Messager Évangélique:La rédemption

De mipe
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Nous lisons au chapitre 14 de l’Exode (v. 8-11) que les Israélites étant sortis d’Égypte, furent poursuivis par les Égyptiens, par Pharaon, ses chars, ses gens de cheval et toute son armée. « Et lorsque Pharaon se fut approché, les enfants d’Israël levèrent leurs yeux, et voici, les Égyptiens marchaient après eux ; et les enfants d’Israël eurent une fort grande peur et crièrent à Jéhovah, et dirent à Moïse : Est-ce qu’il n’y avait pas de sépulcres en Égypte que tu nous aies amenés pour mourir au désert ? ».

On comprend facilement la détresse des Israélites, arrêtés par la mer et serrés de près par Pharaon et toute son armée ; on comprend le cri d’angoisse que le peuple fait monter vers Dieu ; mais on voit en même temps bien clairement que si les Israélites crient à Dieu, leurs cœurs ne savent pas compter sur Dieu et sur Sa délivrance. Nous aussi, quand nous sommes éprouvés, quand nous sommes environnés de toutes sortes de difficultés, et que nous nous voyons comme enfermés de toute part dans l’affliction, nous nous trouvons comme ensevelis sous le poids douloureux de la vie, au lieu que nous sachions compter sur Dieu pour être délivrés. Nous avons peut-être entendu et reçu l’évangile avec joie ; nous nous sommes réjouis dans le sentiment de la rémission de nos péchés, nous avons discerné la beauté de Christ, et nos cœurs l’ont recherché…, et cependant lorsque la tentation est venue, toute notre joie s’est évanouie, et nous avons été renversés par terre, parce que la rédemption n’était pas le fondement de notre joie et que nous ne savions pas ce que c’est que d’avoir passé la mer Rouge à pied sec (Ex. 14, 29).

Dans la Pâque, Dieu s’était fait connaître à Israël comme un Dieu de jugement : c’est pourquoi il fallait le sang sur le linteau des portes pour mettre le peuple à l’abri du jugement. Le sang arrêtait Dieu ; et Dieu passait par-dessus (Ex. 12, 12, 13). S’il fût entré dans les demeures des Israélites comme Dieu de jugement, Dieu eût frappé le peuple aussi bien que les Égyptiens, car ayant plus de connaissance que ceux-ci, les Israélites étaient aussi plus coupables que leurs oppresseurs. Mais à la mer Rouge, il s’agit de tout autre chose : Dieu intervient dans sa puissance comme « un vaillant guerrier », comme le salut de Son peuple. La Pâque avait délivré les enfants d’Israël du jugement de Dieu ; la mer Rouge les délivre de leurs ennemis. Dès qu’ils sont en danger devant Pharaon et son armée, Dieu intervient « dans la grandeur de sa majesté » et ensevelit dans la mer toutes les forces de l’Égypte : par la mort, Il délivre de la mort. Ainsi Christ descend dans la forteresse de l’Ennemi, sous la puissance de la mort, et par Sa résurrection d’entre les morts, Il nous délivre, nous qui, par la crainte de la mort, étions assujettis toute notre vie à la servitude (Héb. 2, 14-15). Depuis la mer Rouge, Israël n’a plus à faire avec l’Égypte, le pouvoir du Pharaon est définitivement brisé, le peuple racheté hors d’Égypte, et Dieu lui-même son salut : Celui qu’à juste titre les enfants d’Israël avaient craint comme juge ; ― celui-là est maintenant leur salut ; ils sont rachetés et n’ont plus maintenant à espérer la miséricorde. Il en est de même pour nous, quand, par la foi, nous sommes entrés dans les effets bénis de la mort de Christ ; nous ne sommes pas seulement à l’abri du jugement, mais Dieu que nous craignions est notre Sauveur (voyez Ex. 14, 30-31).

Le passage de la mer Rouge et la Pâque sont donc deux événements bien distincts dans l’histoire d’Israël, et la joie d’une âme qui se réjouit simplement de ce qu’elle est à l’abri du jugement ― ou la Pâque en Égypte, n’est pas la même que celle de Moïse et des enfants d’Israël chantant à Jéhovah, parce qu’il a entièrement racheté Son peuple hors d’Égypte et de la mer Rouge, et qu’Il l’a amené par Sa puissance à la demeure de Sa sainteté. Israël, après le passage de la mer, peut se réjouir de ce que le jugement est passé, de ce que Pharaon et toute sa puissance « a été enfoncé comme du plomb dans les eaux magnifiques » ; il peut chanter à Jéhovah, parce qu’Il a amené Son peuple, par Sa force, à la demeure de Sa sainteté, à Lui-même, parce qu’Il l’a fait passer d’entre les morts, à la lumière de Sa présence, qu’Il l’a mis dans la lumière comme Lui est dans la lumière.

