Messager Évangélique:Amitié
Le Seigneur Jésus parle de ce privilège comme appartenant à Ses saints par les divines richesses de la grâce, lorsqu’Il dit : « Je ne vous appelle plus esclaves, car l’esclave ne sait pas ce que son maître fait ; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai ouï de mon Père » (Jean 15, 15).
Cette amitié, cette communication des secrets, donne une idée étonnante de bienveillance, de confidence et d’intimité. Quand nous prions, nous sentons que nous avons besoin de quelque chose ; quand nous servons ou que nous adorons, nous sentons que nous devons quelque chose à Dieu — ou du moins qu’Il en est digne ; — mais quand nous recevons des communications — non pas des commandements comme de la part d’un maître, mais des communications comme de la part d’un ami — nous écoutons, sans nécessairement nous préoccuper de notre propre condition, libres de tout sentiment de besoin ou d’obligation. L’attitude qui nous convient alors, c’est d’être assis — non pas debout, comme Marthe, pour servir ; ni à genoux, comme Marie, pour adorer ; mais comme Lazare, assis (Jean 12).
Les inspirations d’un prophète ne sont pas de la même nature que les communications que reçoit un ami ; elles n’impliquent pas la même proximité ou la même dignité. Un prophète reçoit une inspiration en qualité de vaisseau ou d’oracle, et il se peut qu’il ne la comprenne pas, comme il se peut qu’il la comprenne ; un ami apprend les secrets sur le pied de la confiance personnelle.
Selon la grâce et l’appel de Dieu, tous les élus, je le reconnais, sont honorés de ce privilège ; mais je crois que, parmi eux, Abraham, Moïse, David et Jean le possédaient d’une façon toute particulière : ils en sont l’illustration.
Ce que l’Éternel allait faire touchant Sodome fut déclaré à Abraham : « Cacherai-je à Abraham ce que je m’en vais faire ? » dit l’Éternel ; puis Il lui fait part de ce qui L’amenait à Sodome (Gen. 18).
Quel moment solennel que celui-là ! L’Éternel était venu à la tente d’Abraham à Mamré, et là s’était assis à sa table et à son festin. Le juge de Sodome conversait avec le vainqueur de Sodome ; le divin juge de cette cité vile et réprouvée, avec celui qui en avait déjà, par la foi et par la victoire de la foi, repoussé toutes les offres. Je le répète, quel moment ! Et dans la confiance que tout cela inspirait, Abraham s’approcha et se tint devant l’Éternel, tandis que les anges serviteurs se retiraient et continuaient leur chemin.
Voilà ce qui est vraiment plein de bénédiction. Et il en fut de même de Moïse en son temps ; car nous lisons : « Et l’Éternel parlait à Moïse face à face, comme un homme parle avec son intime ami » (Ex. 33, 11).
C’est merveilleux ! L’Éternel agissait envers Moïse comme un homme agit envers son ami. Il parlait avec lui (voyez v. 9). Ce qu’Il disait ne nous est pas rapporté, parce que l’objet du passage est plutôt de présenter la grâce de cette intimité, ou de cette amitié divine, que de nous fournir des détails. Mais nous voyons dans l’usage que Moïse fait de cette gracieuse confidence, l’usage même qu’en avait fait Abraham autrefois. Il parle des autres à l’Éternel, tout comme Abraham l’avait fait. Il plaide en faveur d’Israël, ainsi que le patriarche avait plaidé en faveur de Sodome. L’Éternel s’était approché de Moïse en qualité d’ami ; Il ne recevait pas Moïse comme un solliciteur ou un débiteur : il convenait donc que Moïse occupât cette position et profitât de ce moment d’une façon qui montrât qu’il n’était nullement préoccupé de lui-même.
Et je puis dire que jamais Moïse ne fut plus près de l’Éternel, pas même lorsque, sur la montagne du Pisga, Dieu lui montrait le pays dans toute sa longueur et dans toute sa largeur. De fait, les deux endroits étaient moralement d’égale élévation pour Moïse ; car dans l’un et dans l’autre, l’Éternel conversait avec lui. Ici, Il « parlait » avec lui ; à Pisga, Il lui « montrait ». En esprit, c’était la même place, et la plus élevée, pareille à celle occupée plus tard par Élie sur la sainte montagne — car là, comme nous le lisons encore, ils « parlaient avec Jésus » (Luc 9, 30).
