Livre:Exposé et structure détaillée du livre d’Ésaïe/Première partie - Chapitres 1 à 35/Chapitres 13 à 27

De mipe
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Ces chapitres annoncent le jugement des nations qui ont asservi Israël.

Première série : chapitres 13 à 14, 27

L’oracle touchant Babylone.

Chapitre 13

v. 1. Le sujet est Babylone, mais de fait la prophétie va beaucoup plus loin.

v. 2-8. Nous trouvons là la confusion des peuples, amenés à la fin, le « tumulte des royaumes des nations rassemblées… pour détruire tout le pays ». Tous entrent dans les portes des nobles. Les saints et les hommes forts de l’Éternel sont aussi rassemblés là pour assister au jour de Sa colère. Devant ces nations qui viennent pour détruire le pays, le peuple apostat, si je comprends bien, est livré à la terreur (v. 7, 8). Ce premier paragraphe a pu avoir son accomplissement partiel (encore futur quand Ésaïe prophétisait), lorsque les Chaldéens ont envahi la Judée, mais l’accomplissement effectif et total est pour l’avenir, au « jour de l’Éternel ». Ésaïe prédit un événement prochain qui lui-même préfigure un événement futur bien autrement étendu ; c’est ce qui rend souvent obscure la prophétie. De fait la Babylone historique n’aura pas de part propre à ce conflit de la fin, mais la première Bête de l’Apocalypse (l’empire romain), montée un temps par la chrétienté apostate (la Babylone prophétique), et qui sera la résurrection de la puissance latine, en sera un des grands acteurs sur la terre d’Israël. Le résidu (les saints et les hommes forts) sera témoin de ces choses, appelé à se réjouir en la grandeur de l’Éternel.

v. 9-16. Le tableau se continue par la description du jour de l’Éternel qui vient. La terre est désolée, les autorités sont détruites, perdent leur lumière. La colère de l’Éternel s’étendra sur le monde, ce sera un carnage universel, auquel le peuple apostat n’échappera point, tandis que les saints et les hommes forts y assisteront : le peuple apostat assiste à l’écrasement de ses petits enfants, la foi du résidu assiste à l’écrasement de ceux de Babylone (Ps. 137, 9).

v. 17-22. La vision prophétique revient au jugement, historique et passé pour nous, prophétique et prochain pour Ésaïe, de Babylone par les Mèdes, mais qui nous a conduits (paragraphe précédent) au jugement de la fin qui aura pour théâtre la terre d’Israël.

Chapitre 14

v. 1, 2. De même, ici, le retour de Juda de la captivité de Babylone est le type historique (encore prophétique sous Ésaïe) du retour futur du peuple tout entier, Jacob, ou Israël, de la dispersion. Ces deux versets placent devant nous la plénitude des délivrances et des bénédictions du peuple de Dieu (sept).

v. 3-11. Israël est appelé à prononcer un « cantique sentencieux » sur la chute du roi de Babylone, quand, à la suite de la victoire de Christ, « toute la terre » délivrée sera « en repos et tranquille ». Le retour de la captivité d’autrefois n’a été qu’une très incomplète image de cela. Nous avons ici le pouvoir impérial de la fin, la quatrième bête de Daniel, mais qui, comme nous l’avons vu plus haut, peut, de par son alliance avec le pouvoir religieux (c’est sur elle qu’est assise la grande prostituée d’Apocalypse 17), être appelée Babylone ; il ne faut pas oublier que le pouvoir impérial confié aux Gentils est aussi comparé à une statue dont Babylone est la tête d’or, mais qui forme un tout, debout dans son ensemble et brisé dans son ensemble.

v. 12-20. La confusion intentionnelle continue ici. L’on peut dire que toutes les puissances de la fin qui entrent en conflit avec le Messie, le vrai Roi, sont ici mêlées et confondues, sous le titre « l’oracle touchant Babylone » (13, 1). Nous en avons déjà signalé le motif. Ce temps futur est comme considéré de loin, les détails qui le différencient sont vus comme ensemble. Un de ses éléments est l’Antichrist, qui appartient à cette scène. Son alliance avec la Bête romaine lui donne une place dans cet ensemble. Il est « l’astre brillant, fils de l’aurore », comme le roi de Tyr en Ézéchiel 28. Il est confondu en partie avec la Bête, confondu de même avec Babylone, car c’est d’elle qu’il est dit : « Est-ce ici l’homme qui faisait trembler la terre ?… Ses prisonniers, il ne les renvoyait pas chez eux » (v. 16, 17). Ce roi s’arroge ici tous les caractères et les prérogatives de Christ (v. 13, 14). C’est bien le faux Messie.

