Messager Évangélique:La décadence du corps humain

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ou Explication de Ecclésiaste chap. 12

Verset 1. Souviens-toi de ton Créateur au jour de ta jeunesse.

Conseil de la sagesse divine, opposé à l’oubli ordinaire que l’homme fait de Dieu. — En aucun temps, le cœur naturel de l’homme n’aime à marcher devant Dieu. Mais c’est surtout dans la jeunesse que l’on a de la propension à fuir Sa présence comme incompatible avec les pensées et l’état moral que l’on rencontre ordinairement chez les jeunes gens. — Cependant tout homme a affaire avec Dieu ; un jour ou l’autre il faut comparaître devant Sa face, et si l’on doit entrer en relation avec Lui, il est bon que ce soit de bonne heure, dès les jours de la jeunesse. C’est Lui qui est notre Créateur. Notre vie, notre respiration, tous nos avantages en ce monde viennent de Sa libéralité ; nous avons des devoirs à remplir envers Lui. En nous souvenant de Lui comme notre Créateur, nous serons amenés à comprendre le besoin que nous avons de Lui comme notre Rédempteur, et à apprécier le don ineffable qu’Il nous a fait de la vie éternelle en Son Fils Jésus Christ.

Avant que les jours mauvais viennent, et avant que les années arrivent, desquelles tu dises : Je n’y prends point de plaisir.

C’est donc de bonne heure, dès les jours de la jeunesse, lorsqu’on jouit de la plénitude de ses forces et de ses facultés, qu’il faut venir à Dieu. Car si, pour le faire, on renvoie aux mauvais jours, aux jours de la vieillesse et des infirmités ; à l’âge où les facultés s’éteignent ; où l’on n’a plus que le sentiment angoissant d’avoir dépensé toute une vie mal à propos ; à cet âge où l’on ne prend plus plaisir à rien, et où l’on ne peut plus s’occuper de quoi que ce soit ; — comment pourra-t-on alors le faire avec profit ? Et quel gage de sincérité y aura-t-il en cela pour notre propre conscience ? — Si tu veux qu’Il se souvienne de toi aux jours des infirmités, souviens-toi de Lui aux jours de ta force.

Ici l’Ecclésiaste, ou le Prédicateur, place le tableau allégorique de la vieillesse et de ses infirmités. Quelques-uns des traits de cette description peuvent être moins faciles à comprendre, parce que nous ne sommes pas assez au courant du langage figuré et des métaphores orientales ; mais également le but général est facile à saisir.

S’il y a une division à faire dans ce tableau, on peut la tracer ainsi :

Verset 2. Idée générale de cette époque de la vieillesse, sous l’emblème de la triste et froide saison de l’hiver.

Versets 3, 4, 5. Détails sur les infirmités diverses, particulières à cette époque de la vie, et qui ont pour fin la mort et le tombeau.

Verset 6. Représentation emblématique de l’état du corps lorsqu’il a cessé de vivre.

En lisant ces détails, il est bien important de se souvenir que, malgré ce tableau des tristes effets du péché, nous avons un Sauveur qui est ressuscité d’entre les morts et qui ressuscitera aussi nos corps mortels par la puissance qui est en Lui, puissance qui agit déjà dans nos âmes par l’Esprit de vie.

Verset 2. Avant que le soleil, la lumière, la lune et les étoiles se ternissent ; et que les nuées reparaissent après la pluie.

La vieillesse est parmi les divers âges de la vie humaine dans la même relation que l’hiver parmi les autres saisons de l’année. C’est le déclin ; c’est l’époque où la force, la joie et le riant de la vie disparaissent, pour ne plus revenir, et font place aux chagrins et aux peines. Le froid brouillard règne partout ; l’azur des cieux ne brille plus aux regards ; la riante lumière du soleil et des astres ne parvient plus jusqu’à nous. La brume glacée et les noirs frimas attristent la nature et contractent les membres. La pluie tombe sans cesse ; et lorsqu’on croit que le temps va se lever, de nouveau reparaissent les nuées. Telle est la succession de peines et de misères qui sont la part de cet âge.

Verset 3. Lorsque les gardes de la maison trembleront ;

Les bras et les mains qui protègent le corps, comme le font des gardes ou des sentinelles placées devant les maisons des princes ; ces membres qui saisissent les objets ou les repoussent suivant les cas, tremblent maintenant, ayant perdu leur vigueur.

Lorsque les hommes forts se courberont ;

Les hommes forts, ou ce qui fait la force de l’homme, comme les jambes, et en général les os du corps qui en forment la charpente ; ils se courbent ; ils fléchissent.

Lorsque celles qui moulent cesseront, parce qu’elles auront été diminuées ;

Les dents, primitivement blanches et complètes, telles que de jeunes esclaves qui moulent le froment à la maison, cessent de faire leurs fonctions, parce qu’elles sont réduites à un petit nombre[1].

Quand celles qui regardent par les fenêtres, seront obscurcies ;

Les fenêtres obscurcies sont les yeux qui se voilent ; la vue s’affaiblit ; il faut employer des lunettes ; heureux encore si elles suffisent.

Verset 4. Quand les deux battants de la porte sont fermés sur la rue, avec abaissement du son de la meule ;

Les lèvres, comme les deux battants d’une porte qu’on ferme le soir sur la rue, se replient l’une sur l’autre, contre une mâchoire dégarnie de dents ; ce qui donne un air taciturne et sévère.

Quand on se lève à la voix de l’oiseau ;

Le sommeil, qui chaque nuit restaure les membres fatigués, a fui. On se réveille de bonne heure ; on se lève aussitôt que les oiseaux commencent leurs premiers chants du matin.