Les Israélites sont ainsi amenés à Dieu, dans la lumière comme Dieu est dans la lumière, avant qu’ils aient fait un seul pas dans le désert ; aussi ne peut-on pas lutter avant qu’on ait conscience de la rédemption. Toute la question pour les Israélites, serrés de près par Pharaon et son armée, c’est de savoir comment ils échapperont aux mains de l’ennemi : ils n’essayent pas même de combattre. En Égypte ils avaient gémi sous le joug de Pharaon, mais ils n’avaient pas combattu contre lui, et comment l’eussent-ils fait ? Avant tout, je le répète, il faut que le peuple soit délivré, et qu’il soit amené auprès de Dieu : avant de pouvoir combattre les ennemis de Dieu ou les siens propres, il faut qu’il soit fait « l’armée de Dieu ». On n’a aucune puissance contre Satan aussi longtemps qu’on est son esclave ; il ne peut pas y avoir de lutte dans les chaînes. On peut bien gémir sous le joug du maître et soupirer après la délivrance, mais avant qu’on puisse élever le bras contre l’oppresseur, il faut que les chaînes soient brisées, il faut qu’on possède une rédemption parfaite et qu’on en jouisse.

Après le passage de la mer Rouge, les Israélites ne se réjouissent pas seulement d’avoir échappé à leurs persécuteurs, mais ils se sentent placés dans une position toute nouvelle par cette délivrance et par la manifestation publique que Dieu est pour eux et avec eux ; ils ont conscience de leur délivrance, d’une rédemption parfaite et ainsi ils savent qu’ils peuvent désormais compter sur Dieu et sur Sa puissance à tout autre égard. Ils peuvent dire maintenant : « Les peuples entendront, et ils en trembleront ; la douleur saisira tous les habitants de la Palestine. Alors les princes d’Édom seront troublés et le tremblement saisira les forts de Moab : tous les habitants de Canaan se fondront » (v. 14-16) ; et Rahab confirmera ce témoignage, quand elle dira aux espions : « Dès que nous avons entendu ces choses, notre cœur s’est fondu ; et depuis lors aucun homme n’a plus eu de courage à cause de vous, car Jéhovah votre Dieu est le Dieu des cieux en haut et de la terre en bas » (Jos. 2, 11). La joie des enfants d’Israël ne consiste pas à ne point avoir d’ennemis ; elle consiste en ce que Dieu a pris en main leur cause et qu’Il les a amenés dans Sa présence.

Il y a plus encore : nous lisons au verset 17 : « Tu les introduiras et les planteras sur la montagne de ton héritage, au lieu que tu as préparé pour ta demeure, ô Jéhovah, au sanctuaire que tes mains ont établi ». ― Israël, maintenant, était déjà avec Dieu dans sa sainte demeure ; ― et nous pareillement nous sommes dans la présence de Dieu ― mais non pas encore « au lieu que tes mains ont établi », « à la montagne de ton héritage » ― de l’héritage de Dieu et non pas d’Israël. Ainsi aussi, Paul demande pour les saints qui étaient à Éphèse, qu’ils connaissent « quelle est l’espérance de leur vocation et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints » (Éph. 1, 18). Israël devait habiter le pays de Dieu ― et la maison du Père est notre demeure : Lui-même veut nous y introduire, en sorte que nous n’avons rien à craindre des ennemis qui peuvent se trouver sur le chemin : pour la foi ils sont impuissants. Une assurance pleine et entière est le privilège de la rédemption.

Mais si Dieu a racheté son peuple, s’Il veut l’introduire dans le pays de Canaan, il faut qu’Israël passe par l’épreuve, et c’est « suivant le commandement de Jéhovah »… que les enfants d’Israël campèrent en Rephidim, « où il n’y avait point d’eau à boire pour le peuple » (Ex. 17, 1). Toutefois remarquons bien ici que, jusqu’au pied du Sinaï, Dieu usa d’une grâce entière et parfaite dans toutes Ses voies envers son peuple, quels qu’aient été d’ailleurs les murmures de celui-ci. Quand ils s’élèvent contre Moïse et Aaron au désert de Sin, parce qu’ils n’ont pas de chair à manger, Dieu leur donne des cailles, sans leur rien reprocher ; Il leur donne « le soir de la chair à manger, et au matin du pain en abondance » ; et quand ils s’en viennent en Rephidim, où il n’y avait point d’eau, Dieu fait jaillir pour eux de l’eau du rocher (Ex. 16 et 17). Tout est grâce, afin qu’Israël comprenne que Dieu voulait bénir Son peuple, quelque méchant que fût celui-ci. Mais plus tard les Israélites, qui auraient dû savoir qu’ils ne pourraient pas garder la loi, se sont placés follement sous la loi ; alors, quand ils sont de nouveau épris de convoitise et disent : « Qui nous fera manger de la chair ?… » nous lisons que « quand la chair était encore entre leurs dents, avant qu’elle fût mâchée, la colère de Jéhovah s’embrasa contre le peuple » (Nomb. 11).

