Écho du Témoignage:Habakuk
C’est sur le principe de la foi que nous entrons, comme pécheurs, dans des relations avec Dieu ; et c’est sur le même principe que nous continuons, comme saints, à avoir affaire avec Lui. « Le juste vivra de la foi » (voyez Rom. 1, 17 ; Gal. 3, 11, et Hab. 2, 4).
Cette prophétie d’Habakuk a pour nous une grande valeur morale, et elle est de saison, surtout maintenant, car toutes choses se hâtent vers une crise prochaine, comme au temps d’Habakuk.
Alors les iniquités de ceux qui faisaient profession d’être le peuple de Dieu excitaient la sainte indignation de l’homme de Dieu ; mais, quoique son âme fût affligée de leur vaine manière de vivre, son cœur était sensible à leur état et il s’identifiait à eux pour faire de leur cause la sienne propre.
Écoutons-le lui-même avec attention quelques instants, et réfléchissons sur ses paroles dans l’ordre où elles se présentent à nous.
Chapitre 1, 1-4. Dans ces premiers versets, comme je l’ai déjà fait remarquer, nous voyons que l’âme juste du prophète est affligée de la conduite de son peuple. Il présente au Seigneur la triste et coupable scène qu’il a sous les yeux, et son cœur gémit de la violence, de la perversité, du dégât, des querelles, et de beaucoup d’autres iniquités de ce genre découvertes au milieu même du peuple de Dieu.
Versets 5-11. Le Seigneur, dans Sa réponse à Son serviteur, semble d’abord soutenir son cri et s’y joindre. Il ressent l’état moral d’Israël qui affecte si profondément Habakuk, et appelle Son peuple des païens ou des gens d’entre les nations (voir la vers. angl.) ; car ils se montraient tels, en refusant de croire à l’œuvre qu’Il allait Lui-même opérer au milieu d’eux. Leur circoncision est comptée par Lui comme de l’incirconcision, et l’apôtre, citant ce passage du livre de notre prophète, appelle les Juifs « contempteurs » (Act. 13, 41). C’est ainsi donc que tout d’abord le Seigneur poursuit le récit des iniquités d’Israël commencé par le prophète, et anticipe leur grand péché final — le rejet de Sa parole et de Son œuvre par incrédulité.
Ensuite Il fait connaître au prophète que l’iniquité qui affligeait son âme, et au sujet de laquelle il avait crié à Lui, ne demeurerait pas impunie ; mais que l’épée des Chaldéens ravagerait le pays pour venger la cause de Sa sainteté.
Versets 12-17. À l’ouïe de tout cela, Habakuk est extrêmement alarmé. Comme Moïse, dans une occasion semblable, il ne peut se faire à une telle pensée, et quoique son âme fût affligée des iniquités des siens, son cœur était trop attaché au peuple pour faire accueil aux Chaldéens.
Dans un élan de crainte et d’émotion, il plaide contre les Chaldéens avec toute l’habileté d’un avocat rendu éloquent par l’affection ; et, tout assuré que le Seigneur n’abandonnerait pas Son peuple, quelque coupable qu’il fût, à l’impitoyable colère d’hommes plus méchants encore que lui, il demande aussi que, par Sa grâce, le Seigneur fasse tourner cette terrible discipline à la correction et non à la ruine d’Israël.
Tout cela révèle chez Habakuk un précieux état d’âme ; il ressemble, je crois, plus qu’aucun autre prophète, à Jérémie. Il vit personnellement, plus que ce n’est le cas d’ordinaire, dans les scènes qu’il décrit ; il éprouve et ressent tout ce qui se passe : et il en fut ainsi de Jérémie. Ils vécurent comme des prophètes, et ne se contentèrent pas de parler comme tels.
Chapitre 2, 1. Ayant ainsi soulagé son âme et plaidé auprès du Seigneur pour le peuple, il attend la réponse. Son cœur est avec son peuple, et il veut connaître « la fin du Seigneur ». — Il n’est point un mercenaire, mais il a soin du troupeau et ne peut s’enfuir. Il n’a pas entrepris légèrement son ministère pour Israël, et il ne veut pas l’abandonner si vite ; il faut qu’il en voie la fin, et c’est pour cela qu’il se pose en sentinelle et fait le guet.
