Écho du Témoignage:Abraham

De mipe
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J’ai trouvé dernièrement un intérêt tout particulier dans l’histoire d’Abraham, et je vous envoie un court aperçu de ce qui m’a frappé dans cette histoire comme tableau de plusieurs éléments intéressants de la vie de la foi. Ce qui m’a spécialement occupé, c’est la différence qu’il y a entre le culte public et la communion personnelle que cette histoire présente, l’intimité de la dernière, et le fondement sur lequel elle repose. Mais par suite d’autres occupations, je dois me borner à une esquisse rapide.

La vie d’Abraham, en tant qu’elle nous est présentée comme vie de la foi, commence par son appel quand il était en Mésopotamie, avant qu’il habitât à Charan. Le Dieu de gloire lui apparut, dit Étienne. En un mot, c’est par la révélation que Dieu lui donna de Lui-même qu’il fut appelé dans le sentier de la vie. Objet de l’élection divine, la révélation que Jéhovah lui accorde de Lui-même l’appelle hors des ténèbres et de son état d’assujettissement à la puissance de Satan (car sa famille adorait d’autres dieux au-delà du fleuve hors du pays de la promesse) et lui donne les promesses, en rapport avec une foi qui le fait partir sur la simple parole de Dieu, pour être conduit là où Dieu lui montrerait son pays et sa demeure. Il devait tout quitter pour la parole et la promesse de Dieu. C’est là le premier élément et le premier caractère de la vie de la foi. Le Seigneur donne cette histoire avec assez de détails pour faire voir que, jusqu’à ce qu’Abraham eût pleinement rompu avec tout ce que Dieu l’appelait à quitter, il ne peut point, quoique ayant quitté beaucoup et pouvant alléguer les meilleurs droits de la nature pour ce qu’il retenait, atteindre la fin en vue de laquelle il avait quitté tout le reste. Il avait quitté Ur, était venu à Charan et il demeura là. Cependant, après la mort de Taré il quitta Charan, comme le Seigneur le lui avait dit, et maintenant il arrive à Canaan. Ceci commence la seconde partie de la vie de la foi : ce qui se passe dans le lieu de la promesse.

Dans cette vie de la foi nous sommes appelés à partir en nous confiant en Dieu pour le lieu de la promesse et de l’espérance, appelés par la précieuse révélation de Dieu à nos âmes, et nous avons à marcher avec Dieu dans cette place de bénédiction et de communion où nous sommes entrés en esprit. C’est la seconde partie de notre vie chrétienne. Elle se trouve ici (chap. 12, 6-8). Abram va et vient dans le pays de la promesse — pour nous ce sont les lieux célestes. Les Cananéens, la puissance du mal ennemie, sont encore dans le pays. Un jour Josué les en extirpera ; mais pour la marche de la foi d’Abram, ils sont encore dans le pays pendant qu’il y marche dans l’espérance. Combien cela est vrai, et que nous sommes loin de nous en souvenir toujours suffisamment !

Le Seigneur apparaît à Abram ; c’est là le fondement du culte aussi bien que de la marche. Ce n’est pas évidemment pour le faire partir en tout quittant, qu’Il lui apparaît, car Il lui apparaît quand il se trouve, bien que ce soit comme étranger, dans le pays où Dieu l’avait amené : Il lui apparaît pour attirer à Lui-même les affections de celui qu’Il avait amené là. Mais ce n’est pas dans cette condition qu’Abram doit le posséder ou l’hériter. Il aurait beaucoup perdu par une possession pareille : sa position d’étranger là, dirigeait, par l’effet de la grâce, son cœur et son espérance vers une cité qui avait des fondements, vers une meilleure patrie, c’est-à-dire la céleste. Nous pouvons sûrement dire qu’il nous était avantageux que Christ s’en allât. Oh ! combien elles sont douces les associations et les espérances célestes auxquelles Il nous a introduits par l’Esprit qu’Il a envoyé en conséquence de ce qu’Il est monté en haut ! Comme Il a véritablement établi l’homme avec Dieu dans les lieux célestes, et combien une telle position vaut mieux que l’établissement d’un royaume terrestre, quelque glorieux qu’il soit ! Il y a quelque chose de particulièrement excellent et béni dans une vie de foi, dépendante de Dieu pour la jouissance qu’on prend en ce qui ne se voit pas. Un homme du monde, quelqu’un, du moins, qui avait passé sa vie comme tel, un de ses sages, a dit : « Tout ce qui fait prédominer le passé, le lointain ou l’avenir, sur le présent, élève l’homme sur l’échelle des êtres intelligents ». Comme il en est beaucoup plus ainsi lorsque c’est Dieu qui remplit tout, et cela dans la création et la manifestation d’affections qui sont éveillées et formées par Christ et qui l’ont, Lui et la perfection divine qui est en Lui, pour leur objet et leur source !

