Écho du Témoignage:Lettre sur l’humanité de Christ

De mipe
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J.N. Darby

Chère sœur,

Les questions que vous m’adressez me font sentir profondément tout ce qu’il y a de fâcheux dans la marche de quelqu’un que j’aime cependant très sincèrement, notre ami M.G. — Entamer des questions subtiles sur la personne de Jésus, c’est ce qui tend à dessécher et troubler l’âme, à faire perdre l’esprit d’adoration et d’affection et lui substituer des questions épineuses, comme si l’esprit de l’homme pouvait résoudre la manière dont l’humanité et la divinité de Jésus s’unissaient l’une à l’autre. C’est dans ce sens qu’il est dit : « Personne ne connaît le Fils sinon le Père ». Il va sans dire que je ne prétends pas le faire. L’humanité de Jésus ne se compare pas. Elle était vraie et réelle humanité, corps, âme, chair et sang, telle que la mienne, sauf le péché, en tant qu’humanité ; mais Jésus a paru en des circonstances toutes différentes de celles où Adam se trouvait. Il est venu exprès pour porter nos peines et nos infirmités. Adam n’avait pas à en porter ; ce n’est pas que sa nature n’en fût pas susceptible en soi, mais il n’était pas dans des circonstances qui en amenassent. Dieu l’avait placé dans une position inaccessible au mal physique, jusqu’à ce qu’il fût tombé sous le mal moral. D’un autre côté, Dieu n’était pas en Adam : Dieu était en Christ au milieu de toutes sortes de misères et d’afflictions, de fatigues et de peines, à travers lesquelles Christ passait selon la puissance de Dieu et avec des pensées dont l’Esprit de Dieu était toujours la source, quoiqu’elles fussent réellement humaines dans leurs sympathies. Adam avant sa chute n’avait pas de peines. Dieu n’était pas en lui, et le Saint Esprit n’était pas non plus la source de ses pensées. Après sa chute, le péché fut la source de ses pensées. Il ne le fut jamais en Jésus. D’un autre côté, Jésus est Fils de l’homme ; Adam ne l’était pas : mais en même temps Jésus est né par la puissance divine, de sorte que cette chose sainte qui est née de Marie est appelée Fils de Dieu ; ce qui n’est vrai d’aucun autre. Il est Christ né de l’homme, mais comme homme même, né de Dieu ; de sorte que l’état de l’humanité en Lui n’est ni ce qu’était Adam avant sa chute, ni ce qu’il devint après sa chute.

Mais ce n’est pas l’humanité qui changea en Adam par sa chute ; ce qui changea, c’est l’état de l’humanité : Adam était autant homme avant qu’après, et après qu’avant. Le péché est entré dans l’humanité, et elle s’est éloignée de Dieu, elle est sans Dieu dans le monde. Or, Christ n’était pas cela. Il était toujours parfaitement avec Dieu, sauf à souffrir sur la croix l’abandon de Dieu dans Son âme. Aussi la Parole a été faite chair. Dieu a été manifesté en chair. Ainsi agissant dans cette véritable humanité, Sa présence était incompatible avec le péché dans l’unité d’une même personne.

On se trompe si l’on croit qu’Adam avait de l’immortalité en lui-même. Aucune créature ne la possède ; elles sont toutes soutenues de Dieu qui « seul a l’immortalité » essentiellement. Quand Dieu n’a plus voulu la soutenir dans ce monde, l’homme devient mortel et sa force s’épuise : de fait, selon les voies et la volonté de Dieu, il atteint près de mille années de vie quand Dieu le veut, soixante-dix quand Il trouve bon ; seulement Dieu veut que cela se termine, qu’on meure tôt ou tard quand le péché entre, sauf à transmuer ceux qui seront là à l’arrivée de Jésus parce qu’Il a vaincu la mort. Or, Dieu était en Christ, ce qui changeait tout à cet égard (non pas à l’égard de la réalité de Son humanité avec toutes ses affections, ses sentiments, ses besoins naturels d’âme et de corps, qui étaient tous en Jésus, qui subissaient conséquemment l’effet de tout ce qui L’entourait, seulement selon l’Esprit et sans péché). Personne ne Lui ôte Sa vie, Il la rend ; mais quand est arrivé le moment voulu de Dieu. Il s’abandonne de fait à l’effet de l’iniquité de l’homme, parce que c’était la volonté de Dieu qu’Il était venu accomplir, se laisse crucifier et tuer. Seulement, Il est maître du moment où Il rend Son esprit. Il ne fait aucun miracle pour empêcher l’effet des moyens cruels de mort que l’homme employait, afin de garantir Son humanité de leur effet ; Il la laisse à leur effet. Sa divinité ne s’emploie pas pour l’en garantir, pour Le garantir de la mort, mais elle s’emploie pour y ajouter toute sa valeur morale, toute sa perfection, à Son obéissance. Il ne fait pas de miracle pour ne pas mourir, mais Il fait un miracle en mourant. Il agit selon Ses droits divins en mourant, mais non pas en se garantissant de la mort, car Il remet Son âme à Son Père aussitôt que tout est achevé.

