Écho du Témoignage:Luc 4-5

De mipe
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J.N. Darby

Mon cher frère,

Je ne sais si les pensées que je vous envoie conviennent pour votre journal ; mais j’ai confiance que tout ce qui développe la manière dont notre précieux Sauveur s’est présenté Lui-même sur la terre, les rapports de l’Ancien Testament avec le Nouveau, et la révélation de Dieu dans l’homme sur la terre, profitera au moins à quelques-uns de vos lecteurs.

Je vous adresse, en conséquence, sur l’évangile de Luc, quelques remarques, provenant de pensées qui se sont élevées dans mon esprit pendant une lecture que j’en ai faite dernièrement. Il y a deux grands sujets que Luc fait ressortir dans la vie du Seigneur : l’accomplissement de la promesse, et la révélation de Dieu en grâce dans le « Fils de l’homme ». Ces deux points nous sont présentés dans l’histoire d’une manière très intéressante. Suivons-les dans les chapitres 4 et 5.

Au chapitre 4, l’Esprit de Dieu nous a montré le Bien-aimé, conduit par l’Esprit au désert pour être tenté du diable, victorieux dans l’épreuve, comme le premier homme avait succombé. Il retourne dans la puissance de l’Esprit en Galilée, après avoir premièrement lié l’homme fort. Permettez-moi de faire remarquer ici, en passant, comment la fidélité dans l’épreuve et la tentation montrent la puissance de l’Esprit autant que l’énergie de l’action. Jésus fut conduit par l’Esprit pour être tenté, vainquit Satan par la Parole, par l’Esprit, et revint dans la puissance de l’Esprit, opérant des miracles et chassant les démons. Mais la puissance avait été exercée dans tout le cours de la tentation, seulement en tenant ferme (voyez Éph. 6). Par là, Il avait vaincu Satan, déjoué son pouvoir, lié réellement l’homme fort, et n’avait eu alors qu’à piller ses biens. Il employa aussi l’arme dont nous avons à faire usage, la Parole de Dieu ; seulement il nous faut remarquer que, d’après Éphésiens 6, pour nous servir de la Parole, nous devons d’abord avoir toute l’armure défensive, c’est-à-dire que l’âme doit être dans un bon état. Christ naturellement était parfait et s’en servit d’une manière parfaite. Nous serons capables de manier cette arme bénie selon la mesure de notre spiritualité et de notre droiture. Mais ici même, l’épée était une arme défensive. C’est par elle que Jésus déjoua toutes les ruses de Satan. Quels que soient les raisonnements ou les passages de l’Écriture dont Satan peut se servir, si nous sommes assez spirituels pour l’employer, la Parole de Dieu suffit pour le confondre.

Mais je reviens à ce qui est plus directement mon sujet.

Le Seigneur se présentait maintenant comme un homme oint du Saint Esprit, qui avait vaincu Satan, pour manifester la grâce, la bonté de Dieu parmi les hommes et particulièrement d’abord parmi les Juifs ; mais cependant la gloire de Sa personne divine ne devait pas être cachée. Mais Il se présente d’abord comme l’homme oint, accomplissant tout ce qui avait été promis en grâce. Je dois signaler un autre point. Le Seigneur s’attend à être rejeté : et on verra que tel est le cas, en effet, dans les deux caractères dans lesquels Il se présente. Premièrement donc, comme l’homme oint. « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer de bonnes nouvelles aux pauvres ; il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur froissé ; pour publier aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue ; pour mettre en liberté ceux qui sont foulés, et pour publier l’an agréable du Seigneur ». Ainsi, Il se présente comme Celui qui accomplit la promesse, annonçant le temps favorable, le temps de grâce de la miséricorde de Dieu dans Sa propre personne : « Aujourd’hui cette écriture est accomplie, vous l’entendant ». Mais, dans le même moment, Il leur déclare qu’Il sera rejeté. Un prophète n’est pas honoré dans son pays. Mais Il ajoute que la grâce, en tant que grâce, passait au-delà des frontières des Juifs ; que Dieu était souverain dans Sa bonté, et qu’Il avait envoyé jadis secours à deux Gentils, pendant que plusieurs restaient dans la souffrance au milieu d’Israël rebelle. Pour ceci, les Juifs dans leur orgueil, ne voulaient pas Le souffrir et, quelque pleines de grâce que Ses paroles eussent été, ils sont prêts maintenant à Le détruire, pour avoir prêché une grâce dans laquelle Israël pouvait perdre toute part attendu qu’il Le rejetait, et par laquelle le Gentil, au contraire, obtenait la bénédiction. Ils sont tout prêts à Le détruire, mais ce n’était pas encore le temps, et Il passa au milieu d’eux.