Je reviens à l’histoire que nous étudions. Le Seigneur apparut — fit sentir à Abram d’une manière pratique qu’il ne devait pas avoir le pays : — Dieu et confiance en Lui, telle était sa portion — il était étranger dans le pays ; quant à ceci l’espérance était sa portion propre, mais il l’hériterait dans sa semence. Il y avait un dessein de Dieu arrêté, et ce dessein il devait le connaître de cette manière. Quelle bénédiction de se reposer ainsi en Dieu, le cœur fondé sur des communications de Sa propre part et sur l’assurance qu’Il peut nous bénir en nous enseignant à nous confier assez en Lui pour vivre la vie de la foi et nous contenter de Lui ! La part la meilleure dans ce monde, c’est d’y avoir un cœur d’étranger qui a Dieu avec Lui : ce fut celle de Christ de la manière la plus parfaite, et dans le plus parfait degré ; Dieu aura à exécuter le jugement pour en introduire d’autres dans la bénédiction effective ; quant à nous, nous possédons tout avec Lui et, maintenant et même pour toujours, en Lui-même : nous n’avons pas besoin du jugement pour jouir de notre portion, quoique nous sachions que le jugement aura lieu et opérera la délivrance pour tous les autres[1]. C’est là la position de l’Église, et c’en est une très bénie — elle souffre avec Christ. Cette position dans le cas d’Abram amena le culte. C’est pour nous son véritable effet, son effet réel. C’est à Dieu qui lui était apparu qu’il éleva son autel : la révélation que Dieu accorde de Lui-même dans le lieu de la promesse a pour effet le culte, comme Sa révélation, quand nous en sommes éloignés, nous place sur le chemin vers le lieu de repos que Dieu doit nous montrer. C’est cette précieuse révélation de Lui-même par Dieu, nous mettant en relation consciente avec Lui-même, et découlant de ce que la foi seule connaît, qui forme la base du culte. C’est le sentiment de Sa faveur, de l’intérêt direct qu’Il prend en nous, le sentiment qu’Il nous a mis par Sa révélation en rapport avec Lui-même, qui, dans cette confiance et par elle, crée le culte. Notre culte répond à la révélation que nous avons ainsi, tout en étant fondé sur la grâce de cette révélation ; la révélation du dessein de Dieu, et de la manière dont Il accompagnera Sa promesse, accompagne la révélation sur laquelle il est fondé, et en fait partie ; mais ceci place l’âme en relation permanente avec Dieu de cette manière. Pour Abram, le culte réalise les diverses parties de la demeure promise à la foi pour être possédée quand le pèlerinage sera achevé ; et quand il en réalise la jouissance, son pèlerinage, son autel, sont renouvelés. Il parcourt le lieu de la promesse et de l’espérance, où il est encore étranger ; mais lorsqu’il dresse sa tente dans la jouissance de ce lieu, il dresse aussi son autel. C’est là un doux et heureux tableau de la vie et de l’occupation de la foi. Ces deux éléments — le départ pour le voyage vers le lieu de la promesse, et le fait que Dieu y est heureusement reconnu, constituent les deux parties de la vie de la foi. Le reste de ce chapitre, sur lequel je ne m’étends pas, montre la chute du croyant qui, si le lieu de la promesse ne lui offre pas tout ce qui lui est nécessaire pour ses besoins actuels, est capable, au lieu de consulter Dieu, de descendre vers le monde pour y chercher du secours. Cette conduite, quoique accompagnée de la prospérité extérieure — comme ç’a été le cas pour l’Église — mène à une infidélité plus grande. Abram n’a pas d’autel ici, ni jusqu’à ce qu’il retourne à l’autel qu’il avait fait au commencement, là où à la fin il en avait eu un — il n’a pas non plus de communication nouvelle — et ne fait pas connaissance plus ample avec le lieu de la promesse. Tout ce qu’il peut faire, par grâce, c’est de revenir au lieu qu’il avait quitté.