v. 21-23. On revient à la Babylone historique et à sa destruction finale et définitive.

v. 24-27. Exemple nouveau de la confusion voulue que nous trouvons dans ces deux chapitres. Il s’agit ici de l’Assyrien, du grand ennemi d’Israël dans le prophète Ésaïe. Le tableau de la confusion (Babel, Babylone) de la fin ne serait pas complet sans lui. C’est la destruction de l’Assyrien prophétique, non pas dans son pays comme le roi d’Assyrie au temps d’Ézéchias, mais sur les montagnes d’Israël, lorsque le peuple de l’Éternel aura été complètement délivré. Maintenant la main de l’Éternel n’est plus étendue contre Israël (voyez 10, 4, etc.), mais contre toutes les nations (14, 26, 27). De là ce tableau, où toutes les puissances de la fin sont pour ainsi dire réunies sous un même nom : Babylone, et confondues dans une subversion commune.

Deuxième série : chapitres 14, 28 à 17

Il s’agit des nations immédiatement voisines d’Israël.

Chapitre 14, 28-32

Annonce du jugement sur la Philistie, prophétie qui devait être réalisée prochainement, sous Ézéchias, fils d’Achaz (2 Rois 18, 8), après que sous Achaz les Philistins avaient pillé Juda (2 Chron. 28, 18-20). Mais c’est aussi une prophétie future, qui sera accomplie quand l’Éternel aura fondé Sion et que les pauvres de Son peuple y trouveront refuge.

Chapitres 15 et 16

L’oracle sur Moab.

Au chapitre 15 est annoncé le jugement sur Moab. Par qui est-il exécuté ? Daniel 11, 41 montre que Moab, de même qu’Édom et en partie Ammon, échappent au roi du Nord. J’incline à penser que Moab tombera entre les mains d’Israël victorieux sous le Messie. Jérémie 48 s’étend sur les châtiments de Moab. Voir aussi Amos 2, 1-3, Sophonie 2, 8, 9 et Ésaïe 25, 10-12. Selon les psaumes 60, 8 et 108, 9, Moab est anéanti par le Messie, mais Jérémie 48, 47 nous apprend que les captifs de Moab seront rétablis à la fin des jours. C’est ce que nous allons voir au chapitre suivant.

Chapitre 16

v. 1-5. Après avoir été atteint par un jugement terrible, Moab devient en un temps futur le refuge du résidu de Juda lors de sa fuite sous l’Antichrist. Il cache les exilés, et ne découvre pas le fugitif. Aussi aura-t-il part aux bénédictions du trône de David (Jér. 48, 47). Ce refuge accordé au résidu de Juda a eu lieu historiquement sous Nebucadnetsar (Jér. 40, 11, 12), comme il aura lieu aux derniers jours lors de la grande tribulation.

v. 6-12. La désolation actuelle est le résultat de l’inexcusable orgueil de Moab. Mais, en raison de ce qui est rapporté dans les cinq premiers versets, il y a dans le cœur du prophète une pitié profonde à son sujet.

v. 13, 14. Il y a eu sous Ézéchias, à la suite de la prise de Samarie au bout de trois ans par l’Assyrien, un accomplissement de la prophétie d’Ésaïe contre Moab (2 Rois 18, 9 ; Jér. 48, 16). Moab fut dévasté, sans qu’on voie par qui ; mais il lui est resté un petit résidu prophétique, selon Jér. 48, 47.

Chapitre 17

L’oracle touchant Damas.

v. 1-3. Nous sommes reportés là à la sentence que nous avons entendu prononcer au chapitre 7, sous Achaz, contre la Syrie, et en même temps contre Éphraïm. Son exécution est rapportée vis-à-vis de Damas en 2 Rois 16, 9, d’Éphraïm en 2 Rois 17, 5, 6. L’un subira le même sort que l’autre.

