Livre:Études sur la Parole — Les épîtres

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destinées à aider le chrétien dans la lecture du saint LivreJ.N. Darby

Dans les épîtres, nous trouvons l’exposé du résultat de cette œuvre glorieuse de la grâce, par laquelle l’homme, participant à la vie divine, est placé sur un terrain entièrement nouveau avec Dieu, étant réconcilié avec Lui ; nous y trouvons en même temps le développement des conseils de Dieu dans le Christ, selon lesquels le monde nouveau, dont Christ est le centre et le chef, est établi et ordonné. En donnant ainsi l’exposé des voies de Dieu en rapport avec l’œuvre qui fait la base de ces voies, l’efficace parfaite de l’œuvre elle-même et l’ordre de nos relations avec Dieu sont clairement mis en évidence ; de sorte que tout le système, tout le plan de Dieu, et la manière par laquelle ce plan a été mis à exécution, sont présentés ; et en faisant cet exposé, les épîtres constatent clairement ce qu’est l’homme, ce que Dieu est, ce qu’est la vie éternelle.

La mort et la résurrection de Christ, ainsi que Son élévation à la droite de Dieu, forment le centre de tout cet enseignement.

Il y a, dans cet enseignement, trois grandes divisions, se rattachant en général chacune à l’instrument qui est employé de Dieu pour communiquer chaque partie. D’abord les conseils de Dieu sont développés par Paul en rapport avec la révélation de la vraie justice devant Dieu, c’est-à-dire du fondement sur lequel un homme peut être vraiment juste devant Dieu : c’est-à-dire la justice de Dieu, l’homme étant un pécheur. En second lieu la vie de Dieu nous est présentée, la vie éternelle manifestée et communiquée ; c’est le sujet de l’épître de Jean[1]. En troisième lieu, la vie chrétienne sur la terre, en suivant Christ ressuscité, est dépeinte dans les épîtres de Pierre en rapport avec le gouvernement divin du monde, comme tel, et le chrétien est présenté comme pèlerin. Il y a en outre les épîtres de Jacques et de Jude. Jacques présente la vie morale — la vie de foi sur la terre — comme vraie démonstration de leur foi aux hommes, et en particulier de la foi pratique en Christ aussi bien qu’en Dieu, qui répond à nos requêtes et à nos besoins. C’est pourquoi, tout en reconnaissant clairement et distinctement la foi en Christ et le fait d’être engendré par la puissante grâce de Dieu, par la parole de la vérité (1, 18), Jacques ne s’élève guère de fait au-dessus de la vie telle qu’elle a pu se manifester et se développer dans un fidèle en quelque temps que ce soit ; seulement le chrétien né de Dieu est maintenant pour lui l’exemple de cette vie qui est ainsi la loi de la liberté, parce que la nouvelle nature et la volonté de Dieu sont d’accord et que toutes deux ont été pleinement révélées en Christ. Ainsi l’épître de Jacques se rattache à la synagogue, et à des chrétiens encore en relation avec le judaïsme, tels que nous les avons vus historiquement, et Jacques à leur tête, à Jérusalem. L’épître ne dépasse pas cette position ; elle est en même temps le dernier témoignage rendu à Israël, considéré comme peuple de Dieu. Elle met en évidence, toutefois, le résidu régénéré qui croyait en Christ, bien que ceux qui en faisaient partie ne fussent pas encore séparés du peuple. Nos habitudes de penser, fondées non pas sur une loi imposée, mais avec raison sur un développement beaucoup plus complet du christianisme (sur un développement qui était la manifestation de conseils beaucoup plus anciens que l’existence du peuple juif, car ils étaient les conseils éternels de Dieu), nous rendent la forme de la vérité présentée par Jacques difficile à saisir — forme mettant, à cause des promesses faites à Israël, cette vérité en rapport avec ce qui en était historiquement le berceau ici-bas. Si nous avons bien compris l’histoire des Actes, elle rendra beaucoup plus intelligible pour nous la position des fidèles, telle que nous la trouvons dans l’épître de Jacques. Cette épître qui réprouve une profession sans vie est, sous ce rapport, de la plus haute valeur.

Jude a un tout autre caractère : ce n’est pas le berceau du christianisme, ou de l’Église sur la terre, que nous trouvons dans cette épître, c’est sa décadence et sa mort ici-bas : la chrétienté n’a pas gardé son origine. Cette épître de Jude se rapproche d’une partie de la seconde de Pierre ; mais cette dernière parle du jugement amené par le gouvernement général de Dieu ; Jude de la chute de ce qui existe actuellement, depuis la Pentecôte, sous les yeux de Dieu, comme responsable du maintien de la gloire de Sa grâce sur la terre. Cette chute, selon le témoignage prophétique de Jude, amène à l’égard de l’état actuel des choses, le jugement dont Pierre parle et dont il continue l’histoire jusqu’à la dissolution de la terre et de ses éléments. Le mal qui déjà, dans son premier germe, commençait à poindre, donnait lieu à ce développement de Jude et à la distinction de la vraie Assemblée, ou du moins de ses membres qui seront présentés en gloire devant la présence du Seigneur dans le ciel. L’épître aux Hébreux envisage les saints sur la terre, rendus parfaits quant à leur acceptation, par l’œuvre de Christ, et ayant ainsi une pleine liberté pour entrer dans le lieu très saint — mais le croyant nous est présenté comme marchant dans l’infirmité sur la terre et non comme uni à Christ dans le ciel. C’est pourquoi cette épître montre la sacrificature de Christ pour nous obtenir la grâce et le secours au moment opportun et comme paraissant toujours en la présence de Dieu pour nous. Ce n’est pas l’intercession de Christ au sujet de nos péchés, car dans cette épître nous n’en avons plus « aucune conscience », mais c’est la grâce et le secours dont nous avons besoin dans l’état de faiblesse où nous sommes ici-bas. La personne de Christ, comme Dieu et homme, est aussi mise en relief d’une manière remarquable dans cette épître.