Quand Abram fut revenu à l’autel qu’il avait quitté avant de descendre vers le midi, nous le voyons de nouveau occupé à rendre culte. Ici, quoique peut-être la prospérité dont on avait joui en Égypte eût été l’occasion de la querelle et des chagrins qui survinrent, la conduite d’Abram est de toute beauté et signale quelqu’un qui a la portion céleste. Si l’Égypte l’a trahi, elle lui a du moins enseigné une leçon. Revenu avec cette expérience à la communion avec Dieu, il possède assez en elle pour faire, dans l’esprit de grâce, l’abandon de tout le reste. Il arrive un moment où notre propre foi est mise à l’épreuve : souvent nous marchons par celle d’autrui ; mais il faut que notre propre état soit éprouvé. Lot, un croyant, choisit le monde contrairement à tout sentiment, et tourmente son âme juste au milieu de ce qui était l’objet même du jugement qui approchait. Aussitôt que le croyant aux pensées mondaines et sa portion sont ensemble, et qu’il a été donné effet, par le désir mondain de Lot, à la distinction faite par la foi et la fidélité dans le désintéressement du bonheur et de la grâce céleste où Dieu était une suffisante portion, Dieu dit à Abram de se promener par tout le lieu de la promesse et d’en prendre connaissance dans sa longueur et sa largeur ; au nord, au midi, à l’orient, et à l’occident, dans toute son étendue — tout cela était à lui. En d’autres termes, quand une fois le cœur a renoncé à tout ce que l’égoïsme voudrait avoir de ce qui semblerait être en dedans des limites du pays, mais a été pris par le cœur charnel pour y prendre son plaisir, la pleine étendue et les détails précieux de ce dont nous devons jouir avec Dieu nous sont révélés — et révélés expérimentalement. Nous avons donc ici, après le caractère général de la vie de la foi et la chute en elle, un caractère important de l’expérience qu’on y fait : après la chute, le rétablissement par grâce dans la communion, la complète victoire sur le monde, et le renoncement au monde, l’âme a un sentiment tel de la valeur des choses célestes et invisibles qu’il affranchit de l’influence du monde. La conséquence est, qu’on échappe au danger d’être embrouillé dans ce qui est la scène et l’objet du jugement, et qu’on acquiert une pleine connaissance expérimentale de l’héritage de la foi. Remarquez qu’Abram échappe et obtient un accroissement de privilèges en marchant dans le sentier de la foi où il n’y a pas de perception des conséquences. Abram avait fléchi par faiblesse et manque de foi sous l’épreuve, mais son cœur était droit ; et après le trouble que sa faute avait occasionné et sa restauration, l’effet même de cette expérience humiliante est de lui faire donner la supériorité à toute l’influence mondaine, ce qui le préserve entièrement de la fatale erreur de Lot[2]. Ici le Seigneur, tout en n’apparaissant pas, comme quand Il l’appela ou se révéla à lui dans le pays de la promesse, parle à Abram. Et Abram, après avoir transporté sa tente, bâtit un autel au lieu où il vient demeurer. Effectivement, notre culte est en proportion de la mesure dans laquelle nous entrons dans les détails de notre portion de la part de Dieu.