Cependant il y aura un résidu de la Syrie, comme il y aura, v. 4-6, un petit, insignifiant, résidu d’Éphraïm.

v. 7-11. Du moment qu’il parle du résidu d’Israël, le prophète en montre la conversion. Cela eut lieu partiellement sous Joas, et, cent vingt-trois ans plus tard, sous Ézéchias (2 Chron. 24, 5 et 30, 11). Mais la chose va beaucoup plus loin ici : Israël rentrera dans sa terre, en reprendra possession, mais la plantera de « ceps étrangers », aussi retombera-t-il immédiatement sous le jugement.

v. 12-14. C’est ce qui donnera lieu au rassemblement des multitudes des peuples que nous avons vu, et verrons encore ; mais pour leur anéantissement final. Ce sera l’épouvante du temps du soir (Zach. 14, 7), mais c’est alors que l’espoir d’Israël commencera à renaître. « Avant le matin elles ne sont plus », car au matin même se lève le soleil de justice avec la santé dans ses ailes.

Troisième série : chapitre 18

Ce remarquable chapitre est à mettre à part. Il donne une vue d’ensemble des rapports du peuple juif avec toutes les nations que nous avons vues rassemblées autour de lui pour le jugement, aux derniers jours, dans les derniers versets du chapitre 17.

La nation sera d’abord ramenée dans son pays par une puissance maritime qui n’a rien à faire avec l’Assyrie et l’Égypte (les fleuves de Cush, savoir l’Euphrate et le Nil). Les conseils de l’Éternel envers cette nation s’accomplissent ainsi, mais, comme elle rentre dans l’incrédulité, l’Éternel n’intervient pas : Il regarde de Sa demeure, comme un spectateur. Mais Il ne peut être indifférent, à cause du résidu dont il est tant parlé en Ésaïe. Il y a une faveur sur ce retour de la nation en considération de lui. Elle semble prospérer, pousser des rejetons. C’est comme une nuée de rosée dans la chaleur de la moisson, comme une chaleur sereine sur la verdure. Mais aucune action de l’Éternel envers Son peuple ne se manifeste encore. Voyez 42, 14 ; 57, 11 ; Ézéchiel 16, 42 ; Zacharie 9, 8.

Avant la moisson où le bon grain, le résidu, sera recueilli dans les greniers de l’Éternel, le jugement sera exécuté sur le peuple apostat, en même temps que sur les nations qui l’auront du reste ravagé (v. 5, 6). Après ce jugement (Apoc. 19, 17, 18) le résidu, le vrai peuple, sera offert en présent à l’Éternel qui régnera sur la montagne de Sion (66, 20).

Quatrième série : chapitres 19 à 23

Extension des jugements.

Chapitres 19 et 20 — Jugement sur l’Égypte

Chap. 19, v. 1-10. Les jugements annoncés sont : 1° la guerre civile (v. 2) ; 2° la venue d’un roi dur et cruel (v. 4) ; 3° la famine par suite du dessèchement du Nil (v. 5-7) ainsi que la ruine des artisans et des commerçants (v. 8-10).

v. 11-15. La sagesse manque absolument chez les conseillers du Pharaon, cette sagesse si renommée de l’Égypte. Voyez v. 15 et 9, 14.

v. 16-25. En ce jour-là (ce qui nous reporte aux jours de la fin), l’Égypte tremblera devant le jugement de Dieu. La terre de Juda sera pour l’Égypte une terreur (v. 17) ; il s’agit évidemment des événements qui accompagneront la restauration de Juda. En ce jour-là cinq villes parleront la langue de Canaan et reconnaîtront le Dieu d’Israël (l’une est Héliopolis) (v. 18). En ce jour-là le culte de l’Éternel sera établi au milieu de l’Égypte, et, à la frontière même, quelque chose de semblable à l’autel de Hed (Jos. 22), en témoignage à l’Éternel. Car sous le joug de l’oppresseur ils crieront à l’Éternel qui leur enverra un Sauveur et un défenseur. Ils seront délivrés et connaîtront l’Éternel en ce jour-là, comme jadis le peuple d’Israël quand il fut délivré d’Égypte. Alors ils Le serviront avec sacrifice, offrande, vœux. « Et l’Éternel frappera l’Égypte », pour la guérir (v. 22). Sera-ce par l’invasion et la domination assyriennes ? L’Assyrien y restera-t-il longtemps depuis le premier siège de Jérusalem, avant d’être détruit sur les montagnes de Judée ? On peut comprendre dans tout cela que l’Égypte sera à la fin des jours entre les mains d’un roi cruel (v. 4) et que toute sa sagesse sera anéantie avant l’attaque et l’oppression de l’Assyrien, mais que, sous l’effet de ses épreuves accumulées, le peuple égyptien se tournera enfin vers l’Éternel. Enfin, versets 22-25, l’Égypte délivrée, l’Assyrie délivrée de son maître l’Assyrien, et Israël délivré de son maître l’Antichrist, reconnaîtront la seigneurie de Christ et formeront une triade de nations bénies, comme le peuple, l’ouvrage et l’héritage de l’Éternel.

