Traité:L’homme déchu et la semence de la femme

De mipe
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Genèse 3 1879

L’Écriture n’est pas seule à nous apprendre que le péché et la misère sont dans le monde. Ils s’y trouvent, n’existât-il ni Écriture ni Sauveur. Le monde est une ruine. L’homme sait bien que l’iniquité et la souillure sont en lui ; et si nul n’est satisfait de son sort ici-bas, c’est que le cœur est mal à l’aise. La Parole de Dieu explique seule comment Satan est entré dans le monde, et révèle en même temps quelle a été la conséquence du péché quant aux relations de l’homme avec Dieu.

Ce que le serpent ancien tenta d’abord, ce fut de placer quelque chose entre la créature et le Créateur ; de fait, il chercha à se placer lui-même entre Dieu et l’homme. Cette ruse était subtile ; si elle réussissait, comme en effet cela eut lieu, c’était pour l’homme la ruine, car l’unique chose qui nous rende heureux, c’est qu’il n’y ait rien entre nous et le fait que Dieu nous aime.

Satan commence donc par produire la méfiance à l’égard de Dieu et met ainsi en activité la volonté de l’homme dans la convoitise et la désobéissance. Jamais l’ennemi ne conduira quelqu’un à penser à la bonté de Dieu ni à l’obéissance qui Lui est due. La femme savait très bien qu’elle ne devait pas manger du fruit de l’arbre ; elle n’ignorait pas que le mal serait le résultat de la désobéissance ; cependant elle en mangea, en donna à son mari qui était avec elle, et il en mangea (v. 1-6). Ainsi le péché est la propre volonté, provenant de l’incrédulité qui doute de Dieu. Par là Satan fit une brèche ; il persuada à la femme que Dieu gardait quelque chose pour Lui-même, de peur que Sa créature ne jouît de trop de bénédiction et de bonheur. Mais Ève eut tort d’écouter Satan ; elle n’aurait pas dû, ne fût-ce que pour un moment, prêter l’oreille à la voix qui lui insinuait de se méfier de Dieu.

Dieu a averti l’homme des conséquences du péché ; Il avait dit à Adam : « Dès le jour que tu en mangeras, tu mourras de mort ». Mais Satan, qui cherche toujours à nier la justice de Dieu, dit à la femme : « Vous ne mourrez nullement, mais Dieu sait qu’au jour que vous en mangerez, vos yeux seront ouverts, et vous serez comme des dieux, sachant le bien et le mal ».

Or cela n’était pas entièrement faux. La chute a rendu l’homme beaucoup plus intelligent relativement au bien et au mal. Mais ce que Satan cachait à l’homme, c’est qu’il serait séparé de Dieu et qu’il aurait une mauvaise conscience. « Et les yeux de tous deux furent ouverts ; ils connurent qu’ils étaient nus, et ils cousirent ensemble des feuilles de figuier et s’en firent des ceintures ». Ils acquirent une connaissance qui leur montrait leur nudité, et ils s’efforcèrent de se la cacher, et à eux-mêmes, et l’un à l’autre. Tout ce qui est près de nous, semble à nos yeux plus important et plus grand que ce qui est éloigné ; ainsi l’arbre défendu étant près d’Ève, tandis que le jugement de Dieu était à distance, elle prit du fruit et en mangea.

L’esprit de mensonge agit en nos jours de la même manière. Il dit aux hommes qu’ils ne mourront pas et que les menaces de Dieu ne s’exécuteront point. Il leur cache les avertissements de Dieu, et les hommes font ce que Satan et leurs propres convoitises les poussent à faire. Si même un chrétien n’est pas vigilant, sa conscience perd son activité, et, au lieu de voir Dieu, il voit sa nudité.

Ensuite l’homme prend des feuilles pour s’en couvrir. Il fait tout son possible pour se cacher à lui-même le mal qui lui est arrivé ; mais quand Dieu se révèle, il en est tout autrement. Dieu s’approche comme si rien n’était survenu, mais alors cette proximité de Dieu qui aurait été une joie pour l’homme sans péché, produit, à cause du péché, une immense terreur et devient insupportable. « Adam et sa femme se cachèrent de devant l’Éternel Dieu, parmi les arbres du jardin ». Ils avaient réussi à voiler leur nudité à leurs propres yeux, mais la voix de Dieu les terrifie, et ils cherchent à se cacher de devant Lui. Quelle chose affreuse pour l’homme que d’être réduit à désirer de pouvoir se cacher de Dieu (v. 7, 8).

