Traduction:Aimez vos ennemis
Traduit de l’anglaisW. Kelly
[Bible Treasury N4, p. 355-356]
Cette parole de notre Seigneur réclame notre plus sérieuse attention ; car elle est aussi étrangère aux sentiments des hommes dans la chrétienté, qu’aux disciples juifs. Mais il n’y a rien là qui dépasse la parole du commencement du Christ, rien qui suppose l’œuvre de la rédemption accomplie, ou le Saint Esprit donné au croyant. Et pourtant, la présence du Seigneur n’a pas manqué d’apporter des changements.
« Vous avez ouï qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, en sorte que vous soyez les fils de votre Père qui est dans [les] cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et envoie sa pluie sur les justes et sur les injustes » (v. 43-45).
C’est en vain que certains essayent d’imprimer ces paroles de Christ sur les hommes en général, sur ceux qui ne sont pas nés de Dieu. Le langage assume ici que ceux à qui ces paroles sont adressées, croyaient en Christ, et avaient une nouvelle vie de l’Esprit comme étant nés de nouveau. Mais il n’en est pas ainsi dans notre pays, ou dans quelque autre, même s’il est favorisé par la possession d’une Bible ouverte. Cependant, l’orateur divin tient pour acquis ce qui était vrai alors, et l’est toujours, que la masse des hommes, les nations (et les Juifs sont au moins aussi mauvais qu’elles), recherchent ce qui se rapporte à cette vie, manger, boire, se vêtir, l’argent, les aises, l’honneur : le baptême, ou la profession de Christ, n’en est en aucun cas une délivrance ou un allègement. C’est pourquoi Il avertit que large est la porte et spacieux le chemin qui mène à la perdition, et nombreux sont ceux qui y entrent ; et qu’étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la vie, et peu nombreux ceux qui le trouvent. C’est donc une erreur complète et dangereuse que de négliger ainsi l’état de ruine existant de l’homme.
Mais d’autres, qui semblent conscients de l’incapacité de l’homme à obéir à la loi de Dieu, et se sont habitués à considérer que même les croyants, comme Israël autrefois, sont condamnés à faillir sous la loi, concluent naturellement que des exigences telles que celles auxquelles le Seigneur exhortait sur la montagne, sont impossibles pour l’homme, et condamnent encore plus que les dix commandements du Sinaï. Ils demeurent donc, comme le croyant en Romains 7, accablés en se voyant eux-même lutter contre le mal de leur vieille nature, et ignorants de la grâce qui affranchit dans la puissance d’un Christ mort et ressuscité, ne pouvant que crier : « Misérable homme que je suis ! qui me délivrera de ce corps de mort ? ». D’où la tendance à rabaisser les paroles de notre Seigneur dans ces trois chapitres, ou même à nier qu’elles ont actuellement une revendication vivante sur le saint. D’autres encore prétendent qu’elles sont juives et ne concernaient que les disciples quand le Seigneur était présent dans les jours de Sa chair. Elles sont bien, en réalité, Ses paroles aux hommes enseignés de Dieu, et avec une nouvelle vie qui désire et se plaît à marcher selon Sa volonté révélée.
Aimer nos ennemis, prier pour ceux qui nous persécutent, est entièrement au-dessus de la loi ou du devoir d’un peuple dans la chair. Un Édomite ou un Égyptien ne devait pas être détesté, et leurs enfants pouvaient entrer dans la congrégation de l’Éternel à leur troisième génération ; un Ammonite ou un Moabite, seulement à la dixième génération, comme un bâtard. Mais Christ a introduit la grâce et la vérité. Dans la lumière du Fils de l’homme, tous étaient perdus, même les brebis d’Israël. Comme Il était venu pour chercher et sauver ceux qui étaient perdus, ceux qui étaient siens devaient aimer leurs ennemis et prier pour leurs persécuteurs. C’était l’esprit du ciel pour Ses saints sur la terre, applicable à eux, et à nul autre. Ils reçoivent la vie, Sa vie, en Le recevant, et sont ainsi appelés à la manifester. C’est tout aussi impératif maintenant que quand le Seigneur parlait ainsi ; et Sa résurrection l’a rendu plus clair et plus fort, comme le Saint Esprit lui a donné puissance, quand Il a été donné. C’est ainsi que les disciples devaient être les enfants de leur Père dans les cieux.
Quel renégat, si ce n’est de Christ, du moins de Ses paroles et de Sa volonté, que quelqu’un qui, portant Son nom, cherche à gâcher un appel aussi clair ! Ils ne peuvent l’éviter, s’ils justifient les voies de la chrétienté, là où le monde dirige et où la langue est l’asdodien, là où les hommes manquent de montrer le nom de leur Père, et se vantent de comprendre toute la multitude mélangée. Car il s’agit maintenant d’une question bien plus grande que d’Israël, et d’une séparation plus profonde et plus proche de Dieu. C’est le véritable appel actuel de la grâce, inaliénable du chrétien s’il est loyal au Seigneur. Car nous sommes tous fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus (Gal. 3, 26). Si nous avons la relation et le titre, nous ne pouvons nous dégager de la responsabilité. Oui, ce serait faire violence à notre nouvelle nature divine (2 Pier. 1, 4).
C’est pourquoi, efforçons-nous de garder le caractère de la famille. Notre Père qui est aux cieux ne fait-Il pas lever Son soleil sur les méchants et sur les bons ? N’envoie-t-Il pas la pluie sur les justes et sur les injustes ? Si nous sommes Ses enfants, ce n’est pas de la présomption de chérir des sentiments plus élevés que la nature humaine ; c’est notre nouvel état, et ce devrait être nos délices. La grâce seule peut le faire réaliser. Mais Christ a pourvu à tout ce qui est nécessaire et efficace dans ce but ; et le Saint Esprit est là pour y veiller et pour nous guider vers la gloire de Christ.
Ne vous y trompez pas, bien-aimés frères dans le Seigneur. L’ennemi est actif sans répit, et ne réussit que trop. Celui-ci est mon Fils bien-aimé, dit le Père ; écoutez-le. Qu’est-ce que la balle par rapport au blé ? Il ne suffit pas d’avoir la vie en Lui, et que nos péchés soient pardonnés par Son sang. Nous sommes appelés à entendre Sa voix et à Le suivre, séparés du monde qui a crucifié le Seigneur de gloire.