Une fois qu’ils ont passé la mer, Moïse conduit les Israélites vers le désert de Shur : « et ayant marché trois jours par le désert, ils ne trouvèrent point d’eau ». Trois jours dans le désert sans eau, c’était une souffrance presque insupportable ! Mais la délivrance est-elle moins sûre ? ― Non certainement, en aucune manière. C’était cependant une chose affreuse que de se trouver sans eau : ― c’était la mort, une mort certaine, dans une pareille contrée. Et quand enfin on trouve de l’eau, « elle était amère » : ― « de là ils vinrent à Mara, mais ils ne pouvaient point boire des eaux de Mara, parce qu’elles étaient amères » (v. 23). L’épreuve était dure, mais c’était pour cela même que Dieu avait amené son peuple au désert : « afin de t’humilier, de t’éprouver et de manifester ce qu’il y a dans ton cœur » (Deut. 8, 2). Les « eaux amères » ne montraient pas ce qu’il y avait dans le cœur de Dieu, mais elles étaient un moyen pour éprouver et mettre à découvert le cœur du peuple : et sous ce rapport que de choses à manifester et à corriger ! Israël était racheté pour jamais et Dieu avait manifesté Son cœur dans « la rédemption », mais l’effet même de cette rédemption était d’amener le peuple dans un lieu où il n’y avait pas une goutte d’eau à boire, et où ensuite, quand on trouve de l’eau, elle était amère, en sorte qu’on ne pouvait la boire : mais tout cela, c’était afin qu’Israël s’abreuvât dans la puissance de la mort. Et alors Dieu rendit douces les eaux (v. 25). ― On n’apprend pas ces choses en Égypte ; ― elles sont l’expérience du désert. En Égypte il n’y avait point eu de Mara pour Israël. ― Avant que le peuple soit amené aux « eaux amères », il faut qu’il soit racheté et que la rédemption soit connue : l’effet qu’elle produira sera la mort au péché, à l’égoïsme, à la volonté propre. L’âme passe ainsi par un travail profondément pénible, mais c’est précisément ce que Dieu a voulu, afin de mettre à nu ce qu’il y a dans nos cœurs et de nous en dépouiller. Quelqu’un pensera peut-être que ces épreuves viennent sur lui parce qu’il n’est pas racheté, mais tout au contraire, elles nous sont dispensées parce que nous sommes rachetés.

Nous pouvons chercher à éviter ces eaux amères de Mara, mais Dieu nous y amènera parce qu’Il veut nous dépouiller de tout ce qui est du vieil homme en nous. En Son propre temps, sans doute, Il introduira dans notre épreuve ce qui rend douces les eaux ; mais parce qu’Il nous a rachetés et nous a amenés à Lui, Il juge toutes choses en nous, amour du monde, orgueil, volonté propre, tout ce qui trouble notre communion avec Lui-même. Je le répète, Il introduira ce qui rend douces les eaux : mais, « bien-aimés, ne trouvez pas étrange l’ardeur du feu qui est allumé au milieu de vous, et qui est venu sur vous pour votre épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’extraordinaire » (1 Pier. 4, 12), car aussi certainement que vous êtes rachetés, Dieu brisera et soumettra vos pensées et vos volontés ; Dieu vous abreuvera de cela même par quoi vous avez été rachetés.

Ainsi donc Israël, dans le désert, s’avance avec Dieu, et Dieu s’occupe de son peuple ; Il lui donne des statuts, Il l’éprouve de toute manière et le forme pour Lui-même (v. 25-26 ; comp. Deut. 8, 2, 3). ― Dieu n’avait pas agi ainsi avant qu’Il eût racheté son peuple. En Égypte Israël avait été dans l’angoisse à cause de Pharaon ; mais maintenant, au désert, c’est la main de Dieu qui s’appesantit sur lui : Israël a affaire avec Dieu, et il apprend à connaître Dieu sous un nouveau caractère, comme « Jéhovah qui te guérit » (v. 26). Dieu, d’abord, éprouve Son peuple, Il lui propose une ordonnance et une loi : « Si tu écoutes attentivement…, si tu fais ce qui est droit…, si tu prêtes l’oreille à ses commandements et que tu gardes ses ordonnances…, je ne ferai venir sur toi aucune des infirmités que j’ai fait venir sur l’Égypte » ; mais si Dieu éprouve ainsi, c’est afin de se faire connaître comme « Celui qui te guérit », et pour jouir de ce privilège, il faut que le cœur tout entier soit mis à découvert devant un Dieu de grâce. Alors seulement on le connaît comme « Celui qui guérit ». ― Dieu qui est fidèle dirigera toutes les circonstances de notre vie en vue de ce but (comp. Deut. 8, 15, 16) : nous n’y échapperons pas, dussions-nous être humiliés devant les hommes, ce qui est une chose très douloureuse, en vérité, « une eau très amère » ; ― mais n’était-ce pas que nous cherchions à nous glorifier nous-mêmes ?

