Écho du Témoignage:Fragments (5)

De mipe
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I

… Mais il faut que ceux qui sont engagés dans les combats du Seigneur soient satisfaits de ne se voir jamais comptés pour rien, sous quelque rapport que ce soit : ils ne doivent jamais s’attendre à être encouragés par la perspective de la louange des hommes. Et si vous faites une exception ; si vous pensez que les enfants de Dieu vous loueront, quoi que ce soit que dise le monde, prenez garde à cela, car vous pouvez faire d’eux le monde, trouver en eux un monde, et semer pour la chair en semant pour leur approbation ; et vous ne leur serez d’aucun profit, ni eux à vous, aussi longtemps qu’ils seront votre motif — aussi longtemps que vous vous préoccuperez de ce qu’ils penseront de vous. Tous les motifs de ce genre sont pour vous un poison et vous enlèvent la force dans laquelle vous devez donner gloire à Dieu — et parce qu’il est possible qu’un temps semblable vous soit nécessaire, je vous supplie de vous tenir prêts pour un temps où vous serez comme des personnes inconnues même à ceux qui connaissent Dieu. Il n’est point exact que tous ceux qui voient la face du Seigneur se voient les uns les autres ; il n’est point exact que la désapprobation du monde est la seule désapprobation sous laquelle le chrétien doit être content de travailler. Il faut que l’homme de Dieu marche seul avec le Seigneur, il doit lui suffire que le Seigneur le connaît. Et c’est un tel soulagement, oui, c’est un tel soulagement pour notre cœur naturel au-dedans de nous, de nous rabattre sur l’appui de l’homme, sur la sympathie de l’homme, que souvent nous nous séduisons nous-mêmes et pensons que c’est de l’amour fraternel, lorsque c’est précisément sur la sympathie terrestre d’un pauvre vermisseau de frère que nous nous reposons. Vous devez être les imitateurs de Celui qui fut laissé seul, et vous devez, comme Lui, vous réjouir de ce que vous n’êtes pas seuls, parce que le Père est avec vous, de ce que vous pouvez véritablement donner gloire à Dieu. Oh ! je ne puis pas ne pas parler de cela. C’est une belle gloire pour Dieu de voir une âme qui a été, par la chair, accessible à la louange des hommes, environnée de centaines et de milliers de ses semblables à chacun desquels il sait comment il pourrait plaire, et qui néanmoins est satisfaite, oui, joyeuse et heureuse, de faire paisiblement, en vue uniquement de Dieu, ce qu’il sait bien que tous comprendront et jugeront mal ! Ici fut la victoire de Christ.

II

Pour ce qui me concerne — je parle en homme — je n’ai jamais trouvé la paix devant Dieu, ni de repos réel avec Lui jusqu’à ce que j’aie appris la force et le sens de ce cri de Jésus de Nazareth : Éli, Éli, lama sabachthani. Jamais, jusqu’à ce que j’aie compris que Lui, qui n’avait pas connu le péché, avait, en ce moment-là, sur la croix, été fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui — je n’ai pu me reposer comme pécheur en la présence d’un Dieu saint. Et c’est, je pense, parce que le caractère distinctif de cela — de Sa souffrance sous la colère de Dieu — n’est pas compris — que tant de chrétiens ne jouissent pas d’une paix ferme et solide.

Il n’a jamais été satisfait dans leurs consciences aux questions de péché et de culpabilité. Certes l’incarnation est quelque chose de merveilleux et de magnifique. Que le Fils éternel de Dieu, le Fils unique du Père, soit devenu un petit enfant, et ait reposé dans une crèche d’une hôtellerie : le contraste entre la gloire d’où Il venait et la place que l’homme Lui a assignée est un contraste ! — Dieu et le ciel pouvaient exprimer les profondes délices qu’ils prenaient en Lui en ce moment même, aussi bien que les exprimer, Luc 2, 8-14. Mais ce n’est point dans la crèche, mais sur la croix — et sur la croix seule — qu’Il a porté nos péchés en Son propre corps.