La différence donc de Son humanité n’est pas en ce qu’elle n’était pas réellement et pleinement celle de Marie — elle l’était bien — mais en ce qu’elle l’était par un acte de puissance divine, de manière à être telle sans péché : et, de plus, qu’au lieu d’être séparé de Dieu dans Son âme, comme tout homme pécheur, Dieu était en Lui, qui était de Dieu. Il pouvait dire : « j’ai soif », « mon âme est troublée », « elle est fondue comme de la cire au-dedans de mes entrailles » ; mais Il pouvait dire aussi : « le Fils de l’homme qui est dans le ciel », et, « avant qu’Abraham fût, je suis ». L’innocence d’Adam n’était pas Dieu manifesté en chair, elle n’était pas l’homme assujetti, quant aux circonstances dans lesquelles son humanité se trouvait, à toutes les conséquences du péché. D’un autre côté, l’humanité de l’homme déchu était tombée sous la puissance du péché, d’une volonté opposée à Dieu, de convoitises qui lui sont ennemies. Christ est venu pour faire la volonté de Dieu ; en Lui le péché n’était pas. C’était l’humanité en Christ où Dieu était, et non pas l’humanité séparée de Dieu en soi. Ce n’était pas l’humanité dans les circonstances où Dieu avait placé l’homme quand Il l’a créé, mais dans les circonstances où le péché l’avait placé, mais dans ces circonstances sans péché ; non pas tel que le péché le rendait au milieu d’elles, mais tel que la puissance divine Le rendait dans toutes Ses voies au milieu de ces circonstances, tel que le Saint Esprit se traduisait dans l’humanité. Ce n’était pas l’homme où il n’y avait point de mal comme Adam innocent, mais l’homme au milieu du mal ; mais ce n’était pas l’homme mauvais au milieu du mal comme Adam déchu, mais l’homme parfait et parfait selon Dieu, au milieu du mal, Dieu manifesté en chair ; humanité réelle, véritable, mais Son âme ayant toujours les pensées que Dieu produit dans l’homme, et en communion absolue avec Dieu, sauf quand Il souffrit sur la croix où Il a dû, quant aux souffrances de Son âme, être abandonné de Dieu ; plus parfait alors, quant à l’étendue de la perfection et au degré d’obéissance, que partout ailleurs, parce qu’Il accomplissait la volonté de Dieu en face de Sa colère, au lieu de le faire dans la jouissance de Sa communion, et c’est pourquoi Il a demandé que cette coupe passât, ce qu’Il n’a fait jamais ailleurs. Il ne pouvait pas trouver Sa viande dans la colère de Dieu.

Notre précieux Sauveur était tout aussi réellement homme que moi, quant à l’idée simple et abstraite de l’humanité, mais sans péché, né miraculeusement par la puissance divine — et de plus, Il était Dieu manifesté en chair.

Maintenant, chère sœur, après avoir tant dit, je vous engage de toute mon âme à ne pas chercher à discuter et définir la personne de notre bien-aimé Sauveur : vous perdriez la saveur de Christ dans vos pensées, et vous ne trouveriez, à sa place, que la stérilité de l’esprit de l’homme dans les choses de Dieu et dans les affections qui s’y rapportent. J’ai engagé les frères en Angleterre à s’en abstenir, et ils s’en sont bien trouvés. C’est un dédale pour l’homme parce qu’il y travaille de son propre fonds. C’est comme si quelqu’un disséquait le corps de son ami, au lieu de se nourrir de ses affections et de son caractère. C’est un des plus mauvais signes de tous ceux que j’ai rencontrés pour l’église, comme on l’appelle, de laquelle M.G. fait partie, qu’il soit entré dans cette voie et de cette manière, et qu’elle se présente de cette manière devant l’Église de Dieu et devant le monde. J’ajouterai que j’ai si profondément la conviction de l’incapacité de l’homme à cet égard, que c’est en dehors de l’enseignement de l’Esprit de vouloir définir le comment de l’union de la divinité et de l’humanité en Jésus, que je suis tout prêt à supposer que, tout en voulant l’éviter, j’ai pu y tomber, et en y tombant, dire quelque chose à faux en ce que je vous ai dit. — Qu’Il soit réellement homme, Fils de l’homme, dépendant de Dieu comme tel, et sans péché dans cet état de dépendance, réellement Dieu dans Sa perfection ineffable, voilà à quoi je tiens, je l’espère, plus qu’à ma vie. Définir tout, c’est ce que je ne prétends pas. « Personne ne connaît le Fils que le Père ». Si je trouve quelque chose qui affaiblisse l’une ou l’autre de ces vérités, ou qui déshonore Celui qu’elles ont pour objet, je m’y opposerai, Dieu m’y appelant, de toutes mes forces.

Que Dieu vous donne de croire tout ce que la Parole enseigne à l’égard de Lui (Jésus). C’est notre paix et notre nourriture de comprendre tout ce que l’Esprit nous donne à comprendre, et de ne pas chercher à définir ce que Dieu ne nous appelle pas à définir ; mais d’adorer d’un côté, de manger d’un autre, et d’aimer de toute manière selon la grâce du Saint Esprit.

Votre affectionné.