Ici nous avons, dans ce que nous avons lu jusqu’ici, trois de ces autels, et dans un certain sens, quatre. D’abord, celui qui avait été bâti à la suite de la révélation que le Seigneur avait donnée de Lui-même dans le pays, ce qui donne le caractère général du culte de la foi. Secondement, celui qui montre le caractère permanent du culte, dans la position et la marche d’étranger, de l’adorateur. En Égypte, hors du lieu de la promesse et de la foi, il n’y en a aucun ; puis, ce qui m’en faisait compter en un certain sens quatre, le retour au lieu de la position d’étranger et du culte dans le pays de la promesse ; et enfin, après que son cœur exercé eut renoncé à tout excepté Dieu, et que Dieu — le croyant aux sentiments mondains ayant choisi la plaine bien arrosée — lui eut fait connaître par expérience toute l’étendue de la scène de la promesse, il bâtit là un autel pour adorer le Dieu qui lui avait tout donné, lui en avait assuré la possession, et lui en avait donné la connaissance dès à présent et la jouissance en espérance. Mais renoncer au monde est le chemin de la victoire sur lui ; le choisir, c’est l’asservissement à son pouvoir. Lot est emmené captif par les puissants de la terre, en même temps que ceux au milieu desquels ses penchants charnels l’avaient conduit. Abram, libre et marchant dans la foi de Dieu, a, de Sa part, plus de force que tous les rois vainqueurs ou vaincus, et délivre Lot et les rois qui ne pouvaient se secourir eux-mêmes. La pleine victoire de la foi est présentée ici — la nôtre, ce n’est point par les armes charnelles qu’elle est gagnée, et ce que la victoire d’Abram figure ne sera pleinement accompli qu’en rapport avec les Juifs. Ceci amène Abram sous la bénédiction de Melchisédec, Dieu prenant le caractère, qui est proprement millénial, de possesseur des cieux et de la terre. La louange et la bénédiction constituent l’œuvre sacerdotale de Melchisédec. C’est la victoire de la foi et la pleine bénédiction de Christ, sacrificateur et roi de l’empire universel de Dieu, définitivement établie — tous les ennemis étant vaincus. Mais dans le récit historique cela donne occasion à Abram, non pas simplement de renoncer complètement au monde, mais de refuser de dépendre de lui pour la moindre chose. Abram dépend de Dieu pour les richesses et pour tout. Dans une telle relation, recevoir du monde, dépendre de lui, lui être redevable de quelque avantage, c’est une souillure. Ainsi se termine cette partie de l’histoire d’Abram et du culte qui lui appartient. Des détails de la nature la plus intéressante sont donnés en ce qui suit, mais ils ne sont que le développement de sa relation personnelle avec Dieu. Ce que nous avons examiné constitue la vie publique de la foi dans ses caractères généraux. Ce qui suit entre dans la communion privée et personnelle qui appartient à la vie de la foi, par la grâce divine qui la visite. Nous n’y trouvons pas le culte, mais ce que nous pouvons avec révérence appeler relations. Il nous est dit dans un endroit que Dieu parla avec Abram. Abram, sans aucun doute, tomba sur son visage, la position convenable dans une telle relation ; et même lorsque, en toute liberté, il intercéda auprès de Jéhovah pour d’autres quand Jéhovah lui apparut sous la forme d’un homme, ce fut avec la plus entière reconnaissance de la gloire divine de Celui avec lequel il parlait. Toutefois, ce n’était pas le culte, mais des communications de la part de Jéhovah à Abram, et en retour d’Abram avec Lui.

Nous avons ici une bénédiction et un privilège d’une nature toute particulière — une grâce, une intimité qui réclame notre attention la plus profonde et la plus pleine d’adoration. Et si c’est l’aimable tableau de cette familiarité condescendante de Dieu avec les tout premiers mouvements et pour ainsi dire, les mouvements enfantins de la foi, qui nous est présenté ici, sûrement dans la maturité de la connaissance de toutes Ses voies et de toute Sa grâce que nous possédons par la rédemption et par le don de Son Saint Esprit, ce privilège n’est point perdu. Il peut être d’un caractère plus profond — plus empreint d’une sainte révérence, comme rempli d’une connaissance plus profonde de Dieu — plus confiant, parce que l’amour de Dieu est mieux connu — moins familier, mais plus intime ; toutefois il existe, et le gracieux tableau que nous en avons dans le cas d’Abraham n’est pas perdu pour notre instruction. Il a un caractère chrétien, et non le caractère patriarcal ; mais le même Dieu qui nous aime, et la même foi qui se confie en Lui, se rencontrent par Sa grâce pour recevoir les communications pleines de grâce de cet amour, et pour dire nos besoins et les sentiments de nos cœurs, et aussi les besoins des autres, à quelqu’un sur lequel nous savons comment nous pouvons compter. Ces communications ont un caractère très différent, tant du côté du Seigneur que, par suite de cela, du côté d’Abraham, mais elles étaient toutes ce que je puis appeler personnelles.