Ainsi, même si l’on peut voir dans ces versets quelque rapport avec un jugement historique, passé, de l’Égypte (voir chapitre suivant), ils nous montrent toute l’histoire de l’Égypte se terminant par la bénédiction milléniale.

Le chapitre 20, lui, traite bien d’événements qui étaient prophétiques au temps d’Ésaïe mais qui sont maintenant accomplis ; il illustre le chapitre précédent, quant aux rapports entre Assyrie, Égypte et Israël.

v. 1-4. Sargon, roi d’Assyrie, envoie son général en chef contre Asdod de Philistie( ?), en vue, peut-on penser, d’une attaque contre l’Égypte[1]. Ésaïe annonce que trois ans après cette attaque le roi d’Assyrie emmènera captifs les prisonniers d’Égypte et d’Éthiopie, à la honte de l’Égypte. On peut se demander si le passage de 19, 1-15 ne fait pas mention de la même invasion.

v. 5 et 6. Israël est terrifié d’avoir mis sa confiance dans l’Égypte et l’Éthiopie, contre l’Assyrien, et dit : Comment échapperons-nous ?

Tout ce chapitre est donc de la prophétie accomplie historiquement et destinée à illustrer le chapitre 19.

Chapitre 21

v. 1-10. Oracle touchant Babylone.

v. 1-9. Babylone est appelée le désert de la mer parce que son pays a été réduit en désert, malgré l’Euphrate, comme jadis l’Égypte malgré le Nil (19, 5 ; cf. Jér. 51, 43)[2].

L’événement prophétique alors prochain, savoir la chute de Babylone, est annoncé en rapport avec la délivrance d’Israël. C’est là ce qui lui donne son importance. Le prophète est appelé à établir une sentinelle. Il surveille les événements. Au verset 5 c’est le festin de Belshatsar, auquel des préparatifs guerriers (« fais le guet ») donnent une pleine mais fausse sécurité. La sentinelle du prophète voit arriver de la cavalerie, des cavaliers marchant deux à deux, des troupes qui se suivent, en nombre indéfini, d’ânes et de chameaux pour les bagages. Elle n’a qu’une vue restreinte, mais ce qui passe sous ses yeux est interminable : de jour, de nuit, sans cesse un char d’hommes, un couple de cavaliers ! Cela suffit. Babylone tombe sans combat.

v. 10. La sentinelle, l’esprit prophétique, met ces événements en rapport avec Israël, le blé battu, le fruit qui sortira du jugement qui l’a atteint.

Ces versets célèbrent donc la chute historique, alors encore future, de Babylone, en vue de l’accomplissement des desseins de Dieu à l’égard d’Israël.

v. 11, 12. Oracle touchant Duma[3].

D’Édom (Séhir) on se moque de ce que l’Esprit place une sentinelle prophétique. Le moqueur lui dit : « À quoi en est la nuit ? ». Elle répond : « Le matin vient ». Ce qu’attend la foi est près de paraître, mais « aussi la nuit », pour l’incrédule et le moqueur. La certitude de ces choses ne te manquera pas si tu veux t’en enquérir. Mais en attendant « Revenez, venez… ». La porte de la repentance vous est encore ouverte.

v. 13-17. Oracle contre l’Arabie[4].

Comme le jugement de la Philistie est annoncé (chap. 20) en un temps rapproché, ainsi celui de l’Arabie l’est dans l’espace encore plus court d’une année. Les Dedanites s’enfuiront devant l’ennemi qui les poursuit et seront secourus par les habitants du pays de Théma. Mais toute la gloire de Kédar a pris fin. Ce jugement prochain ne semble pas devoir être révoqué.

En somme, dans tous ces chapitres c’est le jugement prochain qui domine et non les événements de la fin ; il n’en est du reste que l’avant-coureur.

Chapitre 22

Oracle touchant la vallée de vision.

