Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 73
- Ma bien chère amie,
Je crains de ne pouvoir aller jusqu’à vous maintenant, et comme je dois partir lundi prochain, je ne vous propose pas de venir ici, quoique j’eusse été bien heureuse de vous voir. Qu’est-ce que vous avez à me dire ? J’aimerais beaucoup savoir tout ce qui vous concerne les uns et les autres. Je suis réjouie dans la pensée que le Seigneur n’attend pas de nous un grand courage, mais bien plutôt que nous nous reposions sur Lui, quand nos cœurs sont sans force, afin qu’Il se glorifie dans notre faiblesse. Si notre chair et notre cœur sont consumés, Il prend plaisir à manifester dans notre infirmité la perfection de Sa force. Oh ! sachons seulement Lui tout donner. Cette dispensation est contenue tout entière dans ce petit mot tout. Le tout de Dieu, c’est Lui-même, le ciel et la terre. Notre tout à nous, ce sont deux pites.
N’est-ce pas une chose étrange que je sois encore ici, et que cette amie ait été prise ? Cela me fait désirer de m’en aller aussi. Nous avons été comme deux sœurs pendant toute notre vie. Quelque chose semble me dire que je ne devrais pas être ici ; cependant je suis plus près d’elle, plus en communion avec elle que lorsqu’elle était sur la terre, car nous pouvons être ensemble en dedans du voile. Alors il y avait deux corps pour nous entraver, maintenant il n’y en a plus qu’un. Je vis où elle est ; en restant dans la maison du Père, je suis avec elle ; je la vois comme une plante étrangère à la terre, et je dois me préparer à la rejoindre. L’apôtre nous enseigne un grand secret, quand il nous dit qu’il oubliait les choses qui était en arrière. Demeurer au milieu des choses qui sont en arrière, c’est s’asseoir dans les jardins enchantés de Satan, c’est vivre selon la chair. Dans le combat qui est devant nous, il n’y a point de lieu de repos ; il faut tendre en avant vers le but, se fatiguer, et cependant poursuivre. Je me sens pressée de courir vers le but, comme jamais je ne l’ai été auparavant. Le temps est si court ; ne le perdons pas à regarder en arrière, plus tard nous aurons assez de temps pour cela. Nous avons été appelés des cieux à nous consacrer au service de notre Seigneur. Nous vivons dans un temps où Jésus est malheureusement déshonoré par la tiédeur de Ses enfants. Nous craignons d’être des chrétiens décidés. Oh ! n’écoutons aucune prudence humaine, car il est question de sortir violemment l’Église hors du monde, et de travailler avec ardeur, comme aux jours d’Esdras. La patience de Dieu a été grande. Nous avons parlé assez longtemps ; c’est maintenant le temps d’agir, ou jamais. Il nous suffit du temps passé de notre vie, pour avoir marché selon le train de ce monde, ou pour avoir cherché à le sanctifier. Maintenant nous sommes appelés à rendre témoignage contre le monde, et à dire qu’il est plongé dans le mal.