Et que toutes les filles de l’harmonie auront perdu leur voix :

Tous les organes qui servent au chant sont affaiblis et incapables de rien produire d’agréable. Comme aussi le vieillard est peu sensible aux charmes de l’harmonie, soit par dureté d’ouïe, soit par le peu de faculté qu’il a pour des jouissances de ce genre (2 Sam. 19, 35).

Verset 5. Quand on craindra ce qui est haut, et qu’on tremblera en allant ;

On craint les lieux hauts et escarpés, au physique et au moral. Le vieillard est disposé à craindre, prompt à s’alarmer. Ayant conscience du déclin de ses facultés, il considère les moindres affaires comme trop difficiles, trop hasardeuses. Ce qui n’est qu’une bagatelle pour d’autres, il le redoute comme une témérité. Non seulement dans les lieux montants et raboteux, mais même dans les chemins unis, dans les choses toutes planes, il tremble comme s’il était toujours en présence d’un danger.

Quand l’amandier fleurira ;

Tout comme la tête de l’amandier, au printemps, se couvre de fleurs très blanches, ainsi les cheveux blancs sont l’apanage ordinaire de la vieillesse.

Quand les cigales se rendront pesantes ;

Le corps, alerte et souple, comme la sauterelle, chez les jeunes gens, devient pesant et raide chez les vieillards ; ils ont de la peine à se transporter d’un lieu à un autre.

Quand l’appétit s’en ira ;

Soit qu’il s’agisse de l’appétit naturel pour les aliments, qui s’en va ; soit qu’il faille entendre ces mots au moral, de la disparition du contentement, du plaisir, de la joie ; soit enfin, d’après une autre version, qu’il s’agisse du câprier, dont les fruits se détachent subitement de leur enveloppe qui s’entrouvre, image du corps qui laisse échapper son âme.

(Car l’homme s’en va dans la maison où il demeurera à toujours).

Parenthèse explicative des derniers mots ; l’homme s’en va dans la maison de son long séjour, le tombeau, le lieu invisible.

Et quand on fera le tour par les rues en pleurant.

Sépulture — et allusion à l’antique usage des pleureuses de profession dans les sépultures (Jér. 9, 17 ; 2 Chron. 35, 25 ; Amos 5, 16 ; Matt. 9, 23).

Verset 6. Avant que…

Ici se présentent quatre images du corps qui a cessé de vivre. Toutes les quatre ont le même sens ; elles signifient que les organes divers du corps humain n’accomplissent plus leurs fonctions. Si l’on veut leur donner une signification allégorique différente pour chacune, dans ce cas il faut les expliquer non selon les données de la science moderne, inconnue du temps de Salomon, mais selon les idées que le plus simple observateur pouvait s’en faire.

Avant que le câble d’argent ne se déchaîne ;

Souviens-toi donc de ton Créateur avant que ce moment solennel de ton délogement ne soit venu, après lequel il ne sera plus temps. Avant que la corde ou la chaîne d’argent, la moelle épinière, qui soutient sur l’abîme du sépulcre la lampe de ta vie, ne se rompe ; qu’elle ne soit privée du sentiment et du mouvement.

Avant que le vase d’or ne se déborde ;

La tête avec ses organes, siège de la pensée, semblable à un vase ou à une lampe d’or pleine d’huile, aura cessé d’accomplir ses fonctions ;

Avant que la cruche ne se brise sur la fontaine ;

Les organes du corps, qui puisent sans cesse de nouvelles forces dans la fontaine du cœur comme avec une cruche, par le moyen de la chaîne des veines et des artères, cesseront d’être ainsi alimentés.

Avant que la roue ne se rompe sur la citerne.

Les poumons qui aspirent l’air et le renvoient, comme une roue qui tourne sans cesse, suspendront leur jeu.

Verset 7. Et avant que la poudre ne retourne en la terre, comme elle y avait été, et que l’esprit ne retourne à Dieu qui l’a donné.

Et avant que la poudre etc. Ce qui démontre bien évidemment que l’esprit ne meurt pas avec le corps. C’est de Dieu qu’il vient et à Dieu qu’il retourne.


Après cette description de la fin de l’homme, l’Ecclésiaste en revient à son texte premier : Vanité des vanités, tout est vanité. Voilà bien ce qui en est de l’homme et de toute chose ici-bas. — Mais si la vie humaine, si les biens, les maux, si tout est vanité dans ce monde, il y a une chose qui n’est pas vanité, c’est la Parole de Dieu qui ne passera point ; cette Parole qui fait vivre à toujours celui qui la reçoit.

C’est aussi cette même Parole, témoignage de la grâce de Dieu en Jésus, qui consolera nos cœurs, quand toutes les peines et les infirmités de la vieillesse seront venues sur nous, si nous devons jamais les ressentir. Elle nous montrera le péché effacé, et la mort vaincue par l’Agneau de Dieu ; elle nous fera triompher du roi des épouvantements ; elle placera devant nos yeux le beau tableau de la résurrection, de la vie et de la gloire ; et par la foi nous pourrons dire, que nous sommes plus que vainqueurs en Celui qui nous a aimés.

À Lui soit la gloire et les actions de grâces, à jamais. Amen !


« Celui qui vit et croit en moi, ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (Jean 11).



  1. En Orient, on ne connaissait pas les moulins à eau ; on moulait le blé chaque matin, dans toutes les familles, au moyen de moulins à bras ; ce travail était ordinairement accompli par des esclaves (Samson). C’était le premier ouvrage du matin ; le bruit du moulin et les chants dont on égayait ce travail, étaient ceux qu’on entendait de très bonne heure. S’il y avait une maison où on ne les entendît pas, c’était parce qu’il s’y était passé quelque chose de fâcheux.