La première occasion de ces communications de la part de Dieu fut le refus formel et absolu d’Abram de rien prendre du monde, même là où il lui avait rendu le plus grand service possible. Il ne voulut avoir rien à faire avec lui, depuis un fil jusqu’à une courroie de soulier. Sa foi avait remporté la victoire sur la puissance du monde, et son estime de la valeur de sa propre relation avec Dieu lui fit refuser la récompense que le monde lui offrait. Dieu répond à cette conduite d’Abram et lui dit : Je suis ton bouclier et ta grande récompense. Sa défense dans la bataille avait été Dieu ; sa grande récompense, non pas les pauvres et périssables dons d’un monde, auquel son débiteur est après tout redevable de quelque chose — reconnaît, au moins, qu’il recevra de lui — mais le Seigneur Lui-même. Telle est, d’une manière générale, la précieuse déclaration faite à Abram par la parole du Seigneur. Il y a une différence entre les communications du chapitre 15 et celles du chapitre 17. Dieu ne visite pas, pour ainsi dire, personnellement Abram dans le chapitre 15 ; et c’est dans une vision qu’Il lui déclare ce qu’Il est pour lui — bénédiction grande et toute spéciale, mais évidemment différente de la révélation personnelle des chapitres 17 et 18. Voici en quoi les deux communications diffèrent essentiellement. Dans le chapitre 15, Dieu déclare ce qu’Il est pour Abram, dans le chapitre 17, ce qu’Il est : et ceci mène à une communion beaucoup plus profonde et à une manifestation plus étendue de la grâce, et par cela même à une plus grande identification avec la pensée de Dieu dont le cœur est plus pénétré, que ne le fait la révélation du chapitre 15. Cette dernière fait des besoins et des désirs d’Abram la mesure de ses bénédictions, ou, du moins, ses besoins et ses désirs caractérisent ses bénédictions. En conséquence, Abram est rejeté sur lui-même. Dieu le rencontre là pleinement en grâce, mais c’est à ses besoins et à ses désirs qu’Il répond. Or, cela est très précieux. Dieu manifeste Sa condescendance la plus tendre. Il nous inspire confiance : nous pouvons, en conséquence, Lui exprimer nos besoins, Lui ouvrir nos cœurs ; et toute la communication qui résulte de cela, en même temps qu’elle nous fait mieux connaître Dieu, nous mène à cette connaissance de Lui qui nous fait voir notre propre petitesse en ce que nous Lui avons présenté comme l’objet de nos désirs, et nous donne de trouver notre joie en Lui-même, et de tirer nos sentiments envers les autres de Lui-même, et de la jouissance efficace pour nous faire ressembler à Lui, de ce qu’Il est pour nous-mêmes.

