Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 22

De mipe
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Le 18 décembre 1828
Mon cher Monsieur,

Je vous envoie ce que je vous avais promis. Je joins à cet envoi un sermon qui a été écrit de mémoire par une dame qui ne les défigure pas comme moi. On y trouve quelques pensées consolantes. Les leçons que Dieu nous donne, et les coups de verge dont Il nous frappe, sont pour nous un enseignement bien différent de tout ce que nous pouvons recevoir de l’homme. Une vérité qui nous est devenue familière et que nous sentons en quelque mesure, s’empare de nous avec force lorsqu’elle nous est enseignée par l’expérience. Si mes regards se portent d’une année en arrière, combien ces paroles « tout est vanité » me paraissent sérieuses ! Ce n’est plus simplement une manière de parler. En buvant à la coupe amère appelée « légère affliction », on sent avec une puissance qu’aucune langue ne pourrait rendre ce que doivent être les souffrances de l’enfer ; car la douleur la plus vive n’en est qu’une étincelle ; on sent aussi ce qu’est le péché, ce qu’est la folie du monde, ce que sont les souffrances de Christ, ce qu’est le bonheur des cieux, ce qu’est la haine de Dieu pour le péché et Son amour pour le pécheur. Oh ! puisse-t-Il tellement briser le monde sous mes pieds, que je sois plus jamais arrêtée ou embarrassée par aucune de ses frivolités ; puisse-t-Il me tenir si étroitement unie à Lui, qu’aucun nuage ne trouve assez d’espace pour passer entre moi et la lumière de Sa face ! Puisse-t-Il nous enseigner la leçon si difficile que « Christ est tout » ! Je remplis le reste de mon papier d’un court extrait d’une lettre que j’ai reçue de M. Howels ; je crois qu’il vous fera plaisir.

Votre sincère et reconnaissante amie,

T.A. Powerscourt



Après avoir parlé sur cette prière du Seigneur : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font », il ajoute : Vous et moi nous sommes intéressés immédiatement dans la prière de Jésus, « Père, pardonne-leur ». C’est en réponse à cette prière que la miséricordieuse providence a veillé sur nous pendant que nous étions dans le péché, dans l’ignorance et dans la mort. C’est en réponse à cette prière que « nous avons été délivrés de la puissance des ténèbres et transportés dans le royaume du Fils bien-aimé de Dieu ». Et Celui dont l’amour fut si grand, qu’Il pria avec ardeur pour Ses ennemis et pour Ses meurtriers au milieu de Ses amères souffrances, oublierait-Il Ses amis, maintenant qu’Il est assis sur le trône de la gloire ? Impossible ! « Nous avons un avocat auprès du Père, savoir, Jésus Christ le juste ». Dans Son intercession se trouve tout l’amour de Sa divinité, toute la valeur de Son expiation et toutes les sympathies de Son humanité, et elle fait sans cesse retentir aux oreilles de Dieu le Père ces paroles : « Père, pardonne-leur ».