C’est Jérusalem considérée, pensons-nous, comme l’objet des prophéties. Elle est assimilée aux Gentils sur lesquels tombe le jugement dans tous ces chapitres.

v. 1-4. Analogie avec la prise de Jérusalem par Babylone (Nebucadnetsar) sous Sédécias (2 Rois 25, 1-7).

v. 5-11. (Voyez 2 Chron. 32, 1-8 ; 2 Rois 20, 20 ; És. 36, 37). Analogie avec le siège de Jérusalem par l’Assyrien (Sankhérib) sous Ézéchias. En ce temps-là la ville fut gardée et délivrée à cause de la piété du roi. Allusion à l’invasion future de l’Assyrien, où les habitants de Jérusalem feront la même chose qu’Ézéchias, mais sans la foi de cet homme de Dieu.

v. 12-14. Au lieu de la délivrance de jadis, l’iniquité du peuple ne lui sera pas pardonnée.

v. 15-25. On voit ici la liaison entre les événements passés et les événements futurs. Même en supposant écrite cette prophétie aux jours d’Ézéchias, l’allusion à Babylone (v. 2-4), événement qui ne s’est passé que sous Sédécias, est en tout cas une prophétie, maintenant accomplie. De fait le cas d’Ézéchias auquel il est fait allusion est entièrement différent des versets 5-14, parce que Jérusalem subit ici le siège de l’Assyrien dans l’incrédulité et ne sera pas délivrée. L’allusion à Éliakim et à Shebna (voir 36, 3, 11, 22) est symbolique, mais elle montre, avec les trois premiers paragraphes, comment la prophétie relie les événements futurs aux événements passés. Nous entrons ici en plein dans la prophétie de la fin. Shebna, l’intendant infidèle, ambitieux et orgueilleux, sera précipité de son élévation, condamné à mort, chassé, renversé, lui qui a cru s’élever contre son seigneur. C’est la destruction de l’Antichrist. À sa place, Éliakim, type de Christ, Celui qui a la clef de la maison de David. Christ devient le « clou fixé en un lieu sûr » (Esdras 9, 8 ; Zach. 10, 4). En ce temps-là, l’Antichrist qui paraissait, par la puissance de Satan, être ce clou, sera brisé, et tout avec lui.

Résumé du chapitre 22. — En rapport avec les sièges passés de Jérusalem, où dans l’un Jérusalem fut prise, dans l’autre délivrée, il y aura dans l’avenir deux événements analogues. Dans l’un la ville sera prise (Zach. 14, 2) ; dans l’autre elle sera épargnée par l’apparition de l’Éternel pour Son peuple et le jugement des nations qui entourent et assiègent Jérusalem.

Chapitre 23

Oracle sur Tyr.

v. 1-5. La flotte de Tarsis (Méditerranée, Espagne ?) est dans la douleur du désespoir à cause de la destruction qui a atteint Tyr, et Sidon qui la fournissait. Tyr était le centre du commerce des nations, comme plus tard Carthage, colonie tyrienne (sans parler de Venise), puis Amsterdam, puis l’Angleterre. Tout le commerce maritime de Tyr n’a pas formé un peuple. L’Égypte fournissait sa prospérité à Tyr et la chute de cette ville ruine l’Égypte. Tout cela fait allusion à la destruction de Tyr par Nebucadnetsar (voyez Éz. 26-28). Cet oracle est historiquement accompli contre Tyr, mais ne sera pleinement accompli que dans la Babylone apocalyptique (Apoc. 18), quand tous les marchands et pilotes se lamenteront. Ne pas oublier que la Babylone apocalyptique a deux caractères, le caractère religieux et le caractère de prospérité mondaine et commerciale. Aussi le roi de Tyr devient la personnification de Satan et de l’Antichrist pour le temps de la fin. Tyr historique détruite par la Babylone historique devient à la fin un type de la Babylone apocalyptique, la chrétienté dans son aspect commerçant d’Apocalypse 13.