Il en fut de même de David, ainsi que nous le voyons en 1 Chroniques 17. David était un repentant, se couvrant d’un sac au temps du châtiment, et montant par la montée des Oliviers, la cendre sur sa tête, au temps de la révolte d’Absalom. Il était un adorateur, chantant et dansant lorsque l’arche de l’Éternel était transportée à Sion. Mais David était aussi un ami, comme avaient été Abraham et Moïse. Il reçut par Nathan des communications de l’Éternel ; et alors, comme quelqu’un que le Seigneur, dans les voies de Sa grâce, avait ainsi privilégié, « il entra », lisons-nous, « et s’assit devant l’Éternel » (2 Sam. 7, 18). Ceci encore est vraiment beau et merveilleux, mais en même temps bien convenable. Se tenir debout ou s’agenouiller, dans cette circonstance, n’aurait pas été de l’obéissance ni de la sainteté — car la sainteté consiste à être conséquent avec Dieu : — s’Il « chante des complaintes » nous devons « pleurer » ; s’il « joue de la flûte » nous devons « nous réjouir » ; s’Il nous reprend et nous châtie, nous pouvons nous couvrir d’un sac devant Lui ; mais s’Il agit avec nous face à face, comme un homme parle à son ami, nous pouvons et devons nous asseoir devant Lui.
Mais encore, Jean était le plus près de Jésus au dernier souper ; il était couché sur Son sein. Aussi ce fut lui qui obtint les secrets du cœur de son Maître. Pierre, à distance, se servit de la proximité de Jean, et le Seigneur admit le droit qu’il y avait, et lui en donna la prérogative. Jean pressa de nouveau le sein de Jésus, ayant, comme un Abraham ou un Moïse, la confiance que le secret qui y était renfermé lui serait communiqué (Jean 13, 25).
Assurément, tout ceci nous parle de la grâce particulière, liée à cette relation d’amis, à laquelle le Seigneur a appelé Ses saints. Et nous voyons les saints glorifiés dans l’entière jouissance et la pleine joie de ce privilège ; car sur la sainte montagne (à laquelle j’ai déjà, en passant, fait allusion), Moïse et Élie « parlaient » avec Jésus. Participants de la gloire, ils en connaissaient les privilèges, tandis que Pierre, la contemplant, en éprouvait la puissance, disant : « Maître, il est bon que nous soyons ici ».
Ce n’est pas pour présenter quelque chose d’étrange ou de frappant que je m’étends sur ce sujet, mais plutôt pour aider les âmes à s’assurer de cet amour dont les élus sont aimés — amour qui nous place dans une position où, oubliant tout à la fois notre besoin et notre obligation, sans nous agenouiller pour supplier, ni nous tenir debout pour servir, nous pouvons nous asseoir pour écouter et recevoir des communications, comme un ami à qui parle son ami. Et quand nous voyons que c’est là une des voies de Sa grâce, nous pouvons bien sentir combien nos cœurs sont tardifs à croire ; mais nous ne pouvons pas ignorer que nous sommes en possession, de la part de Dieu, d’un amour qui surpasse toute connaissance.
Ici, j’ajouterai que ce privilège dont nous parlons, ou cette grâce de l’amitié, est éminemment nôtre, comme on le voit si clairement dans l’apostolat de Paul. Paul fut initié au secret qui avait été « caché en Dieu » avant que le monde fût, au mystère de Sa volonté selon Son bon plaisir, lequel Dieu s’était proposé en Lui-même (Éph. 1 ; 3). Et ceci n’était pas seulement de l’inspiration comme chez un prophète ; c’était une divine communication comme à un ami. Paul connaissait le secret, et le connaissait pour lui-même. C’était là une faveur plus grande que celle qui appartenait à un prophète. C’était l’ancien privilège des élus, privilège que nous venons de considérer, mais s’élevant aux rapports avec l’Église ou à sa plénitude. En Paul, et ainsi en nous, ce privilège nous place dans une particulière et excellente intimité. « Nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté selon son bon plaisir, lequel il s’est proposé en lui-même ». Et, en conséquence, nous sommes « assis », comme David autrefois, ou comme Lazare de Béthanie, mais c’est « dans les lieux célestes en Christ Jésus » (Éph. 2, 6).
Voilà qui est des plus précieux. L’amitié, ainsi que nous l’avons vu, est une nouvelle forme de la grâce. Elle a fait partie des privilèges des élus dès le commencement. Mais pour nous, elle a cette élévation particulière, qui distingue tout ce qui concerne l’Église.