Ainsi, lorsque Dieu eut dit à Abram qu’Il était son bouclier et sa récompense, Abram répond : Que me donneras-tu ? Il présente à Dieu le premier besoin de son cœur. Dieu lui avait dit qu’Il était Lui-même sa récompense ; mais quand c’est sur nos sentiments et nos besoins que nous sommes rejetés, si Dieu se présente comme notre portion, le cœur humain se tournera, par l’effet même de la confiance qui est produite en lui, vers ses propres pensées et ses propres désirs. L’idée de la récompense d’Abram conduisit Abram aux besoins, aux sentiments et aux désirs d’Abram. Quoique Dieu eût dit, et même parce qu’Il avait dit qu’Il était sa récompense, l’amour et la bonté étaient sentis, mais ne mettaient pas de côté ce qu’Abram désirait obtenir de cette bonté, si elle était là, ni ne conduisaient Abram au-delà. Dieu savait tout cela et en prenait occasion de manifester Ses pensées propres et Ses desseins. C’est donc à la grâce qui descend jusqu’au cœur de l’homme lui-même et l’attire en confiance vers Dieu, mais par là le laisse dans le cercle de ses besoins propres et de ses propres sentiments, tels, toutefois, qu’ils peuvent exister en connexion avec Dieu ; mais alors, remarquez-le, n’allant pas au-delà de ce monde, au-delà de ce dont l’homme a besoin comme conscient de sa position ici-bas. L’intervention de Dieu en bonté pour nous dans cette sphère-ci est pleine de douceur, mais ce n’est pas dans Son but céleste. Comme homme sur cette terre, Abram avait besoin d’un fils pour continuer son nom, et d’une postérité pour hériter et jouir des promesses : Dieu était pleinement dans la pensée de donner cela. Abram rattache le désir naturel de son cœur au témoignage de la faveur divine, que Dieu, dans la révélation qu’Abram avait reçue quand il fut arrivé dans le pays, avait promis une semence à Abram en rapport avec l’héritage du pays. Naturellement, Abram désirait assurer à ses propres descendants les bénédictions et la gloire promises. Si son désir eût été simplement de jouir de Dieu dans le ciel, il n’y eût pas eu de place pour un désir pareil ; mais, du moment que ses pensées restaient sur la terre et que Dieu lui avait promis de le bénir là, il y eut lieu à ce désir. Il entrait dans les desseins de Dieu, mais prenait nécessairement, si la bénédiction devait être précise, un caractère terrestre. De quelque nature qu’ils soient, nos besoins ont nécessairement leur place sur la terre. Nous pouvons introduire Dieu en eux, mais c’est en eux que nous l’introduisons, et Il est certes assez miséricordieux pour y entrer. J’ai dit que la réponse de Dieu, quand Il précisait Sa promesse, prenait nécessairement un caractère terrestre. Ce chapitre rend cela manifeste. Il renferme aussi quelques principes remplis de bénédiction, mais qui caractérisent la position d’Abraham ; très précieux en eux-mêmes, mais répondant toutefois à la nécessité et à la faiblesse de l’homme, et non pas proprement à la communion dans son sens le plus vrai et le plus élevé. Dieu faisait des communications à Abram, et Abram parlait avec Lui ; mais ce n’était pas la communion dans le sens de la jouissance de Dieu Lui-même, et de la conformité avec Sa nature. La justice est imputée à Abraham ; vérité précieuse ! Comment eût-il pu sans elle se tenir devant Dieu, ou être le béni de Dieu ? Il croit à la puissance de résurrection en Dieu, et en Sa fidélité à accomplir Sa promesse, et cela lui est imputé à justice. C’est la première fois que cette grande et toute importante vérité est enseignée dans l’Écriture, ou même qu’il en est fait mention : et cela, je n’en doute pas, avec intention, quoique nous sachions bien qu’il y avait eu auparavant des croyants. Mais à présent que nous voilà à la grande racine de l’arbre de la promesse, cette vérité fondamentale devait être manifestée. Le fondement même de la bénédiction de l’homme était posé ici, mais c’était encore en réponse à la nécessité de l’homme. Il ne pouvait pas subsister devant Dieu, ou hériter de la promesse sans la justice ; il ne l’avait pas en lui-même : Dieu lui impute sa foi comme telle.

