieu ; le nom de Jésus a été méprisé, et le doigt de Dieu méconnu. Quelle période solennelle que celle où nous nous trouvons, et combien il importe aux chrétiens de prendre garde à leur conduite !
Mon but, dans ces lignes, est d’adresser à ceux qui sont tels une parole d’exhortation. J’ai conscience, en le faisant, de ma profonde faiblesse ; j’ai aussi le sentiment de ma responsabilité pour la fidélité que je dois à Dieu.
Lorsque Jacob revenait de son long séjour au pays d’où Dieu avait appelé Abram à sortir — pays qui avait été positivement défendu à Isaac, mais où il avait fui pour échapper aux conséquences de la tromperie dont il s’était rendu coupable à l’égard d’Ésaü — il fit l’expérience que plus il approchait de Béthel, où Dieu l’avait appelé à habiter, plus il était nécessaire qu’il rejetât les dieux étrangers qui étaient avec lui. Alors Jacob dit à sa famille et à tous ceux qui se trouvaient avec lui : « Ôtez les dieux des étrangers qui sont au milieu de vous, et vous purifiez, et changez de vêtements. Alors ils donnèrent à Jacob tous les dieux étrangers qu’ils avaient en leurs mains et les bagues qui étaient à leurs oreilles, et Jacob les cacha sous un chêne qui était auprès de Sichem » (Gen. 35, 1-4).
Quand Gédéon fut invité à se lever, comme un très fort et vaillant homme, pour délivrer Israël de la main des Madianites, il dut d’abord démolir l’autel de Baal qui était à son père, et couper le bocage qui était auprès ; il dut bâtir un autel à l’Éternel et offrir un holocauste avec le bois du bocage qu’il avait coupé (Jug. 6, 25, 26). Quand Pierre dut se présenter au premier rang et reprocher à Israël d’avoir renié le Saint et le Juste, il fut nécessaire que préalablement il fût sorti et eût amèrement pleuré la part qu’il avait prise au reniement du Seigneur de gloire. Il en est de même maintenant. Maintenant que l’ennemi est entré comme un déluge, que de dieux étrangers à ensevelir, que d’autels de Baal à détruire, que d’actes de reniement à déplorer, avant de pouvoir prendre notre place comme serviteurs du Dieu souverain ! Heureux ceux qui font comme Abraham qui, ayant appris que son frère avait été emmené captif par ses ennemis, arma trois cent dix-huit de ses serviteurs nés dans sa maison, poursuivit les ennemis jusqu’à Dan, et ramena tous les biens, et ramena aussi son frère Lot, ses biens, les femmes aussi, et tout le peuple (Gen. 14, 14-16). Heureux ceux qui, comme Moïse, ont été enfermés dans la communion avec Dieu pendant qu’on fondait le veau d’or et que le peuple était invité à l’adorer. Il put descendre de la montagne avec des mains pures au milieu d’un peuple souillé. Alors Moïse se tint à la porte du camp et dit : Qui est pour l’Éternel, qu’il vienne vers moi (Ex. 32, 26).
La grâce de Dieu a été extrêmement abondante en nos jours. Celui qui a vu d’avance le mal, y a miséricordieusement pourvu. L’Esprit du Seigneur a élevé un étendard contre l’ennemi qui est entré comme un déluge. Rappelons quelques-unes des miséricordes de notre Dieu, et voyons comment elles s’adaptent aux besoins de notre époque. Dieu nous a délivré des superstitions qui tendent à supplanter Christ et Son évangile, aussi bien que de l’incrédulité qui les méprise et les foule aux pieds. Il nous a révélé Sa grâce et Son amour de manière à nous établir en fermeté sur Son propre fondement : personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé — Christ Jésus. La valeur de ce nom précieux ne nous a-t-elle pas été enseignée dans une telle puissance que nous pouvons dire : « Et certes, je regarde toutes choses comme étant une perte à cause de l’excellente de la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur » ? La gloire de Sa personne, la valeur de Son incarnation, de Sa vie, de Sa mort, de Sa résurrection, de Son ascension et de Sa séance à la main droite de Dieu, et de l’intercession dont Il est là chargé, ne nous ont-elles pas été enseignées ? N’avons-nous pas appris à attendre la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ ? Nous avons appris combien c’est précieux de s’assembler en Son nom ; nous avons réalisé Sa présence conformément à Sa promesse ; nous avons appris à apprécier, non pas seulement l’amour de Dieu le Père et la gloire de notre Seigneur Jésus, mais aussi les opérations de Dieu le Saint Esprit et à l’honorer selon la Parole de Dieu. Dans Sa miséricorde, Dieu ne nous a-t-Il pas fourni ces armes qui ne sont point charnelles, mais puissantes par Dieu pour la destruction des forteresses ? Ne nous a-t-Il pas faits porteurs de la semence du royaume, la Parole de Dieu, et n’a-t-Il pas accompli Sa Parole, la parole de Jésus à Ses disciples : « Voilà, je suis toujours avec vous jusqu’à la fin du siècle » ? Et dans quel but toutes ces vérités précieuses, chacune d’elles et d’autres encore, ont-elles été ravivées, prêchées avec plus de clarté et crues avec une sincérité plus grande ? Est-ce que ç’a été seulement en vue de notre intérêt individuel, ou bien plutôt n’est-ce pas en vue des besoins de nos semblables et en vue des jours de ténèbres dans lequel notre lot nous est échu ? Il sera beaucoup redemandé de celui à qui il a été beaucoup donné. Quelques-uns d’entre nous, n’étions-nous pas prêts, dans l’incrédulité de nos cœurs, à nier presque la grâce particulière dont nous avions été les objets de la part de Dieu dans ces choses, à traiter de faute la base de notre rassemblement, etc., et à faire comme jadis Orpa, qui baisa sa belle-mère et s’en retourna à son peuple et à ses dieux ? Voici ce qu’a été pour nous la grâce de Dieu : elle a dissipé les nuages et les brouillards de dessus ses vérités éternelles et les a fait briller ainsi sur nos cœurs avec plus d’éclat. Et cela, c’est de la puissance.
Prenons garde, frères, qu’il ne s’en trouve parmi nous de semblables aux hommes de Gédéon qui retournèrent à leurs demeures avant que le combat eût commencé, et que nous ne perdions la gloire des trois cents devant lesquels les Madianites fondirent entièrement.
Veuille le Seigneur être miséricordieux à notre égard et renouveler dans nos cœurs la fraîcheur de Ses vérités, et nous accorder plus de grâce pour que nous marchions droitement devant Lui, et que nous cherchions à poursuivre jusqu’au bout la pleine bénédiction qu’Il veut nous faire connaître.
Plus la côte est dangereuse, plus on a besoin d’un phare ; et plus la nuit est profonde, plus il importe que la lumière soit abondante et claire ; bien plus, les ténèbres de la nuit feront que les foyers de lumière seront aperçus plus distinctement. Ce n’est pas une vérité seulement que nous avons apprise, nous en avons appris plusieurs. Puissent nos cœurs, et pas seulement notre intelligence, en ressentir davantage l’efficace et le pouvoir !