Maintenant voyez dans quel caractère les démons Le reconnaissent, et comment Il correspond à Celui dans lequel Il était réellement venu. Quel triste tableau ! Les démons Le reconnaissent par force ; les hommes Le rejettent par haine. C’est remarquable comment ces mauvais esprits Le reconnaissent selon la vérité (c’est ainsi, nous pouvons nous en souvenir, que l’esprit de divination reconnaît Paul), mais seulement, c’est bien sûr, en tremblant de terreur, et avec le désir, s’ils le pouvaient, d’éviter Son pouvoir. « Ha ! qu’y a-t-il entre nous et toi, Jésus Nazarénien ? Es-tu venu pour nous détruire ? Je te connais, et je sais qui tu es : Le Saint de Dieu ». C’était la reconnaissance à contrecœur d’un pouvoir qu’ils ne pouvaient éviter. Le temps n’était pas venu de les jeter dans l’abîme : c’était celui de la délivrance de l’homme ; et le mauvais esprit sort de l’homme à la parole de Jésus. Mais ce titre était un titre prophétique de Jésus. Il est développé dans le psaume 89. Le mot « bontés » du premier verset de ce psaume est le même que « le Saint » du verset 19 (vers. angl. La version française a : ton Bien-aimé). « Le Saint » du verset 18 est un terme tout différent. La bonté devait continuer à toujours, le psaume l’annonce. De quelle manière ? « Tu as autrefois parlé en vision touchant » (comme le Ps. 72 « Psaume concernant Salomon ») « ton Bien-aimé » (vers. angl. ton Saint), l’être plein de grâce en qui le secours et la bonté se résument. « J’ai établi mon secours sur un homme vaillant (vers. angl.), j’ai élevé l’élu d’entre le peuple. J’ai trouvé David mon serviteur » etc. Ici, sans aucun doute, c’est de David qu’il est directement question ; dans la pensée de Dieu, il s’y trouve un plus grand que David, c’est-à-dire Christ. Le mauvais esprit reconnaît que ce Saint (ce Bien-aimé) est là dans la personne de Jésus de Nazareth. Le secours était véritablement établi sur l’homme vaillant, qui, après avoir complètement vaincu Satan, aurait pu délivrer l’homme de tous les misérables effets de son pouvoir, de la mort elle-même ; mais l’homme ne voulait pas de Lui : il faut qu’il soit racheté, ou perdu.

Puis, dans ce même chapitre quatre, lorsque Jésus a opéré beaucoup de guérisons, les démons chassés Le reconnaissent comme le Christ, le Fils de Dieu. C’était là la reconnaissance de Son titre, en tant que promis à Israël dans le psaume 2 qui rendait aussi témoignage de Sa réjection. Ainsi, il y avait là, dans le Bien-aimé promis, la puissance de la bonté qui agissait actuellement en délivrance. Il est reconnu comme le Saint de Dieu, dans la personne duquel les bontés sont venues à Israël ; et comme le Christ et le Fils de Dieu dont il est parlé dans le psaume 2. Mais Il n’est point reçu dans Son propre pays. Les préjugés et les passions de l’homme s’élèvent contre la grâce et contre ce miséricordieux Sauveur, tandis que les démons Le reconnaissent, mais par l’effet de la terreur ; étrange et solennel tableau ! Ils ne pouvaient pas ne pas Le connaître. Mais qu’est-ce que la connaissance, lorsqu’elle n’est que cela ? Ceux auxquels Il venait réellement ne voulaient pas Le recevoir.