Dès que « le bois », c’est-à-dire la croix, est dans les eaux, elles désaltèrent l’âme. On a joui d’abord de la joie de la rédemption ; après, vient la joie dans les tribulations, et puis la joie dans la guérison. Dieu d’abord nous fait chanter dans la conscience de la rédemption ; mais si nous devons jouir de l’effet pratique de la rédemption, c’est-à-dire jouir de Dieu dans nos âmes (ce qui est impossible à la chair), il faut nécessairement que notre propre volonté, la mondanité, et toute une armée de choses qui sont en nous et qui viennent se placer en travers de notre joie, soient touchées du doigt de Dieu et brisées. Dieu connaissait tout ce qu’il y avait dans nos cœurs, mais Il veut nous le faire voir à nous aussi, qu’Il a rachetés ; et alors nous Le connaîtrons comme « Celui qui guérit ».

« Puis ils vinrent à Élim, où il y avait douze fontaines d’eau et soixante et dix palmiers ; et ils campèrent auprès des eaux » (v. 27). Maintenant le peuple fait l’expérience des conséquences nécessaires du fait qu’il est avec Dieu : dès qu’il est réellement humilié, il campe auprès des eaux rafraîchissantes. Si Élim était venu plus tôt, y aurait-il eu le même sentiment d’une entière dépendance de Dieu pour toutes choses ? ― Israël n’ayant pas passé par la lutte qui produit la dépendance, et la dépendance qui produit la communion, la chair et tout son train n’eussent pas été brisés. ― Voilà pourquoi Dieu tarde, car Sa joie est de bénir Son peuple.

Les nombres douze et soixante-dix que nous trouvons ici sont des figures différentes de la perfection d’un abri parfait. « Le soleil ne donnera point sur toi de jour, ni la lune de nuit » (Ps. 121, 6). ― « Ils campèrent près des eaux » (v. 27). Tout cela est donné dans le désert, et le peuple se repose là : mais il faut qu’Israël ait été éprouvé à Mara pour qu’il puisse jouir de Dieu parfaitement à Élim. La rédemption l’avait amené auprès de Dieu ; maintenant il se réjouit en Dieu. Nous ne pouvons pas jouir de ces eaux qui jaillissent de Dieu lui-même pour abreuver nos âmes, sans que notre chair soit brisée ; mais alors quelle que soit d’ailleurs la nature de notre épreuve, quelque grand que puisse être le trouble de notre âme ― lors même que nous eussions à boire la mort même qui nous a rachetés ― si seulement nous savons y voir la main de Dieu, y discerner la croix de Christ ― nous jouissons de ce qui rend douces les eaux, dans la conscience de la pensée et du propos de Dieu en toutes ces choses : « Non pas que la discipline paraisse pour le présent un sujet de joie, mais de tristesse ; mais plus tard elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par ce moyen » (Héb. 12, 11). La chair n’est pas la foi, et qui plus est, nous ne pouvons pas, sans foi, marcher dans le chemin de la foi : il faut donc que nous passions par l’épreuve. Si nous perdons pour un seul moment notre confiance en Dieu, la chair agit sous une forme ou sous une autre ; dès que nous sommes dans l’embarras ou en perplexité quant à ce que nous avons à faire, notre œil n’est pas net, nous ne jouissons pas de la communion de Dieu, car autrement nous saurions ce que nous devons faire. Si notre œil était net, tout notre corps serait rempli de lumière, mais s’il n’en est pas ainsi, il y a donc en nous quelque chose à découvrir que nous n’avons pas encore discerné. Ce ne sera peut-être pas un péché volontaire, mais cependant quelque chose au sujet de quoi Dieu exercera notre cœur et se manifestera comme « Jéhovah qui guérit ». Ainsi dans l’épître aux Romains, on trouve d’abord la joie dans les tribulations, et ensuite la joie en Dieu (Rom. 5, 1-11). Nous ne sommes pas seulement sauvés, mais nous sommes abreuvés dans le désert par le Dieu qui nous racheta. Ne regardons donc pas comme une chose étrange, si nous sommes comme dans une fournaise pour notre épreuve.