La fuite en Égypte ; le retour et la demeure de l’enfant à Nazareth — les circonstances relatives à la présence du jeune garçon dans le temple et à Son retour de Jérusalem — la retraite dans laquelle, quand Il a atteint l’âge d’homme, Il en cache les premières années — tout cela est souverainement beau à sa place — mais aucune de ces circonstances, aucun de ces faits ne nous Le présente dans l’acte de porter nos péchés. Puis, lorsque nous Le considérons à Son baptême (où Il s’identifia volontairement avec ceux qui reconnaissaient leur besoin de repentance en confessant leurs péchés), dans Son service et Ses ministères, là encore tout est magnifique et parfait ; mais si le ciel pouvait L’approuver à chaque pas, le ciel pouvait aussi Lui donner ses témoignages d’approbation : — toutefois, à aucune de ces périodes, Il ne se présenta point comme portant le péché sous le jugement.

En outre, quel contraste, et qui le sentit jamais comme Il le sentit, entre Lui-même comme semence de la femme, et la race humaine vers laquelle Il était venu ! Quel contraste entre Lui-même personnellement et individuellement, et la maison d’Israël, les siens, parmi lesquels Il était venu. Lui-même, non seulement Dieu manifesté en chair, mais cette chose sainte qui était née de la vierge ; saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs — à part du péché, et néanmoins volontairement au milieu des hommes pécheurs et avec Israël coupable — l’immaculée semence de la femme, le Roi d’Israël dans Sa sainteté ! Cela amenait avec soi des souffrances. Il y en eut quand Il fut entré dans Son ministère, dans la persécution pour la justice qu’Il endura constamment — et dans la conscience qu’Il avait qu’il n’y avait personne qui sympathisât avec Lui, et que dans leur état de chute, les hommes ne faisaient pas accueil à la miséricorde dont Il était le messager ; Il eut à endurer des souffrances de la part du monde et de l’homme, mais même cela n’était point l’abandon de Dieu. Mais dans aucune de ces souffrances diverses, ni lorsqu’Il se sentit pressé dans Son âme en pensant à Son baptême qui approchait, ni dans le jardin quand Son âme entra dans les scènes qui alors sont immédiatement devant Lui, il n’y eut (pas plus qu’en aucune autre circonstance) ce qu’Il éprouva quand Il fit entendre ce cri de détresse si déchirant : Éli, Éli, lama sabachthani. Là aussi, Il fut parfait — abandonné de Dieu, Il ne voulait pas L’abandonner, Il ne L’abandonna point — jamais Dieu ni le ciel n’avaient vu la perfection rayonner en Lui, comme en ce solennel moment, où Son obéissance touchait au but, « obéissant jusqu’à la mort, à la mort même de la croix ». Mais si le ciel trouvait ses délices dans la soumission de Christ sous l’abandon pour l’amour des autres — car c’était la révélation de Dieu comme le Dieu-Sauveur — il n’y eut pas, il ne pouvait point y avoir (précisément parce que c’était l’abandon pour le péché, notre péché, qu’Il avait à souffrir) de témoignage d’approbation — rien que l’abandon. Pourquoi m’as-tu abandonné ?

Je ne vois pas comment un pécheur peut trouver le repos jusqu’à ce qu’il ait appris quelque chose de ce qui est positivement particulier au Calvaire : qu’il ait appris qu’en ce moment-là et en ce lieu-là, il y eut une coupe bue par le Seigneur, dans Sa soumission et Son obéissance à Dieu — coupe de colère à nous due et subie par Christ seulement au Calvaire. Le seul lieu auquel je regarde lorsque s’élève dans ma conscience la question touchant le péché, la culpabilité, ou les péchés (soit de la famille humaine, soit de moi-même individuellement, etc.), c’est le Calvaire, et là, au Seigneur s’écriant : Éli, Éli, lama sabachthani.

Là, Il porta mon jugement à ma place, en Son propre corps sur le bois en la présence de Dieu, et reçut de la main de Dieu la peine terrible de la colère et de l’abandon, et c’est là mais seulement là, qu’est ma quittance, claire, pleine et complète.

Ce qu’éprouva son âme lorsqu’Il dit : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? » fut d’une nature toute particulière, et tout à fait distinct de ce qu’Il eut à endurer et à éprouver en quelque autre temps que ce soit. Dans cette souffrance qu’Il éprouva comme abandonné, je trouve la mesure et le jugement de mon péché contre Dieu.

III — Apocalypse 22, 16, 17, 20

C’est une grande bénédiction lorsque nous avons appris à trouver en Christ la clé de toutes nos difficultés : c’est en Lui seul effectivement qu’elles ont toutes leur réponse et leur explication et que nous trouvons le moyen d’en sortir.