Adam fut effrayé, comme il le confessa à Celui qui l’appela hors du lieu où il se cachait. La conscience tremble devant la présence de Dieu. Tout espoir de jouir de la vie s’évanouit quand Sa voix se fait entendre. L’homme est convaincu par lui-même qu’il est séparé de Dieu à cause du péché. Dieu « chassa l’homme », mais l’homme le premier avait fui loin de Sa présence. Sa propre conscience lui disait qu’il ne pouvait subsister devant Dieu, et Dieu rend la chose évidente par les paroles qu’Il adresse à Adam : « Où es-tu ? » (v. 9). Pressé par sa conscience, il s’était éloigné de Dieu, avant que Dieu l’eût chassé ; a-t-il donc le droit de se plaindre d’injustice, lui que son propre cœur a condamné lorsque Dieu n’avait pas encore prononcé sa sentence ? Dès ce moment, les relations de l’homme avec Dieu furent rompues, et cela d’une façon irréparable, au moins pour ce qui concerne l’homme. « J’ai entendu ta voix dans le jardin, et j’ai craint, parce que j’étais nu, et je me suis caché » (v. 10).

Se justifier soi-même est aussi inutile que de chercher à se cacher de Dieu. « Et Dieu dit : Qui t’a montré que tu étais nu ? N’as-tu pas mangé du fruit de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? Et Adam répondit : La femme que tu m’as donnée pour être avec moi, m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé » (v. 11, 12). Comment sont tombés les forts ? Le chef de la création s’abaisse, pour excuser son péché, jusqu’à rejeter la faute sur sa femme — plus encore, sur Dieu Lui-même ! Combien le mal, une fois qu’on lui a donné accès dans le cœur, avilit l’homme et le domine ! Il n’y a pas d’esclavage plus dégradant, aucun dont les effets soient plus immédiats et qui corrompe davantage. L’homme était-il le vaisseau le plus fragile ? Est-ce ainsi que se montrait l’affection naturelle pour sa compagne ? La chose la plus difficile pour un pécheur, c’est de confesser sincèrement et entièrement son péché ; se juger soi-même, ne peut être que le fruit de la grâce par la foi. Une mauvaise conscience craint beaucoup trop Dieu et les conséquences du péché pour le confesser, tout en connaissant trop bien le mal commis pour oser le nier.

Mais Dieu veut que le péché soit mis à nu, et Il remonte jusqu’à sa source. « Et l’Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? Et la femme répondit : Le serpent m’a séduite et j’en ai mangé. Alors l’Éternel Dieu dit au serpent : Parce que tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre toutes les bêtes des champs ; tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie ; et je mettrai inimitié entre toi et la femme, et entre ta semence et la semence de la femme ; cette semence te brisera la tête et tu lui briseras le talon. Et il dit à la femme : J’augmenterai beaucoup ton travail et ta grossesse ; tu enfanteras en travail les enfants ; tes désirs se rapporteront à ton mari, et il dominera sur toi. Puis il dit à Adam : Parce que tu as obéi à la parole de la femme, et que tu as mangé du fruit de l’arbre duquel je t’avais commandé, disant : Tu n’en mangeras point, la terre sera maudite à cause de toi ; tu en mangeras les fruits en travail, tous les jours de ta vie ; et elle te produira des épines et des chardons, et tu mangeras l’herbe des champs. Tu mangeras le pain à la sueur de ton visage, jusqu’à ce que tu retournes en la terre, car tu en as été pris ; parce que tu es poudre, tu retourneras aussi en poudre » (v. 13-19).

Si vous aviez une entière confiance en Dieu, si vous étiez pleinement assurés que Dieu vous aime, vous seriez parfaitement heureux. Mais Satan est actif, et sa puissance consiste à produire la méfiance, précisément là où se trouvent le bonheur et une relation intime avec Dieu, afin d’obscurcir et, si possible, de détruire tout dans le cœur. Il tire avantage de ce que les hommes se confient en eux-mêmes et dans leurs propres efforts pour se rendre heureux, se méfiant de Dieu, et ne voulant ou ne sachant pas Lui confier le soin de leur bonheur et s’abandonner au grand amour qu’Il nous a montré en Christ. L’ennemi agit ainsi maintenant, comme il l’a fait toujours. Il insinue aux hommes que Dieu est trop bon pour les condamner à cause de leurs péchés, et l’homme, en dépit de ses péchés et de sa conscience, espère qu’il ne sera pas condamné et se le persuade. C’est la voix du serpent ancien.