Ensuite, pour assurer le faible cœur de l’homme, Dieu se lie Lui-même par une alliance. Condescendance bien miséricordieuse en vérité ! Mais quelle réponse trouve cette grâce dans sa merveilleuse condescendance ? — À quoi connaîtrai-je que je posséderai le pays ? — Alors, pendant que la nature et l’homme passent par l’ombre ténébreuse de la puissance de la mort (et Christ a fait cela comme homme pour nous) Dieu passe entre les pièces et s’oblige par une alliance de mort à accomplir ce désir du cœur du croyant conformément à Ses propres pensées, et la promesse en reste le sûr fondement en Christ. Les limites du pays sont signalées, et la puissance de ceux qui le possédaient n’est rien. Ce remarquable passage nous enseigne la précieuse et parfaite assurance de l’homme dans la justice de la foi et l’immutabilité de l’assurance ; seulement, ce n’est pas la communion dans la vie, mais une alliance terrestre, et répondant au besoin, bien que la chose donnée fût pure grâce. Dieu a des gens à Lui, et Il leur donne une loi !

Je saute le chapitre 16. Ce n’est point la vie de la foi, mais l’effort de la chair pour obtenir la bénédiction par ses propres voies ; la bénédiction est promise, mais sous la loi. C’est, en type, Israël sous la loi.

Dans le chapitre 17, nous avons la révélation de Dieu Lui-même à Abram. Jéhovah apparaît, mais non pas comme la première fois pour l’inviter à tout quitter et à venir au pays, ni simplement pour lui communiquer les promesses. Il se révèle Lui-même dans ce qui devait être Son propre nom de relation avec Abram — Lui-même sous ce nom — et Il donne à Abram un nom en relation avec Lui-même ; ceci est la forme de révélation la plus élevée. Pour nous, c’est la communication d’un nom encore meilleur, d’une relation plus intime. Le nom du Père nous est révélé par le Fils, et nous sommes appelés fils. C’est là la meilleure et la plus haute révélation possible de Dieu en relation, car c’est celle du Père à Christ le Fils Lui-même. Toutefois nous avons, quant à Abraham, cette sorte de révélation. Dieu ne révèle pas ici ce qu’Il est pour Abraham, mais ce qu’Il est. Abraham devait marcher devant Lui, connu dans ce caractère. Je suis le Dieu Tout-puissant, marche devant ma face. En conséquence, Abraham tombe sur sa face, et ne demande rien pour satisfaire les désirs de son propre cœur. Dieu parle avec lui. Tel est le caractère de cette merveilleuse entrevue. Jéhovah révèle Ses intentions et donne à Abram un nom en rapport avec elles. Dieu ne se lie point par un sacrifice, seulement Il assure à Abraham les diverses bénédictions. Mais Il place Abraham dans la condition de relation avec Lui-même, comme Lui appartenant, par le signe de la mort de la chair ; là ce n’était naturellement qu’en figure. Toutefois Abraham est ainsi placé dans la jouissance de la relation. Dieu est donc révélé à Abraham, et Abraham est mis en relation personnelle avec Dieu : il Le connaît comme ne Le connaît nul autre. Dieu va juger le monde, et maintenant Il apparaît à Abraham pour lui faire la promesse immédiate d’un fils sur le point d’arriver. Il vient sous une forme humaine avec deux autres, des anges aussi sous forme humaine. Ces derniers allaient à Sodome pour exécuter le jugement sur elle, et en même temps délivrer Lot. Mais Abraham vit aussitôt qui était Celui qui approchait, et voulut Le retenir quelque temps. Avec une convenance exquise, il se garde, tout en montrant une véritable sainte révérence, de déchirer le voile qui cachait aux autres la présence de Jéhovah. Les anges étaient là, Sara y était, et d’autres peut-être. Il en agit avec l’hôte mystérieux selon qu’Il se présente Lui-même, seulement avec la plus grande attention et la plus entière révérence. Cependant les promesses, ce n’est qu’un seul qui les fait, et c’est Celui qui parle au patriarche. Mais la parole relative à l’accomplissement actuel étant prononcée, ils se lèvent pour continuer leur chemin, et maintenant Jéhovah en agira avec Abraham comme un homme fait avec son ami. Il parle à Abraham, non de ce qui le concernait lui-même, mais de ce qui concernait le monde. Il ne s’agit pas des besoins d’Abraham, ni même de la marche d’Abraham ; mais ce sont les intentions de Dieu à la connaissance desquelles Dieu voudrait l’initier en lui découvrant Ses pensées et Ses conseils (comme en Éphésiens 1, 10, 11). Les deux hommes poursuivent vers Sodome, et Abraham et le Seigneur restent ensemble. Quelle place de privilège et de bénédiction ! Ce n’est pas le culte ; ce n’est pas un appel à suivre quand le Seigneur conduisait : tout cela a eu sa place. C’est la communion, ce sont des entretiens personnels avec Dieu, relativement à Lui-même et à Ses voies, entretiens basés sur la révélation que Dieu a donnée de Lui-même, et sur la connaissance personnelle de Son caractère : la grâce agissant sur le cœur, et produisant l’intercession. Toute cette scène est instructive. Son fils et son héritier est promis comme chose actuelle. C’est là notre propre espérance. C’est une chose arrêtée, indépendante de tout ce qui arrive au monde, notre propre espérance particulière. Nous sommes en communion avec Dieu, sur le fondement de la révélation spéciale qu’Il nous a faite de Lui-même, et l’héritier attendu et révélé comme venant. Alors Dieu en agit avec nous avec une intimité d’amis, et nous dit Ses desseins et Ses plans, réveillant en nous, par la grâce qu’Il exerce à notre égard et la confiance qu’elle communique, l’esprit de grâce et d’intercession fondé sur ce qu’Il est, sur notre connaissance de Lui. Ici Abraham ne demande rien pour lui-même ; il plaide pour les autres. À la vérité, qu’est-ce qu’il aurait pu demander, jouissant du privilège de converser avec Dieu et ayant comme certaines et présentes les promesses concernant le fils ? Il est dans le lieu de la bénédiction et marche dans l’esprit de communion et du Dieu qu’il connaît maintenant. Cela avait commencé par la révélation que Dieu lui donna de Lui-même. Maintenant qu’Abraham est seul avec Lui, tout est liberté, hardiesse, quoique en même temps sainte révérence, avec quelqu’un bien connu. Le silence même d’Abraham lorsque les autres étaient là et que Jéhovah s’était caché Lui-même, appartenait à une connaissance de Dieu que personne d’autre n’avait. Certainement Jéhovah avait un jugement plus manifeste et même des voies de délivrance et de miséricorde plus sûres, que même Abraham ne savait ; mais nous parlons des termes dans lesquels Abraham était avec Lui. Cela mit fin à cette conférence merveilleuse ; et lorsque toutes les paroles d’Abraham furent épuisées, et que l’Éternel lui eut répondu jusqu’au bout, l’Éternel s’en alla, quand Il eut achevé de communiquer avec Abraham (vers. angl.).