L’étude des épîtres elles-mêmes nous fournira un développement plus complet et plus précis de toutes ces choses.

Nous nous occuperons d’abord des épîtres de Paul. Eu égard au caractère historique de leur doctrine, c’est-à-dire, quant aux progrès de la manifestation des conseils de Dieu dans toute leur étendue, celles de Jacques et de Pierre devraient les précéder ; mais les épîtres de Paul, développant les fondements de la vérité et en exposant la portée comme ensemble, ont évidemment la première place et font comprendre celle qui appartient aux autres.

L’épître aux Romains en particulier constate les grands fondements de la vérité divine et des relations individuelles avec Dieu, de la manière la plus claire et la plus complète, de sorte que nous n’avons aucun motif pour nous écarter de l’ordre dans lequel nous trouvons les épîtres dans le Nouveau Testament. Il n’y a rien, d’ailleurs, dans cet ordre, qui se rattache, quant à ses détails, à une raison morale ou chronologique, aussi diffère-t-il selon les pays et les versions ; mais il sera très convenable, comme je viens de le dire, d’étudier les épîtres dans l’ordre dans lequel nous les trouvons dans les versions les plus répandues. Dans l’examen de chacune d’elles, nous pourrons remarquer ce qui sera intéressant à l’égard de son caractère spécial, sous le rapport du développement de la doctrine.

Il est probable que d’entre les épîtres de Paul, celle aux Thessaloniciens a été écrite la première ; celle aux Galates a une date moins certaine : mais elle a été écrite par l’apôtre après plusieurs années de travaux ; la première et la seconde aux Corinthiens et celle aux Romains ont été écrites à Éphèse, en Macédoine et à Corinthe respectivement, pendant le voyage que fit Paul autour de l’archipel après un long séjour à Éphèse ; enfin, les épîtres aux Éphésiens, aux Philippiens, et aux Colossiens, ont été écrites pendant la captivité de l’apôtre. Je réserve les autres, y compris l’épître aux Hébreux, pour l’étude même de ces épîtres, indiquant seulement ici ce qui peut être utile à savoir quant à celles dont les dates sont à peu près certaines. Ajoutons seulement encore que l’épître de Jean ne se rattache guère à une époque particulière, sauf que, en constatant la nature et le caractère de la vie de Dieu, soit comme pierre de touche de toute profession, soit comme garantie contre toutes les erreurs qui ne portaient pas l’empreinte de cette vie, et contre toutes les prétentions qui, en étant dépourvues, se trahissaient par ce fait même, cette épître suppose que les erreurs auxquelles elle fait allusion sont déjà introduites au milieu des chrétiens, et elle appartient ainsi aux dernières années du siècle apostolique. En effet, c’est plus ou moins le cas de toutes les épîtres appelées catholiques, parce qu’elles ne sont adressées à aucune assemblée particulière, comme le sont les épîtres du « sage architecte » Paul. Dans ces dernières, nous trouvons, sans doute, dès le début, des prophéties au sujet du mal et la constatation que le mystère d’iniquité opérait déjà ; mais les épîtres catholiques nous placent sur ce terrain même. Jude nous parle de la corruption qui est entrée parmi les chrétiens, Jean des apostats qui sont sortis du milieu d’eux.

Considérons maintenant un peu les épîtres de Paul. Elles ont plus d’un caractère, mais toutes nous font connaître chez l’apôtre un esprit doué d’en haut, capable de parcourir à la fois le vaste domaine des pensées de Dieu et d’entrer avec une énergie merveilleuse jusque dans chaque détail de la vie individuelle ; sachant se placer exactement, pour manifester la grâce, dans les relations d’un esclave fugitif avec son maître, et mettre en évidence, avec une clarté divine, tous les conseils par lesquels le Père glorifie le Fils, en faisant de Lui le centre de tous Ses desseins, du système qui résulte de l’exercice de toute Sa puissance.

La sollicitude pour les assemblées, le développement des conseils de Dieu, l’exercice de l’affection fraternelle, ont chacun leur plan dans ses pensées et dans ses travaux — d’autre part, il est souvent forcé de développer la vérité en combattant l’erreur dont son cœur est déchiré, soit qu’il pense à Christ que ces gens déshonorent, ou à la vérité, instrument du salut, sapée par eux, soit enfin qu’il se souvienne des chers rachetés du Seigneur qui sont troublés, ou détournés du bon chemin par ces faux docteurs.



  1. Les épîtres de Paul présentent l’homme à Dieu, en Christ et par Christ. L’évangile de Jean présente Dieu en Christ à l’homme. Les épîtres du même apôtre nous montrent la vie divine en Christ, communiquée au croyant ; bien que Paul, sans doute, parle aussi de la vie, et Jean, de l’homme comme étant en Christ devant Dieu. Ajoutons encore, comme sujet de l’évangile de Jean, la venue du Consolateur. Le lecteur remarquera aussi que l’évangile de Jean nous présente la chose nouvelle qui remplace le judaïsme, surtout au chapitre 4. La vérité de l’élection, très fortement exprimée, court à travers tout cet évangile. Les évangiles synoptiques présentent Christ aux Juifs, à l’homme, pour être reçu ; mais, dans l’évangile de Jean, le monde et les Juifs sont jugés dès le début (1, 10, 11). Dès ce moment-là, le résidu élu par la grâce — les brebis seules — est reconnu et les Juifs sont traités comme réprouvés.