Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 42
Vous avez sans doute appris la mort de notre cher M…, après cinq jours de maladie. Il a joui pendant bien peu de temps de son bonheur ; il semblait qu’il aurait été si heureux s’il avait été épargné. Vanité des vanités ! Sa pauvre femme reçoit avec une entière soumission les dispensations de son Père à son égard, sachant que c’est l’amour qui a tout décidé, non seulement pour le temps, mais aussi pour l’éternité. Qu’il est vrai que notre vie n’est « qu’une vapeur ». Ce qui semble aggraver une épreuve ne fait que parler plus fortement de l’étonnant amour qui l’envoie, de cet amour profond avec lequel Dieu frappe et blesse, non pour Son propre plaisir, mais pour notre profit. « C’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu ». Ceux auxquels le Seigneur envoie le plus de tribulations ici-bas, brilleront du plus vif éclat dans le royaume ; ils seront des pierres polies propres à faire partie du diadème royal ; ils suivent les traces mêmes du Roi de gloire, car qui a jamais connu autant que Lui tous les genres de souffrances et de maux ? Il s’est effectivement approprié toutes les souffrances inhérentes à l’humanité, et Il a participé à toutes ; elles étaient dans la coupe dont Il a bu, elles étaient l’essence du baptême dont Il a été baptisé ; et nous, c’est à cette coupe que nous devons boire, c’est de ce baptême que nous devons être baptisés.
Il semblait l’année dernière que l’épouse de M… allait monter dans les appartements de la maison de notre Père, et c’est lui qui y a été appelé maintenant. Elle ne peut voir le Seigneur de ses yeux jusqu’à ce qu’Il vienne, mais bientôt elle aussi quittera les chambres basses et montera au haut de la maison. Combien son mari est plus heureux que nous ! Une gerbe de plus a été recueillie ; un nouveau témoin a été ajouté à la nuée qui nous environne. C’est en s’employant au service des pauvres qu’il a pris la fièvre. Que l’Église sera merveilleuse, lorsqu’à la fin, la sagesse de Dieu infiniment variée sera donnée à connaître dans le salut individuel et collectif de Son peuple !
Adieu, ma bien-aimée.
Théodosia A. Powerscourt