Quelle position pour l’enfant de la foi ! Et telle est notre place. Dieu s’est révélé Lui-même encore plus pleinement et d’une manière plus intime ; Il nous dit le bon plaisir de Sa volonté, selon le bon plaisir qu’Il s’est proposé en Lui-même. Il nous parle du Fils qui vient bientôt. Il nous parle, quoique seulement comme d’une partie de Sa volonté et de Ses conseils, du jugement prochain du monde. Notre place est en grâce avec Celui qui communique avec nous.



  1. Remarquez comme cela fait ressortir le véritable caractère de l’enlèvement de l’Église. Si ma portion se trouve d’une manière quelconque dans ce monde, il faut, pour que j’en jouisse, que le mal soit ôté par le jugement. Mais si je suis entièrement étranger et pèlerin, et n’ai pas ma portion ici, évidemment un tel jugement n’est pas nécessaire pour que je jouisse de ma portion. Dieu Lui-même est cette portion, car j’ai renoncé à tout ici. Il n’a pour m’en faire jouir qu’à me prendre en haut quand le moment d’agir ainsi sera venu dans Ses conseils.
  2. Il y a chute dans chacun de ces traits de la vie divine : il ne quitte pas la maison de son père, et, en conséquence, s’arrête à mi-chemin, et n’est nullement dans le lieu de la promesse ; puis il descend en Égypte. Dans le troisième cas, Lot représente la chute, et Abraham maintient son principe céleste.