Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 11
… Je pensais que la mort du cher … serait pour moi en grande bénédiction, et je crains qu’elle ne m’ait enseigné uniquement que tel n’est pas de toute nécessité le résultat de l’épreuve. Je ne répéterai pas ce que le Seigneur a déjà si hautement proclamé en m’envoyant douleur sur douleur : c’est que, si personne n’a plus besoin d’épreuves que moi, personne n’a un aussi grand besoin de la Bible que moi. Oh ! qu’Il m’enseigne à en faire un meilleur usage ! Il ne faut rien moins que la puissance de Dieu pour soumettre notre volonté ; et quoiqu’il nous soit souvent difficile d’être satisfaits des circonstances, nous avons encore plus de peine à nous résigner à être ce que nous sommes, à n’être que comme l’argile entre les mains du potier, nous laissant façonner pour l’usage du Maître exactement comme Il l’entend, puis à être contents du bien et du mal, sachant que, s’Il a commencé en nous une œuvre de grâce, Il est puissant pour l’achever. Comment pourrions-nous prendre notre parti de déshonorer si souvent Celui que nous adorons, et de perdre si souvent, par notre folie ou par notre négligence, la présence de notre Dieu, que nous estimons cependant comme le plus grand des biens ! Il nous est très pénible d’être dominés par le moi, de nous surprendre encore plaçant et adorant Dagon dans le temple de notre bien-aimé Sauveur, et d’en être obsédés partout où nous allons. Je crois qu’une des parties essentielles de notre bonheur dans l’éternité consistera à en avoir fini avec notre misérable moi pour être remplis de Dieu qui sera tout en tous.
… Ce lieu-ci a subi bien des changements pendant les deux dernières années. Les visites des saints, des bien-aimés du Seigneur m’y étaient plus précieuses que je ne saurais l’exprimer, et cette bénédiction m’aidait à supporter mes épreuves. Cependant pour le chrétien il y a toujours un mais. Mais maintenant j’espère que je serai aidée et réjouie par l’attente de l’arrivée de Celui en qui « tout est aimable » ; et que je serai soutenue par l’intérêt qu’Il prend à tout ce qui me concerne. Mon unique ambition est de vivre pour Lui, d’être une lampe ardente et brillante à la gloire de Son nom, et de Le glorifier dans mon corps aussi bien que dans mon esprit qui Lui appartiennent l’un et l’autre, et qu’Il a achetés par prix. Bientôt nous Le posséderons en réalité ; bientôt nous jouirons de la compagnie des justes rendus parfaits, et nous pourrons peut-être leur raconter comment chaque tempête d’affliction humaine a poussé notre nacelle vers le port.
Je suis bien égoïste lorsque je vous écris ; je m’imagine toujours que vous vous intéressez spécialement à l’état spirituel de tous les membres de votre troupeau. Ne tardez pas, je vous prie, à me répondre, et ne pensez pas que vous perdiez votre temps quand vous le faites. J’espère que votre gorge va mieux. Vos afflictions ne sont pas un privilège pour vous seul, elles sont aussi pour notre consolation et pour notre salut. Mes amitiés à tous ceux qui se souviennent de moi.
- Croyez-moi, mon cher Monsieur, votre sincèrement affectionnée
T.A. Powerscourt