Mais Dieu a prouvé par la mort même de Son Fils, qu’Il ne tolère pas le péché, que les gages du péché c’est la mort, et qu’après la mort il y aura un jugement pour tous ceux qui ne croient pas. L’homme ayant une mauvaise conscience, tous ses efforts tendent à se cacher à lui-même sa nudité devant Dieu. Il voudrait ôter du monde les péchés grossiers et visibles : le meurtre, le vol, l’ivrognerie. Il cherche, au moyen des lois et des institutions philanthropiques, à effacer ces effets extérieurs du péché qui choquent le monde. Mais tout cela n’est autre chose que des feuilles de figuier, qui n’extirpent aucune racine de mal, et qui, en nous cachant pour le moment à nous-mêmes notre nudité et notre misère, nous empêchent de penser à la justice de la condamnation que Dieu a prononcée depuis le jour de la chute sur notre état de péché.

Maintenant que les péchés se sont placés entre nos consciences et Dieu, tout ce que l’on désire, c’est qu’il y ait quelque chose qui nous cache de devant Dieu, et c’est à quoi l’homme emploie ce qu’il appelle les choses innocentes. Les arbres étaient certes des choses innocentes, mais à quoi Adam les fait-il servir ? À se cacher de Dieu. Dieu avait donné à l’homme tout ce qui est dans le monde, mais l’homme pervertit tout maintenant en s’en servant pour échapper à la présence de Dieu, prétendant qu’il n’y a point de mal dans l’usage qu’il fait de ce qui est bon en soi. Quand la voix de Dieu réveille la conscience, on voudrait bien encore pouvoir se cacher de Lui, mais c’est impossible. « Où es-tu ? » dit Dieu à Adam, et Adam ne trouve plus aucun moyen de se cacher. Si Dieu s’adressait ainsi à chacune de vos âmes, serait-ce une joie pour vous que d’être en Sa présence ? Dieu est en réalité la seule ressource, l’unique refuge quand nous avons péché. C’est Dieu seul qui, en n’imputant point au croyant son iniquité, ôte toute fraude de son esprit (Ps. 32, 2). Mais si vous vous cachez de Dieu, quel est donc l’état de vos âmes ? Dieu n’avait pas encore chassé Adam de Sa présence, mais Adam avait fui loin de Lui. La conscience nous dit que si nous avons péché et que Lui soit un Dieu juste, il n’y a ni feuilles, ni arbres qui puissent nous dérober à Sa vue. L’homme est misérable dans sa conscience et il ne peut être heureux dans le péché, sauf si Dieu n’existe point. Aussi toute l’espérance de l’incrédulité est-elle qu’il n’y a point de Dieu, ou, ce qui revient au même, qu’Il n’est ni juste ni saint. Adam cherchait à s’excuser comme si lui-même n’avait eu aucune convoitise ; suivant lui, il avait simplement obéi à la voix de sa femme, au lieu d’observer la défense de Dieu. Mais s’il n’y avait pas de convoitise en nous, il n’en résulterait aucun acte de péché. Adam avait désobéi à la parole de Dieu ; c’est ce dont il était responsable.

En face de toute la bonté de Dieu qui a donné Son Fils pour de pauvres pécheurs, si vous n’avez pas de confiance en Dieu, votre péché est rendu évident. De quelque manière que cela se manifeste, n’est-ce pas de l’ingratitude et de la méfiance ? Ève prêta l’oreille à Satan et le crut, au lieu d’écouter et de croire Dieu, et c’est précisément ce que l’homme fait toujours, aussi longtemps qu’il espère le salut et la vie éternelle en dépit de ses péchés. Tous les efforts que vous faites pour être heureux, prouvent que vous ne l’êtes pas. L’effet immédiat de la présence de Dieu dans vos cœurs et dans vos consciences, serait de mettre un terme à vos plaisirs ; et si tous ces plaisirs sont ainsi incompatibles maintenant avec la présence de Dieu, que seront-ils pour vous dans l’éternité ? Les apporterez-vous devant Son trône de sainteté et de justice, pour Lui montrer que vous avez passé des heures innocentes loin de Lui ? Que sont-ils, sinon désobéissance, méfiance de Dieu, mensonge, propre volonté, ou une chose pire encore — l’état d’une âme qui veut détourner ses pensées de la présence de Dieu ?

L’homme peut fuir la présence de Dieu, aussi longtemps que la grâce dure, mais il ne le pourra point quand Dieu le jugera. Satan vous aide à vous cacher ; vos meilleurs amis qui appartiennent au monde, vous aident aussi à vous éloigner de Dieu, à oublier et à nier qu’Il est là, mais cela n’ira certainement pas au-delà du temps de grâce qui vous est accordé. C’est pourquoi, « aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs ».