En Ézéchiel 28 le roi de Tyr c’est en premier lieu l’homme, comme prince établi en Éden (v. 2, 13), devenant satanique par la tentation de Satan, qui le séduit par l’orgueil et l’intelligence (v. 9, 10). Il se fait Dieu et s’appuie sur sa sagesse et la grandeur de ses richesses et de sa puissance. Depuis le verset 11 le vrai roi de Tyr est bien encore l’homme représenté comme créature, image de Dieu en Éden, mais assimilé à Satan, le chérubin oint dans lequel l’iniquité a été trouvée. Satan était un chérubin dans la sainte montagne, Adam était la forme accomplie de la perfection et de la gloire humaine à l’image de Dieu en Éden. Le premier s’est emparé du second et l’a précipité dans le même jugement que lui. Le roi de Tyr est le type de l’Antichrist dans sa puissance commerciale. Il est le successeur direct de Satan. Le roi de Babylone et aussi l’Assyrie est de nouveau le type de l’Antichrist dans sa puissance morale (Lucifer), actionné par Satan. En somme tous ces caractères se rapportent au caractère initial de Satan.

v. 6-9. L’abaissement, et la destruction, de Tyr se répète historiquement dans la destruction successive des puissances commerçantes, Venise, Amsterdam, Londres, etc., jusqu’à la destruction finale de Babylone commerçante.

v. 10-14. Nebucadnetsar est suscité contre Tyr, mais aussi contre Canaan, contre la puissance commerciale et contre la puissance spirituelle. C’est ce qui aura lieu à la fin.

v. 15-17. Au bout de soixante-dix ans Tyr est restaurée, comme Juda, mais, de même que lui, dans l’incrédulité et dans sa prostitution. Les motifs sont les mêmes que précédemment. Mais (v. 18) il arrivera un temps de restauration où, sous Christ, tout son commerce profitera aux saints et à leur gloire.

Cinquième série : chapitres 24 à 27

Vers l’aurore.

Chapitre 24

Ce chapitre reprend le sujet du chapitre 22 ou plutôt le continue sous un autre aspect ; il est placé ici parce qu’Israël est délivré par le jugement des nations.

v. 1-12. « Une ruine ». Ces versets donnent le tableau d’une dévastation complète du pays (1-11) et de la ville (12). Le peuple apostat dont parlait le chapitre 22, qui a « transgressé les lois, changé le statut, violé l’alliance éternelle » (v. 5) est consumé, entièrement vidé et entièrement pillé (v. 3). Jérusalem, la cité de désolation (v. 10) est ruinée et déserte. Tout cela a lieu par le rassemblement des nations au dernier jour.

v. 13-16. Mais il restera « au milieu du pays », dans cette débâcle, un tout petit résidu (sujet capital dans Ésaïe) qui sera sauvé (v. 13, cf. 17, 6). Nous trouvons ici ce résidu dans sa condition finale ; partout, depuis l’Orient jusqu’à l’Occident, on dit : Gloire au juste ! Les épargnés de la dispersion d’Israël se joindront au résidu de Juda pour glorifier le Juste, Christ dont ils portent le caractère. Le pays voit enfin leur retour véritable, et non plus dans l’incrédulité.

v. 16-20. Le prophète, en contemplant le jugement du peuple infidèle, dit : Malheur à moi. Ce jugement, qui est celui de la fin des temps, tombant sur les perfides, le peuple de l’Antichrist, « habitant du pays », l’atteint dans son cœur et ses affections, mais non dans sa conscience comme au chapitre 6 quand il se trouvait devant Christ, le juge. Il sait qu’il ne peut y échapper, mais il sait aussi à qui recourir quand les fondements de la terre sont ébranlés (Ps. 11, 3).

v. 21-23. L’Éternel répond en annonçant que Son jugement s’étendra plus loin, jusqu’à la destruction de Satan et de ses armées chassées du ciel, à la destruction des rois de la terre. Nous avons là la description du jugement définitif des puissances du mal, afin d’inaugurer le règne merveilleux de Christ. Satan et son armée seront précipités du ciel, les rois de la terre seront jugés sur la terre (v. 21). Toutes ces puissances terrestres seront jugées plus tard une seconde fois, au jugement des morts, mais ici c’est le jugement des vivants, précédant le règne de Christ. Ce jugement sera à la honte de toutes les puissances établies de Dieu et devenues infidèles. Mais le Seigneur aura Ses anciens sur la terre pour contempler Sa gloire : ainsi la scène terrestre avec ses participants correspondra à la scène céleste décrite en Apocalypse 5.

Ainsi ce chapitre montre le jugement du peuple, le résidu formé, le prophète prononçant le malheur sur lui-même, et la réponse de l’Éternel en destruction de toute la puissance satanique pour inaugurer le règne glorieux de Christ.

On remarquera que depuis le verset 21 de ce chapitre il est question de ce qui arrivera « en ce jour-là » (voyez 25, 9 ; 26, 1 ; 27, 1, 2, 12, 13).