Versets 2-20. C’est dans ces versets que nous lisons la réponse du Seigneur, réponse vraiment solennelle et intéressante. Habakuk ne sera pas désappointé, et ce n’est pas en vain qu’il se sera tenu dans la forteresse. La vigilance d’Habakuk recevra sa récompense, aussi bien que les vingt et un jours de jeûne de Daniel.
Le Seigneur néanmoins commence Sa réponse en établissant quelques faits principaux importants, ou plutôt quelques principes de vérité :
1° que la vision, ou prophétie, devait être écrite lisiblement et clairement annoncée ;
2° qu’elle demeurerait à l’état de vision, ou n’aurait pas d’accomplissement, pendant un certain temps ;
3° que, durant ce temps, l’homme du monde mûrirait dans son orgueil pour le jugement de Dieu ;
4° que, durant ce même temps encore, le juste vivrait par la foi ;
5° qu’au moment convenable, au temps marqué de Dieu, la vision serait révélée, la prophétie accomplie, de sorte qu’il valait bien la peine d’attendre la fin.
Ensuite, après avoir posé ces faits ou ces principes, le Seigneur poursuit et fait entendre à l’oreille attentive du prophète quels sont les affreux jugements qui doivent surprendre les Chaldéens.
Chapitre 3. Ayant, pour ainsi dire, écouté tout cela du haut de sa tour de sentinelle vigilante, le prophète descend pour s’entretenir avec le Seigneur. Il avait été visité en grâce dans la forteresse, et y avait reçu une réponse ; maintenant, il veut entrer dans le sanctuaire avec des prières et des louanges, dans la puissance de cette foi qui avait accepté la réponse de Dieu, s’en était réjouie, et avait compté sur de plus grandes bénédictions encore.
Mais ces dernières paroles qu’il prononce sont de toute beauté.
La réponse qu’il vient de recevoir lui rappelle les premiers jours de sa nation, le temps du salut de Dieu, quand Il commença de prendre Israël pour peuple. Les Chaldéens le font souvenir des Égyptiens et des Amoréens, et il demande qu’en présence des Chaldéens, le Seigneur veuille faire pour Israël ce qu’Il avait déjà fait pour lui devant les Égyptiens et les Amoréens. Il demande qu’il y ait un « réveil » — que maintenant, au milieu du cours des années, Dieu opère des œuvres aussi remarquables que celles qui signalèrent les premiers temps. Et c’est avec une touchante beauté, et dans le style coupé de quelqu’un qui suit le courant des chères pensées qui occupent vivement son cœur, qu’il retrace, comme en présence de Dieu, les premières œuvres de Jéhovah en faveur d’Israël, qu’elles aient été accomplies en Égypte, dans le désert, ou en Canaan, afin que (si j’ose parler ainsi) le Seigneur puisse envisager Ses œuvres puissantes d’autrefois et en opérer de semblables à cette époque-ci à l’égard des Chaldéens. C’est comme si Habakuk, au jour de la nuée, plaçait l’arc sous les yeux de Dieu, afin qu’en le voyant Il se rappelle Son alliance, Sa grâce et Sa puissance pour Ses saints, Ses promesses et Ses miséricordes, et qu’Il sauve Son peuple de cette ruine qui le menace.
Car jusqu’ici le Seigneur n’avait promis que le jugement sur les Chaldéens (chap. 2) ; Il n’avait pas fait mention de la restauration et de la gloire finale d’Israël. Mais il faut à Habakuk que ces choses soient aussi promises et assurées ; et, en conséquence, il prie pour que Dieu entretienne ou renouvelle Ses œuvres en faveur d’Israël.
Puis, tout à la fin, comme l’homme qui vit par la foi dont la Parole de Dieu l’avait déjà entretenu (chap. 2), il déclare quelle est la pleine confiance qu’il a en Dieu. Il parle, il est vrai, de l’effroi que lui avait causé la parole du Seigneur concernant l’arrivée des Chaldéens, effroi tel qu’il en était devenu comme un homme mort ; mais maintenant il sait que, comme un homme de foi, il n’a qu’à attendre patiemment à travers un temps de discipline, persuadé que la fin en sera le salut de Dieu. Et, plein de joie dans cette assurance, il chante au maître chantre sur l’instrument à dix cordes. De même que Josaphat commença la bataille, le chant de victoire sur les lèvres, Habakuk entre maintenant dans le temps de la vision ou de l’exercice de la foi et de la patience, dans la joie du Seigneur, et avec un cantique composé pour un jour de gloire.
