Écho du Témoignage:Le roseau froissé et le lumignon qui fume

De mipe
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« Il ne brisera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas le lumignon qui fume, jusqu’à ce qu’il ait fait sortir en victoire le jugement. Et les nations espéreront en son nom ».

J’appelle l’attention sur le passage ci-dessus, persuadé que, quelque d’accord que l’interprétation qu’on en donne généralement soit avec la véritable idée de la grâce du Seigneur, c’est une interprétation fausse, soit quant aux personnes auxquelles il se rapporte, soit aussi quant à leur condition.

En général, on voit dans le roseau froissé la figure d’un cœur contrit et brisé, et dans le lumignon qui fume une âme dans laquelle le feu de la vie divine a été nouvellement allumé, ou du moins dans laquelle la grâce opère quoique encore faiblement et d’une manière peu distincte ; et on pense que le Seigneur ne brisera pas l’un et n’éteindra point l’autre. Ceci tombe complètement comme interprétation, car le Seigneur fera précisément l’un et l’autre quand le moment convenable arrivera ; les propres paroles sont en effet « jusqu’à ce qu’il ait fait sortir le jugement en victoire ». Mais brisera-t-Il jamais le cœur contrit et brisé ? Ne fut-Il pas envoyé au contraire pour le guérir (És. 61, 1) ? Est-ce qu’Il éteindra jamais les opérations de Sa propre grâce ? Inutile de répondre à cette question.

Dans l’Écriture, le roseau est un emblème de faiblesse, et, dans plusieurs passages, pour une nation, comme 1 Rois 14, 15 — « l’Éternel frappera Israël comme un roseau est agité dans l’eau », etc. ; et 2 Rois 18, 21, où l’Égypte est appelée « le bâton d’un roseau cassé » ; et aussi Ézéchiel 29, 6. En outre, un roseau fut mis dans la main droite du Béni, en dérision de Son droit à porter le sceptre du royaume.

Mais ni l’une ni l’autre des figures du passage que j’examine ne sont l’expression d’un bon état, d’une condition désirable, de nature à plaire au Seigneur et qu’Il eût à environner de Ses tendres soins ; elles expriment au contraire une condition mauvaise qu’Il doit certainement juger, quoique non pas jusqu’à un certain moment.

Premièrement, le roseau froissé exprime, je crois, la condition extérieure du peuple juif en tant que sous le joug des Gentils, mais non abandonné encore à la volonté sans frein de leurs ennemis, sous tout le poids du jugement de Dieu. C’est dans cette condition qu’ils se trouvaient lorsque le Seigneur était sur la terre, quoiqu’ils ne le sentissent et ne le reconnussent pas.

En second lieu, le lumignon qui fume est un emblème de la condition intérieure ou morale des Juifs remplis de cette envie et de cette haine pour le Seigneur qui se trahirent de si bonne heure et si constamment, qui conduisirent à Sa crucifixion, et qui mènent encore en avant à la réception de l’Antichrist, sous la main duquel, comme instrument de Dieu, le roseau froissé sera expressément brisé, et le lumignon qui fume sera éteint, ou en d’autres termes, le Seigneur visitera de Son jugement l’inimitié de Son peuple parvenue à son complet épanouissement. Mais, se souvenant de Sa miséricorde au milieu du jugement, Il les sauvera d’une entière destruction, les rendant un peuple de franche volonté au jour de Sa puissance et les amenant à dire : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! », de sorte que le jugement finira en victoire « et que les nations espéreront en son nom ». En Ésaïe 7, 4, Retsin et le fils de Remalia sont appelés, à cause de « l’ardeur de leur colère », « des tisons fumants ». Et verset 8, dans soixante-cinq ans Éphraïm devait être « froissé pour n’être plus un peuple » : deux passages qui suggèrent presque la manière de voir que nous exposons. En Luc 12, 49, 50, le Seigneur dit : « Je suis venu jeter le feu sur la terre ; et que veux-je s’il est déjà allumé ? Mais j’ai à être baptisé d’un baptême ; et combien suis-je à l’étroit, jusqu’à ce qu’il soit accompli ». Il y avait bien des signes que le feu était allumé, et Matthieu cite le passage d’après Ésaïe 42, comme expliquant la défense qu’Il leur faisait de rendre Son nom public, mais en rapport avec le fait qu’Il s’était retiré de là, en conséquence de ce qu’Il avait appris que les pharisiens étaient sortis et avaient consultés contre Lui comment ils Le feraient périr. C’était là une bouffée du tison fumant ; mais le temps où il devait être jugé et éteint n’était pas encore venu. Il devait couver et s’accroître jusqu’à ce qu’il eût amené la mort de Christ — ce baptême par lequel les écluses de l’amour divin seraient ouvertes, et en vertu duquel Celui qui était l’expression de cet amour, étant glorifié, serait le dispensateur souverain de la vie éternelle à tous ceux que le Père Lui a donnés.