Chapitre 25

Un cantique commence à s’élever dans le pays de Juda.

v. 1-8. C’est le chant de louange du résidu au sortir de la grande tribulation. Jérusalem va devenir le centre de bénédiction pour les peuples. Le résidu célèbre l’accomplissement des conseils de son Dieu. Il a détruit toute ville puissante des nations, que ce soit Ninive ou Babylone, sans qu’elle soit jamais rebâtie. C’est pourquoi les nations (il semble qu’on doive interpréter ainsi « le peuple fort » du v. 3) glorifieront Dieu par les jugements qui fondront sur elles ; la cité qui restera des nations terribles (Assyrie, Égypte, Babylone) craindra l’Éternel après l’exécution de ces jugements. Le faible et pauvre résidu (v. 4, 5) a été merveilleusement mis à l’abri dans la tempête et a trouvé dans l’Éternel refuge, abri, protection puissante contre laquelle est venu échouer tout l’effort de l’ennemi. Alors (v. 6) les nations seront bénies dans la bénédiction d’Israël ; alors elles verront (v. 7) ; alors la mort sera engloutie en victoire sur la terre (v. 8) — car, sauf le méchant, les hommes ne mourront plus pendant le règne millénaire — comme elle l’aura été en résurrection pour les saints célestes (1 Cor. 15, 54) ; alors comme pour le ciel (Apoc. 21, 4) les douleurs et l’affliction auront passé pour les habitants de la terre (v. 8), car une larme essuyée par Dieu ne reparaît pas ; alors, enfin, l’opprobre du peuple de Dieu sera ôté de dessus toute la terre.

v. 9-12. Remarquez que depuis le verset 1 il n’est question que de cantiques, qui se prolongent au chapitre 26. De même ici au verset 9 c’est la joie de la délivrance chez ceux qui se sont attendus à l’Éternel. L’attente du résidu est exaucée, la main de l’Éternel reposera sur Sion : c’est le repos définitif. La montagne de Sion est établie comme centre de la puissance de Dieu, comme au verset 6 elle l’est comme centre de la bénédiction des nations. Devant cette puissance Moab, type de l’orgueil sans frein de l’homme pécheur, est abaissé dans la poussière.

Chapitre 26

Le cantique chanté dans le pays de Juda. Il répond au cantique d’Apocalypse 5 et à celui d’Apocalypse 14. Tous ces chapitres offrent un parallèle constant entre les bénédictions terrestres du résidu et les bénédictions célestes que nous possédons.

v. 1-6. « En ce jour-là » est chanté en Juda le cantique de la délivrance. Tandis que la cité des nations est en ruine et sera foulée aux pieds, la ville haut élevée, abaissée (v. 5), le résidu a maintenant une « ville forte », fruit du salut. Il est appelé la nation juste (il n’est plus question des impies en Sion) ; il entrera dans la ville forte à la suite du Roi de gloire (Psaume 24). La justice, la paix, la fidélité, la confiance, la caractérisent. Elle est fondée sur le Rocher des siècles.

v. 7-11. Remarquons que ce cantique n’est pas encore la pleine jouissance de la délivrance, mais l’inauguration de ce qu’elle va être. Les portes ne sont pas encore ouvertes, le pied du résidu ne foule pas encore la cité des nations (v. 6). C’est encore la nuit (v. 9). Les jugements de Dieu sont encore sur la terre. Mais le résidu a espéré en l’Éternel dans le chemin de Ses jugements et son désir est après Son nom et Son mémorial : en sorte que pour lui le chemin des jugements sera fait pour le pousser d’autant plus vers l’espérance. Pour le monde il faut qu’il apprenne par les jugements ce qu’est la justice de Dieu. Le feu n’a pas encore dévoré les adversaires mais les habitants du monde vont enfin apprendre la justice, par les jugements dont ils n’ont pas tenu compte et qui comme un feu consumant vont les dévorer. La grâce ne peut faire connaître cette justice à ceux qui persévèrent dans le mal, méprisant la leçon qu’ils auraient dû apprendre, et vont au-devant du feu dévorant.