Les deux versets 16 et 17 nous montrent en Christ des gloires qui sont de nature à jeter de la lumière, le premier sur notre position, et le second sur ce qui constitue notre occupation convenable.

v. 16. Si Christ est la racine et la postérité de David — personne que Lui n’a quelque bénédiction en elles pour la terre sur laquelle nos pieds reposent. Lui seul peut prendre racine en bas et porter des fruits en haut pour la terre. Mais le Fils de David fut crucifié hors de Jérusalem, et si nos pieds sont où ont été les siens, Il s’en est allé dans le ciel, et notre portion sur la terre est ce que fut la sienne, celle de pèlerins et d’étrangers.

Mais alors Il est dans le ciel comme l’étoile brillante du matin. C’est là qu’Il est ; et Il y est de manière à être attendu, durant la longue nuit, par un peuple qui attend jusqu’à ce que le jour paraisse.

Il est dans le ciel ; et moi, pendant que mes pieds foulent la terre, je L’attends, comme l’étoile brillante du matin. Tout ce qui appartient au ciel ne saurait me satisfaire : il me faut Celui à qui le ciel appartient. Ces titres de Christ m’expliquent donc mon caractère de pèlerin, et mon caractère dans l’espérance.

Le verset 17 explique ce que doit être notre occupation présente et ce qui fait la force du cœur dans cette occupation. Quoique l’homme ait failli depuis Genèse 3 jusqu’à ce jour, Christ n’a point failli ; et l’Esprit de Dieu envoyé ici-bas (pour que les siens sussent comment Il était honoré en haut, et ne fussent pas sans consolation) n’a pas failli non plus. Il ne veut pas davantage garder l’Église pour Lui-même, ou pour un autre que Christ. Lui et l’Épouse, nonobstant toutes les chutes du passé, disent « Viens ». L’œuvre de l’Esprit et l’œuvre de la foi dans l’Épouse conspirent toutes deux pour dire « Viens » ; mais alors aussi, l’individu doit dire « Viens ». J’ai à dire « Viens » non pas seulement dans mon caractère de membre de l’Église, mais comme un individu qui croit, ainsi que Jean à Patmos. Et de pareils croyants doivent aussi, dans la conscience de la bénédiction dont ils jouissent comme ayant une fontaine d’eau de la vie ouverte dans leurs cœurs, dire à ceux qui les entourent : « Venez » et prenez de l’eau de la vie. Ce n’est point la valeur d’âmes immortelles comme l’homme s’exprime, mais la conscience que j’ai du désir qui est dans le cœur de Jésus de donner à d’autres la bénédiction qu’Il m’a donnée, qui me fait dire aux autres : « Venez ». Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait — proclamait comment la fille de Samarie était elle-même un canal de grâce — et comme telle, c’était sa véritable occupation d’inviter les autres.

Au verset 20, Il réplique — et laisse sortir, comme de Lui-même, la réponse aux pensées qui étaient dans l’Esprit, et qu’Il avait Lui-même données à l’Épouse : position et occupation qui étaient en harmonie avec les siennes propres : « Oui, je viens bientôt ». Pour Lui, du moins, il n’y a pas d’incertitude quant à Son retour : Il peut dire « Oui », certainement. L’homme a failli ; l’espérance s’est obscurcie dans le cœur de l’homme, elle a vacillé, et s’est presque éteinte ; mais dans Son cœur à Lui qui est Lui-même l’espérance, elle est brillante et sûre. Et quand Il se mettra en mouvement pour « venir », « Je viens » — alors ce que nous attendons sera vu et réalisé. Et remarquez ce terme « bientôt ». Pour nous, c’est avec lenteur que le temps s’écoule — il nous semble comme si Christ tardait ; mais Son cœur, dans une autre lumière que l’obscur crépuscule dans lequel nous sommes, dit « Bientôt » ! Puissent nos cœurs vivre dans la puissance de Ses desseins, de Ses pensées, et de Sa promesse ; et puissions-nous attendre le Fils du ciel, semblables à ceux qui L’attendent !

Siméon et Anne, et tous ceux qui L’attendaient, avaient une occupation honorable — occupation fort appréciée dans le ciel lors de Sa première venue : il en est de même aujourd’hui ; si réellement nous L’attendons — est-ce maintenant ? — le ciel prend son plaisir à nous voir L’attendre.


Je suis la racine et la postérité de David, l’étoile brillante du matin.

Et l’Esprit et l’Épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise : Viens. Et que celui qui a soif vienne, que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie. Oui, je viens bientôt. Amen ! viens, Seigneur Jésus.