Écho du Témoignage:Correspondance

De mipe
Révision datée du 2 décembre 2020 à 19:00 par Éditeur (discussion | contributions) (Article de l’Écho du Témoignage)
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Bien cher frère,

En lisant l’article que vous avez publié sur le sujet du « Tribunal du Christ », j’ai été frappé de cette pensée, que c’est non seulement une chose bonne à connaître pour nous exciter à la vigilance et à la prière au milieu des imperfections et des pièges d’ici-bas, mais encore une chose essentielle à la plénitude de notre bonheur dans l’éternité. En effet, maintenant nous ne connaissons qu’en partie, et en bien faible partie, sous le rapport pratique. Outre qu’il y a le sentiment de nombreux manquements, de bien des pensées condamnables, de bien des actes que, pour ne pas avouer notre petitesse, nous cherchons à couvrir d’un vain secret ; — la conscience aussi, même une conscience honnête, n’est pas toujours à l’abri des pernicieuses influences du mal qui nous enveloppe en se mûrissant pour le jugement. La sphère que le peuple de Dieu traverse actuellement n’est-elle pas souvent partagée entre la mondanité d’une part, et l’indifférence pour la gloire de Christ, de l’autre ? Qui voudrait, comme Daniel, jeûner et pleurer dans les palais de Babylone ? Qui de nous refuserait, sans regret comme sans ostentation, la portion de la viande d’un roi pour être nourri de légumes et d’eau ? Or, dans un tel état moral, je dis que la conscience — là même où elle est écoutée — réalise difficilement la mesure d’exercice devant Dieu, qui l’associera à la pensée de Dieu pour nommer « souillure », sans distinction de circonstances, tout ce qui tend à effacer l’opprobre de Christ. Faut-il chercher bien loin cet esprit charnel d’asservissement qui fait imiter le monde jusque dans ses formes extérieures les plus vaniteuses ? Que ferons-nous de sa gloire, si nous sommes imitateurs de sa frivolité ? Eh bien ! soumettez cet esprit charnel à la conscience individuelle, il sera très rarement jugé d’une manière assez sérieuse et assez profonde. Nous supportons le contact des éléments humains, et à peine nous demandons-nous si ce à quoi nous touchons est décidément mauvais. Nous caressons nombre de choses qui portent le caractère du monde et qui finiront avec lui ; et s’il s’élève une question intérieure sur ce penchant, nous nous répondons, pour le dire ensuite tout haut : Il n’y a pas de mal à cela. « Il n’y a pas de mal à cela » ! Oui, telle est la mesure d’exercice de bien des enfants de Dieu, et l’esprit dont nous sommes tous plus ou moins entachés et sous la sauvegarde duquel on voit aujourd’hui, parmi nous, poursuivre un but matériel d’une façon toute mondaine.

Or, quand le Seigneur nous aura pris auprès de Lui pour être là où Il est, que nous aurons été faits semblables à Lui, que nous Le verrons tel qu’Il est, face à face, ce qui est en partie aura sa fin, parce que ce qui est parfait sera venu. Alors nous pourrons jeter en arrière un regard rempli de la lumière et de l’intelligence divines, magnifier comme il convient tout cet amour journalier de Jésus que nous apprécions si peu maintenant, et dans l’énergie et l’abondance duquel Il soigne et chérit l’Assemblée. Mais le souvenir de nous-mêmes, de nos misères, de ces pensées, de ces paroles, de ces actes si peu réfléchis et qui revêtiront en ce jour-là leur vrai nom et leur vrai caractère, ce souvenir auquel rien — absolument rien — n’échappera, qui pourrait le supporter ? Qui même voudrait entrer dans le ciel, où le repos parfait est uni à la parfaite gloire, avec une pareille perspective ?

On demande peut-être que tout cela soit oublié. Mais l’oubli n’est pas un élément compatible avec le caractère divin, sauf en ce qui concerne les choses déjà jugées dans la présence de Dieu. Le péché est oublié, parce qu’il a été jugé en la personne de Christ sur la croix : « Je ne me souviendrai plus de leurs péchés, ni de leurs iniquités ». Et le Père, qui discipline fidèlement, oublie volontiers les infidélités de Ses enfants indociles et désobéissants du moment qu’ils trouvent devant Lui une parole de confession et de repentir dans leurs cœurs. Mais c’est pour le service qui constitue notre responsabilité à l’égard du Maître, qu’il y a un « tribunal du Christ ». Il se plaira à honorer tout ce en quoi Il aura été glorifié, sans oublier le moindre service, pas même un verre d’eau ; mais Il devra consumer par le feu tout ce qui n’aura pas été fait en vue de Lui-même, sans oublier une seule pensée vaine ou ce que nous appelons une action insignifiante. Paul, en parlant de la fornication, de l’impureté, de l’avarice, comme de choses qui ne devaient pas même être nommées parmi les Éphésiens, n’ajoute-t-il pas : « Ni chose déshonnête, ni parole folle, ni plaisanterie, lesquelles ne sont pas bienséantes, mais plutôt des actions de grâces » ? Et si nous sommes dans l’obligation morale de recevoir une semblable exhortation, combien le Seigneur en tiendra-t-Il solennellement compte au jour où tout ce que nous aurons fait dans le corps, soit bien, soit mal, sera examiné ! Mais pourquoi douter un seul instant de notre acceptation certaine, après que toutes les défectuosités de notre faible service auront été brûlées ? Ô réjouissante pensée ! Ici, comme en tout ce qui regarde notre portion céleste, il y aura final et complet triomphe de la grâce en laquelle nous avons été reçus et par le pouvoir de laquelle nous subsistons ! Et dans la plénitude du triomphe, nous pourrons alors considérer avec une entière joie tout ce qui restera de notre marche dans le désert, et exalter Celui qui nous y soigne avec une si grande tendresse et qui fait tant pour nous, tandis que nous faisons si peu pour Lui !

Veuille le Seigneur, en dirigeant l’attention des âmes vers cet important sujet, faire qu’il contribue à les établir dans la grâce, au lieu de les troubler — et nous remplir d’un dévouement plus vrai et d’une pieuse crainte de Lui déplaire, fût-ce par la plus petite légèreté !

Votre affectionné.