v. 12-18. Tout cela est l’aube de la bénédiction, elle ne peut manquer : « Tu établiras la paix pour nous ». Dieu l’établit en vertu des œuvres qu’Il a opérées, et qu’Il donne aux siens le droit d’appeler « nos œuvres ». Par contre « les morts ne vivront pas » ; Dieu avait ramené la nation en Canaan quand elle était dans l’incrédulité ; alors sont venues les douleurs de l’enfantement (v. 17 et 18), la ruine subite (cf. 1 Thess. 5, 3) ; mais le résidu a invoqué Dieu au jour de la détresse, sous le châtiment, et Dieu répond à ces affligés. Si ce résidu n’est plus composé que de quelques-uns, la nation est augmentée et se rassemble de tous les bouts de la terre. Il s’était épuisé en efforts inutiles pour assurer le salut du pays (v. 18), mais il fallait que la délivrance vînt uniquement de l’Éternel.

v. 19-21. Tandis que « les morts ne vivront pas » (v. 14), les morts de la nation apostate qui a été exterminée, et que les nations ennemies, les habitants du monde (v. 9) sont engloutis par les jugements, il est dit : « Tes morts vivront ». C’est la résurrection nationale du peuple, qu’on trouve en Ézéchiel 37 et en Daniel 12, 2. Sa rosée est la rosée de l’aurore (v. 19 ; cf. Ps. 110, 3). Ces versets sont la réponse de l’Éternel au cantique de Juda, en même temps qu’ils donnent la date où ce cantique sera chanté. Le peuple est engagé, dans la certitude absolue que sa résurrection est à la porte et que le royaume va s’établir, à se cacher « pour un petit moment jusqu’à ce que l’indignation soit passée » (v. 20).

Tout ce chapitre, comme le suivant, a trait à ce qui se passera « en ce jour-là » : ce jour est une courte période, qui précède immédiatement l’établissement du règne. La fin des jugements est là, et le premier printemps de la grâce va apparaître.

Chapitre 27

« En ce jour-là ».

v. 1. « En ce jour-là » le serpent d’Égypte sera frappé (voir chap. 19, 5, note) et définitivement anéanti. C’est le jugement de Satan qui avait exercé son action dans la confusion des peuples.

v. 2-6. Alors l’Éternel aura en Israël une vigne de vin pur (cf chap. 5). Il la défendra contre tous les ennemis.

v. 6-11. Dès lors Israël tout entier prospérera. L’Éternel l’a châtié avec mesure. Son iniquité est ôtée par le jugement. Toute son idolâtrie est abolie. Le jugement sur la « ville forte » (Jérusalem coupable ?) et sur le peuple apostat est, par contre, sans miséricorde. Jusqu’aux femmes en Israël le condamneront et le jugeront sans miséricorde, et Dieu n’usera pas de grâce envers lui, quoiqu’Il soit l’auteur d’Israël (v. 11).

v. 12, 13. « En ce jour-là » enfin, et c’est là-dessus que se clôt tout ce qui est dit dans cette série remarquable de chapitres, aura lieu le rassemblement du vrai peuple d’Israël hors d’Égypte et d’Assyrie. Il viendra se prosterner devant l’Éternel en la montagne sainte, à Jérusalem.



  1. Il peut s’agir de l’entreprise victorieuse d’Ésar-Haddon contre l’Égypte, que l’histoire rapporte (vers 670, sous Manassé roi de Juda). Mais déjà Sankhérib avait défait des troupes égyptiennes et éthiopiennes appelées au secours de la Philistie envahie, vers 703, donc sous Ézéchias, et après une campagne contre Mérodac-Baladan, roi de Babylone. — (Éd.)
  2. Rappelons que la Babylonie est un pays bas aboutissant à la mer (golfe Persique), mais de climat très sec, un désert où la vie est apportée par les fleuves seuls. (Éd.)
  3. Ce nom s’applique à un peuple nomade voisin immédiat de l’Idumée ; peut-être le prophète l’identifie-t-il à celle-ci, bien que Duma soit dans l’Écriture un descendant d’Ismaël et non d’Ésaü (Gen. 25, 14). (Éd.)
  4. Il s’agit non de toute la péninsule que nous appelons ainsi mais de tribus arabes dans le nord de celle-ci. Kédar et Dedan en étaient, de même que Théma. Ces tribus pastorales étaient à l’aise (És. 60, 7 ; Jér. 49, 20). Dedan et Kédar étaient « en relation de commerce » avec Tyr (Éz. 27, 20, 21. Voir aussi És. 42, 11 ; Jér. 2, 10 ; 49, 28, 29). On place ordinairement l’oasis de Théma à quelque quatre cents kilomètres au sud-est du pays d’Édom. Tous étaient des Ismaélites (Gen. 25, 3, 13, 15). (Éd.)