Là-dessus, nous pouvons répéter encore que l’état des choses de nos jours nous place bien dans une position pareille à celle d’Habakuk. L’homme de Dieu regarde autour de lui et n’aperçoit dans la chrétienté que des choses propres à blesser la sainteté et à affliger l’âme juste. Mais tout en ressentant cela, il ne peut que plaider pour le peuple, de même qu’Habakuk, et comme lui aussi, se tourner vers Dieu avec ses fardeaux et ses espérances. Mais le croyant d’aujourd’hui possède un privilège de plus que notre prophète : ayant reçu une plus complète instruction de Dieu, il ne demande plus un temps de rafraîchissement, car il sait qu’il y en aura un ; il sait que les jugements qui approchent, beaucoup plus solennels que ceux qui allaient être amenés par le moyen des Chaldéens, vont purifier la terre de tout scandale, faire disparaître tout ce qu’il y a en elle de corrompu, et ainsi être un moyen de salut et non de destruction. Il sait que sa condition finale sera plus glorieuse et plus bénie que celle de son commencement, car « la création elle-même sera affranchie de la servitude pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu ». De sorte que ce ne sera pas seulement le rétablissement de ce qu’était Israël, ou la terre, dans l’origine ; mais pour eux, comme pour Job, leur dernière fin sera plus bénie que leur commencement.
Je désire ajouter un mot d’une portée pratique sur l’expérience que fit Habakuk, et qui fut si bénie à la fin : « Je me réjouirai en l’Éternel », dit-il, quoique « le figuier ne doive point pousser et qu’il ne doive point y avoir de fruit dans les vignes ».
La gloire que Dieu cherche de notre part, pécheurs, ruinés que nous sommes par nous-mêmes, c’est de nous voir vivre heureusement dans Son amour par Jésus. Et réaliser cette vie heureuse, comme le faisait Habakuk en dépit des circonstances contraires, rend notre service et notre culte d’autant plus excellent, quoique assurément ce soit le fruit de Sa grâce et de Son œuvre en nous.
L’homme cherche à vivre agréablement, mais il ne s’occupe pas de vivre heureusement. Il voudrait bien vivre gaiement, ou au milieu de circonstances favorables ; mais quant à vivre heureusement, ou dans la faveur de Dieu, à la lumière de Sa face, dans la conscience de Son amour et avec l’espérance de jouir de Sa présence dans la gloire, il ne s’en soucie pas. Et c’est un effet de l’œuvre de Dieu dans le cœur et la conscience lorsque l’homme se sonde, et qu’il cherche à cesser sa vie de plaisirs pour mener une vie heureuse, mettant sa vie uniquement dans la circonstance la plus importante de toutes, c’est-à-dire, dans sa relation avec Dieu, ayant découvert par grâce que cette relation lui est assurée à toujours par le moyen de la précieuse réconciliation que le sang de Christ a opérée pour lui.
Permettez-moi d’ajouter encore un autre mot sur ce que dit le Seigneur au sujet des Chaldéens (2, 14) : « Mais la terre sera remplie de la connaissance de la gloire de l’Éternel comme les eaux comblent la mer ».
L’orgueil de l’homme, qu’il s’agisse d’un Chaldéen ou de tout autre qui aspirerait à réaliser l’empire universel, a toujours été et sera encore confondu et jugé. Cette domination est réservée pour Jésus « le Seigneur », et pour Lui seulement. Il sera élevé au-dessus des rois de la terre, et son royaume s’étendra depuis une mer jusqu’à l’autre et depuis le fleuve jusqu’aux bouts de la terre. Ni l’incrédulité passée ou présente de Son peuple, Israël, ni les desseins et les efforts des Gentils ne pourront empêcher cela (voy. Nomb. 14, 21 ; Hab. 2, 14). Elle aura son accomplissement dans les jours de paix qui approchent, où le sceptre sera dans les mains du roi qui régnera en justice (És. 11, 9).
Les peuples travailleront pour cela, mais ils se fatigueront « très inutilement » (2, 13). Mais Jésus l’obtiendra. « Béni soit éternellement le nom de sa gloire, et que toute la terre soit remplie de sa gloire. Amen ! oui, amen ! » (Ps. 72, 19).