Dieu sait que vous êtes pécheurs ; Il sait que la méchanceté subtile de Satan cherche à faire de l’homme sa proie. Mais à cela il y a une réponse que Satan ne connaissait pas, et qu’ignorait aussi l’homme misérable, coupable et déchu : c’est la révélation de la semence de la femme (v. 15). En réalité, la question se pose entre le serpent et le second homme — non le premier. Ce n’est ni une promesse de Dieu faite à Adam et à Ève, ni une espérance d’amélioration dans leurs enfants ; mais Dieu prononce le jugement sur l’ennemi et en même temps révèle le Sauveur, enfant de la femme qui avait fait tomber l’homme et l’avait entraîné dans la ruine du diable. La semence de la femme devait briser la tête du serpent, mais d’abord être brisée elle-même. Quelle grâce, et cependant quelle justice ! Quelle humiliation, mais aussi quelle victoire ! Si Adam, le regardant comme un objet à ravir, s’est élevé jusqu’à vouloir être Dieu, Lui qui était Dieu, s’est anéanti Lui-même jusqu’à être un homme, et s’est rendu obéissant jusqu’à la mort, comme Adam avait été désobéissant, et par là soumis à la mort. Pour Adam perdu, pour le premier homme, il n’y avait point et il ne pouvait point y avoir de promesse. Toutes les promesses de Dieu sont oui et amen dans le second homme, mais elles deviennent la part de chaque croyant. La foi trouve les promesses, s’en empare et en jouit ; c’est ce que ne peuvent faire le péché et l’incrédulité. À Ève et à Adam, Dieu ne parle que des conséquences effectives du péché (v. 16-19). C’est en jugeant le serpent (v. 15) qu’Il révèle la semence de la femme, Celui qui devait venir, et le moyen par lequel Il remporterait la victoire. Dès ce moment, l’unique espérance de l’homme perdu est dans ce Sauveur révélé, et avant d’être chassé du paradis, il apprend ce que Jésus devait souffrir pour détruire la puissance du diable. Cependant Adam, après son péché, ne laisse voir aucun signe de repentance. Il avait montré la terreur que lui inspirait la présence de Dieu ; à l’égard de sa femme, il avait fait voir son lâche égoïsme ; pour ce qui le concernait, une ingratitude aussi grande que le déshonneur qu’il avait jeté sur Dieu. Mais Dieu s’occupe uniquement de Ses conseils de grâce en Celui qui devait être la semence de la femme, Celui dont la personne, et l’œuvre, et la gloire, sont placées devant nous et déroulées à nos yeux dans toutes les Écritures.

Mais la victoire sur Satan dans la croix de Christ n’est plus maintenant en aucun sens une promesse ; c’est un fait accompli. Si l’homme avait laissé entrer dans son cœur la pensée que Dieu ne l’aimait pas ; que, par jalousie ou par envie de son bonheur, Dieu lui refusait ce qui était bon pour lui, c’était le mensonge de Satan, car le second homme, l’homme qui a souffert, la semence de la femme, est le Fils de Dieu, le vrai Dieu et la vie éternelle, qui est devenu homme, afin de mourir pour des pécheurs et de détruire les œuvres du diable. Et cependant le cœur incrédule est si pervers qu’il refuse de se confier au Dieu qui a donné Son Fils. Jésus, loin de fuir le jugement de Dieu, est allé au-devant quand l’heure fut venue, et prit sur Lui le fardeau de nos péchés, au lieu d’écouter la voix de l’homme ou de Satan. « La coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? ». Par sa mort, Il a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, et Il donne au croyant une parfaite confiance en Dieu, toute crainte de la mort étant détruite. Son amour nous met en paix et en relation avec Dieu, sans que nous ayons à craindre les difficultés, maintenant que nos péchés sont pardonnés, et qu’au lieu de notre nudité ou des feuilles de figuier, nous sommes revêtus de Lui-même, placés actuellement dans la pleine faveur de Dieu où nous demeurons, et ayant devant nous la gloire que nous attendons, puisque Lui-même a subi le jugement pour nous.

Votre confiance est-elle donc dans ce Dieu qui a donné Son Fils pour sauver le plus misérable des pécheurs ? Cette confiance produit l’obéissance et la fortifie. Rien n’est plus précieux au croyant que l’amour de Dieu en Christ, qui nous fait préférer Sa volonté à tout ce que Satan peut offrir.

Que Dieu veuille toucher votre cœur et qu’Il vous donne de Le glorifier, en recevant tout ce que Son amour a accompli en Christ !



  1. Publié dans le Messager Évangélique de 1879.