Dans le chapitre 5, Il se présente sous un autre caractère. Il révèle et Il est Jéhovah. Dans la pêche miraculeuse de poissons, Il se fait connaître à la conscience de Pierre qui y voit le Seigneur, et qui se reconnaît lui-même un homme pécheur qui n’est pas fait pour Sa présence. Tel est toujours l’effet que produit la révélation qui nous est faite de Dieu ; et certainement, ce ne peut être autrement. Jésus lui adresse des paroles de grâce : « Ne crains pas ». Désormais Pierre prendrait des hommes. Dans ce qui suit, Jésus guérit un lépreux, œuvre qui n’appartenait qu’à Jéhovah. Mais il se rattache à ceci une circonstance particulière, pleine d’une signification bénie. Le lépreux reconnaissait la puissance de Christ, mais il n’était pas sûr de Sa bonté ou de Sa bonne volonté pour le secourir. « Seigneur (dit-il), si tu veux, tu peux me rendre net ». Le Seigneur ne lui dit pas simplement qu’Il veut, mais Il étend la main et le touche. Or, si un homme touchait un lépreux, il était aussi souillé, et devait être mis hors du camp. Mais il se trouvait ici une personne divine descendue du ciel, Jéhovah, qui pouvait rendre net ; quelqu’un qui pouvait dire : « Je veux », « sois » ; quelqu’un qui ne pouvait être souillé, mais était descendu du ciel pour cette même raison afin de toucher le souillé, et d’ôter la souillure. C’était Jéhovah venu comme homme, afin de toucher, pour ainsi dire, le pécheur en grâce. La sainteté de Jésus, comme Dieu fait homme, était tellement parfaite qu’Il pouvait apporter l’amour divin aux plus vils, l’apporter partout où il y avait un besoin, une souffrance, et comme amour toucher le souillé, non pas pour lui devenir semblable, mais pour le guérir. Nous avons là un admirable tableau de ce que Christ, Jéhovah, présent pour guérir, était dans ce monde. Cette révélation qu’Il faisait de Lui-même à la conscience, et cette œuvre divine qu’Il accomplissait en amour, dans ce qui était une figure de la purification du péché, Le signalaient comme Jéhovah dans le monde en grâce.

Il se retire dans les déserts et prie ; toujours l’homme dépendant, comme l’homme obéissant et victorieux. Mais nous avons encore à observer ici d’autres éléments de la grâce divine. Jésus était assis avec des docteurs de la loi prompts à objecter à la grâce, et qui ignoraient comment le Fils de Dieu avait visité dans la nature humaine ce monde pécheur dans la puissance et le droit de la grâce divine. Un paralytique Lui est apporté par la foi ; Il va à la racine de toute souffrance et dit : « Tes péchés te sont pardonnés ». Il ne s’agit pas ici de la manière dont la précieuse mort de Christ était en harmonie avec la justice divine et la glorifiait. Ce qui nous est révélé, c’est Jéhovah présent dans une parfaite grâce sans mélange ; et en témoignage et preuve de cela, le Seigneur fait ce qui est attribué à Jéhovah dans le psaume 103, en même temps que le pardon des péchés : « Qui te pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes infirmités ».

Enfin, le Seigneur montre, comme l’ami des publicains et des pécheurs, qu’Il était venu dans la souveraineté de la grâce pour recueillir dans la puissance du bien, et non le chercher dans l’homme. Mais à ce point de vue aussi, il faut qu’Il soit rejeté. Ce vin nouveau, car il en était ainsi, ne pouvait être mis dans de vieilles outres : le judaïsme ne pouvait pas recevoir la grâce souveraine et en être le vaisseau ; et ceux qui étaient accoutumés au judaïsme ne pouvaient pas non plus recevoir aisément le vin nouveau de l’évangile et de l’Esprit de Dieu. Et il en est toujours ainsi dans tous les siècles.

Toujours votre bien affectionné,